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Walt Disney Animation Studios
Le livre de la jungle

Le livre de la jungle sort en salles en France le 04 décembre 1968. La date exacte de sa diffusion francophone au Québec n'est pas connue. Le long métrage ne dispose que d'une unique version française, qui fut partiellement redoublée entre 1997 et 2000, Claire Guyot remplaçant Lucie Dolène sur Shanti. Cette version n'est plus exploitée à l'heure actuelle. Vous pouvez entendre cette version dans l'extrait ci-dessous.

On notera toutefois qu'une légende urbaine, toujours très tenace de nos jours, insiste sur le fait que le doublage actuellement commercialisé n'est pas celui qui fut proposé en salle en 1968, avec pour justification majeure que le film ne dispose plus de la chanson "Le minimum" interprétée par Baloo. Beaucoup de fans ont en réalité fait l'amalgame avec une version inédite du scénario du film produite exclusivement pour un livre-disque, totalement différente de celle proposée en salle, mais qu'ils pouvaient réécouter à loisir à la maison. A tel point que beaucoup d'entre eux ont fini par connaître cette version par coeur, tout en oubliant progressivement le vrai doublage du film dont l'accessibilité n'était pas aussi instantanée qu'elle ne l'est en un clic aujourd'hui. Depuis que le film a été commercialisé en vidéo en 1993, beaucoup de spectateurs nés avant et pendant les années 1980 en sont donc toujours très perturbés et propagent cette folle rumeur pourtant totalement infondée.

L'intrigue

Tapez dans vos mains, battez la mesure, faites claquer vos doigts, ça va swinguer au rythme de la jungle ! Un jeune petit d'homme est recueilli par des animaux de la jungle indienne. Si, au début, il grandi dans l'insouciance, le diabolique tigre Shere Khan décide d'en faire sa nouvelle proie. Bagheera, la panthère, propose alors d'emmener Mowgli en sécurité dans un village d'hommes. Mais le petit d'homme est fermement décidé à rester dans la jungle. Il trouve alors un allié de choix auprès du débonnaire ours Baloo avec qui il va vivre les quatre cent coups dans toute la jungle. Mais rien ne va se passer comme prévu...

Analyse de l'oeuvre

Cela n'a jamais été l'amour fou entre Le livre de la jungle et moi. J'ai toujours eu beaucoup de mal avec ce film même si je lui reconnais des qualités. Principalement parce que le long métrage met beaucoup de temps à démarrer avant de réellement prendre son envol. En d'autres termes, tant que le turbulent Baloo n'est pas entré en scène, les tribulations de Mowgli à travers la jungle m'ennuient. Je n'ai jamais totalement compris pourquoi de nombreux fans le classent parmi les plus grands chefs d'oeuvre de Walt Disney. J'ai toujours eu la conviction que Le livre de la jungle a toujours bénéficié d'une forme d'indulgence car son aura toute entière a été fortement marquée par la disparition de Walt Disney quelques mois avant sa sortie en salles, ce qui lui a octroyé une place particulière dans le coeur des fans. Comme s'il s'agissait d'une oeuvre testament qu'il est inconcevable de prendre en défaut. Il est souvent très mal vu de ne pas apprécier pleinement ce long métrage qui marque la transition entre une période Disney révolue et le gros passage à vide que le groupe va traverser durant presque deux décennies ensuite. Mais je ne suis pas non plus en train de dire que je n'aime pas Le livre de la jungle. Une fois que le train narratif s'est réellement mis en marche, avec l'apparition de Baloo donc, le long métrage offre une folle énergie entrainante et très communicative. Malheureusement pour moi, la très bonne surprise que représente la seconde partie du film ne me permet pas du tout d'oublier la mollesse de la première partie.

Le problème majeur du film, que sa suite tentera de corriger bien des années après, se porte sur les épaules de Mowgli. Sans aller jusqu'à dire qu'il est insupportable, la seconde partie du film prouvant le contraire, le petit d'homme manque cruellement de charisme. Son entêtement à vouloir rester dans la jungle n'est pas du tout communicatif. Mowgli est juste un oisif. D'autant plus que toutes les péripéties qu'il subit sont la conséquence directe de cet acharnement, ce qui ne lui sert en plus pas du tout de leçon. Pire, il ne retient rien de ses mésaventures, le long métrage allant même jusqu'à prouver, qu'en fin de compte, il avait raison sur toute la ligne. Tout du moins, s'il n'était finalement pas totalement envoûté par ses hormones pour une jeune mini-vamp allant chercher de l'eau à la rivière qui le détourne, en un claquement de doigts, de son objectif originel. Moustique avait déjà amorcé la transition quatre ans plus tôt, neuf années plus tard, Penny en sera la consécration, nous sommes dans la période où Disney propose désormais des personnages d'enfants dont on n'arrive pas du tout à s'attacher. Or, dans Le livre de la jungle, toute l'intrigue repose sur un mouchoir de poche, la qualité des personnages est absolument nécessaire pour contrebalancer. Dès lors, le périple de Mowgli pour retourner dans un village d'homme est continuellement freiné par des personnages secondaires sympathiques, ce qui offre aux spectateurs des rebondissements plus amusants que réellement utiles au récit. Paradoxalement, cette étonnante formule s'insinue petit à petit dans le subconscient du spectateur, car elle offre un tremplin astucieux à la seconde partie du récit. Car lorsque Baloo entre enfin en scène, tout change.

Dès sa mémorable apparition à l'écran, Baloo éclipse complètement Mowgli de la scène, tout se recentre alors autour de lui. Le bon vivant crève littéralement l'écran à tel point, qu'immédiatement, on l'adopte. En un tour de main, le focus de l'intrigue délaisse totalement Mowgli, faisant de Baloo la vraie vedette du long métrage. Là où les sautes d'humeurs de Mowgli tombent presque toutes à plat, l'ours sympathique dégage une empathie incroyable. C'est d'autant plus vrai qu'il s'agit de l'unique personnage dont la personnalité évolue entre sa première apparition et la dernière. Baloo vit un énorme parcours émotionnel dès lors que Mowgli entre dans sa vie. Nonchalamment, il recueille le jeune enfant de façon désintéressé, si ce n'était d'avoir un camarade partageant ses valeurs à ses côtés. Il prend cependant vite conscience des implications de son geste. Dès lors, Baloo est pris dans une tourmente émotive. Ses peurs, son trouble, son désarroi de devoir renoncer à Mowgli sont extrêmement communicatifs, grâce à une animation toute en finesse du personnage, remarquablement travaillé par les équipes Disney. Son déhanché légendaire et sa célèbre chanson ne faisant qu'accentuer d'autant plus l'aura de ce personnage devenu mythique.

Et c'est là, à mon avis, où le bât blesse dans Le livre de la jungle. Si Baloo bénéficie d'un important travail pour en faire un personnage incontournable, tous les autres personnages sont malheureusement sans réels reliefs, à deux ou trois détails près. Dès le début du film, la meute de loups, vraisemblablement empruntée à la légende de la fondation de Rome par  les jumeaux Romulus et Rémus, disparaît complètement de l'intrigue sans qu'aucun d'entre eux n'ai eu la moindre chance de s'avérer intéressant. La patrouille des éléphants n'est rien de plus qu'un intermède humoristique, sans que les membres qui la compose ne soient vraiment caractérisés. Mention spéciale à Junior qui devient le meilleur copain de Mowgli en ne l'ayant vu que trois minutes environ. Tout à la fin, la bande des vautours semble parachutée dans le film sans que l'on comprenne réellement leur intérêt dans l'intrigue. Bien que présent tout au long du film, Bagheera reste incontestablement un personnage en retrait servant, plus ou moins, de fil conducteur de l'intrigue. Mais il reste totalement à l'écart de toutes les péripéties de Mowgli dans la jungle, contrairement à Baloo. Kaa est certes très drôle, surtout avec Roger Carel pour la version française, mais c'est bien le seul aspect que l'on retient du personnage. Reste alors deux personnages qui tirent leur épingle du jeu.

Le premier personnage, c'est le Roi Louis. Le célèbre orang-outan qui voulait devenir un homme et connaître le secret du feu rouge est un ajout intéressant dans Le livre de la jungle. L'équipe Disney s'approprie ainsi l'intrigue pour y proposer un personnage totalement inédit. Il va ensuite passer à la postérité et rentrer, définitivement, dans la mémoire collective comme personnage clé, incontournable, indissociable même, de Le livre de la jungle alors qu'il n'existe pas dans le roman de Rudyard Kipling. Le Roi Louis est pourtant, comme tous les autres présents dans le récit, un personnage très éphémère dans le film. Pourtant, il tire son épingle du jeu par la personnalité énergique et débordante de Louis Prima, son interprète dans la version originale. Une familiarité tellement fusionnelle entre l'interprète et son personnage, un peu comme Robin Williams l'avait été avec le Génie, que cela aura pour conséquence des problèmes juridiques pour Disney avec la veuve de Louis Prima au début des années 2000, conduisant à l'escamotage du personnage dans toutes les productions ultérieures et l'apparition de son frère jumeau Larry pour le remplacer.

L'autre personnage, c'est évidemment Shere Khan. Le tigre est incontestablement un antagoniste très inhabituel dans les longs métrages Disney, le premier du genre dans sa catégorie. Distingué, charismatique, instruit, il n'est en rien le tueur implacable comme on aime souvent le dépeindre. Ce n'est pas une brute, ce n'est qu'un prédateur et rien de plus que ça. Sa personnalité est tout à fait "naturelle" si je puis dire, elle n'est pas forcée ou incohérente. Son besoin de traquer Mowgli résulte de sa confrontation avec les hommes qui se placent au-dessus de lui dans la chaîne alimentaire de la jungle, sans oublier leur prédisposition à manipuler le feu. Il est d'ailleurs intéressant de voir là un parallèle entre lui et le Roi Louis. Ils sont tous les deux mégalomaniaques mais, paradoxalement, tous deux dominés par la même peur de croiser plus forts qu'eux. Même si ce n'est pas vraiment dit, il est évident que la maîtrise du feu par le Roi Louis est motivée par le besoin d'écarter la menace de Shere Khan, l'être humain étant la seule espèce capable de manipuler le feu et, donc, de l'effrayer. A contrario, Shere Khan, cherche avant tout vengeance, une motivation que l'on peut tout à fait qualifier de légitime. Une rancoeur nettement moins futile que celle de Lady Trémaine pour Cendrillon par exemple. L'être humain a envahi son espace, remis en cause son statut dans la jungle, s'octroie probablement les proies qu'ils convoitent, si ce n'est pas carrément son territoire de chasse, et il est inlassablement traqué par eux. Il décide donc de s'en prendre à Mowgli, victime collatérale de cette cabale, pour redorer son honneur. Mais le piège va irrémédiablement se retourner contre lui, le petit d'homme n'étant pas la faible proie qu'il imaginait.

Sur le plan visuel, Le livre de la jungle est une très belle oeuvre animée. Le long métrage étant découpé en différentes scénettes focalisées autour de tel ou tel personnage reliées entre elles par un fil rouge (Mowgli doit aller dans un village d'hommes), cela offre aux spectateurs l'occasion de découvrir de nombreux décors différents, tout autant réussis les uns que les autres. De la jungle luxuriante au tout début aux zones dévastées par l'agriculture sur brûlis à la toute fin, nos héros traversent de nombreux lieux très variés qui vont d'un petit coin de Paradis bordé d'une petite rivière à la démesure d'un temple  désormais en ruine. Mais plus encore que son aspect visuel, Le livre de la jungle tire son épingle du jeu principalement grâce à sa bande originale. Très enjouée, festive même, presque toutes les chansons du film font mouche dès la première écoute et restent irrémédiablement en tête. C'est ce qui contrebalance le manque de personnalité de la plupart des personnages. Même si la patrouille des éléphants n'a aucun intérêt particulier dans le film, pourrions-nous nous séparer de leur célèbre chant militaire ? Une ! Deux ! Une ! Deux ! J'ai des doutes. Malgré quelques libertés dans le texte en version française, la chanson de Kaa est depuis longtemps passée à la postérité elle-aussi. Ayez confiance, croyez en moi, puisque je vous le dis. Mais c'est bien évidemment "Il en faut peu pour être heureux" qui remporte tous les suffrages et elle le mérite bien.

Avant de terminer, évoquons un élément autour de la version française du film. Il n'était pas possible de passer sous silence la triste affaire de son redoublage partiel intervenu entre 1997 et 2000. Peut-être ne le saviez-vous pas jusqu'ici, mais "Ma maison sous le chaume", interprétée par Shanti, était chantée par Lucie Dolène en 1968. Après la commercialisation en 1994 de la VHS de Blanche-Neige et les sept nains, la comédienne intenta un procès contre Disney, car elle s'estimait, à juste titre, flouée par l'absence de revenus pour son interprétation dans le film à la suite de cette commercialisation. Contre tous les pronostics de l'époque, elle remporta ce procès. En représailles, alors même que la décision judiciaire ne concernait qu'exclusivement Blanche-Neige et les sept nains, et surtout par peur que d'autres comédiens ne soient tentés d'imiter la démarche (ce qui provoquera le redoublage de plusieurs autres films au passage), le groupe Disney sanctionne la comédienne, plus ou moins pour donner l'exemple, en retirant sa voix de tout son catalogue. Le livre de la jungle est la première oeuvre concernée à être frappée par un redoublage partiel dès 1997 sur les VHS et DVD vendus au Québec, puis trois ans plus tard en France. C'est Claire Guyot qui est choisie pour la remplacer, sans que celle-ci n'ait été mise au courant de l'intention initiale. Cela peut paraître étonnant à première vue, mais il est tout à fait normal dans le monde du doublage de réenregistrer des dialogues ou des chansons, par exemple pour des publicités, pour des jouets, des jeux-vidéos, des livres-disques, voire pour Disneyland Paris, soit parce que les comédiens originaux sont indisponibles, soit parce qu'ils ne sont plus actifs dans le milieu.

Toujours est-il que, d'après ses dires, Claire Guyot ne savait pas que sa réinterprétation de "Ma maison sous le chaume" avait été effectuée pour supprimer la voix de Lucie Dolène dans Le livre de la jungle. N'ayant découvert le pot-aux-roses qu'après coup, la comédienne avait ensuite regretté d'avoir fait cet enregistrement et affirmé que, si elle l'avait su dès le départ, elle n'aurait jamais accepté de la remplacer. Sans qu'il n'y ait de cause à effet, la version de Claire Guyot fut finalement cantonnée à la période 1997/2000, puis retirée du commerce, pour laisser à nouveau la place à Lucie Dolène dans toutes les exploitations ultérieures, en salle et en vidéo, y compris sur Disney+. La raison du retour de Lucie Dolène dans la version française n'a jamais été officiellement dévoilée, d'autant plus que Disney continue, depuis vingt ans maintenant, à créditer Claire Guyot pour le rôle de Shanti dans les cartons doublages de tous les supports vidéo. Aujourd'hui, on spécule qu'il s'agit simplement d'une erreur commise par Disney USA qui avait restauré le doublage original depuis leurs propres archives à l'occasion de la réédition DVD américaine et canadienne du film en 2007. Disney France utilisant simplement cette version restaurée dans nos contrées, parce que plus commode que d'investir dans une nouvelle restauration de la version remaniée, tout en jouant la politique de l'autruche lorsqu'on lui pose la question.

Même si le temps passe, Le livre de la jungle reste encore aujourd'hui une oeuvre très sympathique. A défaut d'être le chef d'oeuvre incontournable à mes yeux, il n'en reste pas moins un très grand classique de l'animation américaine. Sa bonne humeur générale contrebalance en très grande partie le manque flagrant d'ambition autour du scénario et de la majorité de ses personnages. Mais c'est surtout l'incontournable Baloo que je retiens, un bon vivant que l'on croit écervelé à première vue, mais qui renferme en lui un coeur en or. Quand Baloo prend conscience que Mowgli doit quitter la jungle, son interprétation magistrale à l'écran est un véritable crève-coeur, tout en étant un véritable travail d'orfèvre par les artistes Disney qui y déverse tout leur talent. Assurément, ce n'est pas du tout Mowgli le héros du long métrage, mais bel et bien ce succulent Baloo.

Olivier J.H. Kosinski - 07 mai 2021

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Doublage (France - 1967)

Mowgli : Pascal Bressy

Baloo : Claude Bertrand (Dialogues)

Baloo : Jean Stout (Chant)

Bagheera : René Arrieu (Dialogues)

Bagheera : José Germain (Chant)

Shere Kahn : Jean Martinelli (Dialogues)

Shere Kahn : Jean Stout (Chant)

Le Roi Louie : José Bartel

Kaa : Roger Carel

Shanti : Lucie Dolène

Colonel Hathi : Jean Martinelli (Dialogues)

Colonel Hathi : Pierre Marret (Chant)

Winifred : Germaine Kerjean

Junior : Gaston Guez

Buzzie : Jacques Hilling (Dialogues)

Flaps : Léonce Corne (Dialogues)

Ziggy : Maurice Nasil (Dialogues)

Dizzy : Jacques Balutin (Dialogues)

Rama : Jacques Degor

Akela : Henry Djanik

Singes :

- Henri Charrett

- René Hiéronimus

- Paul Bisciglia

Choeur «La Patrouille des éléphants» :

- Jean Stout

- Jean Cussac

- José Germain

- Jo Novès

Quatuor vocal des vautours :

- Jean Cussac

- Jo Novès

- José Germain

- Pierre Marret

Retouche doublage (France - 1997)
Exploité entre 1997 et 2000 uniquement

Shanti : Claire Guyot

Sources :
Dans l'ombre des studios
LesGrandsClassiques.fr

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