Présenté en primeur au festival d'Annecy le 13 juin 2022, Les minions 2 - Il était une fois Gru sort d'abord au Québec le 01 juillet 2022, puis le 06 juillet 2022 en France. Comme pour le film précédent, deux doublages francophones sont proposés. On y retrouve cependant Pierre Coffin, le réalisateur et animateur français, dans le rôle vocal de tous les minions. Role qu'il assure d'ailleurs à l'identique dans la version originale.
Au milieu des années 1970, le jeune Gru rêve d'intégrer un célèbre groupe de super méchants, connu sous le nom de Vicious 6, dont il est leur plus grand fan. Alors que ces derniers limogent leur chef, Gru décide de passer l'audition pour intégrer leur groupe. Pour leur prouver sa valeur, il fait preuve d'audace en leur dérobant un artéfact légendaire. Dès lors, Gru devient leur ennemi juré et fini par être kidnappé. Vaille que vaille, ses fidèles minions vont devoir tout tenter pour le sauver...
À l'exception de Disney et, jusqu'à récemment en tout cas, de Pixar, lorsqu'un film d'animation fonctionne bien, on le décline jusqu'à plus soif ! Shrek, L'âge de glace, Hôtel Transylvanie, The Snow Queen, Le petit dinosaure et Le cygne et la Princesse (argh… oui même ça...) sont là pour en témoigner. Chez Illumination Entertainment, c'est une vague de bonbons jaunes avec des yeux, des pieds et des bras qui a déferlé dans les salles au point de se transformer en lucrative franchise. On en est déjà à cinq opus les mettant en scène, en occultant leurs ribambelles de courts métrages. Un succès fulgurant que je n'ai jamais réussi à comprendre, tant je trouve ces personnages horripilants, vulgaires et insupportables. C'est d'autant plus aberrant qu'ils n'étaient à l'origine que des personnages très secondaires servant juste de faire valoir à Gru. Cependant, de film en film, la tendance s'est rapidement inversée. Et dans la masse de ces innombrables minions jaunes anonymes, il a fallu personnifier certains d'entre eux, qui ne figuraient pas dans Moi, moche et méchant (tout du moins, ils n'étaient pas nommés ni cruciaux dans l'intrigue). Ainsi sont nés les trois représentants des minions, Kevin, Stuart et Bob, qui devaient porter en triomphe leur bêtise générale aux yeux du monde.
En 2015, Illumination Entertainment décidait de consacrer un long métrage entier aux minions. Dans celui-ci, on nous révélait deux choses : d'abord qu'ils étaient éternels, puisque leur cohorte existe depuis la nuit des temps et ne peut pas mourir, ensuite qu'ils recherchaient systématiquement à s'associer au plus grand méchant de chaque époque. Le long métrage s'échinait ensuite à expliquer que les minions étaient en réalité une malédiction pour quiconque les prenaient sous son aile, leur vie de grand banditisme finissant inexorablement par être considérablement raccourcie par leur besoin maladif de toujours vouloir bien faire. Sept ans plus tard, Illumination Entertainment choisit de réunir les deux univers de la franchise, en réalisant à la fois une suite directe au film de 2015, mais également une préquelle à Moi, moche et méchant. En d'autres termes, Les Minions 2 - Il était une fois Gru nous raconte comment les minions se sont entichés de Gru. Toutefois, comme c'était le cas depuis Moi, moche et méchant 2, la balance narrative se porte, cette fois encore, du côté des minions. Car, contrairement à ce que le sous-titre du film évoque, l'ascension de Gru en futur grand méchant est en réalité très secondaire dans le récit. C'est bel et bien les minions qui tiennent le haut de l'affiche. Il en résulte un fort sentiment d'un bon gros bricolage, où le long métrage enchaîne surtout plusieurs gags successifs réunis par un fil rouge glogalement cohérent. Toutefois, et pour la première fois depuis Moi, moche et méchant, Illumination Entertainment insuffle une légère touche d'émotions qui rend l'ensemble beaucoup plus acceptable que dans les précédents films, sans égaler Moi, moche et méchant en son temps cependant.
Pour autant, il faut accepter le fait que Les Minions 2 - Il était une fois Gru tord le cou aux acquis des précédents films. Les minions premier du nom avait déjà bâti une mythologie qui était en partie incohérente avec les deux premiers opus de Moi, moche et méchant. Malgré tout, cela fonctionnait car l'intrigue de ce film était située très loin dans le passé. L'apparition soudaine de Gru, en plein Londres durant son jeune âge, constituait alors juste un énorme clin d'oeil peu crédible, mais appréciable dans le contexte du film. Par contre, Les Minions 2 - Il était une fois Gru redéfinit fortement la personnalité de Gru, désacralisant au passage sa réputation dans Moi, moche et méchant. Un mal pour un bien dirons-nous ? Probablement, parce que cette redéfinition du personnage s'inscrit dans une approche narrative assez cohérente. Si les minions s'accordent finalement aussi bien avec le jeune Gru, c'est parce que tous sont plein d'ambitions mais finalement aussi de grands incapables. Et c'est par la force des choses que tout ce petit monde va petit à petit former une famille. En soit, Les Minions 2 - Il était une fois Gru reproduit le même schéma narratif que Moi, moche et méchant sauf que cette fois, c'est Gru lui-même qui joue le rôle précédemment dévolu à Margo, Edith et Agnès. Cela fonctionne bien dans le contexte du long métrage, mais ça flingue quand même très fortement la personnalité du Gru adulte que l'on avait découvert en 2010.
Dans les grandes lignes, il faut garder en tête que l'avènement de Gru reste quand même une grande idée générale, sans plus de conséquence dans le récit. Les Minions 2 - Il était une fois Gru est en réalité principalement un film à sketches, c'est par ce seul biais que l'on peut réussir à l'apprécier. Le long métrage enchaîne continuellement des moments burlesques qui n'ont absolument aucune cohérence entre eux. Paradoxalement, certaines séquences fonctionnent sur le moment en attendant que la suivante finisse par la chasser de notre esprit. Les Minions 2 - Il était une fois Gru est un long métrage qui fonctionne surtout sur l'instant, pourvu qu'on adhère à son délire. Le long métrage pousse d'ailleurs le bouchon assez loin en ajoutant, pour son bouquet final, un combat titanesque invraisemblable que n'aurait pas renié le final de grands films de super héros. Malgré tout, la petite dose d'émotions fait souvent mouche, et on se laisse finalement convaincre par l'aventure dont les emballages visuel et auditif sont plutôt de bonne qualité. Mais il reste illusoire d'y trouver la moindre profondeur.
Olivier J.H. Kosinski - 19 janvier 2023
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Doublage Commun (France / Québec - 2022)
Minions : Pierre Coffin
Doublage (Québec - 2022)
Gru : Gilbert Lachance
Willy Kogneur : Jean-Marie Moncelet
Belle Bombe : Marie-Evelyne Lesssard
Nonnechaku : Alince Pinsonneault
Jean-Pince : Daniel Picard
Svengeance : Frédérik Zacharek
Dr Nefario : Nicholas Savard-L'Herbier
Maitre Chow : Marie-Andrée Corneille
Marlena, mère de Gru : Michèle Deslauriers
Doublage (France - 2022)
Gru : Gad Elmaleh
Belle Bombe : Claudia Tagbo
Jean-Claude : Bastian Baker
Nonne-Chaku : Laurence Badie
DrNefario : Jonathan Cohen
Will Karnage : Gérard Darmon
Silas Dellamollefesse : Daniel Kenigsberg
Marlena, mère de Gru : Frédérique Cantrel
Le motard : Asto Montcho
M.Perkins : Omar Sy
Sources :
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