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Dreamworks Animation SKG
Spirit, l'indomptable

Spirit, l'indomptable sort en salle le 04 juin 2021 au Québec, puis le 28 juillet 2021 en France. Tandis que la série, dont il s'inspire, ne bénéficie que d'un unique doublage français, le film bénéficie d'un doublage pour chaque territoire. Notons toutefois que la version française reprend une grande partie des comédiens jouant dans la série.

L'intrigue

Quelque temps après la mort de sa mère, Fortuna Prescotts, surnommée "Lucky", rejoint finalement son père à Miradero sous les recommandations de sa tante Cora. Libre et indépendante, sa relation avec son père devient cependant vite horageuse. Encouragée par ses nouvelles amies Abigail et Apolline, elle lie d'amitié avec un fougueux cheval sauvage qui a, tout comme elle, soif de liberté. Mais lorsque son troupeau est attaqué par des hommes espérant en tirer un très bon prix, Lucky se lance immédiatement à leur poursuite...

Analyse de l'oeuvre

Spirit, l'indomptable est réellement un cas des plus atypiques tant sa genèse semble si étonnante. Il est également un long métrage très bizarre dont on ne sait pas vraiment à quel public il s'adresse. Enfin, il détonne complètement dans la filmographie de Dreamworks Animation car il ne suit la logique d'absolument aucune autre suite produite par ce studio et ne semble pas du tout à sa place dans une salle de cinéma. De fait, Spirit, l'indomptable a été, dans l'ensemble, assez mal reçu par à peu près tout le monde. Pour mieux comprendre la situation branlante dans laquelle le film se trouve, il faut remonter aux origines de Dreamworks Animation, dans cette grande époque, bien que très éphémère, de leurs rares longs métrages en 2D. En 2002, Spirit, l'étalon des plaines sort en salle partout dans le monde. Le long métrage marque les esprits pour son ode à la nature et la fougue de son têtu de canasson. Cependant, si les critiques saluent la qualité du long métrage, le faisant même concourir à l'oscar du meilleur film d'animation, il est très loin d'être un succès au box office. Spirit, l'étalon des plaines se prend dans la figure le retour de flamme du désamour, devenu massif, du public face à l'animation 2D. Un an auparavant, Shrek avait totalement redistribué les cartes, la 3D avait désormais le vent en poupe. De fait, passé sa sortie en salle, le film disparaît du paysage cinématographique et de l'esprit du grand public. Pourtant, contre toutes attentes, Spirit, l'étalon des plaines trouve, année après année, un second souffle inattendu, particulièrement auprès du jeune public. D'abord en vidéo où il se vend très bien, puis lors de ses diffusions télévisées où il est plébiscité, jusqu'à la consécration des plateformes de vidéo à la demande où tout un chacun peut désormais le voir et le revoir à loisir. De plus en plus apprécié, le long métrage obtient finalement un statut de film culte qui arrive sur le tard, comme tant d'autres films qui n'avaient pas brillés en salle mais avaient finalement trouvé un renouveau bien des années après (Hocus Pocus - Les trois sorcières par exemple). Conscient de ce regain d'intérêt pour leur long métrage, Dreamworks Animation ne s'y trompe pas et décide alors de consacrer une série animée s'inscrivant dans le même univers.

En 2016, Dreamworks Animation s'allie avec Netflix pour concevoir Spirit - Au galop en toute liberté. Ni vraiment une suite, ni vraiment un spin-off, la série ne sait déjà pas vraiment sur quel pied danser. Est-ce que le Spirit du film est le même que celui du long métrage ? A priori, tout semble indiquer que oui. Pourtant, de nombreux détails, dont la personnalité du cheval, semblent assez peu cohérents entre eux d'un média à l'autre. Ce qui gêne aussi à l'appréciation de l'univers de la série, c'est la redéfinition assez brutale de son public cible. Spirit, l'étalon des plaines était un long métrage tout public, très universel dans son propos. Tout au contraire, Spirit - Au galop en toute liberté est une production totalement genrée, quasi-intégralement tournée vers le jeune public féminin. Il est vrai que cela manquait un peu dans leur catalogue de productions télévisées car la majorité de leurs oeuvres semblent s'adresser seulement aux jeunes garçons. Toutefois, c'est très flagrant que cette série exclue volontairement le public masculin, là où des productions plus récentes, comme Jurassic World - La colo du Crétacé, sont plus équilibrées en termes de public cible. De fait, en mettant en avant l'équitation dans son propos, Spirit - Au galop en toute liberté s'est enfermé malencontreusement dans le cliché pur et dur de l'équitation "ce sport de filles" dont la série, malgré ses quelques tentatives d'universalité dans ses intrigues, n'arrive absolument jamais à se défaire. Elle n'en est pas mauvaise pour autant, si tant est qu'on la déconnecte totalement de Spirit, l'étalon des plaines. Elle manque juste d'ambition et ne décolle jamais vraiment. Pour autant, elle trouve rapidement son public car elle est quasiment la seule série d'animation traitant de l'équitation de manière aussi vraisemblable, contrairement à la plus fantaisiste Mon Petit Poney / My Little Poney par exemple. Dès lors, succès aidant, Spirit - Au galop en toute liberté devient une marque sûre pour Dreamworks Animation qui ne tarde pas à lancer la machine commerciale des produits dérivés autour d'elle.

Il n'en faut guère plus pour que Dreamworks Animation se penche sur la question d'un long métrage. Il s'agit ici d'un exercice classique et commun dans le monde de l'animation. Dans la très grande majorité des cas, le succès d'une série animée conduit invariablement à la mise en chantier d'un long métrage. Son média de diffusion diffère cependant, principalement pour des questions de coûts, et chaque studio d'animation choisit parmi trois solutions : la diffusion télévisée, la diffusion en vidéo ou bien la diffusion en salle. Pour autant, il y a toujours eu une forme de consensus dans le portage d'une série animée au format long métrage, le respect de l'univers et de ses personnages. Spirit, l'indomptable fait incontestablement figure d'exception dans cette longue tradition de série animée portée sur grand écran, puisque le film ne s'inscrit ni dans la lignée de la série, ni dans celle du long métrage de 2002. Spirit, l'indomptable pourrait être défini comme une réadaptation, disons même une ré-imagination de la saga toute entière. Les réalisateurs Elaine Bogan et Ennio Torresan Jr., ainsi que les scénaristes Aury Wallington et Kristin Hahn font le choix audacieux, mais casse-gueule, de réécrire complètement les propos de Spirit, l'étalon des plaines et de Spirit - Au galop en toute liberté ! Il en résulte à l'écran un long métrage hybride qui n'arrive pas vraiment à concilier les seuls fans du premier film et encore moins ceux de la série. Pour les premiers, Spirit, l'indomptable semble une trahison pure et simple des propos tenus auparavant. Spirit se laisse bien trop facilement amadouer par une gamine, alors qu'il avait tenu tête à tout le monde en 2002. Pour les seconds, il est difficile de reconnaître les personnages tant leurs caractérisations et leurs designs ont été totalement bousculés. Dans les deux cas, le long métrage échoue à convenablement bien présenter chacun des protagonistes de l'intrigue, ce qui entraîne un certain malaise chez le spectateur.

J'ignore si j'avais pressenti ce problème avant même de le voir, mais c'est une des raisons pour lesquelles je ne suis pas allé découvrir Spirit, l'indomptable en salle. J'ai d'abord préféré me remettre le premier film en tête et, surtout, prendre le temps de découvrir la série dans son intégralité, ce qui a pris beaucoup plus de temps que prévu au départ. Cela a été utile en fin de compte, car on se rend assez vite compte que Spirit, l'indomptable ne fonctionne que si on a une connaissance complète des deux oeuvres précédentes. On peut alors assez facilement voir l'origine des diverses inspirations du scénario du film. Dans les grandes lignes, la plupart des personnages principaux sont bel et bien issus de Spirit - Au galop en toute liberté. On retrouve donc la jeune hispano-américaine Fortuna Prescott, surnommée Lucky par ses amies ("Fortuna" pouvant se traduire en "Bonne Fortune", soit "Chanceuse", d'où le "Lucky" en anglais) à nouveau propulsée dans les contrées sauvages américaines pour rejoindre son père, constructeur de ligne de chemin de fer. Toutefois, variation notable, Spirit, l'indomptable ajoute un élément de tension dramatique : la mort de sa mère, Milagro Navarro, a très fortement traumatisé son père, Jim Prescott, qui n'a jamais vraiment réussi à surmonter la perte de sa femme. Cela n'était pas le cas dans la série. À ses côtés on retrouve aussi Apolline Granger et Abigaëlle Stone, qui sont les deux personnages qui ont le plus de mal à avoir une consistance dans le film car le scénario oublie de bien expliquer leurs origines. Sans compter que leur amitié soudainement immuable semble franchement précipitée, là où la série prend le temps de renforcer leurs liens au fur et à mesure des épisodes. Connaître Spirit - Au galop en toute liberté est donc un atout indispensable pour mieux réussir à les apprécier et, surtout, à les comprendre.

A l'inverse, Spirit, l'indomptable puise sa mise en scène de Spirit, l'étalon des plaines. Le premier épisode de la série m'a toujours beaucoup gêné dans la mesure où la relation qui s'établit entre Spirit et Lucky est bien trop rapidement exposée. Une problématique évidemment liée au format même d'un épisode qui doit boucler une intrigue en seulement vingt petites minutes. Bien que Lucky s'y prenne exactement de la même manière pour amadouer Spirit, le long métrage s'octroie plus de temps pour nouer la relation entre les deux, cela fonctionne d'autant mieux. Spirit, l'indomptable arrive, assez habilement, à reproduire le long parcours émotionnel de Spirit comme en 2002, avec une confiance mutuelle qui s'établit petit à petit avec un humain, jusqu'à l'inévitable acte de foi. Spirit garde d'ailleurs aussi sa vivacité, son libre arbitre et sa liberté. Ce qui nous amène devant un très beau climax - quoique très fantasque mais qui fonctionne - où Lucky et Spirit décident de prendre un bien étonnant raccourci pour tenter de libérer son troupeau en passant par une corniche très escarpée. Comme le film de 2002, Spirit, l'indomptable reprend aussi, dans les grandes lignes, l'affrontement entre les hommes cupides et les altruistes, ainsi que la course à la modernité face à la destruction de la nature.

D'un point de vue technique, Spirit, l'indomptable n'a absolument rien à voir avec Spirit - Au galop en toute liberté. De ce point de vue, le long métrage fait un sans faute, la série piquant franchement les yeux en comparaison. Même si le long métrage détonne dans la filmographie de Dreamworks Animation, tant le propos semble peu en accord avec tous les films qui l'ont précédé, on retrouve toutefois plus ou moins la même patte graphique du studio. La majorité des personnages ressemblent beaucoup à ceux que l'on pouvait apercevoir dans les deux volets de Baby Boss notamment. On y retrouve cette même intention de proposer des humains à mi-chemin entre le réalisme et la caricature. Dans l'ensemble cela fonctionne bien. Pour ce qui est des chevaux, il semble assez flagrant que le studio a forgé leurs personnalités à partir de celle de Maximus, bien plus en tout cas que leurs personnalités dans la série. On y retrouve à peu près les mêmes mimiques humanisant les chevaux que dans Raiponce, ce qui les rend tous très attachants, la nouvelle version 3D de Spirit y compris. Sans réelle surprise, vis-à-vis du contexte du film, la bande originale dirigée par l'irlandaise Amie Doherty propose des sonorités propres à la Country et aux Road Movies ainsi qu'une touche d'influence mexicaine pour appuyer les origines de Lucky. L'ensemble s'avère plutôt agréable à l'écoute, que ce soit du côté des chansons, comme celles des musiques d'accompagnements tantôt épiques, tantôt comiques, tantôt émouvantes.

Alors que le film a reçu des critiques assez mitigés, voires mauvaises, aussi bien des fans du film de 2002 que ceux de la série, dont aucun d'eux ne s'y est retrouvé, la seule bonne façon pour mieux apprécier Spirit, l'indomptable est de réussir à concilier les deux approches de ce même univers. Le long métrage n'est ni une suite de Spirit, l'étalon des plaines, ni un remake, encore moins un reboot, de Spirit - Au galop en toute liberté. C'est autre chose qui se situe entre les deux, un mélange de genres qui n'arrive à fonctionner uniquement si l'on est capable d'être un peu conciliant avec lui. La connaissance de l'ensemble des deux oeuvres précédentes est aussi un indispensable car c'est par ce seul biais que l'on parvient à découvrir que Spirit, l'indomptable réussit à s'approprier toutes les bonnes choses qui constituaient ses prédécesseurs. À défaut, le film manque de consistance, car Dreamworks Animation fait le choix, compréhensible mais contestable, que le public connaît déjà très bien l'univers et ses personnages. Or c'est là, malheureusement, que réside le principal point de crispation du long métrage. Spirit, l'indomptable est incapable de fonctionner en toute indépendance.

Olivier J.H. Kosinski - 20 octobre 2022

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 2021)

Lucky Prescott : Fanny-Maude Roy

Pru Granger : Marine Guérin

Abigaëlle Stone : Alice Déry

Snips Stone : Jacob Beaudry

Jim Prescott : Martin Watier

Al Granger : Didier Lucien

Hendricks : Jean-Jacques Lamothe

Tante Cora : Marie-Andrée Corneille

Doublage (France - 2021)

Fortuna "Lucky" Prescott : Kaycie Chase

Abigael Stone : Lisa Caruso

Apolline Granger : Marie Facundo

Jim Prescott : Éric Aubrahn

Cora Prescott : Laura Blanc

La Mèche : Augustin Jahn

Al Granger : Jean-Paul Pitolin

Hendricks : Yann Guillemot

Milagro Navarro Prescott : Konaté Aurélie

Soliste : Blada Kaïna

Sources :
Doublage au Québec
Carton Générique

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