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Poster (France) ~ 27 novembre 1991

Walt Disney Animation Studios
Bernard et Bianca au pays des kangourous

Bernard et Bianca en Australie

Le film sort le 16 novembre 1990 au Québec sous le titre Bernard et Bianca en Australie, et un an plus tard sur les écrans français le 27 novembre 1991 sous le titre de Bernard et Bianca au pays des kangourous. Bien que Disney propose depuis 1988 des films doublés au Québec, celui-ci fait exception. Le groupe jugeant plus logique d'offrir les mêmes comédiens que dans le premier film des deux côtés de l'Atlantique. Lors de sa sortie en salle, le long métrage était précédé du moyen métrage Le Prince et le Pauvre mettant en vedette Mickey Mouse.

L'intrigue

Un ignoble braconnier convoite l'aigle royal femelle nommée Marahute. Prévenu par ses amis animaux, le jeune Cody se lance à son secours. Malheureusement, il est fait prisonnier. Il va servir d'appât pour révéler la cachette de l'aigle. Il n'en faut pas plus pour que l'agence SOS Société nomme ses deux plus intrépides secouristes Bianca et Bernard.

Analyse de l'oeuvre

Drôle de long métrage que nous avons là avec Bernard et Bianca au pays des kangourous, le film paradoxal qui détonne complètement par rapport à la filmographie Disney de la période "comédie musicale animée". Opposé sur la forme que sur le fond à tous les films chantant du début des années 1990, le long métrage ne démérite pourtant jamais. Il a juste contre lui d'être coincé au milieu de deux énormes succès au box-office, La petite sirène et La belle et la bête, faisant de lui le plus grand oublié de la décennie du renouveau Disney. C'est vraiment regrettable, car ce film est particulièrement audacieux dans sa manière de raconter son histoire, par son approche très cinématographique, par ses propos extrêmement adultes, voire même très noirs à certains moments. Car oui, Bernard et Bianca au pays des kangourous est régulièrement un film sombre et mature, mais qui parvient quand même à se révéler souvent extrêmement drôle. C'est également un film très touchant et très sensible, à l'opposé même de son illustre aîné Les aventures de Bernard et Bianca que je trouve mollasson. Bernard et Bianca au pays des kangourous est un long métrage que j'apprécie particulièrement, de plus en plus au fil des années d'ailleurs, car il est un film de transition, celui que l'on peut considérer comme le vrai passage de flambeau entre ce qui était produit avant et ce qui a été après lui.

A l'époque de sa sortie en salle, Bernard et Bianca au pays des kangourous était un long métrage qui créait une certaine effervescence. Il a été plus ou moins vanté comme la toute première suite d'un long métrage Disney. En soit, cette affirmation était en partie erronée, aujourd'hui on peut même affirmer qu'elle était caduque. Par exemple, Les trois caballeros était déjà une suite directe de Saludos amigos. Même son de cloche concernant La boite à Musique dont le personnage Casey était ensuite réapparu dans un court métrage ultérieur. Mais en soit, cette promotion publicitaire était aussi en partie véridique, jamais encore un long métrage Disney n'avait attendu plus d'une décennie pour faire revenir des héros dans une suite au format long métrage qui repoussait toutes les limites de son prédécesseur. Bref, comme beaucoup, j'ai attendu fébrilement de découvrir Bernard et Bianca au pays des kangourous, conforté par une promesse par mes parents de m'y conduire. Ma déception a été à la hauteur de l'attente quand j'ai découvert, avec une certaine rage, que le long métrage avait été retiré de l'affiche avant même que je puisse le découvrir ! Bien évidemment, mes parents n'ayant alors aucune envie de repartir à la maison après tant de kilomètres pour venir au cinéma, ils choisirent Fievel au Far West à la place (« c'est pareil, puisque c'est aussi une histoire de souris » m'a-t-on dit), film pour lequel j'ai développé une haine profonde, certes idiote, mais farouche pendant deux décennies ! Il m'a ensuite fallu batailler ferme, durant plus d'un an, pour obtenir la VHS du film !

Mais quel plaisir cela a été de découvrir enfin Bernard et Bianca au pays des kangourous ! Un film d'animation qui ose de nombreuses choses que ne se permettait pas la filmographie animée de Disney jusque là. Rien qu'au niveau de son introduction, le long métrage marque irrémédiablement les mémoires par sa très longue mise en bouche, de plus de quinze minutes, qui semble une vrai gageure de nos jours. Quel film, d'action qui plus est (car Bernard et Bianca au pays des kangourous en est un), se permettrait actuellement de consacrer presque un quart de sa durée à présenter en détail son univers ? Non, sérieusement ? Aujourd'hui, on est généralement plongé au coeur de l'action dès les premières minutes pour ne plus jamais en sortir jusqu'au générique. Tout juste après cette majestueuse introduction, Bernard et Bianca au pays des kangourous frappe à nouveau très fort pour réintroduire à l'écran le couple vedette de façon magistrale. Contrairement à la tension extrême du début du film, le long métrage offre une scène posée, pleine de magie entre Bernard et Bianca. Même s'il s'agit d'êtres irréels, l'alchimie entre les deux protagonistes est merveilleusement réanimés par les artistes de Disney. Qu'on les connaissait très bien, ou au contraire très peu, on les (ré)adopte irrémédiablement.

La grosse deuxième moitié du film alterne trois histoires en parallèle, quatre si l'on compte aussi le petit comique de répétition entre Bernard et Bianca. Dans la première, le studio Disney ose un triangle amoureux franchement redoutable. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un méchant, Jack est une forte tête qui n'a aucune gêne à se placer entre Bernard et Bianca afin de tenter de conquérir cette dernière. Jack est une souris kangourou, typiquement de l'espèce australienne, mais dont l'attitude décontractée est en réalité directement inspirée de Paul Hogan, le célèbre Crocodile Dundee. On retrouve en Jack le même côté aventureux, fougueux et sa maîtrise du monde sauvage qui l'entoure. La version française accentue d'ailleurs d'autant plus le mimétisme puisque Béatrice Delfe donne la réplique aux deux personnages dans leurs films respectifs. Jack est également un savoureux contrepoint au très réservé Bernard qui gagne clairement en maturité à ses côtés, sans pour autant jamais trahir sa personnalité.

La seconde intrigue parallèle met en scène le savoureux Wilbur, frère d'Orville aperçu dans le premier film. Pour les amoureux du premier film, Wilbur fait clairement un choc la première fois qu'on le rencontre. Ce qui est normal dans la mesure où les personnalités des deux frères semblent totalement opposées entre elles. L'une des raisons de l'absence d'Orville s'explique principalement par le décès de Jim Jordan en 1988, sa voix originale. Mais ce n'est pas la seule, Wilbur apporte au long métrage une grosse dose d'humour qui contrebalance équitablement les propos les plus noirs de l'intrigue. On lui doit clairement les scènes les plus cocasses du film, dont sa célèbre remise en état médicale au milieu du désert. Une séquence aussi culte que problématique aujourd'hui, puisque l'inoubliable séquence de l'injection par arme à feu est aujourd'hui systématiquement censurée des programmations télévisées destinées à la jeunesse (en particulier sur Disney Channel). Ce n'est d'ailleurs pas la seule, mais on y reviendra. De fait, Wilbur s'avère assez vite un personnage très attachant auquel on se demande quelle misère va bien pouvoir encore lui tomber dessus à chacune de ses apparitions.

La troisième intrigue parallèle de Bernard et Bianca au pays des kangourous est sans nul doute possible la plus terrible que Disney ai pu porter à l'écran. Le très fade Seigneur des Ténèbres peut clairement aller se rhabiller en comparaison ! Dans cette partie de l'histoire, le jeune Cody doit affronter le perfide McLeach. Perceval McLeach est un personnage que j'affectionne particulièrement, non pas pour son épouvantable caractère, mais par l'audace de son traitement et de sa personnalité proposé par Disney. Le studio de Mickey a toujours aimé les personnages extrêmement caricaturaux qui aiment se donner en spectacle dans une audacieuse mise en scène. Il est par exemple assez rare qu'un fan de la marque ne mentionne pas Maléfique comme méchant le plus emblématique. J'ai toujours préféré les personnages qui jouent un double jeu, à l'image de Cruella d'Enfer, Madame de Trémaine, Madame Médusa voire même Gaston dans une certaine mesure. Certes leurs designs Disney les trahissent, on sait que ce seront des méchants, mais ils savent se montrer avenants et courtois quand c'est nécessaire, élégants parfois, pour ensuite révéler leur véritable nature. Ce sont des personnages réalistes que l'on pourrait tout à fait croiser dans la vie réelle. Ils en sont donc plus effrayant encore !

McLeach est un homme de la pire espèce qui ne recule devant rien pour arriver à ses fins, uniquement par pur profit pécuniaire. Il trahit, il dupe, il maltraite, il kidnappe, il manipule, il torture psychologiquement, il échafaude des plans terribles et va même imaginer liquider un enfant sans le moindre scrupule ! Disney le montre dès sa première apparition comme un être aimant le pouvoir, la domination et qui est sans compassion pour la vie des autres. On le voit quasi-systématiquement en contre-plongée lors des moments clés du film. Par exemple, de toute sa hauteur il domine Cody, qu'il repêche au fond de son "trou" avec le canon de son fusils de chasse (et non avec sa main comme le ferait n'importe qui d'autre, c'est révélateur !). Le garçon n'est pas dupe, nous encore moins, mais à cet instant rien de laisse à penser la cruauté dont fera preuve ensuite ce banal braconnier. Sa passion pour les armes est d'ailleurs l'un des autres points qui pose aujourd'hui question aux chaînes jeunesses qui veulent diffuser Bernard et Bianca au pays des kangourous. La séquence, plutôt dure, dans laquelle McLeach tente d'effrayer Cody avec ses couteaux fait ainsi elle aussi l'objet d'une censure franchement éhontée.

Pour la fin du récit, les quatre intrigues parallèles finissent inévitablement par se rejoindre de manière plutôt frénétique, parfaitement digne des grands films d'actions-aventures. Bernard et Bianca au pays des kangourous échappe ainsi à tout contrôle où de nombreux rebondissements mènent à un final tout aussi dantesque que ne l'était le début du film. Même si le long métrage égaye régulièrement son propos, probablement à destination du jeune public, on ne peut absolument pas nier qu'une tension permanente est présente tout au long du film. Que ce soit lors du kidnapping de Cody, que dans la tentative désespérée de Bernard, Bianca et Jack de parvenir à le délivrer. Car il faut aussi reconnaître que le studio Disney met l'histoire à la hauteur de ses ambitions. D'abord, en étant leur tout premier long métrage d'animation entièrement réalisé par colorisation numérique. On ressent tout de suite cette métamorphose, même si Disney fut totalement muet sur le procédé en 1990 ! C'est ce point particulier que j'évoquais plus haut qui marque cette rupture, ce passage de relais entre deux époques Disney. Peu de films ultérieurs (hormis Le Bossu de Notre-Dame peut-être) peuvent se vanter d'alterner décors extrêmement riches visuellement et décors presque désertiques, sans que le spectateur ne ressente la moindre gêne. Le tout agrémenté par des personnages finement animés qui n'ont pas pris la moindre ride depuis tout ce temps.

L'autre ambition apportée dans Bernard et Bianca au pays des kangourous, c'est ce nombre impressionnant de scènes où la caméra virevolte autour des personnages afin de leur apporter une dimension spectaculaire que seul un certain Matrix ne parviendra à égaler que plus de neuf ans plus tard dans un film Live. Bernard et Bianca au pays des kangourous s'affranchissait, bien avant l'heure, de toute contrainte technique qu'une caméra classique pouvait poser à cette époque. Une mise en scène globalement virtuose qui n'est trahi que par l'utilisation de l'outil informatique. Et encore, hormis la célèbre scène du survol de l'opéra de Sydney qui a clairement très mal vieilli par ses formes aujourd'hui considérées, à juste titre, comme beaucoup trop géométriques, la plupart des autres scènes en 3D numérique semblent encore convaincantes. Soit parce que les studios Disney ont camouflé, via d'habiles subterfuges, les limites de l'informatique en 1990 (la superbe séquence de l'envol de Wilbur à New York), soit en rehaussant judicieusement les objets d'un contour façon cel-shadding qui du coup ne vieilli pas trop (à l'image de l'impressionnant véhicule de McLeach).

Enfin, Bernard et Bianca au pays des kangourous joue à contre-courant de la plupart des films d'animation Disney en se débarrassant, purement et simplement, de toute chanson. Un choix qui fut contesté par certains fans à l'époque, que j'applaudis pour son audace. En particulier parce que j'ai en horreur les horripilantes chansons de Les aventures de Bernard et Bianca qui casse le rythme du film, tout en se révélant insipides à entendre. Ceci même si le message qu'elles contiennent est fort, je les trouve tout bonnement soporifiques. Ici, le compositeur Bruce Broughton propose d'incroyables musiques épiques que les animateurs ont transcendé par un visuel d'accompagnement de toute beauté. J'apprécie d'autant plus cette bande originale aujourd'hui, car elle constitue pour moi une grande première. C'est devant Bernard et Bianca au pays des kangourous que j'ai ressenti un frisson de plaisir musical pour la toute première fois de ma vie (et pas la dernière depuis lors) ! Un "indicateur physique" que j'ai appris à connaître et me permet de confirmer avec certitude quel morceau ou quelle chanson j'apprécie plutôt qu'une autre, peu importe le contexte ou son style. Du coup, j'abandonne toute objectivité quand il s'agit de parler de la bande originale de Bernard et Bianca au pays des kangourous. Je l'aime, vous non, alors tant pis pour vous. Je trouve d'ailleurs infâme que la version française du film soit, depuis quelques années maintenant, affublée de l'horripilante chanson d'Anne réintroduite tardivement dans le générique de fin et qui tue totalement le parti-pris artistique du film.

Plus les années passent, plus Bernard et Bianca au pays des kangourous prend de l'âge, plus il s'améliore, et plus je trouve que le long métrage gagnerait à être reconnu par tous. C'est un long métrage ambitieux qui sort des sentiers battus, qui enrichit merveilleusement un univers déjà connu, qui tente d'innover dans la façon de raconter une histoire animée, et qui offre également de brillantes idées. Le tout est d'ailleurs servi par une mise en scène majestueuse, une histoire mature qui parvient quand même à se révéler drôle et une bande originale décoiffante. Les seuls reproches que l'on peut adresser au long métrage sont (hormis Anne !) l'approche un peu fantaisiste du majestueux aigle royal Marahute qui n'existe pas dans la nature, la censure franchement excessive dont il fait l'objet de la part de Disney à la télévision et, plus regrettable encore, l'escamotage de certaines de ses lignes de dialogues en français qui ont mystérieusement disparues du film depuis 1997 sans réelle explication logique. Pour tout le reste, Bernard et Bianca au pays des kangourous est indéniablement un grand classique du cinéma d'animation !

Olivier J.H. Kosinski - 24 mars 2017

Bande annonce

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Voxographie Francophone

Doublage (France - 1990)

Bernard : Roger Carel

Bianca : Béatrice Delfe

Wilbur : Emmanuel Jacomy

Jack : Jean-Pierre Gernez

Cody : Boris Roatta

Perceval McLeach : André Valmy

Frank : Thierry Bourdon

Krebbs : Henri Poirier

Chairman : Georges Riquier

Docteur : Roland Ménard

Red : Guy Chapelier

Souris appât : Luq Hamet

Chef Cafard : Luq Hamet

François : Jean-Luc Kayser

Faloo : Sylvie Georges

Mère de Cody : Françoise Fouquier

Infirmière en chef : Eléonore Caron

Infirmière : Dominique Chauby

Cricket : Jean-Jacques Hervé

Sources :
Forum Doublage France

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