Accueil Rechercher Contact Menu Ξ
x
Chercher dans Analyses Catalogue Dossiers Actualités Petites Renconstres

Dreamworks Animation SKG
Abominable

Abominable sort le 25 septembre 2019 au Québec puis le 23 octobre 2019 en France. Le film bénéficie d'une version française et d'une version québécoise.

L'intrigue

L'adolescente Yi a perdu son père récemment et enchaîne les petits emplois afin d'oublier le drame qu'elle vit. Un jour, elle découvre sur le toit de son immeuble une bête sauvage qu'elle croit être un Yéti. Ce dernier, qu'elle prénomme Everest, est effrayé et cherche à rentrer chez lui dans l'Himalaya. N'écoutant que son courage, Yi décide de ramener son nouvel ami chez lui. Accompagné par deux amis, elle devra éviter d'être capturé par l'équipe d'un riche aventurier qui veut utiliser le Yeti pour redorer son image. Sur sa route, elle apprendra que l'amitié, la persévérance et le courage ont peut-être des pouvoirs magiques..

Analyse de l'oeuvre

Depuis plusieurs années maintenant, Dreamworks Animation subit une forte bourrasque. Pour certains, le studio d'animation n'est plus que l'ombre de ce qu'il était, à commencer par Jeffrey Katzenberg qui s'est fait un malin plaisir à s'en débarrasser dès qu'il a vu le vent tourner, la compagnie ayant depuis été racheté par Comcast. Une chose est néanmoins évidente, depuis 2015, le studio tâtonne à la recherche d'un nouveau style narratif. En mettant de côté Dragons 3, annoncé de longue date, les derniers longs métrages proposés démontrent que les artistes explorent diverses pistes, il y a un film musical, un film résolument absurde et un autre qui ne prend aucun risque. Abominable, quand à lui, explore une thématique que Dreamworks Animation a souvent laissé de côté, l'aventure fantaisiste. Plus que l'intrigue en elle-même, qui ressert l'un des classiques du genre où un enfant rencontre un animal surnaturel avec qui il noue une profonde relation, ce film est surtout une invitation à partir en voyage plus que tout autre chose. L'intrigue ne s'encombre d'ailleurs pas du tout d'expliquer la véritable raison de la présence d'un Yeti en pleine ville, ni le pourquoi, ni le comment de sa capture initiale. Abominable saute aussi la traditionnelle mise en contexte, lente et compliquée, qui permet de nouer les relations entre le Yeti et la jeune Yi.

Tout comme elle, le spectateur est directement catapulté vers une nouvelle destination très rapidement : le Yeti s'évade, il échoue sur le toit de l'immeuble de Yi, il est découvert par ses ravisseurs et il finit par s'évader en emportant Yi avec lui. Dès lors, la jeune fille intrépide saisit l'opportunité de laisser sa vie morose derrière elle, entraînant malgré eux ses voisins Jin et Peng. Dès ce moment, ce n'est plus du tout la destination qui compte, mais le chemin qui y mène qui va prendre toute son importance dans le film. Et plus le panorama des fabuleux paysages chinois va s'élargir à l'infini, plus l'intrigue va se resserrer sur ses personnages. Abominable choisit délibérément de renverser la traditionnelle thématique des récits du genre, en laissant le spectateur dans l'incertitude au début du film, pour mieux lui permettre de comprendre le ressenti de chacun des protagonistes au fur et à mesure. De manière intelligente, la conclusion du film, très banale a priori, remet surtout complètement en perspective le tout début, notamment autour des choix de vie de Yi. Sa frustration, ses peines, toutes les émotions négatives qui l'ont conduit à tout abandonner sur un coup de tête deviennent alors subtilement pleine de sens.

Pour y parvenir, Dreamworks Animation insuffle une dose de magie pure à son film, transformant Abominable en véritable conte fantastique. Le long métrage use et abuse, dans le bon sens du terme, de tous les moyens nécessaires pour rendre l'aventure féerique. Cela passe par un large choix de couleurs chaleureuses, tout autant que le film compte de nombreuses scènes purement contemplatives, voire même poétiques. Dès lors, et c'est sans nul doute ce qu'une majorité de spectateurs vont lui reprocher, Abominable va s'avérer être un long métrage dont le déroulé du récit est finalement plutôt lent malgré quelques grandes scènes d'actions. Je suis incapable de prendre le film en défaut sur ce point, car cela fait intégralement parti de son charme. On ressent d'ailleurs, tout du long, une très forte influence asiatique dans la narration, les lieux traversés, mais aussi dans la manière de présenter le côté fantastique de l'aventure. Ce qui est logiquement puisque le long métrage est co-produit par l'américain Dreamworks Animation et le chinois Pearl Studio. Il ne fait aussi aucun doute que la censure chinoise a également joué un rôle dans le formatage un peu lisse de l'intrigue, même si Abominable se rattape souvent en féérie pour compenser.

L'autre point intéressant de l'oeuvre s'avère être la bande originale. La promotion du long métrage a particulièrement mis en avant que Yi est une excellente violoniste amateur. C'est tout à fait vrai dans le film, d'autant plus que son violon sert de fil rouge narratif à toute l'intrigue. Pour autant, l'instrument en lui-même semble au premier abord très peu utilisé dans la bande originale, à l'exception du superbe thème musical répété à quelques reprises dans le film. En vérité, c'est totalement faux. Rupert Gregson-Williams, le compositeur, s'est particulièrement bien débrouillé pour inclure l'instrument sur quasiment tous les morceaux du film. Sur l'instant pourtant, j'en ai d'ailleurs été la première victime, cela ne semble pas être le cas tant on se laisse happer par la magie du récit. Mais en écoutant la bande originale séparément, les références aux violons semblent étonnamment surprenantes, permanentes, récurrentes. Tout comme l'instrument est un élément affectif d'importance pour Yi, le violon accompagne chaque pas musical des protagonistes, tout à la fois de manière discrète que de façon symphonique. D'ailleurs, notamment lors du moment où Yi et le Yeti se lancent dans un improbable duo, il n'est pas rare que vous vous laissiez envahir par les émotions sans vous rendre compte que le violon y est pour beaucoup dans la beauté de certaines scènes.

Pour sa réalisation technique, Dreamworks Animation abandonne toute forme de réalisme pour ses personnages. On se retrouve ainsi quelque part à mi-chemin entre la plutôt réaliste saga Dragons et le bien plus fantasque En route. On retrouve la même idée des environnements fortement fantasmés dans l'ensemble des endroits traversés par les protagonistes, que ce soit dans le milieu urbain, que dans les formidables paysages qui semblent tout droit tirés de cartes postales pour touristes. Ce choix visuel est finalement très pertinent dans la mesure où le récit fantastique nécessite obligatoirement une dose d'irréalité pour devenir convainquant. C'est d'autant plus vrai que Abominable propose quelques scènes un peu fofolles, particulièrement celles mettant en avant la brigade qui traque et tente de capturer la créature par n'importe quel moyen, y compris les plus improbables. C'est d'ailleurs peut-être là que réside le seul gros défaut du film, cet ennemi qui poursuit les personnages à travers toute la Chine aurait mérité à ne pas apparaître du tout. Mais il fallait bien un enjeux pour expliquer la précipitation permanente pour reconduire le Yeti chez lui. Je passerai aussi sur le choix, vraiment non pertinent, d'encore avoir rendu un personnage roux forcément malfaisant. C'est d'un goût douteux.

A n'en pas douter, Abominable va énormément décevoir une grande partie du public qui s'attend, sans le moindre doute, à du grand spectacle de la part de Dreamworks Animation. C'est une erreur tragique à ne surtout pas faire avant de se décider à le voir. Incontestablement, c'est au contraire une oeuvre profondément intimiste, très posée dans sa construction et qui cherche avant tout à faire ressentir le même flot d'émotions et de tourments des personnages à ses spectateurs. Abominable est réellement une belle oeuvre introspective pour tous ceux qui se sentent capables de se laisser envoûter par elle, alors même que le récit en lui-même n'apporte absolument rien de nouveau à un genre de multiples fois adapté au cinéma. Tous les autres ressentiront probablement une profonde amertume à son encontre. Tant pis pour eux.

Olivier J.H. Kosinski - 15 novembre 2019

Bande annonce

Social eXperience

La lecture des vidéos directement depuis le site nécessite l'installation des cookies "eXperience" et "Catalogue" ainsi que des cookies tiers "Youtube" et "Vimeo". Conformément à la décision de la CNIL datant du 27 juillet 2016, votre consentement est donc nécessaire pour activer cette fonctionnalité.

J'accepte l'installation
de ces cookies

La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 2019)

Yi : Aurélie Morgane

Nai Nai : Johanne Garneau

Burnish : Jean-Jacques Lamothe

Jin : Xavier Dolan

Dre Zara : Mélanie Laberge

Peng : Louis-Julien Durso

Doublage (France - 2019)

Yi : Cerise Calixte

Jin : Tom Trouffier

Peng : Enzo Ratsito

Nai Nai : Annie Le Youdec

Mère de Yi : Julie Turin

M.Burnish : Michel Elias

DrZara : Virginie Caliari

Capitaine : Marc-Antoine Frédéric

Sources :
Doublage au Québec
Carton Générique

4.5