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Dreamworks Animation SKG
La nuit d'Orion

La nuit d'Orion est une coproduction entre DreamWorks Animation et Netflix, qui sort mondialement sur la plateforme de vidéo à la demande le 02 février 2024. Le long métrage ne dispose que d'un unique doublage réalisé en France.

L'intrigue

Orion est un garçon plein d'imagination qui craint par dessus tout l'obscurité. Lorsqu'un soir l'incarnation de sa pire peur lui rend visite, il est contraint d'affronter ses pires cauchemars lors d'un périple périlleux et inoubliable à travers la nuit noire...

Analyse de l'oeuvre

Alors qu'il était autrefois un gros cador du milieu de l'animation, voulant d'ailleurs à tout prix faire tomber l'empire Disney pour ne finalement le faire que trembler un petit peu, Dreamworks Animation s'est finalement perdu en cours de route dès son premier relatif échec au box office. Nous étions 2012, ça s'appelait Les cinq légendes et c'est Jeffrey Katzenberg en personne qui l'affirmait. Dès lors, la manne financière n'était visiblement plus aussi satisfaisante à ses yeux qu'auparavant, il va commencer à chercher à se débarrasser du studio qu'il avait pourtant lui-même fondé. Cela prendra seulement quatre années, le studio étant finalement racheté par Comcast dès 2016. Dans un premier temps, les projets qui étaient en cours de réalisations sont menés à terme, tandis que Dreamworks Animation se diversifie, en multipliant les séries télévisées pour se remettre à flot. Mais dans l'ensemble, on se rend très vite compte que les grands succès d'hier ont désormais laissé la place à de jolies montagnes russes, alternant jolis succès et énormes crash. Durant tout ce temps, la mythique marque ayant donné vie à un célèbre ogre vert ne fait désormais plus recette, dont les grands travers, le politiquement incorrect, les histoires sans queue ni tête et les folies marketing autour des comédiens ont depuis quitté le navire pour rejoindre à la nage Illumination Entertainment qui se place désormais en dauphin de l'ancien esprit Dreamworks Animation. Même si je n'ai jamais été grand fans de leurs choix conceptuels, il faut tout de mettre admettre que leurs films savaient marquer les spectateurs à divers degrés.

Depuis 10 ans, Dreamworks Animation tourne un peu à vide, s'essayant dans des registres qu'on ne lui connaissait pas vraiment. D'un côté, on retiendra par exemple la quadrilogie Les contes d'Arcadia (trois séries télévisées et un long métrage) dont le destin reste totalement cantonné à la plateforme Netflix, alors qu'elle aurait pu mériter mieux. De l'autre, il y a Spirit, l'indomptable, premier film d'animation du studio qui vise un seul public cible, plutôt jeune et féminin, alors que tous leurs films avaient toujours été voulus universels jusque là. Entre les deux, quelques suites sans grands intérêts et des fonds de tiroirs d'un ancien catalogue d'animés que Dreamworks Animation avait acheté à prix d'or à l'époque mais sans savoir comment l'exploiter correctement. Mais le studio reste quand même à flot, merci aux Trolls plus particulièrement, bien qu'il faille écoper en taillant dans le nombre d'employés pour renflouer la trésorerie. La période COVID n'aide bien évidemment pas, mais preuve en est, rien qu'avec le brillant Le Chat Potté 2 - La dernière quête, que le studio d'animation est tout à fait capable de se réinventer malgré tout. Voir apparaître La nuit d'Orion sur Netflix a donc été pour moi une grosse surprise. Non pas pour son contenu, sur lequel je vais revenir d'ici peu, mais sur le fait je n'étais pas du tout au courant de son existence. Un film d'animation produit par Dreamworks Animation était donc capable de passer sous les radars ? Le studio a vraiment bel et bien perdu son aura d'antan.

Pour en revenir à La nuit d'Orion, je me suis lancé dans sa découverte sans rien connaître de son contenu au préalable, y compris les bandes annonces. Je dois admettre avoir été plusieurs fois perdu par les choix opérés par le scénario qui part dans de multiples directions, mais sans avoir finalement de but précis à atteindre. Cela m'a donné régulièrement l'impression d'être devant un Tintin, où Hergé inventait au fur et à mesure les multiples rebondissements dans une grande majorité de ses créations. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai toujours eu du mal avec Tintin dont je ressens fortement ces déviances, ce qui ne m'a quasiment jamais fait réussir à rentrer dans ses aventures. L'apparition de La nuit d'Orion sur Netflix m'a donc laissé quelque peu perplexe. Rien que son idée de base semble bizarre, car il s'agit d'un improbable croisement entre la peur du noir enfantine qui rappelle fortement Monstres & Cie dans son approche de "l'autre monde" entremêlé à un scénario à encapsulations successives propre au film Inception et des personnages colorés qui font echo à Vice-Versa, ce qui donne un peu le tournis. Car l'intrigue, fortement capilotractée, s'inscrit autour de trois générations d'une même famille, dont les membres se croisent à travers le temps. De fait, on en vient rapidement à penser que La nuit d'Orion est une oeuvre de science-fiction, alors que ce n'est finalement pas du tout le cas. Quand vient le générique, ne reste plus à l'esprit que deux questions. Où se situent la partie réelle et la partie fiction dans ce que racontent les personnages ? Et que voulait vraiment raconter le film en fin de compte ?

Il est assez difficile de répondre à la première question car le long métrage ne cherche visiblement pas à expliquer quoi que ce soit. La première partie du récit ressemble à un conte initiatique tout à fait classique avec un enfant croisant la route d'un être fantastique. Une histoire vieille comme le monde dans le milieu de la fiction, adaptée et déclinée d'innombrables fois en librairie comme à la télévision ou au cinéma. Dreamworks Animation en a déjà proposé plusieurs variantes d'ailleurs, comme la saga Dragons, En route ! ou encore Abominable notamment. Pour autant, à plusieurs reprises, le narrateur de La nuit d'Orion parasite ce qui se déroule à l'écran, ce qui entremêle assez vite une certaine confusion entre le récit initiatique et le conte fantastique raconté avant d'aller dormir. Par la suite, comme si le disque vinyle semblait soudain rayé, le saphir saute directement à la génération suivante sans transition aucune, ce qui occasionne un premier choc narratif. L'enfant d'avant, gardant cependant son esprit d'adulte, se retrouve soudain emmêlé dans l'intrigue de son propre enfant, ce qui complique d'autant plus le récit, avant que le récit fasse un dernier bond temporel où trois générations se retrouvent empêtré dans un étrange récit commun. A la toute fin, on finit par se dire que tout ce que le film a raconté était en réalité factice, ce qui provoque une légère gêne et pousse à la seconde question.

Qu'est-ce que le film veut nous raconter ? A priori, qu'un enfant n'a pas à avoir peur du noir. Mais dans la réalité de l'intrigue, cet élément est assez vite laissé sur le bord de la route. Alors que La nuit d'Orion compte plusieurs personnages fantastiques dont chacun à une mission très spécifique et fonctionne en parfaite harmonie, le long métrage passe constamment à côté de son principal sujet. Ces êtres fantastiques en souffrent beaucoup, car leurs caractérisations sont très mal développées. Les relations entre les personnages sont superficiellement abordées, tandis que de nombreuses zones d'ombre les enveloppent, un comble vis-à-vis du thème principal du film censé démystifier la nuit. Par exemple, la rivalité entre Noir et Lumière est peu explicitée, d'autant qu'elle semble parfois incohérente. Le film dépeint une forte jalousie de Noir envers Lumière, alors que ce même Noir passe tout son temps à vanter les mérites de la nuit à Orion. Par la même, Orion passe son temps à remettre en question la légitimité de Noir, ce qui le plonge dans une profonde mélancolie. Paradoxalement, le long métrage démontre par la suite que Noir a une place dans cet univers, ce qui est alors présenté comme une revanche de Noir. On se demande alors si tout cela n'était finalement pas prémédité, ce qui complexifie inutilement le récit pour rien.

En vérité, La nuit d'Orion se présente surtout sous la forme d'un long métrage à tiroir, dont chaque sous-intrigue n'a finalement qu'un très lointain rapport avec le sujet de départ. Il en résulte un film bricolé qui ne semble s'adresser à personne en particulier. Tout au plus, le long métrage matérialise les récits que l'on fait à ses enfants le soir avant d'aller dormir, mais n'en apporte rien de plus palpitant. Dans les faits, La nuit d'Orion s'aventure sur le terrain de l'exercice de style, en racontant la même histoire sous différents angles, mais dont Dreamworks Animation n'arrive pas à en tirer la moindre empathie. Ce qui occasionne assez vite un relatif ennui, même s'il vous prend l'envie de le revoir une seconde fois. Même en connaissant le dénouement, le long métrage n'apporte pas vraiment d'élément de relecture intéressant lors du second visionnage, tout restant désespérément cloisonné à la surface des choses. Au final, La nuit d'Orion semble se caser dans les films mineurs de Dreamworks Animation, rejoignant mes interrogations du début de cette analyse, à savoir que le studio est encore en phase de recherche d'un renouveau qui tarde vraiment à arriver.

Olivier J.H. Kosinski - 23 février 2024

Bande annonce

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (France - 2024)

Noir : Jérémie Bedrune

Orion (Enfant) : Oscar Biavan

Orion (Adulte) : Emmanuel Garijo

Hypatie : Bianca Tomassian

Rêverie : Déborah Claude

Insomnie : Bertrand Liebert

Lumière : Emmanuel Curtil

Sommeil : Alexia Lunel

Drôles de Bruits : Annie Milon

Mère d'Orion : Odile Cohen

Richie Panici : Nadine Girard

Quiétude : Marie-Eugénie Maréchal

Père d'Orion : Loïc Houdré

Tycho : Fanny Bloc

Werner Herzog : Frédéric Cerdal

Madame Spinoza : Ethel Houbiers

Irène : Christine Braconnier

Sally (Enfant) : Clara Quilichini

Sally (Adulte) : Jeanne Savary

Lisa : Lisa Caruso

Voix additionnelles :

- Marianne Basler

- Emmanuelle Bodin

- Pascal Casanova

- Gunther Germain

- Loïc Guingand

- Rod Paradot

- Marc Perez

- Clara Soares

- Max A. Rontenberg

Sources :
Carton Générique

3.5