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Poster (France) ~ 02 décembre 1987
Poster (France) ~ 30 novembre 1977
Poster (Belgique) ~ 1977

Walt Disney Animation Studios
Les aventures de Bernard et Bianca

Bernard et Bianca

Les aventures de Bernard et Bianca a été projeté à partir du 30 novembre 1977 en France, où il prend la tête du classement au Box-Office devant un certain La guerre des étoiles proposé en salle à peine un mois plus tôt. Aucune information n'est disponible concernant la date de sortie du film au Québec. Cela ne peut pas être le 22 juin 1977, comme aux Etats-Unis, car le doublage français, exploité tel quel au Québec, fut réalisé en juillet 1977. Cependant le film fut, jusqu'à la ressortie vidéo en 1997, intitulé simplement Bernard et Bianca.

Lors de la séquence de décolage à New York, le long métrage comportait deux images subliminales d'une femme dénudée visible à travers une fenêtre sur l'un des buildings de New York. Lors de la première sortie VHS du long métrage (y compris dans la version française commercialisée en 1991), alors qu'il devenait désormais possible de scruter un film image par image, cette femme dénudée a évidemment fait scandale. Disney USA a présenté ses plus plates excuses, rejetant par ailleurs la faute sur le distributeur de ces VHS, plutôt que de devoir blâmer ses équipes. Le film a été rectifié sur toutes les éditions diffusées et commercialisées depuis.

L'intrigue

A New York, les souris du monde entier se réunissent et décident de porter secours à Penny, une petite orpheline séquestrée par l'affreuse Madame Médusa. Bernard et Bianca, intrépides détectives de choc, se portent volontaires...

Analyse de l'oeuvre

Les souris ont toujours eu une place de choix dans la filmographie de Disney. On les trouve sous de nombreuses formes, sous de nombreuses variantes. Mickey n'en est-il lui-même pas une jouant même l'ambassadeur de la marque depuis ses origines ? Les aventures de Bernard et Bianca se situent à la croisée des chemins de la filmographie disneyenne, puisque le couple vedette marque une transition entre l'époque précédente de la souris passive qui était soit un acolyte, soit un faire-valoir, à celui de la souris active qui se jette dans le coeur de l'action, ce qui conduira au célèbre Basil qui leur emboitera le pas quelques années plus tard. Bernard et Bianca, c'est aussi un couple à la fois inhabituel mais très familier, une sorte de La belle et le clochard version souris en ce qui concerne leurs caractères réciproques, et Les aristochats concernant leur folle virée romantique à travers la vaste campagne. Bref, un film dans la pure tradition Disney, bien que l'intrigue soit en réalité inspirée de deux romans de Margery Sharp publiées respectivement en 1959 pour The rescuers (qu'on pourrait traduire en Les sauveurs ou encore Les sauveteurs comme pour la première publication française de 1977) et 1962 pour Miss Bianca. Margery Sharp publiera d'ailleurs sept autres romans mettant en vedette Bernard et Bianca jusqu'en 1978, mais Disney n'utilisa finalement aucune de ces suites pour ses films.

Les aventures de Bernard et Bianca n'a vraiment jamais été un coup de coeur pour moi. Je considère même le film comme foncièrement soporifique alors qu'il est censé être épique. Paradoxalement, le long métrage offre tellement de bonnes idées que cela contrebalance efficacement les innombrables défauts que compte le film, notamment son rythme en dents de scie et, principalement, ses léthargiques chansons. Ce qui explique pourquoi je ne parviens pas à renier totalement Les aventures de Bernard et Bianca. Parmi les plus belles réjouissance que compte le film, il est indéniable que le couple formé par Bernard et Bianca, aussi mal assorti qu'il puisse être, reste une inévitable valeur sûre, probablement parce que leurs caractères sont très tranchées. Ainsi, bien qu'elle soit très charismatique, la délicieuse Bianca a incontestablement toutes les caractéristiques de la femme fatale des films d'espionnage du siècle dernier, même si elle reste une héroïne plutôt qu'une antagoniste. Bianca joue continuellement de ses charmes pour envouter son compagnon improvisé, qui la suit partout dès le premier croisement de regard initial. Le long métrage s'amuse même à détricoter la plupart des clichés autour de la féminité (toilette impeccable, classe naturelle, trousse de toilette bien fournie, surcharge de bagages...) pour en faire le vrai cerveau des opérations de secours, renversant l'impression première sur le personnage.

De la même façon, Bernard est dépeint dès le départ comme l'ouvrier de classe moyenne, voire inférieure, à qui rien de particulier ne réussit. Dès que Bianca le choisit comme compagnon de voyage, on émet de très forts doutes sur ce curieux choix effectué. Bianca ne serait-elle pas vaniteuse, cherchant une personnalité malléable qui n'étoufferait pas son propre égo ? Là encore, Les aventures de Bernard et Bianca s'amuse à complètement effacer cette première impression par une subtile évolution de Bernard qui finit par s'affirmer et à montrer, petit à petit, ce dont il a toujours été capable en son fort intérieur. Du coup, en composant une histoire aussi charmante, le long métrage développe une romance efficace, tendre et sincère, rendant le duo incomparable avec nombre de couples Disney les ayant précédés. Par exemple, sans vouloir froisser personne par mon choix de formulation, Bianca est très loin de la ravissante idiote comme pouvait l'être Lady, tout comme Bernard est très loin d'être le coureur de jupon comme pouvait l'être O'Malley. La formation du couple est peut-être un brin trop rapide car elle découle d'un simple coup d'oeil (même si les coups de foudre existent), mais c'est lui qui reste cependant le moteur principal du récit. On adore ces deux petites souris qui partent dans le vaste monde sauver une jeune orpheline !

Côté ambiance, Les aventures de Bernard et Bianca change radicalement de la conception Disneyenne classique précédente pour revenir à des univers sombres et angoissant, cependant à tendance plus réaliste au détriment de la fantaisie qui marquait Blanche-Neige et les sept nains ou même La belle au bois dormant. On retrouve ici une ambiance plus glauque, plus tangible, une sorte de préambule à une grande période cinématographique qui marqua de son empreinte pratiquement toute la décennie des années 1980, en animation comme pour les films d'acteurs. Il est même assez notable de constater que Les aventures de Bernard et Bianca a sans nul doute marqué à jamais un certain Don Bluth, alors simple animateur sur ce long métrage dont c'est le premier gros fait d'arme (il n'était qu'intervaliste auparavant), puisqu'il reprendra finalement à peu près tous les codes graphiques de ce film pour les transposer dans celui de ses propres oeuvres, notamment les deux premiers qui mettent en scène des souris. Pour conforter cette ambiance glauque, on retrouve ainsi ces mêmes codes du genre, à la fois plus adultes et proche des peurs enfantines, transposés aux antagonistes que représentent Mme Médusa et Snoops.

Inventés de toutes pièces pour Les aventures de Bernard et Bianca, Mme Médusa et Snoops semblent sortis d'un miroir déformant devant lequel se seraient placés Bianca et Bernard. Mme Medusa est ainsi l'opposée parfaite de Bianca. Personnage machiavélique par excellence, Mme Médusa est une femme profondément mauvaise qui tente d'embobiner son entourage plutôt que de jouer de ses charmes, car ils sont complètement inexistants malgré l'énorme couche de cosmétiques qu'elle s'efforce d'arborer. Elle vole sans retenue, elle triche sans vergogne, elle agresse sans remords, elle est même atteinte d'une frénésie meurtrière pour qui tenterait de s'en prendre à son précieux trésor. De fait, elle reste finalement proche dans son excessivité de la plus célèbre Cruella d'Enfer, une comparaison non anodine puisqu'elle fut au départ envisagée pour affronter les deux souris. Si la célèbre méchante de Les 101 dalmatiens n'est finalement pas restée dans la copie finale, sa folie est restée ancrée dans Mme Médusa. De son côté, Snoops est l'inverse de Bernard. C'est un homme benet, assouvie par une femme sans scrupule qui lui fait miroiter la Lune, qui n'a même pas l'once de l'estime pour lui-même. Paradoxalement, c'est sa flagrante bêtise qui lui sauvera les miches !

Comme le film est relativement sombre par rapport à son propos, parfois trop peut-être, Les aventures de Bernard et Bianca contrebalance avec des apports lumineux qui prennent trois formes : l'humour, les scènes d'actions et les chansons. Des trois, l'humour est sans nul doute celui qui s'en sort le mieux. Comment ne pas rire devant les exploits aériens de Wilbur ? Ou les nautiques d'Evinrude (dont le nom est inspiré d'une véritable marque de moteurs marin hors-bord d'origine américaine) ? Comment ne pas s'extasier de l'étonnante capacité régénératrice de cette étrange bibine, produite artisanalement par une souris ouvertement alcoolique ? Il est certain qu'on ne trouve plus ce type d'humour aujourd'hui, où le politiquement correct prédomine dans toutes les productions Disney accessibles aux enfants ! Concernant les scènes d'actions, Les aventures de Bernard et Bianca en compte plusieurs qui se révèlent très palpitantes. Malheureusement, le long métrage souffre d'un gros problème de rythme qui rend leur intrusion assez brouillonne. On passe ainsi d'une scène d'action à une scène contemplative, puis d'une scène à l'ambiance lugubre à une chansonnette, mais jamais de façon harmonieuse. Le long métrage ne semble pas vraiment savoir sur quel pied danser, il propose donc à peu près toujours le même type de situations ce qui gâche en partie l'intrigue.

Mais ce qui s'avère être le pire dans Les aventures de Bernard et Bianca reste incontestablement sa bande originale et, par extension, le personnage de Penny qui y est intimement associée. Au mieux, la bande originale renforce l'ambiance lugubre d'une scène, au pire elle est tout bonnement aux abonnées absents, les animateurs préférant se contenter des simples bruitages d'ambiances. Le long métrage semble avoir été conçu à l'économie, car il est presque impossible qu'un quelconque morceau reste en mémoire une fois le film achevé. Mais ce qui est le plus détestable, c'est la jeune Penny dont on ne s'attache émotionnellement à aucun moment à sa souffrance. Car jamais le moindre sentiment de compassion ne parvient à ressurgir autour de cette pauvre orpheline. La faute à qui ? Sans nul doute aux chansons affreusement insipides ! Premièrement, elles cassent totalement le rythme du récit tout en dénaturant l'ambiance effrayante du Bayou. Deuxièmement, les paroles faussement mélancoliques, destinées à verbaliser les émotions de Penny, la rendent au contraire totalement antipathique, voire carrément amorphe. Troisièmement, les chansons sont à elles-seules tellement soporifiques à écouter qu'elles ne laissent derrière elles qu'un arrière goût de gâchis à l'ensemble du film ! Un comble pour un film Disney souvent placé sous le signe de l'excellence à ce niveau.

Avec les années, Les aventures de Bernard et Bianca ne s'est pas vraiment amélioré, mais il ne s'est pas non plus trop dégradé. Il est resté fidèle à lui-même, probablement grâce à son ambiance inhabituelle qui lui sied à merveille, la qualité générale de ses décors ainsi que de son animation et, surtout, par son mythique couple de personnage que sont Bernard et Bianca. C'est sans nul doute pour cela que l'on arrive encore à apprécier l'expérience malgré la handicapante bande originale et le désastreux personnage de Penny. Car Bernard et Bianca forment un couple tellement charismatique qu'il remporte obligatoirement tous les suffrages, au point d'en faire un véritable succès du box-office, France comprise où il s'offre même le luxe de dépasser en nombre d'entrées le tout premier Star Wars ! Disney l'ayant d'ailleurs bien compris en leur offrant une séquelle qui surpasse l'original sur tous les aspects, tout en éliminant habilement tout ce qui clochait dans Les aventures de Bernard et Bianca. Mais sans cet illustre ainé aussi perfectible soit-il et, surtout, ses irrésistibles petites souris, jamais l'aventure n'aurait pu se poursuivre treize années plus tard.

Olivier J.H. Kosinski - 18 mai 2018

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Voxographie Francophone

Doublage (France - 1977)

Bernard : Roger Carel

Bianca : Béatrice Delfe (Dialogues)

Bianca : Anne Germain (Chant)

Penny : Aurélia Bruno

Madame Medusa : Perrette Pradier

Monsieur Snoops : Philippe Dumat

Orville : Francis Lax

Annie Bouée : Jane Val

Luke : Gérard Hernandez

Président S.O.S. Société : Georges Riquier 

Rufus : Teddy Bilis

La tortue : Henry Djanik

Le lapin : Serge Lhorca

Le hibou : Albert Augier

Bulldozer la taupe : Pierre Garin

L'ambassadrice allemande : Géraldine Gogly (Chant)

Le journaliste : Jean Berger

Soliste : Dominique Poulain

Choeurs :

- Françoise Walle

- Géraldine Gogly

- Anne Germain

- José Germain

- Jean Cussac

Sources :
Dans l'ombre des studios

3.5