Destination Pékin est le premier long métrage d'animation du studio chinois Original Force, qui se spécialisait jusque là surtout dans les cinématiques de jeux-vidéos (Mortal Kombat, The Last of Us) et les séries télévisées (Dragons - Les cavaliers de Beurk et Dragons - Au-delà des rives). Bien qu'initialement programmé pour une sortie en salle, le film sort directement sur Netflix au Québec le 20 juin 2018 (avec un point d'exclamation dans le titre) mais avec un doublage entièrement français. En France, on lui préfère une sortie en salle le 15 août 2018 (sans le point d'exclamation dans le tire), ce qui bloque son accès sur Netflix France à cause de la chronologie des médias. Le film y est pour l'occasion entièrement redoublé avec des têtes d'affiche.
À force d'acrobaties pour épater les jolies oies, Peng, le jars casse-cou, farceur et dragueur, se blesse et doit renoncer à partir avec elles pour leur grande migration annuelle. En chemin, il croise la route de deux petits canetons, Chao et Chi, également séparés de leur groupe. Malheureusement, aucun d'entre eux n'est capable de s'envoler. Or, leur aventure à pied est semée d'embuches, notamment par un chat sauvage qui a décidé de faire d'eux son dîner...
Destination Pékin, voilà un étrange long métrage que nous avons là. Même si ses origines chinoises n'étaient pas révélée par le générique de fin, j'aurais quand même eu de gros doutes sur ses intentions. Car ce film, qui met en scène une étrange aventure avec un jar et deux canetons, sent comme une étrange odeur de renfermé. Que ce soit dans sa construction narrative, ses gags, son scénario ou ses personnages, on a constamment l'impression d'être placé devant un film d'animation qui a été oublié au fin fond d'un gouffre il y a plus de quinze ans et qui sort miraculeusement en salle après des années de recherches spéléologiques. D'un bout à l'autre, Destination Pékin souffle le chaud et le froid, comme un vieux film de Dreamworks Animation pastiché sans imagination dont il n'hésite pas à afficher sa filiation.
Une filiation qui est d'ailleurs en partie légitime, au point que certains spectateurs se sont laissés duper par le matériel de promotion (non, non, ce n'est pas un film Dreamworks !), car le studio Original Force a contribué à quelques productions du studio américain, dont leur plus récent projet fut de réaliser les séries télévisées dérivées de Dragons. Mais la comparaison s'arrête là. On se retrouve ici face à un film d'animation qui tente, désespérément, de reproduire une forme d'humour fanée, longtemps oubliée, qui était principalement portée par la saga Shrek en son temps, plus particulièrement durant son troisième volet qui est aujourd'hui le plus décrié de tous. Mais comme tout bon pastiche qui se respecte, Destination Pékin tente de réinventer une vieille recette perdue alors qu'il ne la maîtrise pas tout en se trompant complètement dans les ingrédients et les dosages. Qu'on le veuille ou non, Destination Pékin propose une étonnante dichotomie.
Ainsi, d'un côté on se trouve face à un voyage merveilleux servi par une qualité technique impressionnante, de l'autre l'histoire du film joue les abonnés absents tout en enchaînant des péripéties et des clichés dignes d'un film à destination d'un très jeune public. A aucun moment le long métrage ne sait sur quel pied danser, ni le spectateur ne sait comment l'aborder, y compris dans son titre francophone dont aucun des personnages n'a pourtant comme objectif de rejoindre Pékin. Vous conviendrez du malaise d'un tel choix dans la tête des auteurs français qui ne savent visiblement pas comment promouvoir ce film. Paradoxalement, la seule chose qui frappe vraiment quand on découvre Destination Pékin, c'est son univers visuel et technique qui reste impressionnant. Du début à la fin, le long métrage fait traverser ses spectateurs dans une flopée de belles cartes postales proposant plusieurs paysages chinois. Jamais une seule fois on ne peut échapper aux lieux convenus pour seuls attrapes-touristes, tant tout semble si idéalisé que ça finit par en être irréaliste, mais dans l'ensemble Destination Pékin est tellement dépaysant et agréable à regarder qu'on finirait, presque, par l'excuser d'être desservi que par un script effroyablement convenu.
Car c'est là où le bât blesse, Destination Pékin est dépourvu du moindre fil conducteur, si ce n'est la fausse excuse de rejoindre le groupe d'oies sauvages qui ont migrées vers une zone plus hospitalière en plein hiver. Son intrigue, inexistante, préfère au contraire jouer divers tableaux pittoresques, enchainer quelques gags qui tombent à plat par-ci par-là, ralentir le scénario à coup de multiples effets de ralentis (une fois ça va, deux fois, puis trois, puis quatre... bonjour les dégâts...) et proposer plusieurs effets de débordement 3-D, mais sans que cela n'apporte quoi que ce soit de divertissant au long métrage. Le spectateur subit plus Destination Pékin qu'il en apprécie l'expérience. Les personnages vont et viennent sans qu'il n'y ait de réelle logique, ni de véritables enjeux. Chaque moment, chaque scène, chaque personnage est si prévisible que cela finit par rendre l'ensemble complètement ridicule. Et comme tout cela paraît trop risible, Destination Pékin noie le poisson en camouflant le problème sous un déluge de tubes pop qui, là non plus, n'arrivent pas à dérider le spectateur blasé par ce qu'il regarde.
Destination Pékin souffre inexorablement de son scénario peu recherché, niais et extrêmement mal écrit, de ses clichés sur pattes qui n'ont aucune âme, de l'absence totale d'empathie pour ses personnages et, plus encore, de toute forme d'émotion, si ce n'est de le prendre en pitié. Son seul et unique atout reste donc sa qualité visuelle très léchée, et quelques scènes spectaculaires malgré leur incongruités, mais ça ne suffit clairement pas à en faire un long métrage mémorable. A découvrir uniquement pour ses beaux paysages chinois, pour le reste, passez votre chemin.
Olivier J.H. Kosinski - 05 octobre 2018
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Doublage (Belgique - 2018)
Exploité sur Netflix uniquement
Peng : Yann Guillemot
Edna : Evelyne Grandjean
Frazier : Thierry Kazazian
Larry : Patrick Raynal
Chi : Zina Khakhoulia
Chao : Oscar Douieb
Banzou : Frédéric Souterelle
Jinjing : Sophie Planet
Bing : Michel Elias
Carl : Jean-Baptiste Anoumon
Gilles : Patrick Pellegrin
Stanley : Michel Laroussi
Doublage (France - 2018)
Exploité au cinéma et en vidéo uniquement
Peng : Éric Antoine
Simone : Catherine Davenier
Pierre : Guillaume Lebon
Larry : Philippe Catoire
Chi : Cerise Calixte
Chao : Enzo Ratsito
Banzou : Emmanuel Curtil
Jingjing : Aurélie Konaté
Bing : Paul Borne
Carl : Emmanuel Garijo
Gilles : Pierre Tessier
Jean-Paul : Serge Biavan
Sources :
Carton Générique