Arthur - Pal a disparu ! est à la fois le premier long métrage inspiré par la série télévisée Arthur et le tout premier long métrage d'animation 3D réalisé par Crest Animation Studios, studio qui a racheté celui de Richard Rich quelques années plus tôt. Il sort en premier au Québec, directement en vidéo le 22 août 2006, sous le titre Arthur - À la recherche de Pal. Il sort ensuite en France le 10 janvier 2008, directement en vidéo également. En France, on le connait également sous le titre de Arthur - La mystérieuse disparition de Pal le chien pour sa diffusion télévisée. Le long métrage dispose actuellement d'un doublage réalisé au Québec.
N.B. : La version française du film n'ayant pas été reçue à temps, l'analyse de ce long métrage a été réalisée à partir de la version originale américaine. De fait, pour l'instant, un second doublage réalisé en France ne peut pas être confirmé avec certitude. Cette page sera actualisée en conséquence dès réception.
Arthur oublie par inadvertance de donner à manger à son compagnon à quatre pattes, le chien Pal. Affamé, celui-ci profite de l'inattention d'Arthur pour sortir et explorer le village d'Elwood, mangeant tout ce qu'il découvre de comestible sur son chemin. Réalisant soudain que Pal a disparu, Arthur part à sa recherche avec ses amis, dont Buster qui revêt, pour l'occasion, son accoutrement de détective chevronné...
Les destinées de Don Bluth et Richard Rich sont vraiment fascinantes, tant leurs trajectoires respectives ont été tout aussi similaires que différentes. Les deux hommes sont des contemporains, ont tous les deux fait leur armes chez Disney à la même époque et ont même réalisé ensemble le court métrage Le petit âne de Bethléem en 1978 qui peut être considéré comme la première grande réalisation de la nouvelle génération d'artistes chez Mickey. Le destin se brise pourtant en 1979, lorsque Don Bluth claque la porte de Disney avec pertes et fracas, emmenant avec lui de nombreux artistes. Richard Rich, lui, reste chez Disney où il récupère la casquette de co-réalisateur pour Rox et Rouky. Même si le long métrage a gagné ses lettres de noblesses aujourd'hui, alors qu'il reste aux yeux de tous comme un film très mineur du catalogue Disney, on retient surtout qu'il a été l'objet d'une vive crispation en interne provoquant le départ de Wolfgang Reitherman, le tout dernier artiste de l'équipe originelle du studio, qui n'appréciait pas du tout la direction prise par le long métrage. Sans être mirobolant, Rox et Rouky rentre dans ses frais, sans durablement marquer le public pour autant. Avec son confrère de l'époque, Ted Berman, Richard Rich se lance dans le projet ambitieux d'adapter Les chroniques de Prydain. Nous passerons très vite sur la catastrophe industrielle que va représenter Taram et le chaudron magique, ainsi que le monumental pied-de-nez de Don Bluth avec l'immense succès de Fievel et le nouveau monde. Tandis que Don Bluth se voit propulser en haut de l'affiche, Richard Rich sort par la petite porte quasiment au point d'être oublié de tous.
Pourtant motivé, dès son départ de chez Disney en 1986, il fonde son propre studio d'animation Rich Animation Studios. Il lui faut presque une décennie pour trouver les financements, réunir une équipe et produire son premier long métrage, le célèbre Le cygne et la Princesse. Ce sera quasiment peine perdue pour lui, puisque son jeune studio va se faire avaler par Nest Family Entertainment dès 1993 avant d'avoir produit le moindre film indépendant. Un mal pour un bien dirons-nous, car ce rachat permet de finaliser Le cygne et la Princesse, un film un peu défaillant, mais très sympathique et dans le haut du panier des films américains de l'époque. Problème majeur : le long métrage a toutefois le malheureux déshonneur de sortir en salle la même année qu'un certain Le Roi Lion, dont absolument personne n'avait vu venir le succès faramineux en salle. Même si Disney était depuis 1988, avec Oliver & Compagnie, sur une montée en puissance à la sortie de chacun de ses films animés, Le Roi Lion a véritablement été un énorme succès surprise auquel personne ne croyait. Hormis ceux qui l'avaient apprécié, Le cygne et la Princesse est très vite éclipsé et relégué aux oubliettes de la mémoire collective. Pour autant, le film reste un joli succès d'estime qui finit par rentrer dans ses frais sur le tard, notamment grâce à l'essor du cinéma à domicile via les désormais antiques VHS. Ce qui permet de poursuivre le mythe en concevant deux autres opus, dont le premier est proposé dans un réseau limité de salles, tandis que le second sort directement en vidéo.
Tandis que Don Bluth continue sa montée en puissance, jusqu'à la consécration d'Anastasia et la chute fatale inattendue Titan A.E., Richard Rich s'obstine en réalisant plusieurs films qui subissent des revers monumentaux, dont certains (y compris moi), considèrent qu'ils sont globalement mérités tant ces films se révèlent tous très inconsistants. Le couperet tombe alors très vite, le studio est au bord de la faillite. Nest Family Entertainment ne fait pas de cas du studio, dont il souhaite se débarrasser au plus vite. Le Roi et moi est en effet un gouffre financier difficile à rentabiliser, ni même à cacher sous le tapis. En 2000, le studio indien Crest Animation Studios se porte acquéreur, ce qui permet à Richard Rich de poursuivre la réalisation de trois autres films en cours de réalisation : Polly et l'épouvantail, La trompette magique puis Muhammad - Le dernier Prophète. Mais le studio semble décidément sous le coup d'une malédiction, de flop en flop, si bien que Crest Animation Studios doit tailler dans ses effectifs et mettre à la porte la moitié de ses effectifs ! Toutes les productions animées de Richard Rich sont alors sabrées, le studio imposant un hiatus de 4 années, toute la production animée est délocalisée en Inde où la main d'oeuvre est abondante, sous payée et, plus grave encore, souvent très incompétente en matière d'animation. Pour limiter encore plus les frais, Crest Animation Studios décide également d'abandonner définitivement l'animation 2D au profit de l'animation 3D, jugée économiquement plus rentable. A partir de là, le destin du studio devient vraiment nébuleux. Vu les nombreux crash et revers subis par à peu près tous les films d'animation de Richard Rich, j'ignore absolument pourquoi et comment Crest Animation Studios a réussi à convaincre la société américaine Lionsgate de les laisser produire le premier film d'animation tirée de la série télévisée Arthur. Parce que franchement, quand on voit ce que donne le résultat final, toutes les prédictions étaient pourtant au rouge dès le départ ! On y revient dans un instant.
Arthur est une série d'animation lancée aux Etats-Unis en 1996, principalement destinée à un public pré-scolaire et inspirée des nombreuses aventures d'Arthur écrites par l'auteur américain Marc Brown à partir de 1976. Assez classique dans son approche par rapport à de nombreuses autres séries télévisées du même genre, Arthur propose un concept à mi-chemin entre l'éducatif et le ludique, où des animaux anthropomorphes vivent toutes sortes d'aventures. Très librement inspirée des histoires originales écrites par Marc Brown, la série télévisée Arthur connaît un gros succès auprès du jeune public, y compris dans le monde francophone où elle est fait ses débuts doublée en primeur avec des comédiens locaux au Québec, avant d'être doublée une seconde fois par des comédiens français pour le territoire Européen. La série parvient ainsi à réaliser plus de 250 épisodes, répartis sur 26 ans et 4 distributeurs différents. Elle s'achève en début d'année 2022, même si rien n'empêche que la série, au vue de sa popularité aux Etats-Unis, ne soit reconduite ces prochaines années. Comme toute série animée à succès, la question se pose naturellement de proposer Arthur sur grand écran. C'est là que l'on rentre dans la 4e dimension, car je ne vois vraiment pas comment Crest Animation Studios a bien pu avoir une quelconque influence sur Marc Brown puisqu'il donne feu vert à la mise en chantier de ce long métrage destiné au cinéma.
Vu l'énorme difficulté pour réussir à mettre la main sur Arthur - À la recherche de Pal !, et connaissant la réputation désastreuse du studio pour m'être joyeusement infligé toutes ses infâmies, il m'est apparu évident que j'allais vivre une expérience inoubliable. C'est d'autant plus palpitant de savoir qu'il s'agit de la toute première réalisation entièrement 3D produite par le studio de Richard Rich. Je n'ai pas été déçu une seule seconde car j'aurais rarement vu un film d'animation aussi misérable en termes de rendu graphique. Je ne sais d'ailleurs même pas à quoi comparer, en termes d'équivalence, ce que Arthur - À la recherche de Pal ! propose à l'écran. Je dirais une sorte de mélange entre le début de l'ère de la révolution numérique à la fin des années 1980 pour l'animation raide des personnages, une esthétique de jeu vidéo de l'époque Nintendo 64 pour l'esthétique générale, le désir ambitieux d'un adolescent qui tente de créer quelque chose sans aucune expérience sur le PC familial et la certitude que tout le monde trouvera ça finalement épouvantable. Comme le retour de vacances des amis ou de la famille qui vous infligent leur reportage photo dont vous n'avez que faire. Arthur - À la recherche de Pal ! est un long métrage terriblement éprouvant dont la forme tue dans l'oeuf le peu de fond qu'il contient. Car l'emballage est tellement atroce qu'on se demande comment cette chose n'a pas été annulée en cours de route, tout en comprenant parfaitement pourquoi Arthur - À la recherche de Pal ! a disparu de la circulation depuis bientôt 20 ans. Sincèrement il aurait vraiment fallu dissimuler cette horreur aux yeux du monde entier.
La seule chose qui vaille quelque chose là-dedans reste l'intrigue. Le scénario est simple, accessible, parfaitement dans la lignée pseudo-éducative de la série télévisée, tout du moins si l'on est un enfant, en bas âge de préférence, 5 ou 6 ans maximum je dirais. Au-delà, Arthur - À la recherche de Pal ! semble souvent très stupide. La plupart des personnages ont des comportements erratiques, leurs choix semblent très souvent absurdes ou bien exagérées. Il faut dire que la technique animée n'aide pas vraiment à s'attacher, ni même à décrypter le comportement des personnages. De toujours, là où se logent la plupart des émotions, c'est bien évidemment au niveau du visage. Le problème, c'est que dans Arthur - À la recherche de Pal !, les visages des personnages sont cryptiques et sujet à n'importe quelle interprétation. C'est regrettable dans le mesure où l'histoire a finalement du sens pour un jeune public. Il s'y cache une gentille morale sur le fait de prendre soin des autres (ici un animal de compagnie) et de trouver une manière de réparer sa faute (ici Arthur réalisant combien il tient à son chien après l'avoir égaré). Le scénario entremêle de façon cohérente une sorte d'intrigue à énigme, où les personnages doivent trouver des indices, ainsi qu'une multitude de rebondissements en tout genre. Si la technique n'était pas si exécrable, on trouverait même parfois le film drôle, notamment lorsque, à plusieurs reprises, Arthur et Pal se croisent sans jamais se voir. Oui, mais voilà, si l'idée est là, l'animation est si horrible que ça gâche absolument toute l'intention de départ. Or, avec le recul, on se rend assez vite compte que Arthur - À la recherche de Pal ! contient déjà les prémices désastreuses de tous ses successeurs en 3D produits par Crest Animation Studios.
Arthur - À la recherche de Pal ! n'est ni un navet, ni un nanar, mais une véritable calamité. Même si la série animée est loin d'être aussi belle à regarder que plusieurs de ses contemporaines, elle reste tout de même bien plus honorable en 2D que cette monstruosité toute en 3D. J'ignore si Marc Brown a prit conscience du désastre en faisant désormais comme si ce film n'avait jamais existé, tout comme il semble avoir totalement abandonné l'idée d'en produire un second pour laver l'honneur, parce que s'infliger ça sur un téléviseur était tellement abominable que je souffre à postériori pour les parents qui ont eu l'audace d'aller voir ça en salle aux Etats-Unis avec leurs gamins. Malgré les critiques acerbes, malgré la qualité désastreuse, malgré le manque criard de moyen, malgré le flop monumental, Arthur - À la recherche de Pal ! a pourtant été le premier jalon d'une longue lignée d'atrocités que seuls Richard Rich et Crest Animation Studios pouvaient réaliser, avec une constance minutieuse, pratiquement annuelle pendant deux décennies, qui frise la folie pure.
Olivier J.H. Kosinski - 10 novembre 2023
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Doublage (Québec - 2006)
Arthur : François-Nicolas Dolan
Marie : Élise Bertrand
Buster Baxter : Hugolin Chevrette
Maman : Nathalie Coupal
Papa : Antoine Durand
Binky : Olivier Visentin
Prunella : Hélène Lasnier
Muffy : Claudia-Laurie Corbeil
Alan Powers II : Alexandre Bacon
Doublage (France - 2008)
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Sources :
Doublage au Québec