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Poster (France) ~ 29 novembre 1989

Walt Disney Animation Studios
Oliver et Compagnie

Oliver et compagnie sort en salle le 18 novembre 1988 au Québec. Il est le second long métrage Disney, après Qui veut la peau de Roger Rabbit, qui bénéficie d'un doublage québécois, mais le tout premier en tant que long métrage entièrement animé. En France la sortie du long métrage est repoussé d'un an, puisqu'il n'est diffusé qu'à partir du 29 novembre 1989, avec son propre doublage français. Le titre français du film réintégègre l'esperluette Oliver & Compagnie, comme c'est le cas de la version originale.

L'intrigue

Oliver est un petit chat roux abandonné dans un carton dans l'inhospitalière cité new-yorkaise. En quête de nourriture, il part à l'aventure dans les sombres rues de la ville où il croise la route d'un chien des rues, Roublard, qui lui donne ses premières leçons de vie, principalement constituées de larcins. Mais alors que Roublard et sa bande tentent d'escroquer un automobiliste, Oliver se retrouve piégé dans le véhicule où il rencontre la jeune Jenny qui se prend d'affection pour lui. Mais sa famille est si riche qu'elle finit par attirer les pires convoitises...

Analyse de l'oeuvre

On l'oublie trop souvent, mais le démarrage du nouvel âge d'or Disney n'a pas débuté en 1989 avec La petite sirène, mais bien durant l'année 1988, coup sur coup, grâce à deux films d'animation : Qui veut la peau de Roger Rabbit d'abord, qui a redéfini que l'animation n'était pas seulement réservée aux enfants, Oliver & Compagnie ensuite qui a, sans nul doute, bénéficié du prestige du premier pour attirer les familles vers le second. Si l'on retient surtout La petite sirène plus de trois décennies plus tard comme top départ de l'âge d'or Disney, c'est principalement parce que la jeune Ariel a fait un énorme triomphe unanime dans tous les pays du monde, là où Oliver & Compagnie a surtout été un gros succès à domicile. C'est pourtant lui qui a redéfini pas mal de choses dans la manière de raconter une grande histoire animée sur grand écran, notamment dans sa mise en scène et sa réalisation. C'est aussi l'un des premiers films d'animation a user considérablement de la technologie informatique, là où Taram et le chaudron magique et Basil, détective privé se contentaient surtout de pallier une difficulté technique. Ici, l'informatique et l'imagerie 3D ont tout au contraire été utilisées comme de vrais outils et intégrées dans un processus créatif plus global. La 3D n'était plus au service des problématiques des animateurs mais inscrite dans une démarche narrative réfléchie. Avec toutes ses innovations à son actif, il en devient légitime de se demander pourquoi Oliver & Compagnie semble avoir échoué parmi les oeuvres minoritaires du catalogue des Walt Disney Animation Studios, au même titre qu'un Robin des bois ou Merlin l'enchanteur, toutes proportions gardées, au point de l'oublier comme fer de lance du nouvel âge d'or Disney. Dans les faits, les innovations d'hier de ce film ont justement eu raison de sa postérité ultérieure : Oliver & Compagnie est définitivement ancré dans les années 1980, ce qui l'empêche de bien vieillir et l'inscrit irrémédiablement dans cette seule époque, là où La petite sirène reste bien plus intemporel.

Que l'on ai vécu ou non durant période, pour peu qu'on s'y intéresse un tant soit peu en se faisant des rétrospectives d'oeuvres de fictions américaines par exemple, il est indéniable que la période courant de la fin des années 1970 au début des années 1990 comporte son lot d'oeuvres qui semblent avoir été forgées dans un même moule. C'est logique en un sens, car c'est une période de transition dans le milieu audiovisuel, surtout aux Etats-Unis, où la génération des pionniers du cinéma ont commencé à laisser leur place à une nouvelle génération d'artistes dont la vision de leur époque a nourri leurs créations. Oliver & Compagnie est typiquement une oeuvre de cette époque pour différentes raisons. Visuellement, celà passe par une esthétique et une ambiance particulières. Au niveau du son, le phrasé est différent, il y a un côté décomplexé, on assiste également à une forte montée de la pop et du rock au détriment du disco et du synthétiseur, bien que le second ait perduré plus longtemps que le premier. Au niveau des personnages, leur caractérisation est reconnaissable entre mille, leur façon de se mouvoir et de s'habiller également. Et il y a aussi cette libération, sur fond très humoristique, de la barrière des classes. C'est la grande époque des Punky Brewster, Arnold et Willie et Madame est servie, avec leurs enfants pas trop sages mais quand même très niais qui faisaient les beaux jours de la télévision, et que l'on trouve un tantinet idiots aujourd'hui. Et puis il y a toujours cette forme de candeur enfantine, qui suit les succès comme Les Goonies ou E.T. - L'extra-terrestre, jusqu'à la consécration finale de Maman j'ai raté l'avion qui a redéfini les enfants à l'écran.

Oliver & Compagnie, c'est un peu tout ça à la fois, une synthèse, efficace certes, mais quand même étrange de tout ce qui constituait les années 1980. On peut s'amuser à décortiquer le scénario par tous les angles, on y trouvera forcément des points communs ailleurs. Si l'on s'intéresse à Jenny par exemple, on pense tout de suite à Punky Brewster évoquée auparavant. Jenny est l'antithèse de Penny, ce n'est plus une jeune orpheline amorphe qui se morfond en attendant que quelqu'un vienne la secourir. Elle est plus dynamique, plus joviale, moins renfermée. Paradoxalement, elle reste quand même une "orpheline" dans la mesure où ses parents semblent peu s'occuper d'elle, trouvant donc réconfort auprès de Winston, amalgame évident entre Henry Warnimont (l'anglais un peu coincé) et Philip Drummond d'Arnold et Willie (amalgame de la famille pleine aux As et du personnage qui accorde tous les caprices). Quand Oliver s'installe, c'est un peu comme Alf qui débarquait chez les Tanner et attendrissait tout le monde. Du côté des chiens, Roublard, c'est l'archétype du gars cool, qui semble se la péter à la moindre occasion, mais qui serait bien perdu s'il n'avait pas un entourage pour le glorifier dans ce sens. Bref, le Bruce Willis, le Mel Gibson ou le Eddie Murphy charismatique mais déconneur propre à la décennie.

Georgette, c'est la diva superficielle, mais autoritaire, qui use de son corps pour arriver à ses fins, prémisse féminin du futur gros carton que sera Pretty Woman quelques années après. Elle a aussi un peu de Nellie Oleson, en étant snob, manipulatrice et vaine, jusqu'à sa célèbre coupe de cheveux. Georgette tombe d'ailleurs aussi sous le charme d'un homme qui est son exact opposé, comme c'était le cas de Nellie. Fagin, c'est le gentil pauvre au bon coeur, vraisemblablement originaire de Brooklyn, très heureux de sa condition de vie, à une époque où on nous montrait les clivages à New York avec les pauvres à Brooklyn et les riches à Manhathan. Un rôle type que l'on trouve dans de nombreuses fictions dans les années 1980, comme l'était Tony Micelli. Sykes, c'est typiquement le grand méchant de séries animées de la période, qui ne bénéficie de quasiment aucune réelle caractérisation, si ce n'est qu'il a une grosse voiture et deux Dobermann. Il pourrait très bien avoir pu être le Docteur Gang, chef de l'organisation criminelle MAD, dans une autre vie. Bref, vous voyez un peu l'idée générale, je ne vais pas passer en revue tout le film, il faudrait plusieurs pages pour en venir à bout.

Quel que soit le biais par lequel on le prend, Oliver & Compagnie sent la naphtaline. Il ne peut véritablement s'apprécier que si l'on a une fibre nostalgique, ce qui n'est malheureusement pas mon cas. Malgré tout, j'accorde quand même toute mon attention à ce long métrage qui, en faisant fi de son enrobage daté, tient finalement très bien la route dans son ensemble. Oliver & Compagnie entremêle assez habilement comédie, numéros musicaux et, plus étonnant, un soupçon de film d'action. C'est d'ailleurs là que se joue la principale innovation du long métrage, aucun autre film produit par Walt Disney Animation Studios ne s'était avéré aussi haletant jusqu'à présent, notamment dans sa longue scène de course-poursuite finale. Auparavant, les scènes de tension des films animés Disney relèvaient surtout du domaine du merveilleux. Cela pouvait faire peur, mais c'était surtout fantaisiste, voire fantastique pour ce qui étaient des adaptations des contes. Oliver & Compagnie se veut plus mature dans son approche narrative, un peu fantasque car épousant les codes de la comédie enfantine, mais avec une certaine forme de réalisme. Une noirceur est également palpable, également caractéristique des années 1980. Elle convient très bien à l'ambiance du film. Et si Sykes est finalement un méchant peu charismatique, une ombre plutôt éloigné des personnages, la séquence finale s'avère toute à la fois extrêmement palpitante, fun et drôle, à travers les rues de New York et le Pont de Brooklyn.

Du point de vue de la bande originale, Oliver & Compagnie renoue avec une tradition ancrée par Walt Disney lui-même dès Blanche-Neige et les sept nains en revenant aux fondamentaux des récits animés fortement musicaux. Après une grande période de disette, qui est intervenue dès la mort de Walt Disney, le rôle des chansons dans les longs métrages est rapidement devenu anecdotique. Oui, effectivement, par tradition, elles sont effectivement restées après. Mais elles n'appuyaient pas vraiment les films, elles étaient des parenthèses enjouées (Les aristochats) ou des moments de contemplation qu'une ellipse aurait très bien pu remplacer (Les aventures de Bernard et Bianca). Basil, détective privé a heureusement changé la donne, Oliver & Compagnie lui a emboîté le pas et a ouvert la voie aux comédies musicales triomphantes ultérieures. J'émettrais cependant un gros bémol vis-à-vis de la version française que j'ai toujours trouvée très ratée. Oliver & Compagnie est très ancrée dans la culture américaine, au point que ses chansons en sont extrêmement caractéristiques en version originale. Malgré toute la bonne volonté de l'équipe française, la qualité de l'adaptation laisse à désirer et, surtout, bien plus grave à mes oreilles, aucune des tonalités vocales n'est adaptée aux chansons. Certains choix sont même très discutables, particulièrement sur Roublard dont les voix de Patrick Poivey et Jacques Mercier ne s'accordent absolument pas. Plus habitué au monde anglophone, cette affirmation est moins vraie pour ce qui concerne la version proposée au Québec - la toute première ! - qui livre une adaptation musicale de meilleure qualité, quoique toujours inférieure à la version originale, mais avec des dialogues plus fades.

Visuellement, Oliver & Compagnie est vraiment très chouette. Nostalgique ou non, il est indéniable que le long métrage retranscrit avec fidélité la ville de New York dans les années 1980. Le film pousse d'ailleurs le vice en recourant aux placements de produits, car on voit de très nombreuses vraies marques commerciales accrochées à tous les coins de la ville. Une première inédite pour Walt Disney Animation Studios qui ne refera plus ça jusqu'à Les mondes de Ralph, près d'un quart de siècle après ! L'une des autres originalités d'Oliver & Compagnie se situe au niveau de la perspective de la caméra. Hormis dans les passages où les humains sont présents à l'écran, tous les autres plans du film se focalisent exclusivement à hauteur des animaux. En gros, en dessous de nos genoux. Ce qui était finalement assez innovant par rapport à La belle et le clochard et Les aristochats, qui comportaient des plans plus larges, souvent à mi-hauteur au niveau du torse, voire à hauteur d'homme. Une idée qui était prévue dès la phase conceptuelle du long métrage, qui relève aujourd'hui de l'anecdote amusante, puisque l'équipe chargée de la reconnaissance de New York décida de rapporter un maximum de clichés de la ville, exclusivement du point de vue des chiens. Sous le regard médusé des passants, les photographes prenaient leurs photos accroupis ou couchés par terre afin de donner à leur film une ambiance réaliste ! Enfin, évoquons les plans ingénieux que le long métrage comporte, notamment grâce à l'outil informatique, puisque Oliver & Compagnie est le premier Disney animé à exploiter le travelling panoramique, ce que j'appelle la caméra tournante dans mon jargon, et qui connaîtra sa consécration ultime, après un affinage film après film, dans la formidable scène du sauvetage d'Esméralda en 1996.

Je n'ai jamais eu de rapport très intime avec Oliver & Compagnie. Je ne l'ai découvert que sur le tard en le trouvant déjà très désuet. Aujourd'hui, mes rapports avec lui n'ont pas vraiment changé. Si je salue l'innovation technique que le long métrage représente, tout comme sa place particulière de fer de lance de la décennie du renouveau Disney, je ne parviens quand même pas à le trouver attachant. Bien que s'inspirant du conte Charles Dickens, Oliver Twist, le studio Disney l'a tellement détricoté et redistribué les rôles que la critique sociale des laissés-pour-compte originelle a été totalement diluée au profit d'une grande comédie dramatique sympathique, que le long métrage finit par rester à la surface des choses. Bien que le film compte plusieurs chansons, aucune ne se révèle marquante, particulièrement en français, et on a tôt fait, malheureusement, de les oublier inexorablement une fois le film terminé. En combinant cela au terrible coup de vieux qu'a pris le film, on comprend d'autant mieux pourquoi Oliver & Compagnie a si grandes peines à survivre au-delà du cercle restreint de ses fans. En cause, une ambiance new-yorkaise qui ne peut, probablement, être appréciée que par des new-yorkais nostalgiques.

Olivier J.H. Kosinski - 29 octobre 2021

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Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 1988)

Oliver : Inti Chauveau

Franky : Yves Massicotte

L' Arsouille : Marc Bellier (Dialogues)

L' Arsouille : Daniel Barbe (Chant)

Desoto : Éric Gaudry

Sykes : Victor Désy

Rita : Mireille Thibault (Dialogues)

Rita : Lina Boudreau (Chant)

Tito : Daniel Lesourd

Georgette : Élizabeth Lesieur (Dialogues)

Georgette : Patsy Gallant (Chant)

Winston : André Montmorency

Roscoe : Jean Galtier

Enstein : Michel Mongeau

Jenny : Alice Raynard

Fagin : Ronald France

Soliste : Michel Comeau

Doublage (France - 1989)

Oliver : Renaud Tissier

Roublard : Patrick Poivey (Dialogues)

Roublard : Jacques Mercier (Chant)

Fagin : Philippe Dumat

Tito : Gérard Hernandez (Dialogues)

Tito : Michel Barouille (Chant)

Francis : Jacques Deschamps (Dialogues)

Francis : Jean Cussac (Chant)

Einstein : René Bériard

Rita : Sylvie Moreau2 (Dialogues)

Rita : Dada Hekimian (Chant)

Georgette : Michèle Bardollet (Dialogues)

Georgette : Marie Ruggeri (Chant)

Jenny : Sauvane Delanoë (Dialogues)

Jenny : Linh Rateau (Chant)

Sykes : Henry Djanik

Winston : Georges Berthomieu

Roscoe : Régis Ivanov

Desotto : Marc Alfos

Gros Louis le marchand de hot-dogs : Jacques Deschamps

Couple Mari : Georges Berthomieu

Couple Femme : Michèle Bardollet

La mère du petit garçon : Jacqueline Porel

Passante au moment du faux-accident : Jacqueline Porel

Acteur jouant Hamlet à la TV : Georges Berthomieu

Voix-off TV aérobic : Régine Teyssot

Voix-off TV match de catch : Gérard Hernandez

Soliste : Slim Batteux

Choeurs :

- Jean-Claude Briodin

- Graziella Madrigal

- Claude Lombard

Sources :
Doublage au Québec
Dans l'ombre des studios

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