Le Dragon-Génie est une co-production entre plusieurs studios chinois et américains, dont Sony Pictures Animation. Il est proposé en exclusivité sur la plateforme Netflix partout dans le monde le 11 juin 2021. Sauf erreur, le long métrage ne dispose pas de doublage québécois.
Tout jeune, Din, se lie d'amitié avec Li Na, une jeune fille de son âge qui partage ses goûts pour les dragons et les cerfs-volants. Mais un jour, le père de Li Na obtient une promotion très loin du quartier où vivent les deux enfants jusque là. 10 ans plus tard, désormais jeune étudiant, Din multiplie les petits boulots dans l'espoir de réunir assez d'argent pour pouvoir renouer avec Li Na. Mais la tâche s'avère plus ardue que prévue car Li Na est devenue entre-temps une star très médiatisée. Lorsque, soudain, il entre en possession d'un étrange théière qui contient un étonnant dragon capable d'exaucer les voeux. Son plus profond désir semble désormais à portée de main...
Depuis quelques années maintenant, je me suis tourné vers les productions audiovisuelles asiatiques (Chine, Taiwan, Corée du Sud, Thaïlande notamment), principalement pour échapper à une forme de routine dans laquelle les productions américaines sont enfermées et ont un mal fou à se renouveler. C'était une bouffée d'air frais car l'approche narrative asiatique est très différente de celle que l'on adopte en occident, même s'il reste un tronc commun assez universel. Pour autant, j'ai toujours eu la sensation autour de moi d'être entré dans une sorte de marché parallèle de niche, auquel je ne connais que très peu de monde qui s'y intéresse. À contrario, je me rends compte depuis un peu plus de cinq ans maintenant, que le monde de l'animation suit également cette trajectoire d'ouverture au marché asiatique. Comme s'il s'agissait d'une mode. L'un des films les plus précurseurs reste à mon avis Kung Fu Panda. Non pas qu'il ait été le tout premier (pardon Mulan), mais plutôt car c'était un premier vrai représentant majeur de cette forte envie américaine d'être aguicheur envers la Chine, là où Mulan était surtout une forme d'hommage à son personnage historique. Forcément, le thème des arts martiaux chinois de Kung Fu Panda jouait forcément sur cette filiation, ça aurait bien moins marché de voir un Koala faire du kung-fu en Australie ou un Lama sur la Cordillère des Andes. Toutefois, s'il faisait ostensiblement les yeux doux à l'Asie, cela restait encore une production entièrement américaine. Entre-temps, le marché du cinéma américain dont les coûts de production ont explosé ces dernières décennies, et l'habitude des consommateurs ayant changée, les films ont dû trouver un nouveau moyen d'être rentables. Et l'unique territoire sur lequel se joue désormais leur vie, c'est la Chine. On assiste donc désormais, de plus en plus, à une forme de co-réalisation sino-américaine, où le second doit faire de grosses concessions pour être acceptable par le premier. De nombreux films s'y sont cassés les dents.
Le Dragon-Génie s'inscrit pleinement dans cette dynamique sino-américaine où la richesse des mythologies chinoises s'inscrit dans une narration américaine. À titre personnel, je trouve d'ailleurs qu'on commence sérieusement à tourner en rond dans le monde de l'animation parce que j'ai, peu ou prou, déjà abordé la plupart de ces thématiques ailleurs. La plupart des films d'animation des grands ou moyens studios d'animation commencent, à leur tour, à se ressembler les uns par rapport aux autres. Dans les grandes lignes, Destination Pékin, Voyage vers la Lune, The Guardians Brother, Raya et le dernier dragon, le récent Alerte Rouge, voire Le cygne et la Princesse - Un mariage Royal - oui même lui -, c'est un peu du pareil au même. Entités divines, créatures fantastiques et humanité devant s'allier et apprendre à dépasser les préjugés et trouver un sens à leurs vies. Pour autant, chacun à leur manière, ils abordent ce thème sous un angle différent. Cela fonctionne plus ou moins selon les productions. Le Dragon-Génie, lui, adopte le point de vue de la comédie sentimentale pure et dure. C'est inévitablement son atout maître et, probablement, l'un des films d'animation de la décennie à avoir le mieux compris la philosophie de Walt Disney : pour chaque rire à un endroit il doit y avoir aussi une larme quelque part ailleurs. Le Dragon-Génie applique cet adage avec un tel soin qu'il ressort inévitablement de la masse informe des films d'animation du même genre.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas ri de bon coeur devant un film d'animation et m'être pris d'affection pour ses personnages alors que, pourtant, Le Dragon-Génie fait clairement dans le recyclage. Dès les premières minutes d'ailleurs, on ne parvient pas une seule seconde à se détacher de l'idée qu'il s'agit d'un bon gros plagiat d'Aladdin, notamment à travers les pitreries du Dragon qui rappelle furieusement celle du Génie joué par feu Robin Williams. Mais à la différence d'un récent gros panda roux névrosé, le long métrage ne cherche absolument à aucun moment à être moralisateur dans ce qu'il propose. Il se contente juste d'être une oeuvre désordonnée, joyeuse et légère entièrement assumée. Rien de plus, rien de moins. Comme dit le proverbe, c'est dans les vieux pots qu'on faisait la meilleure soupe. Le Dragon-Génie s'inscrit dans une narration assez équilibrée entre ce que propose d'ordinaire les productions américaines et les productions chinoises. Le couple principal, leurs conflits générationnels avec leurs parents, les antagonistes un peu timbrés, c'est typiquement du registre de l'animation américaine pour enfant. L'importance des divinités et la spiritualité, l'abondance des rôles secondaires anecdotiques mais immédiatement attachants et cette propension à exacerber les émotions jusqu'au point de rupture, sans oublier le bling-bling, c'est typiquement le registre de la narration asiatique. L'extravagance du Dragon se situe exactement entre les deux, d'où son énorme capital sympathie. Il a le burlesque et les répliques cinglante du Génie d'Aladdin, mais il excelle aussi dans sa manière de se rendre attachant à travers sa sensibilité, ce que le Génie d'Aladdin n'avait jamais eu, se contentant juste d'être un faire-valoir - certes mémorable mais faire-valoir quand même - de luxe pour le vaurien d'Agrabah. Le Dragon s'amuse d'ailleurs à lancer tout un tas de pique à l'encontre du film Disney, c'est tellement gros que cela ne peut être que volontaire. Dans les faits, le Dragon est surtout plus proche dans l'esprit du trublion Kuzco que du Génie. On l'apprécie d'autant plus car il a lui aussi ses travers, ce qui le rend immensément attachant.
D'un point de vue technique, Le Dragon-Génie se situe dans les eaux des productions de qualité mais qui font un peu avec les moyens du bord sans jamais vraiment parvenir à être à la hauteur de leurs ambitions. Attention, je ne dis pas que le film est mauvais. Tout au contraire, Le Dragon-Génie fait preuve d'un talent certain à proposer un univers riche et cohérent, largement au dessus d'une production télévisuelle ou réservée au marché vidéo, mais ne peut jamais atteindre le degré de finesse des gros studios d'animation américains. On est dans l'entre-deux, mais dans le haut du panier, de ce que propose habituellement Netflix. Pour un ordre d'idée, Voyage vers la Lune lui est un tantinet au-dessus, surtout parce qu'il offre un univers beaucoup plus bariolé là où, registre de l'intrigue oblige, Le Dragon-Génie reste plutôt dans le registre urbain fantasmé. J'émettrais quelques réserves concernant la bande originale, pas mauvaise en soit, mais considérablement en retrait dans Le Dragon-Génie. Il s'agit principalement de musiques d'ambiance ou d'accompagnement, mais rien qui ressort véritablement du lot. À l'exception peut-être du moment où le Dragon va décider de raconter ses origines. Là, la musique prend le dessus sur la narration et lui offre un très joli moment spirituel qui convient bien à l'ambiance de la scène. Dans un sens, peut-être est-ce voulu, on remarque d'autant plus la bande originale à ce moment précis là où elle se fait oublier tout le reste du film.
Une fois de plus, Sony Pictures Animation prouve qu'il s'en sort nettement mieux dans les histoires burlesques que dans les histoires sociales. Là où Les Mitchell contre les machines bourrine les spectateurs à coup de famille dysfonctionnelle qui se transforme en superhéros convenus qui vont sauver le monde, Le Dragon-Génie se recentre exclusivement sur les valeurs simples, telles que l'amitié, l'amour et les relations familiales. Une forme de sensiblerie typiquement asiatique où c'est l'action collective d'individus épars qui fait la force d'un groupe et non celle d'un unique groupe nombriliste qui prend les décisions pour tous les autres. Très drôle d'un bout à l'autre, avec des répliques savoureuses (relevons d'ailleurs l'excellente qualité de la version française), d'innombrables quiproquos digne d'un bon manga comique, et de scènes très cocasses, le long métrage sait cependant se montrer pertinent et fait jouer la corde sensible avec brio dans les scènes plus intimes. Simple, attachant, agréable, amusant, sensible, envoûtant, Le Dragon-Génie est tout ça à la fois.
Olivier J.H. Kosinski - 25 mars 2022
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Doublage (France - 2021)
Din Song Adulte : Rémi Gutton
Din Song Enfant : Cécile Gatto
Long : Jérémy Prévost
Li Na Wang Adulte : Justine Berger
Li Na Wang Enfant : Maryne Bertiaux
Madame Song : Véronique Desmadryl
Monsieur Wang : Stéphane Fourreau
Pockets : Xavier Fagnon
Grand Goon : Raphaël Lamarque
Petit Goon : Taric Mehani
Wei : Thomas Sagols
Buckle : Thierry Kazazian
Sources :
Doublage au Québec
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