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Pixar Animation Studios
Alerte Rouge

Alerte Rouge marque le 25e film d'animation produit par Pixar Animation Studio. Il s'agit également du premier film du studio intégralement dirigé par une femme. Toutefois, à l'image de leurs deux précédentes productions, il n'est proposé qu'en exclusivité sur Disney+ partout où la plateforme est disponible dès le 08 mars 2022. C'est également le premier film du studio, depuis WALL•E, qui ne comporte aucune mention d'une version 3-D native dans le générique de fin. L'abandon de cette technologie semblant désormais actée par Disney pour ses films d'animation. Le long métrage dispose de deux doublages francophones.

L'intrigue

Mei Lee est une ado de 13 ans contre les autres, tiraillée entre le désir de rester une enfant sage et celui d'être une adolescence rebelle. Cependant, étouffée par sa mère, Ming, qui épie le moindre de ses faits et gestes, elle intériorise autant qu'elle le peut ses plus vives émotions. Malheureusement, un matin, elle ne peut plus les contenir. Elle laisse alors échapper sa frustration et se transforme en énorme panda roux...

Analyse de l'oeuvre

Le studio Pixar et moi n'avons jamais vraiment été très amis, pour autant, même si je n'accroche pas souvent à plusieurs de leurs longs métrages, ils restent quand même à peu près tous dans la catégorie des films remarquables à quelques exceptions près. Jusqu'à aujourd'hui, j'en comptais trois en particulier sur les doigts de ma main : Toy Story premier du nom, n'en déplaise à ceux que cela va chagriner, mais qui est un peu sauvé à mes yeux par sa stature de premier long métrage d'animation entièrement animée par informatique, Cars - Quatre roues, dont la nostalgie purement américaine et ses bolides me passe très haut au dessus de la tête et, surtout, Le voyage d'Arlo qui ratait clairement le coche. Désormais, Alerte Rouge s'ajoute comme quatrième doigt de ma main. Car le long métrage accuse, pour la première fois pour le studio, un gros triple problème. Primo, le long métrage nous fait dans la redite, ce que Pixar n'avait jamais fait jusque là. La promotion du long métrage met particulièrement en avant qu'il s'agit du premier film réalisé par une femme dans le studio. Certes, oui, Domee Shi est effectivement restée à ce poste jusqu'au bout, sauf que Brenda Chapman l'avait précédé dix ans auparavant. Or, quelle thématique avait développée Brenda Chapman pour Rebelle, avant que les conflits internes s'en mêlent et que Mark Andrews "sauve le film" en lui ravissant l'honneur d'être la première réalisatrice Pixar ? Je vous le donne en mille : un conflit mère-fille strictement identique à celui d'Alerte Rouge ! Un cas comme dans l'autre, une crise existentielle à base d'hormones en ébullition, un lourd fardeau reposant sur les épaules de la plus jeune des deux en pleine crise d'adolescence et d'une métamorphose en animal dont l'esprit mystique envahissant devient vite dangereux. Faut-il en déduire que les femmes chez Pixar ont des problèmes systématiques avec leurs filiations féminines pour devoir reproduire ainsi deux fois le même schéma narratif à dix ans d'intervalle ?

Secondo, l'autre défaut majeur d'Alerte Rouge livre rien de moins qu'une fiction purement éducative à coups de transformations magiques comme il en pullule sur les chaînes et programmes pour enfants. L'une des plus récentes en date se trouve notamment sur Gulli, Les Minijusticiers, où de jeunes personnages, souffrant de complexes ou de moqueries, voient leurs défauts se muer en force et se métamorphosent. Ils finissent alors par s'accepter eux-même, tout comme par se faire accepter par leur entourage. Je n'évoque que le plus récent qui me vient en tête, mais je compte des exemples comme celui-là par centaines sur les quatre dernières décennies d'animation qui reproduisent cette intrigue à plus soif sur moins de vingt minutes. Et cela, quelles que soient les origines des productions, américaines, européennes et, plus particulièrement, japonaises où ce thème y est extrêmement abandonnant. C'est également le cas de l'animation chinoise dont leurs légendes comptent de très nombreuses métamorphoses en animaux, de l'enfance à l'âge adulte, comme dans la vieillesse. Et encore, la majorité du temps dans les productions animées pour enfant, cette thématique est souvent tournée en dérision, surtout au Japon, cela sert plus souvent de comique de répétition ou de toile de fond dans l'évolution d'un personnage. A cela s'ajoutent les séries adolescentes américaines tels Dawson et consort, voire même Buffy contre les vampires, plus matures, qui s'y sont également essayées. Bref, Alerte Rouge fait dans l'imitation faiblarde en forçant tellement la caricature qu'il semble vouloir donner des leçons à ses spectateurs. Quelque chose que Pixar n'avait jamais fait jusque là. Alerte Rouge fait malheureusement dans le resucé, ce qui n'est pas un défaut en soit, mais sans aucune valeur ajoutée, c'est déjà nettement plus condamnable surtout pour la marque Pixar.

Tertio, Alerte Rouge manque cruellement d'identité et ne sait clairement pas sur quel pied danser. Par tous les pores, Alerte Rouge respire l'ambiance asiatique. Pourtant, pour une raison qui m'échappe, Domee Shi semble avoir littéralement honte de cette filiation pour son film. D'un bout à l'autre, le long métrage se veut asiatique tout en s'échinant constamment à renier son inspiration asiatique. Domee Shi et sa co-scénariste Julia Cho font tout leur possible pour noyer littéralement le poisson sur cette question. Constamment, le long métrage mitraille que l'intrigue se déroule à Toronto, à coup de drapeau canadien prenant tout l'écran, les personnages répètent inlassablement sans réelle pertinente que cela se déroule là-bas histoire d'être sûr de n'avoir pas perdu le spectateur américain en cours de route ou fait en sorte de dissimuler la réalité du monde actuel dans un pseudo aspect rétro-nostalgique, puisque l'action du film est délocalisée en 2002. Certes les occidentaux que nous sommes vont trouver désuets l'apparition d'un tamagotchi ou du phénomène des Boys Bands, sauf qu'en réalité, toutes les thématiques évoquées dans le film sont très actuelles dans le monde asiatique. Oui, même le tamagotchi qui est de nouveau en vente au Japon depuis 2021 ou encore le phénomène des dramas où, il y a 20 ans, on ne savait même pas ce que c'était. Tout ce que présente Alerte Rouge est en réalité très contemporain dans ce qu'il propose, ce qui crée une énorme dichotomie entre ce qu'il se force à dire au spectateur (ça se passe dans le passé, regardez comme c'est très ringard...) et ce que le film raconte réellement (...sauf qu'en fait, je vous montre comment c'est vraiment aujourd'hui). Si l'on occulte toutes les mentions nord-américaines du long métrage, il devient assez vite évident que Domee Shi a entièrement pioché toutes ses idées dans l'actualité récente et qu'elle souhaite, consciemment ou non, adresser son film au Proche-Orient et à l'Asie exclusivement, ainsi qu'à ceux qui y sont sensibles, mais façon carte postale pour touristes enrubannée joliment pour que cela ne se voit pas trop pour l'américain moyen facilement distrait quand ça ne le concerne pas directement.

Alerte Rouge est un pot pourri d'importants emprunts à ces diverses communautés, broyés et mélangés dans un ensemble tout à la fois discutable et harmonieux. Mais qui, au final, n'arrive jamais à être acceptable. Ici, on a donc la mythologie chinoise avec son emprunt aux thèmes de métamorphose, là on a un temple à mi-chemin entre le bouddhisme et le taoïsme, plus loin cette tradition d'honorer sa famille et ses ancêtres. Encore plus évident, le phénomène du Boys Band 4*Town, qui semble terriblement désuet en occident, reprend strictement les codes de la vague musicale coréenne qui déferle depuis des années en Asie, mais en plus mièvre. De nombreuses pictographies empruntent leur style aux mythologies hindoues, tout comme le film semble faire quelquefois allusion au Commonwealth (Canada oblige) et plus particulièrement à la domination britannique de l'Inde (C'est un indien qui est agent de sécurité de l'école, beau cliché). N'oublions pas non plus que l'animation emploie régulièrement des gimmicks propres à l'animation japonaise ! Bref, Alerte Rouge propose une approche visuelle oriento-asiatique-centrée, tout en forçant l'écriture pour inscrire l'intrigue exclusivement en occident. Cela échoue sur tous les plans. Certes, cet amalgame bigaré n'est jamais proposé de manière péjorative. Bien au contraire, Alerte Rouge propose une vision positive et universelle dans tout ce qu'il propose, mais comme le film n'a aucune identité propre, ni singulière pour se démarquer, tout ce qui s'y déroule devient vite interchangeable et, donc, jamais une seule fois mémorable. Domee Shi pille un peu partout pour trouver un semblant de contexte mais sans une seule fois chercher à comprendre l'origine réelle des thématiques présentes dans les oeuvres que, visiblement, elle affectionne, pour en tirer sa propre mythologie. Dès lors, Alerte Rouge se présente comme une coquille vide.

Alerte Rouge tire cependant un peu l'une de ses innombrables épines du pied dans le capital sympathie de son quatuor de personnages féminins principaux. Mei, Miriam, Priya et Abby sont effectivement sympathiques, même si leurs personnalités n'ont rien de bien novateur dans le monde de la fiction destinée aux enfants et pré-adolescents, surtout américains. Le long métrage ne cherche d'ailleurs pas une seule fois à les faire sortir de la caricature où elles restent enfermées : la jeune fille solitaire étouffée par un secret lourd à porter ; la binoclarde intello qui rationalise tout ; la surexcitée rigolarde du groupe qui ne tient jamais en place ; la rebelle introvertie qui, en réalité, a un coeur gros comme ça. A cela s'ajoute l'antagoniste détestable et richissime qui adore être sarcastique. Pour reprendre le même parallèle qu'évoqué plus haut, toutes proportions gardées, on a donc Buffy, Willow, Alex, Oz et Cordelia. Testez, ça marche à tous les coups avec n'importe quelle autre série de votre choix sur le thème de l'adolescence : Sabrina, l'apprentie sorcière, Angela Anaconda, oui même avec Scooby-Doo (sauf que dans ce cas là, la métamorphose, c'est réservé au méchant). Malgré tout, on s'attache un peu aux personnages car on reconnaît forcément à travers elles, à un moment ou à un autre, une situation que l'on a probablement vécu de la même façon, la dimension fantastique en moins. Certaines scènes, surtout à la toute fin du film, arrivent également à apporter une toute petite touche émotionnelle, vraiment faiblarde toutefois, ce qui permet de faire passer la pilule, même si on aurait largement apprécié avoir quelque chose d'autre avec cet Alerte Rouge, dont l'intrigue s'avère au final franchement téléphonée et sans consistance aucune.

D'autant plus que, dans un élan jovial, Alerte Rouge se conclut plutôt sur une notre positive, plus disneyenne que la moyenne des films Pixar, où Mei est pardonné de toutes ses actions, quand bien même une grande majorité des drames ont été provoqués par son unique faute, ses mensonges et son entêtement, ne réalisant leur gravité qu'après avoir provoqué un gros incident majeur. En gros, Alerte Rouge se résume à Mei fait sa crise, claque la porte, prend la voiture familiale sans avoir le permis, fonce dans la foule, détruit tout sur son passage, mais en gros, tout le monde s'en fout parce que, voyez-vous, c'est la faute à une entité mystique et celle de sa mère trop rigide, mais pas la sienne. Problème, Mei est pleinement consciente de ses actes et les assume tous sans aucune honte. Un adage qui semble récurrent dans cette famille et qui semble reproduire continuellement la même maltraitance psychologique à toutes ses filles de génération en génération. Vivement la suivante ! Le court métrage Bao, de la même réalisatrice, dépeignait déjà un peu la même situation, ce qui laisse perplexe sur les choix qu'elle a fait pour ces deux récits. Si l'acte de rébellion de Mei, qui doit se construire sa propre future vie d'adulte, est somme toute justifiable et logique, les choix qu'elle fait pour y arriver sont nettement moins anodins que ce que le film veut nous faire croire. D'autant que la pirouette finale, qui évacue nonchalamment cette problématique, sonne assez faux en fin de compte. Faute non avouée, totalement pardonnée ?

Au final, Alerte Rouge est une oeuvre très boiteuse relevant de la fan-fiction de luxe. Domee Shi semble avoir pioché sans état d'âme, à droite et à gauche, tout ce qu'elle aime le plus pour ensuite bricoler un semblant d'intrigue creuse, vue et revue, tout autour. Alerte Rouge pêche également sur son message féministe, nettement plus marqué que dans Encanto - La magistale famille Magrigal, mais qui, pourtant, se ramasse justement dans les travers que le féminisme dénonce d'ordinaire puisque la majorité des évènements sont intrinsèquement causés (4*Town est le facteur déclencheur) et résolus (Jin et le Chamane réussissent là où toutes les femmes réunies échouent) par les hommes alors qu'ils sont une part assez anecdotique du récit. Sans pour autant être excessivement mauvais, Alerte Rouge ressemble surtout à une docu-fiction pseudo-éducative qui se prend les pieds dans le tapis car elle raconte exactement l'inverse que ce qu'elle annonce. Alerte Rouge s'avère donc bien peu digne des univers plus matures du studio Pixar.

Olivier J.H. Kosinski - 18 mars 2022

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Doublage (Québec - 2022)

Meilin "Mei" Lee : Emma Bao Linh Tourné

Ming Lee (Adulte) : Mélanie Laberge

Ming Lee (Adolescente) : Ludivine Reding

Miriam : Fanny-Maude Roy

Abby : Marguerite d'Amour

Priya : Catherine Brunet

Jin Lee : Tristan Harvey

Grand-mère : Sophie Faucher

Tyler : Philippe Vanasse-Paquet

Tatie Chen : Élise Bertrand

Lily : Rose-Maïté Erkoreka

Helen : Manon Arsenault

Tatie Ping : Valérie Gagné

M. Gao : Daniel Lesourd

Robaire : Nicolas Bacon

Jesse : Nicolas Poulin

Aaron T. : Victor Naudet

Aaron Z. : Xiao-Yi Herman

Tae Young : Charles Sirard-Blouin

Devon : Charles Sirard-Blouin

M. Kieslowski : Alain Zouvi

Stacy Frick : Alice Déry

Doublage (France - 2022)

Meilin "Mei" Lee : Jaynelia Coadou

Ming Lee (Adulte) : Yumi Fujimori

Ming Lee (Adolescente) : Clara Quilichini

Miriam : Lou Howard

Abby : Lana Ropion

Priya : Leana Montana

Jin Lee : Xavier Thiam

Grand-mère : Isabelle Gardien

Tyler : Aloïs Agaësse-Mahieu

Tante Chen : Marie Bouvier

Lily : Nathalie Homs Hayat

Helen : Nathalie Duong

Tante Ping : Laurence Huby

M.Gao : Christian Desmet

Robaire : Kylian Trouillard

Devon : Arthur Raynal

Tae Young : Arthur Raynal

Jesse : Arthur Raynal

Aaron T. : Tom Trouffier

Aaron Z. : Tom Trouffier

M.Kieslowski : Henri Carballido

Stacy Frick : Lisa Caruso

Voix additionnelles :

- Coralie Thuilier

- Camille Timmerman

- Pénélope Siclay-Couvreur

- Antony Carter

- Meaghan Dendraël

- Grégory Quidel

- Agnès Cirasse

- Baptiste Marc

- Ready, Willing & Abell

- Lee Kin Leung

- Choi Chung Wai

- Chan Yuk Hang

- Ka Chak Lun

- Lai King Chuen

- Hsu Hannah

- Ma Wai Ki Dorothy

- Lai Linda

- Yip Ka Man

- Chan On Ying

- Chan Chun Sing

- Li Ka Fai

Sources :
Carton Générique

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