Le film est sorti en salle le 16 juin 2000 au Québec sous le titre Titan (Après la Terre) puis le 18 octobre 2000 en France sous le titre Titan A.E.. Bien que non spécifié dans le film, les lettres A.E. (After Earth en anglais), conservées dans le titre français, se rapportent en réalité aux mots "Après l'Extinction". Chaque territoire francophone posséde son propre doublage.
Le public a totalement boudé Titan A.E. partout dans le monde, ne rapportant que 50% du budget investi, conduisant à la fermeture définitive du studio. Il s'agit donc actuellement de l'ultime film réalisé par Don Bluth et Gary Goldman, qui n'ont plus réalisé d'autres films d'animation depuis lors. Ce n'est que par la force de persuasion de Chris Wedge qu'une grande partie de l'équipe fut transférée au studio Blue Sky devenu du coup un studio d'animation à part entière.
En l'an 3028, l'humanité fait une découverte capitale dans le domaine de la terraformation ; ce projet est baptisé "Titan", et ouvre de nouvelles possibilités extraordinaires. Mais une race de créatures extraterrestres composées d'énergie pure, les Drej, y voient au contraire une menace pour leur suprématie, et en réponse, attaquent et détruisent la Terre, ne laissant qu'une poignée d'humains condamnés à errer dans le cosmos.
En découvrant pour la première fois Titan A.E., la première chose qui traversera forcément l'esprit des spectateurs peu familiers des oeuvres de Don Bluth, c'est le mot déconcertant. C'est d'autant plus vrai si ce même spectateur n'a retenu que le seul Anastasia qui l'a précédé, et qui a tout balayé sur son passage. Pourtant, n'en déplaise aux amoureux de la belle jeune fille russe, je considère Anastasia comme le film renfermant le moins la touche inimitable de Don Bluth. Attention, je ne dis pas que le film est mauvais, loin de là, il se doit d'être considéré comme le superbe film d'animation qu'il a toujours été. Non, c'est juste qu'Anastasia possède une sensibilité radicalement différente de ce que nous avait habitué le maître jusqu'à lui, et qui s'oppose à toutes les autres oeuvres du studio. Titan A.E. est clairement mal né, à une époque sans aucun doute peu propice au genre, où la majorité des spectateurs n'était plus vraiment passionnés par la science-fiction. On pourrait ainsi faire le même rapprochement avec le film L'île au pirates sorti en 1995 avec Geena Davis qui fut un énorme four en salle malgré ses évidents charmes, alors que Pirates des caraïbes parviendra à remettre la piraterie à l'honneur à peine dix ans plus tard. Titan A.E. est ainsi une oeuvre injustement méprisée, mais qui reste sans aucun doute possible comme la plus audacieuse et la plus ambitieuse du studio, au même titre que Brisby et le secret de NIMH en son temps.
Titan A.E. est un film de pure science-fiction, un créneau très peu utilisé par la concurrence jusqu'à lui dans les longs métrages d'animation. Même Disney se refusera catégoriquement d'en faire un de cette trempe, préférant la science-fiction fantasy avec Atlantide, l'empire perdu ou plus particulièrement La planète au trésor - Un nouvel univers, qui ne transcenderont pas eux non plus le box office. Au contraire, Titan A.E. se veut être un véritable « space opera » où le contexte et l'historique entourant le récit sont plus passionnant encore que le récit lui-même. On est vraiment ici en présence d'un film de science-fiction abouti, vraiment maîtrisé par ses créateurs. Toute l'ingéniosité du film repose dans son contexte : les humains sont devenus des parias dans la galaxie, une sous-espèce sans aucune valeur depuis que les Drej les ont éliminés un à un partout dans l'univers, jusqu'à réduire à l'état d'esclavage les quelques survivants. Le film s'ouvre d'ailleurs par l'une des séquences d'introduction les plus dramatiques jamais réalisées en animation avec la destruction pure et simple de la Terre. Le récit du film commence ainsi des années après, 15 ans pour être précis, d'où l'acronyme A.E. dans le titre qui signifie « After Earth », en d'autres termes après la destruction de notre planète.
Le film de Don Bluth se veut foncièrement plus adulte dans son propos, un détail qui était moins perceptible dans Anastasia par exemple. Don Bluth avait d'ailleurs indiqué dans une interview de Ciné Live à l'époque que l'histoire originale avait d'abord été envisagée par la Fox comme un film live avec de vrais comédiens, avant que Gary Glodman et lui-même ne rejoignent le projet pour en faire un film d'animation à part entière qui n'avait plus rien à voir avec le projet d'origine. Titan A.E. n'échappe évidement pas aux poncifs du genre - on ne peut pas vraiment innover dans une recette largement exploitée -, mais il en maîtrise parfaitement le déroulement. Le scénario du film est millimétré et calibré sur mesure, on y retrouve ainsi tous les ingrédients du genre, à commencer par les retournements de situations dramatiques et la course poursuite dans l'espace. Il faut dire que le film a quand même un sacré atout dans sa manche avec un certain Joss Whedon ayant contribué à l'écriture. Le film n'inspirera pourtant pas vraiment le jeune public qui ne se reconnaîtra pas dans Cale. Ce dernier ne cherche en aucune façon à sauver son espèce, juste à tirer profit d'une situation inespérée, le rendant dans un premier temps antipathique. Peu de chance aussi pour les plus jeunes de trouver refuge auprès des autres membres de l'expédition en quête du vaisseau Titan. Les aliens y sont traités avec un tel réalisme, et un tel soin du détail, qu'ils peuvent être perçus comme repoussant, voire hostiles. Seule Akima tire vraiment son épingle du jeu et s'impose très vite dans le récit.
L'aspect technique du film est très innovant pour son époque, peut être même un peu trop puisque la quasi-totalité de Titan A.E. est réalisé en animation 3D. Le film est tellement gavé d'un bout à l'autre d'impressionnant effets spéciaux qu'on en vient à penser que Star Wars - Episode I : La menace fantôme sorti en 1999 n'est pas étranger à cette volonté de démesure. Certaines séquences du film sont particulièrement palpitantes, et elles ont été réalisées par un certain Blue Sky qui n'était pas encore un studio d'animation à cette époque, avec le soutien de ILM (Industrial Light & Magic). Reconnaissons toutefois que le film est aujourd'hui largement handicapé par cet aspect 3D, surtout au niveau des personnages 2D assez maladroitement combinés. Quelques scènes accusent désormais vraiment leur âge, à commencer par l'une des dernières séquences du film où les combinaisons 3D des personnages s'accordent relativement mal avec le rendu 2D de leur visage. Ce détail saute vraiment aux yeux de n'importe quel spectateur, alors que le même type de rendu sur John Silver dans La planète au trésor - Un nouvel univers n'a pas pris la moindre ride aujourd'hui.
Contrairement à Anastasia, et même à plusieurs anciens films de Don Bluth, Titan A.E. fait le choix délibéré de n'accompagner le récit d'aucune chanson interprétée par les personnages. Un vrai soulagement auditif à mon humble avis. Par contre, le film suit un effet de mode en incorporant à la place une bande originale typique des « teenager movies » à l'américaine dont je n'émettrais aucun avis particulier, puisqu'elle peut tout aussi bien faire fuir autant de spectateur que d'en rallier autant à elle, à chacun de se forger son propre avis. Cette bande originale ne me dérange pas, elle s'intègre logiquement au film, sans pour autant le transcender non plus. Par contre j'applaudis les morceaux uniquement musicaux qui accompagnent sans sourciller le déroulement du récit et ce qui se passe à l'écran.
Injustement boudé par le public, qui a été un peu perverti par le non moins intéressant Anastasia, Titan A.E. se doit vraiment de retrouver ses lettres de noblesses actuellement. Considéré à raison comme l'un des rares films d'animation basé sur de la vrai science-fiction, Titan A.E. s'impose comme un bel et dernier grand film de Don Bluth rendant hommage à ses trois plus belles réussites des années 1980 que sont Brisby et le secret de NIMH, Fievel et le nouveau monde et Le petit dinosaure et la vallée des merveilles. Bénéficiant d'un background gigantesque, Titan A.E. offre un fascinant univers de science-fiction de haute qualité. Son seul défaut est d'avoir voulu s'adresser à un public particulier (les adolescents), contrairement à l'universel Anastasia, mais il a quand même réussit à toucher toute une génération de spectateurs. Malheureusement, son échec cuisant au box office a condamné prématurément le retour en force de la touche Don Bluth, annulant par la même occasion une version longue du film initialement prévue. Au final, après une décennie de films médiocres, Anastasia et Titan A.E. auront réussit à élever le niveau du bouillonnant tandem Don Bluth et Gary Goldman comme à leurs débuts. Ils auront donc terminé leur carrière sur deux grandes pépites du cinéma d'animation.
Il existe un comics officiel en 3 parties dont l'histoire se déroule à peine quelques heures avant le début des évènements du film Titan A.E.. Il est sorti à l'époque en exclusivité chez Sémic dans le hors série Planète Comics n°10 en avant-première un mois avant la sortie en salle. Ce comics en français est malheureusement aujourd'hui épuisé. L'intrigue, qui s'étale sur les 7h avant la destruction de la Terre, explique notamment la raison qui pousse tant les Drej à vouloir anéantir la race humaine.
Olivier J.H. Kosinski - 22 mars 2013
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2009
DVD Plus de détails
11 octobre 2011
DVD Plus de détails
Doublage (Québec - 2000)
Akima : Isabelle Leyrolles
Cale : Martin Watier
Stith : Johanne Garneau
Preed : Benoit Rousseau
Tek : Manuel Tadros
Professeur Sam Tucker : Daniel Picard
Korso : Mario Desmarais
Doublage (France - 2000)
Cale Tucker: Damien Boisseau
Akima: Marjolaine Poulain
Korso: Patrick Floersheim
Preed: Jean-Luc Kayser
Gune: Daniel Lafourcade
Le cuisinier: Thierry Wermuth
Reine Drej: Isabelle Leprince