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Poster (France) ~ 05 février 2003

DisneyToon Studios
Le livre de la jungle 2

Le livre de la jungle 2 sort au cinéma en primeur le 05 février 2003 en France, puis le 14 février 2003 au Québec et aux Etats-Unis. Il possède deux versions francophones. A l'exception exclusive de la version française, qui marque le retour de Roger Carel dans le rôle Kaa, le long métrage ne compte aucun autre comédien du premier film dans les deux versions. Notons qu'à un certain moment, le film a failli être nommé Le livre de la jungle 2 - Retour dans la jungle. Le sous-titre a cependant été abandonné.

L'intrigue

Mowgli vit maintenant dans le village des hommes, et même s'il aime beaucoup sa nouvelle famille, son ami Baloo lui manque. Quand le jeune garçon veut jouer avec les autres enfants aux jeux qu'il a appris dans la jungle, le danger qu'il leur fait courir alerte son nouveau père. Celui-ci se fâche et lui défend de quitter le village. Malheureux, Mowgli se glisse discrètement au dehors avec l'aide de ce bon vieux Baloo. Mais le garçon ignore que sa nouvelle amie, une petite fille nommée Shanti, s'inquiète pour lui. Surmontant sa peur, celle-ci se lance à sa poursuite dans la jungle.

Analyse de l'oeuvre

Et ainsi naquit DisneyToon Studios dans la joie et l'allégresse ! De nos jours, même si c'était déjà un peu le cas à l'époque, tout le monde a tôt fait d'associer ce label avec l'intégralité des suites, vidéos comme cinéma, réalisées depuis 1995. Pourtant, il convient de rappeler que toutes celles produites avant Le livre de la jungle 2 étaient réalisées par les départements télévision qui existaient déjà au sein du groupe Disney. En l'occurrence, il s'agissait de la branche Walt Disney Television Animation qui, en plus de la création d'épisodes de séries télévisées, produisait également des longs métrages. C'est logique en même temps, Le retour de Jafar était, dès l'origine, conçu comme un pilote de lancement en plusieurs épisodes à la série télévisée Aladdin. Ce fut Michael Eisner qui décida d'en faire un long métrage destiné au marché vidéo, un pari audacieux remporté haut la main par l'ancien dirigeant. Mais au fil des années, si la rentabilité de la collection vidéo n'était plus à démontrer, le passage à l'an 2000 a quelque peu changé la donne. Les fans, tout comme le grand public, abreuvés de contenu de sous qualité dans un laps de temps extrêmement court, se sont très vite lassés. Plus gênant, les mauvais échos autour de la piètre qualité de ces oeuvres ont commencé à se faire de plus en plus entendre. Il fallait donc changer de stratégie. Malheureusement, la boite de Pandore ayant été ouverte, Michael Eisner n'avait probablement pas prédit la catastrophe qui allait s'annoncer ensuite.

Le bouche à oreille, de plus en plus catastrophique à chaque nouvel opus, écorne petit à petit le prestige de la marque. Entre son passage complètement raté à la 3D, torpillé par l'ancien rival-associé Pixar, et la concurrence massive d'autres studios s'étant engouffrés dans la brèche depuis l'avènement de Le Roi Lion, dont plus particulièrement le studio Dreamworks officieusement né de la volonté de Jeffrey Katzenberg d'en faire un instrument de vengeance capable d'éjecter le studio, Disney est réellement au plus mal. La branche animation historique créée par Walt Disney, qui rayonnait depuis un demi-siècle comme le porte-drapeau du plus grand studio d'animation, avait désormais du plomb dans l'aile. Le spectateur ayant tôt fait de faire tout de suite l'amalgame, les oeuvres originales et qualitatives de Walt Disney Animation Studios se prenaient ainsi le retour de flamme en pleine poire. C'est ainsi qu'apparut l'énorme paradoxe du nouveau siècle Disney, cristallisé autour de ces suites. Les créations originales font un four au box office mais, curieusement, les suites conspuées attirent en masse le chaland. Il n'en faut guère plus pour sortir du chapeau magique une équation mathématique magistrale : exploiter le passé + y saupoudrer un soupçon de qualité = rentabilité assurée. Dès lors, il fallait se lancer dans des projets plus ambitieux. Même si Les aventures de Tigrou va être le premier du genre porté sur Grand Écran, le film ne joue clairement pas dans la même catégorie. Le vrai grand test nature est porté autour de Peter Pan 2 - Retour au Pays Imaginaire. Et la formule ne marche que trop bien ! La machine commerciale DisneyToon Studios est lancée.

Officiellement, c'est donc bel et bien Le livre de la jungle 2 qui ouvre les hostilités avec ce nouveau département entièrement dédié à la conception de suites animées. C'est risqué mais, assurément, totalement prémédité de porter ce choix sur l'histoire de Mowgli, qui plus est, car cela fait suite à l'un des derniers films approuvés par Walt Disney en personne. Comme si le studio voulait être adoubé par son illustre fondateur, sacré culot ! Même si j'ai toujours eu un peu de mal avec Le livre de la jungle, notamment dans son très long démarrage avant que l'intrigue ne prenne réellement son envol, je reconnais que le long métrage a toujours eu un côté joyeux et festif. Il offre également une large panoplie de personnages extrêmement charismatiques, à commencer bien sûr par l'enjoué Baloo. A mon sens, avant de le découvrir, Le livre de la jungle 2 fonçait directement droit dans le mur. Principalement parce que la politique des suites Disney a toujours été tournée vers le marchandisage. Il s'agissait, ni plus, ni moins, de produits de consommations destinés à compléter la panoplie déjà bien fournie des produits dérivés adoubés par Disney Consumer Products à destination du très jeune public. Les personnages de Le livre de la jungle ne pouvaient donc qu'y perdre, à commencer par le broyage en règle de leurs personnalités afin de faire rentrer au forceps les personnages dans les "normes animées pour enfants" du début du XXIe siècle.

Le livre de la jungle 2, assurément, ne fait pas dans la demi-mesure à ce niveau. Dès que le film commence, on a beaucoup de mal à retrouver les personnages naïfs de la fin des années 1960 que l'on connaissait jusque là. La mentalité de chacun d'eux est entièrement transformée, pas toujours de façon très heureuse, mais également lissée à l'extrême pour ne pas choquer les bonnes moeurs du début des années 2000. Les tracas juridiques s'y glissent également de manière insidieuse, obligeant le studio Disney a sacrifier l'un des personnages emblématiques du premier film, à savoir le Roi Louie. Une conséquence directe du procès remporté en 2001 par Gia M. Prima, veuve de Louis Prima qui lui donnait sa voix à l'époque, mais également pour avoir très fortement influencé la création de ce personnage qui lui ressemblait beaucoup par certains côtés. Elle avait ainsi attaqué Disney autour de la sortie vidéo du premier film, et s'estimait flouée sur l'absence de revenus pour la contribution de son défunt mari, à la manière de Peggy Lee (compositeur et interprète dans La belle et le clochard), Mary Costa (Voix d'Aurore), Phil Harris (Voix de Baloo et O'Malley) ou de notre Lucie Dolène (Blanche-Neige, Miss Samovar). En représailles, Disney a durant une longue période censuré les épisodes de Super Baloo où le personnage apparaissait, et créé de toutes pièces son frère jumeau Larry pour le besoin des oeuvres ultérieures (Tous en boite notamment). De fait, Le livre de la jungle 2 a été frappé de plein fouet par cette élimination du Roi Louie, dont l'explication sur son absence est à peine glissée durant une seule ligne de dialogue, laissant les fans face à leur désarroi.

Les autres personnages ne sont pas vraiment mieux lotis dans Le livre de la jungle 2. Le personnage qui a subi la plus importante modification est bien évidemment Shanti. Bien qu'elle n'apparaisse que très brièvement à la toute fin du premier film, la jeune fille issue du village d'homme était évidemment la représentation en cullote courte de l'emblématique vamp du cinéma au début du siècle dernier. Légèrement sexualisée, avec son regard langoureux et son maquillage impeccable - même au milieu de la jungle - elle envoutait entièrement Mowgli, comme une sirène chantante qui entraînait à leurs pertes les hommes peu méfiants de l'Odyssée d'Ulysse. Évidemment, il était logique que ce trait de caractère soit effacé, il n'empêche la jeune fille Shanti s'est surtout transformée en une version animée d'Hermione Granger assez maladroite. De leur côté, Bagheera et le Colonel Hathi, dont les rôles sont réduits à peau de chagrin, deviennent des personnages exclusivement burlesques. Hathi passe encore, mais Bagheera ne le méritait pas. Même chose du côté de Kaa qui fait un petit coucou, puis s'en va, juste histoire de rendre nostalgique les spectateurs. Sans oublier bien sûr le nouveau vautour ahuri et inutile, héritage d'un personnage abandonné en 1967, qui n'a rien à voir avec la finesse légendaire d'Albert, le cinquième mousquetaire pour ceux qui connaissent ce personnage.

D'une certaine façon, Baloo n'est pas vraiment épargné par cette métamorphose générale des personnages non plus, quoi qu'elle soit moins criarde que les autres. De bon vivant, aimant la vie comme elle vient, il est surtout réduit ici à un personnage débonnaire légèrement benêt, ce qu'il n'était pas en 1967. Une fois tous ceux là abordés, ne reste alors plus que deux personnages dont l'essence est un petit peu respectée dans Le livre de la jungle 2 : Mowgli et Shere Khan. Étonnamment, Mowgli est probablement une des meilleures réussites du film. Certes, Mowgli a récupéré la personnalité d'un enfant contemporain. Il n'empêche que son parcours dans le film est vraiment très bien abordé. Ayant vécu toute sa vie dans la jungle, le retour à la réalité de la vie des hommes s'avère extrêmement brutal pour lui. Lui qui jouissait d'une liberté totale, il se retrouve complètement étouffé par ceux qui l'ont recueilli. Effrayés par le côté dangereux de la jungle et, même si ce n'est pas explicitement précisé dans le film, par l'ombre toujours menaçante de Shere Khan, les villageois étouffent  totalement, de leurs bonnes intentions, la personnalité de Mowgli.

Alors qu'il milite pour l'ouverture des villageois aux plaisirs de la jungle, il est continuellement brimé. Pire, il est même dénoncé par Shanti. Il n'en faut guère plus pour que Mowgli fugue loin des clôtures. Mais en ayant goûté aux deux vies, il finit par ne plus savoir ni qui il est, ni où se trouve sa place. C'est indubitablement l'un des points forts de Le livre de la jungle 2. Tout autant une ombre menaçante qu'à l'époque, Shere Khan sert surtout de climax à l'intrigue de Le livre de la jungle 2. Mais la répartition de ses apparitions reste bien mieux abordée qu'à l'époque. C'est un peu normal, en 2003, Shere Khan est largement connu du public, il était naturel de le voir apparaître bien plus tôt dans ce film qu'à l'époque. Shere Khan est également le seul personnage dont l'essence n'a fait l'objet d'aucune retouche majeure. Au contraire, son retour fait complètement sens. Terriblement humilié par Mowgli autrefois, le tigre souhaite en découdre une nouvelle fois avec lui.

Pour autant, malgré la trahison générale du film originel, Le livre de la jungle 2 surprend par son étonnante capacité à fédérer autour de lui. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le long métrage réussit le tour de force de rallier les spectateurs à ce qui s'apparente comme une vraie contrefaçon. Comment le film y arrive-t-il ? En rendant son aventure prenante et, surtout, extrêmement festive. Que ce soit en termes d'ambiance, d'humour ou même de choix musicaux, Le livre de la jungle 2 invite résolument à la fête. Dès lors, même s'il prend le contrepied du film de 1967 dans ce qu'il propose, ce long métrage réussit le tour de force de capter l'âme du premier film. Et ça fonctionne à fond ! La reprise de "Il en faut peu pour être heureux" y contribue d'ailleurs grandement. La chanson, résolument universelle et intemporelle, intervient pile au bon moment pour que tout le monde s'implique définitivement dans le film. D'autant plus que la bande originale s'avère vraiment très agréable, puisqu'elle fait globalement appel à ses sonorités relativement proches du film de 1967. Seules réelles nouveautés, qui s'intègrent bien à l'ensemble, les deux nouveaux morceaux "Jungle Rythm", l'hymne malin de Mowgli tentant d'envoûter les enfants du village, et "W-I-L-D", la nouvelle grande chanson de Baloo, même si la chorégraphie visuelle semble entièrement empruntée à un certain Simba qui voulait devenir roi.

En fin de compte, ce qui est particulièrement frappant avec Le livre de la jungle 2, c'est qu'il déconstruit entièrement le mythe Le livre de la jungle. Il en détricote tout ce qui faisait la force du récit de 1967, s'approprie ce qui marchait le mieux, mais réussit quand même à broder une très agréable nouvelle aventure sans grosse faute de goût. Lorsque le long métrage s'achève, on finit même par complètement oublier la trahison, l'animation modernisée, les anciennes personnalités complètement retravaillées et les nouveaux personnages globalement inutiles. On ne retient alors plus que l'essentiel : Le livre de la jungle 2 s'avère finalement très amusant.

Olivier J.H. Kosinski - 26 mars 2021

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Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 2003)
Absent des éditions vidéos de 2008
Réintégré depuis 2014.

Mowgli : Xavier Dolan

Baloo : Denis Mercier

Shanti : Catherine Brunet

Shere Khan : Yves Corbeil

Bagheera : Mario Desmarais

Lucky : Pierre Lacasse

M.C. : Pierre Auger

Kaa : Marc Bellier

Colonel Hathi : Aubert Pallascio

Ranjan : François-Nicolas Dolan

Père de Ranjan : Pierre Chagnon

Doublage (France - 2003)

Mowgli : Antoine Dubois

Shanti : Camille Donda

Baloo : Richard Darbois

Ranjan : Gwenvin Sommier

Bagheera : Gabriel Le Doze

Shere Kahn : Dick Rivers

Le père de Ranjan : Saïd Amadis

Kaa : Roger Carel

Colonel Hathi : Vincent Grass

M.C : Didier Gustin

Flaps : Gérard Surugue

Veinard : Emmanuel Jacomy

Une jeune villageoise : Kelly Marot

Voix additionnelles :

- Magali Bonfils

- Jean-Claude Donda

- Philippe Catoire

- Danièle Douet

- Patrice Dozier

- Olivier Granier

- Gaëlle Hervé

- Martine Irzenski

- Marie-Charlotte Leclaire

- Loïc Peyroux

- Boris Rehlinger

- Pascal Renwick

Sources :
Forum Doublage France

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