Élémentaire est proposé en primeur au Festival de Cannes le 27 mai 2023. Il sort ensuite officiellement en salle le 16 juin 2023 au Québec et le 21 juin 2023 en France. S'il a, dans un premier temps, beaucoup de mal à trouver son public, le long métrage bénéficie finalement d'un excellent bouche à oreille qui lui permet de rentrer dans ses frais sur le long terme. Le long métrage dispose de deux doublages francophones.
Dans la ville d'Element City, le feu, l'eau, la terre et l'air vivent dans la plus parfaite harmonie. C'est ici que résident Flam, une jeune femme intrépide et vive d'esprit, au caractère bien trempé, et Flack, un garçon sentimental et amusant, plutôt suiveur dans l'âme. L'amitié qu'ils se portent remet en question les croyances de Flam sur le monde dans lequel ils vivent...
Les films d'animation Pixar ont cela de particulier de rarement me toucher, nageant ainsi souvent à complet contre-courant du grand public. J'apprécie certes quelques rares films emblématiques, mais ne suis pour autant pas un fan pur et dur de la marque. J'ai toutefois toujours salué la performance technique, seul studio moderne à avoir toujours voulu chercher l'excellence graphique au profit d'une grande histoire, tel un héritage de ce que souhaitait Walt Disney avec ses propres films à son époque. Chez Pixar, il y avait aussi longtemps eu une grande touche de sensibilité et, surtout, une grosse dose de subtilité qui permettait d'apprécier leurs longs métrages selon plusieurs niveaux de lecture. Cette dernière étincelle s'est toutefois peu à peu évaporée lorsque la tête pensante du studio a été mise à la porte suite à son comportement déplacé. Le dernier long métrage gardant encore son esprit Pixar originel restant, à mon sens, le formidable Coco en 2017. Depuis cette date fatidique, le studio est sur une pente descendante en produisant simplement des "bons films". Certes, ça reste au-dessus de la masse de nombreuses productions 3D américaines mais il faut admettre que leurs productions ne font plus vraiment la course en tête. Je n'en ai vraiment pris conscience qu'avec la découverte récente de Luck, supervisé par John Lasseter, qui revenait à une formule plus traditionnellement ancrée dans l'esprit Pixar : leur fameuse rengaine "Et si…" (Et si les jouets prenaient vie ? Et si les monstres cachés dans les placards existaient ? Et si un robot avait des sentiments ?). Les films Pixar avaient aussi la capacité d'être universels, quel que soit l'âge de leur public. Mais depuis 2017, ce n'est plus vraiment le cas. En avant ? Sympa mais prévisible. Soul ? Bien trop cérébral. Luca ? Drôle mais enfantin. Alerte Rouge ? Totalement à côté de la plaque. Les indestructibles 2 ? Toy Story 4 ? Buzz l'éclair ? Opportunistes.
Élémentaire reste malheureusement dans la lignée des films sortis ces six dernières années (bon film mais pas spécialement mémorable), mais il innove toutefois sur un point : les relations amoureuses. Dans les films d'animation du studio Pixar, elles sont finalement aussi rares que souvent mal écrites. Les relations entre Jessie et Buzz, Flash McQueen et Sally ainsi que Woody et la bergère sont tout justes fonctionnelles, si ce n'est pour apporter un effet comique. Monsieur et Madame Indestructibles sont déjà mariés, ça ne compte donc pas. Linguini et Colette figurent comme le premier apport majeur chez Pixar, avec un couple qui se forme de manière très naturelle, sans aucune fioriture, peut-être la plus réussie de tous leurs films, mais qui ne rentre pas dans le canon habituel des relations amoureuses des productions américaines. C'est plutôt WALL•E et EVE qui vont préfigurer cette relation amoureuse typiquement hollywoodienne qui prend le temps de construire progressivement la relation, avant que Carl et Ellie ne transforment l'essaie, même s'il faut pour cela éliminer la dame très tôt dans le film, surtout pour avoir un prétexte au récit, comme c'est aussi le cas dans Le monde de Nemo qui nourrit la phobie du grand large de Marin. Et depuis ? Plus rien, à l'exception du couple burlesque Barbie et Ken, mais qui sont hors catégorie puisqu'ayant déjà eu une longue vie "amoureuse" en dehors du film. Pour Pixar, les couples, c'est donc très encombrant, factuel, souvent réduit à seulement faire avancer le récit. De fait, Élémentaire est véritablement la toute première production consacrée intégralement à cette question. Il est juste dommage que, pour cette grande première, l'histoire soit aussi simpliste et, plus gênant, aussi subtile qu'un chien dans un jeu de quilles.
Parce que la subtilité, Élémentaire n'en contient plus aucune. Le long métrage est à prendre littéralement au premier degré, Pixar enchaînant vraiment des situations propres aux poncifs du genre sans jamais transfigurer la question. Le scénario, surtout dans sa première partie (25 longues minutes tout de même), force beaucoup trop le trait pour que cela semble naturel et crédible. On en arrive à un point où l'on finit par se demander si l'équipe Pixar a voulu faire passer un message, avec l'élégance d'un éléphant dans un magasin de porcelaine ou si, au contraire, elle n'avait pas la moindre idée de la façon d'aborder le problème pour que ce soit un tant soit peu cohérent, ce qui les a involontairement poussé à pousser le curseur bien trop loin. La famille "Feu" qui débarque de son pays lointain et se trouve rejetée par les autres éléments "Eau", "Plante" et "Air" est tellement forcée qu'on en lève les yeux au ciel. Élémentaire n'arrive même pas à atteindre l'excellence du message sur la discrimination, à peu près équivalent, qu'on trouvait pourtant déjà dans Zootopie. Parlons d'ailleurs aussi de la rencontre entre Flam et Flack qui est tout aussi capilotractée et expéditive. On a d'ailleurs énormément de mal à croire à ce que cette idylle puisse véritablement naître au sous-sol d'une boutique tellement ça ressemble à un mauvais gag. Paradoxalement, si la mise en contexte d'Élémentaire est totalement ratée, il faut admettre que Pixar retombe assez bien sur ces pattes par la suite. Le scénario parvient ensuite à construire une romance qui fonctionne, même si, là encore, on a constamment ce sentiment de redite par rapport à Zootopie (deux personnes que tout oppose, un mystère, une enquête, un allié improbable, une virée au-dessus de la ville, un quiproquo autour d'un métier, une cassure entre eux, puis une réconciliation...).
Élémentaire a aussi bien du mal à rendre ses deux protagonistes crédibles et attachants. Le film indique sans équivoque qu'ils sont tous deux de jeunes adultes, pourtant, entre les larmes intempestives de Flack, et l'humeur explosive de Flam, on a surtout l'impression d'être face à des réactions d'adolescents. Du coup, le scénario n'arrive pas bien à les caractériser, leurs comportements semblant souvent incohérents, on se sent dès lors déconnecté d'eux. De fait, on ne sait pas vraiment à qui veulent s'adresser les scénaristes. Ils semblent définitivement trop frileux pour adopter un ton adulte dans un film aussi accessible aux enfants, comme si le long métrage n'était rien de plus qu'un épisode de série pour adolescents. Pixar savait faire cela autrefois, mais la petite étincelle semble actuellement définitivement perdue par le studio. Élémentaire se retrouve donc piégé, comme En avant, comme Luca, comme Alerte Rouge, dans un entre-deux un peu disgracieux : ni trop enfantin, ni trop adulte, pas assez enfantin, pas assez adulte. Élémentaire touche pourtant du bout du doigt une profondeur émotionnelle, mais ne parvient pas vraiment à l'atteindre, ce qui donne parfois la désagréable impression d'être devant un gentillet téléfilm de Noël romantique comme il en pullule beaucoup trop à chaque fin d'année. Élémentaire a également pour défaut de faire beaucoup trop parler ses protagonistes là où, quelques années plus tôt, la relation entre WALL•E et EVE était plus merveilleuse à voir sur grand écran. Ici, les situations s'enchaînent, mais ne font pas rêver, malgré une scène onirique au milieu. S'en est presque trop banal.
Pour ce qui est de la partie esthétique, reconnaissons que cela reste très beau à regarder, la touche Pixar à ce niveau n'a donc pas changé. Mais là encore, les environnements traversés manquent cruellement de fantaisie. Pour reprendre la comparaison avec Luck, le monde de la chance était nettement plus inventif. Pareil pour de plus anciens films Disney comme Bienvenue chez les Robinson qui affichaient déjà des environnements fantaisistes tout en rondeur très marquants. Une fois encore, Élémentaire souffre de la comparaison avec Zootopie qui faisait beaucoup plus rêver avec des environnements très marqués, diversifiés et, disons même, très mémorables. Au contraire, Element City semble terne, fonctionnelle et dominée par les constructions des aquatiques, ce qui trouve une explication logique dans le film (ce sont les premiers à avoir bâti la ville), mais cela ne fait qu'accentuer d'autant plus que le long métrage laisse totalement de côté les peuples de l'air et de la terre, tous justes figuratifs. Il n'y a aucune folie qui se dégage de la ville, alors que la situation s'y prêtait totalement. Pour ce qui concerne la bande originale, Thomas Newman propose lui aussi un ensemble assez bigarré qui puise ses sonorités d'un peu partout, orient, occident, asie, ce qui ne permet pas d'avoir un ensemble musical cohérent. Ses compositions accompagnent assez bien l'action qui se passe à l'écran, mais jamais aucune ne ressort véritablement du lot. Il n'y a pas non plus le moindre semblant de fil rouge audio dans le film. C'est assez dommage. Une fois de plus, on retient que la bande originale est simplement fonctionnelle, mais jamais mémorable, ce qui semble, définitivement, être l'unique définition associée à l'ensemble de l'oeuvre.
En fin de compte, Élémentaire est un long métrage appréciable mais qui manque cruellement de peps. Je ne sais pas vraiment quoi, mais sans nul doute un tout petit rien aurait probablement complètement changé la donne, peut-être bien la touche Lasseter qui sait. Dans les grandes lignes, Élémentaire n'est vraiment pas un mauvais film, il se place par exemple sans équivoque au-dessus du plus banal Le voyage d'Arlo, mais une grosse étincelle émotionnelle lui fait franchement cruellement défaut.
Olivier J.H. Kosinski - 28 octobre 2023
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20 octobre 2023
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26 septembre 2023
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Doublage (Québec - 2023)
Flam Lumen : Ludivine Reding
Flack Delamare : Nicolas Centeno
Brul Lumen : Manuel Tadros
Sandra Lumen : Anne Dorval
Alizée Cumulus : Christine Bellier
Brook Delamare : Nathalie Coupal
Razmotte : Noé Rouillard
Harold Delamare : François Sasseville
Flarrietta Delamare : Johanne Garneau
Ivan Dubois : Sylvain Hétu
Aqua Delamare : Tristan Harvey
Lutz : Hugolin Chevrette-Landesque
Client Étincelles : Hugolin Chevrette-Landesque
Effeuilleur : Alexandre Daneau
Portier : Alexandre Daneau
Flam Jeune : Emma Bao Linh Tourné
Flarry : Jean-Jacques Lamothe
Fonctionnaire de l'immigration : Nicholas Savard L'Herbier
Livreuse : Geneviève Bédard
Propriétaire du terrain : Fred-Éric Salvail
Doublage (France - 2023)
Flam : Adèle Exarchopoulos
Flack : Vincent Lacoste
Brul Lumen : Gabriel Le Doze
Sandra Lumen : Coco Noël
Alizée : Déborah Perret
Mme Delamare : Céline Monsarrat
Razmotte : Kaycie Chase
Harold : Jean-François Kopf
Flarietta : Béatrice Michel
Ivan Dubois : Michel Dodane
Noé : Guillaume Lebon
Lutz : Antoine Ferey
Effeuilleur : Sébastien Ossard
Flam enfant : Mila Pointet
Flam adolescente : Anouck Petitgirard
Agent de l'immigration : Sébastien Desjours
Flarry : Jean-François Aupied
Client de la cierge magique : Julien Crampon
Cliente : Catherine Griffoni
Propriétaire bailleur : Théophile Baquet
Livreuse : Barbara Beretta
Portier : Franck Gourlat
Voix additionnelles :
- Rabah Nait Ouffela
- Fabrice de la Villeherve
- Vincent Touré
- Franck Vincent
- Laurence Pierre
- Fanny Chelim
- Cécile Arnaud
- Soizic Fonjallac
- Lucie Bataille
- Pauline Moulène
- Vanessa Liautey
- Laurent Gris
- Louisa Lacroix
- Mathilde Moulinat
- Victor Aureillan
- Gio Ventura
- Swan Demarsan
- Jérémie Bédrune
- Romy Pointet
- Oscar Biavan
- Lenny Reignoux
- Tony Sanial
- Ellie Raimbault-Mahieu
- Rose Raimbault-Mahieu
- Colette Veinhard