Tous les chiens vont au Paradis est le titre sous lequel est sorti le film au Québec le 17 novembre 1989. En France, il fut simplement baptisé Charlie tout court lors de sa sortie en salle le 28 mars 1990, avant de changer légèrement en Charlie, mon héros pour sa commercialisation en vidéo. Chaque territoire possède son propre doublage. Le film dispose d'une suite sortie en salles en 1996, une série télévisée d'animation (1996/1998) et d'un téléfilm de conclusion.
Alors que le thème du film repose sur la rédemption et le Paradis, Charlie, mon héros est marqué par une tragédie effroyable. Judith Barsi, qui interpréta le personnage Anne-Marie, fut violemment assassinée par son père dans son sommeil alors qu'elle n'avait qu'à peine dix ans. Son père tua également sa femme à bout portant, avant de bruler les corps et de se donner la mort à son tour. Judith Barsi ne pu jamais voir son dernier rôle à l'écran, le film n'étant pas encore achevé à ce moment là. En guise d'hommage posthume, le personnage d'Anne-Marie ne revint plus jamais dans aucune des suites du film.
Nouvelle-Orléans, 1939. Charlie, un chien des rues, s'évade de la fourrière en compagnie de son ami Gratouille, un teckel hyper-nerveux. Il reprend contact avec son ex-associé, l'infâme bouledogue Carcasse, qui organise des courses de rats truquées. Ce dernier fait mine de renouer avec lui mais ordonne à son bras droit, Zigouille, de le supprimer. Ecrasé par une voiture, Charlie est contraint de venir en aide à une jeune orpheline prénommée Anne-Marie afin de gagner sa place au Paradis.
Charlie, mon héros est une oeuvre étonnante à plus d'un titre. Combien de films d'animation - a priori destiné à un jeu public - font le choix radical de faire commencer l'histoire par... la mort de son personnage principal ?! Rien à voir avec un long métrage digne de M. Night Shyamalan, puisque cette mort n'a rien d'un retournement narratif. Charlie meurt bel et bien, et c'est à partir de cet instant que son aventure commence ! Charlie, mon héros va donc, d'une certaine manière, piocher sa thématique dans la série Les routes du Paradis, produite par Michael Landon en compagnie de Victor French, qui venait tout juste de s'achever aux Etats-Unis : une sorte d'ange descendu du ciel qui va voler au secours d'une pauvre âme en peine. De fait, le long métrage de Don Bluth affiche une consonance catholique prononcée, contrairement aux longs métrages Disney qui préféreront occulter cet aspect religieux à la seule exception de Blanche-Neige et les sept nains. Il s'agit d'ailleurs du second long métrage où la croyance religieuse est prédominante, après Fievel et le nouveau monde, au sein du jeune studio d'animation. Malgré ce parti prit audacieux, Charlie, mon héros va constituer le premier film du déclin pour le studio de Don Bluth.
A qui la faute ? A Don Bluth et ses coéquipiers sans doute, car ils n'ont pas vu venir de retour de flamme de la compagnie Disney qui va les achever à coups de succès monstrueux à partir de 1989 avec une célèbre petite sirène. La compagnie Disney était véritablement léthargique à la fin des années 70, le coup d'éclat médiatique le 20 septembre 1979 de Don Bluth et de neufs autres anciens membres des équipes Disney (Lorna Pomeroy, Heidi Guedel, Linda Miller, Emily Jiuliano, Franks Jones, Vera Law, David Spafford, Sally Vorhees et Diane Landau) provoque un raz-de-marée impressionnant qui aurait très bien pu achever le studio historique. Profitant de cette Bérézina, Don Bluth place trois films majeurs durant les années 80, dont deux seront de gros succès (Fievel et le nouveau monde et Le petit dinosaure et la vallée des merveilles). Mais le géant endormi va profiter de cette décennie pour préparer en coulisse sa contre-offensive. Cet électrochoc, Disney en avait vraiment besoin, et malheureusement, celui qui va tout recevoir en pleine figure, c'est le studio à l'origine de cette prise de conscience. Charlie, mon héros va ainsi être éliminée en un claquement de doigts par La petite sirène, qui avait eu l'honneur de sortir en salle deux jours avant lui.
Si Disney n'avait pas rebondi, Charlie, mon héros aurait-il été le succès de l'année 1989 ? Sans doute pas non plus, la faute à un film truffé de défauts, à commencer par son personnage principal, tout sauf charismatique. Le caïd des canidés ne fait que fuir les problèmes tout du long, et ne cherche à aucun moment la rédemption. Il ne fera qu'exploiter le don de la pauvre Anne-Marie dans le seul but de faire du profit reléguant son conflit avec Carcasse à de la franche rigolade. Charlie n'évolue pratiquement pas, hormis à la toute fin du film où il a soudain un rebond de conscience vraiment très mal amené. Rien ne laissait réellement supposer ce revirement puisque Charlie ne fait jamais le moindre pas dans cette direction durant tout le film. L'autre aspect qui fâche dans Charlie, mon héros, c'est assurément du côté de ses chansons. Catastrophiques, elles sont toutes à la fois mal rythmées et mal chantées. On frise pratiquement le supplice, et ce quel que soit la version anglaise ou francophone écoutée. La mise en scène frisant aussi le ridicule, cela accentue d'autant plus le côté dépravé des chansons. Bref, une torture auditive et visuelle.
Malgré ce fort handicap, plombant l'intérêt du film, Charlie, mon héros trouve grâce dans la jeune Anne-Marie. Sorte de mélange entre Penny de Les aventures de Bernard et Bianca et Jenny dans Oliver & Compagnie, mais étrangement habillé aux couleurs d'une mini Blanche-Neige, Anne-Marie est sans doute la grande force du film. Plus touchante que ne l'était Penny, plus adorable que Jenny, la jeune Judith Barsi parvient réellement à captiver son auditoire au point de faire de Charlie, mon héros un hommage posthume au tragique destin de la jeune comédienne. Anne-Marie ne revint d'ailleurs plus, ni ne fut évoqué, dans aucune des séquelles du film. Cette occasion d'introduire un humain dans un long métrage était ici une première pour Don Bluth qui aura malheureusement de lourdes répercutions ensuite. En cause, l'utilisation abusive de la rotoscopie. Ce système breveté par les frères Fleisher en 1915, consiste à décalquer sur du papier une séquence filmée image par image. Au contraire des films de Walt Disney qui sauront lier brillamment rotoscopie et animation traditionnelle pour rendre leurs personnages crédibles, Don Bluth va, à partir de ce film, se borner à « rotoscoper » systématiquement les humains dans ses films sans chercher à crédibiliser leur version animée. Dès lors, ils vont systématiquement paraître discordant par rapport à tout ce qui les entourent, par leurs mouvements anormalement amplifiés ou peu crédibles en animation. Un constat que l'on retrouve également de nos jours dans l'utilisation abusive de la motion capture 3D dans des films comme Le Pôle Express ou Le drôle de Noël de Scrooge qui pâtissent eux-aussi d'un rendu tout sauf crédible.
Pour son premier long métrage indépendant - post-Spielberg j'entends -, Don Bluth livre donc ici un film plein de bonnes idées (à l'image du crocodile chantant repiqué sans vergogne par Disney dans La princesse et la grenouille), mais clairement maladroitement réalisé. S'il l'on salue le côté impertinent et adulte de l'histoire, tout comme le personnage d'Anne-Marie, Charlie, mon héros s'étrangle franchement dans ses horribles chansons. Sans être un désastre, n'exagérons pas outre mesure, Charlie, mon héros souffre vraiment la comparaison face à ses trois prédécesseurs. A partir de ce film, la touche Don Bluth va donc inexorablement se dégrader peu à peu, jusqu'à atteindre les profondes abysses dans Le lutin magique. Heureusement, le studio trouvera son salue grâce à une certaine Anastasia en 1997, permettant de couronner la carrière de l'artiste d'une véritable apothéose !
Olivier J.H. Kosinski - 18 avril 2014
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01 juin 2005
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Doublage (Québec - 1989)
Charlie : Ronald France
Anne-Marie : Johanne Garneau
La puce : Guy Nadon
Véra / Rosie : Anne Caron
Sir Réginald : Daniel Lesourd
Roi Gator : Paul Sarrasin
Caster : Alain Zouvi
Harold : Jean-Luc Montminy
Coque-l'oeil : Sébastien Dhavernas
Fio : Claudie Verdant
Whippet Angel : Valérie Gagné
Croc-de-fer : Yves Massicotte
Claire : Louise Rémy
Terrier : Hubert Gagnon
Solistes :
- Catherine Léveillé
- Philip Vyvial
Doublage (France - 1990)
Charlie : Richard Darbois
Gratouille : Jacques Frantz
Anne-Marie : Alexandra Garijo
Annabelle : Céline Monsarrat (Dialogues)
Annabelle : Christine Legrand (Chant)
Zigouille : Philippe Peythieu
Carcasse : Claude Joseph
Harold : Patrick Osmond
Kate : Dominique Westberg
Stella Dallas : Véronique Augereau
Sir Reginald : Hervé Bellon
Flo : Nicole Favart
Le roi Gator : Gérard Meissonnier
Chien au haut de forme : Marcel Guido
Chien commentateur : Vincent Violette
Chien couronné : Michel Modo
Chihuahua : Daniel Lafourcade
Fox terrier : Daniel Lafourcade
Sbire de Carcasse : Gilbert Levy
Chiot de Flo : Aurélia Bruno