Les Mitchell contre les machines connait une brève carrière au cinéma Nord-Américain dès le 23 avril 2021, puis il rejoint mondialement la plateforme Netflix le 30 avril 2021. Le long métrage dispose de deux versions francophones, ce qui est assez inhabituel de la part de Netflix. La raison logique, sans qu'elle soit officielle, veut que le doublage ai été effectué dans le cadre d'une exploitation en salle qui a finalement été compromise par la pandémie.
Katie Mitchell est radieuse, elle a été acceptée dans une école prestigieuse où elle va pouvoir concrétiser son rêve de devenir cinéaste. Mais son père, Rick, ne voit pas d'un très bon oeil cette activité bien peu valorisante à ses yeux. Les deux finissent par entrer ouvertement en conflit. Après une nuit agitée et sur les conseils de sa femme, Katie, Rick tente une réconciliation qui prend la forme d'un grand road trip familial à travers tous les Etats-Unis. Mais, en chemin, le système d'exploitation PAL, massivement utilisé dans tous les appareils dans le monde, se rebelle et décrète l'exil de tous les humains aux confins de l'espace...
Sony Pictures Animation, c'est un petit peu le mouton noir dans la grande famille des studios d'animation américains, presque la voie de garage avec des films qui, soit marquent durablement le paysage, soit sont de très beaux ratages. Depuis quelques années cependant, le petit studio est sur une voie ascendante avec un renforcement qualitatif indéniable. Les Mitchell contre les machines semble être, incontestablement, une oeuvre dont la réalisation technique semble irréprochable au premier abord. C'est le cas dans un sens. Malheureusement, si le long métrage propose un design relativement léché, il n'a malheureusement absolument rien d'original. Quand on y ajoute la sempiternelle relation générationnelle conflictuelle qui doit mettre de côté ses sentiments et s'unir pour sauver le monde, propre à n'importe quel blockbuster américain lambda, on se retrouve vite devant un bon gros Pop Corn Movie sans âme puisque tous les protagonistes et les enjeux de l'intrigue sont totalement interchangeables. C'est vraiment rare que cela m'arrive, mais je me suis terriblement ennuyé devant ce film d'une durée excessive de deux heures alors qu'il ne se passe absolument rien de palpitant dans cette intrigue cousue de fil blanc.
Même si ce que je vais écrire est vraiment péjoratif, tant que l'on porte des oeillères et que l'on ne considère Les Mitchell contre les machines que par le prisme de son unique existence, il est indéniable que le long métrage semble regorger d'un énorme potentiel et d'une certaine originalité. Il y a du vrai là-dedans, Les Mitchell contre les machines se démarque effectivement de nombreux longs métrages d'animation américains. L'idée de rendre le film psychédélique, tout en surfant sur la génération Youtube (marque ouvertement nommée dans le film), sur la nomophobie et sur la prise de contrôle des machines virtuelles, est effectivement dans l'air du temps. Les Mitchell contre les machines joue à fond dans les incohérences visuelles et multiplient les styles d'animation : 2D, 3D, peinture, gouache, popup, arrêt sur images intempestifs, super-ralentis, bref, c'est un véritable joyeux bordel visuel. Malheureusement, dès qu'on replace le long métrage dans le contexte de son époque, sa soi-disant originalité a surtout dix ans de retard. Une production animée américaine a déjà totalement exploité cette thématique : Le monde incroyable de Gumball.
J'ai déjà croisé la route de Le monde incroyable de Gumball, principalement parce que la série est régulièrement proposée par la chaîne Gulli. Toujours est-il que je ne lui avais absolument jamais prêté la moindre attention, jusqu'à tout récemment. J'y tombais dessus en changeant de chaîne par exemple, mais ne comprenant absolument pas le concept de cette série vraisemblablement névrotique, je ne tenais devant que quelques minutes. Difficile d'en saisir la substance. Je lui ai finalement accordé une chance lorsqu'un membre du forum DCP s'est mis à vanter ses qualités. Par curiosité, et vu qu'on pouvait facilement la voir gratuitement sur Gulli, j'ai donc accordé à cette série le bénéfice du doute. Je dois admettre que les deux à trois premiers épisodes ont été assez durs à avaler mais, curieusement, passé ce cap, j'ai commencé à percevoir l'énorme sous-texte que la série propose. Les références à des choses que seuls les adultes peuvent apprécier y sont proposées en foison. Plus que les intrigues en elle-même, relativement classiques pour une série animée pour enfant, c'est surtout la traque des références à des évènements, situations ou technologie réelles qui devient vite le principal atout de la série. Et on s'amuse alors avec son entourage pour savoir qui a reconnu quoi dans la joie, la bonne humeur et, surtout, la mauvaise foi.
Les Mitchell contre les machines reprend à son compte le concept de base de cette série, mais le propose malheureusement sans la moindre finesse. C'est souvent lourd, régulièrement indigeste et, au final, sans une once de subtilité. Tous les personnages sont des stéréotypes téléphonés : l'enfant geek accro aux dinos, la jeune binoclarde qui fait sa crise d'adolescence avec cinq ans de retard, la maman qui n'est rien d'autre que ça avec un caractère entièrement pompé sur Nicole Watterson de la série télévisée et un père, qui a quand même l'âge d'avoir connu quatre décennies au moins de révolutions technologiques, qui n'est pas crédible pour un sou dans son incompréhension des outils numériques (c'était déjà improbable il y a vingt ans, mais alors là, faut vraiment se forcer), tout cela rend tout le scénario pratiquement idiot. A cela s'ajoute le bon gros MacGuffin qui servira de moteur au scénario pendant un temps, avant d'être finalement oublié en route, pour se recentrer sur la famille moyenne dystopique américaine qui sauve le monde. Bah !
Je ne m'attendais à rien quand j'ai lancé Les Mitchell contre les machines. Pendant une heure j'ai attendu que le film commence, pendant l'heure suivante j'ai espéré qu'il se termine. Entre les deux heures, je n'en ai absolument rien retenu de positif, à part que l'enrobage était joli, mais renforçant d'autant plus l'illusion d'un luxueux cache-misère. Bref, sacrée désillusion.
Olivier J.H. Kosinski - 08 octobre 2021
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Doublage (Québec - 2021)
Katie Mitchell : Fanny-Maude Roy
Rick Mitchell : Tristan Harvey
Aaron Mitchell : Nicholas Savard L'Herbier
Linda Mitchell : Catherine Proulx-Lemay
Mark Bowman : Alexandre Fortin
Deborahbot 5000 : Nicolas Charbonneaux-Collombet
Eric : Maël Davan-Soulas
Pal : Manon Leblanc
Jim Posey : Iannicko N'Doua
Galxxon 5000 : Louis-Philippe Dandenault
Hailey Posey : Laurence Dauphinais
Abby Posey : Emma Bao Linh Tourné
Jade : Sofia Blondin
Doublage (France - 2021)
Katie Mitchell : Lou Viguier
Rick Mitchell : Bruno Magne
Linda Mitchell : Valérie Bonneton
Aaron Mitchell : Aloïs Agaesse-Mahieu
Mark Bowman : Diouc Koma
PAL : Claude Perron
Eric : William Coryn
Deborahbot5000 : Antoine Schoumsky
Glaxxon 5000 : Stéphane Ronchewski
Haley Posey : Pauline Moulène
Voix additionnelles :
- Jean-Rémi Tichit
- Antoine Ferey
- Cécile Fournier
- Cédric Ingard
- Hannah Jazz-Mertens
- Alice Suquet
- Camille Timmerman
Sources :
Carton Générique