Sinbad - La légende des sept mers est à ce jour l'ultime long métrage d'animation réalisé en 2D par Dreamworks. Il est sorti en salle le 2 juillet 2003 au Québec, puis le 9 juillet 2003 en France. Conforté par ses mauvaises habitudes, Dreamworks ne propose aucune version québécoise de ce film.
Sinbad, marin de légende est accusé à tort par Eris, déesse du chaos, d'avoir volé le Livre de la Paix. Il est chargé de le retrouver sans quoi, son ami d'enfance le prince Proteus mourra... Marina, la fiancée de Proteus va se glisser à bord du navire de Sinbad afin de lui rappeler sa mission...
Par où faut-il commencer lorsqu'il s'agit de parler de Sinbad, la légende des sept mers ? Car il est le 5e et dernier long métrage d'animation 2D réalisé par Dreamworks, son peu de succès en salle ayant en effet précipité la décision d'abandonner le secteur 2D comparativement à l'immense succès remporté par Shrek deux ans auparavant. Faut-il l'aborder sous l'angle de la nostalgie ? J'en suis incapable. Faut-il l'aborder sous l'angle du conte Mille et Une Nuits ? Non plus, le film de Dreamworks s'en émancipe complètement. Faut-il le comparer à d'autres films sur le même thème ? Sans doute pas, il en serait totalement pénalisé. Alors, si on parlait de Sinbad, la légende des sept mers pour le film d'aventure qu'il est ? Oui, c'est sans doute la seule bonne approche à avoir avec ce film.
Dreamworks fait un pari assez audacieux avec Sinbad, la légende des sept mers , tout comme l'avait fait Disney avec Hercule en 1997 : seuls quelques éléments de la mythologie originelle ont été conservés afin de proposer une fiction se suffisant à elle-même et qui s'affranchit complètement de toute limite. Les amateurs de la légende de Sinbad crieront à raison à l'hérésie pure, d'autant plus que l'action du film est transposée, non pas dans l'Orient comme on le supposerait en toute logique, mais plutôt du côté de la mythologie grecque. Ce sentiment est d'ailleurs corroboré par la présence de Eris qui est la déesse de la Discorde, dont la personnalité est capricieuse, et qui est descendue du Mont Olympe pour jouer de vilains tours aux humains si prévisibles. Sinbad, la légende des sept mers fleure donc surtout le film d'aventure des années 50 et 60 à l'image de Jason et les Argonautes. Un choix kitsch pourtant fortement assumé dans le film, qui alterne d'ailleurs un mélange de technique d'animation pas forcément heureux. A l'image des célèbres squelettes du film de 1963, les monstres animés en 3D accusent aujourd'hui clairement leur âge donnant un cachet fané au film.
Sinbad, la légende des sept mers est un film relativement « culoté » dans la mesure où il se fait un malin plaisir à casser tous les codes de l'animation 2D. Les protagonistes nous sont présentés de façon brute et directe, même si Dreamworks a du mal à se défaire d'un cliché Disneyens : l'acolyte animalier, en l'occurrence Spike. Le film n'échappe pas non plus aux gags bas de gamme, voire vulgaires, hérités sans nul doute de l'ère post-Shrek dont le studio usera jusqu'à la moelle avant d'enfin rebondir avec Kung Fu panda et surtout Dragons. Enfin, le scénario du film pioche dans quelques unes des aventures de Sinbad, mais dans un contexte complètement différent. C'est le cas par exemple du Rokh, devenue au passage un oiseau de froid (alors que c'est un oiseau de feu normalement) ou du monstre marin ressemblant à une île. Du côté mythologie grecque, le film emprunte en partie la légende du Tartare pour en faire le repaire d'Eris et façonne la plupart de ses personnages de l'odyssée d'Homère.
Malgré ses « pliagiats » évidents, reconnaissons que Sinbad, la légende des sept mers parvient à se forger son caractère propre. Principalement parce que les personnages se révèlent tous charismatiques et attachants. Totalement prévisible dès sa première apparition, Sinbad s'impose pourtant assez vite dans le long métrage, car son côté désinvolte l'emporte sur les différents choix qu'il va faire durant son aventure. Marina apporte clairement un bouffée d'air frais dans le film, en ayant une personnalité forte et réfléchie à l'histoire. Se sachant désirable, elle n'hésite pas à mettre à profit ses atouts pour renverser certaines situations. Proteus, très en retrait dans le film, permet également de jouer sur l'inaliénable triangle amoureux présent dans tous films d'aventure digne de ce nom. Kale reste le bras droit typique qui suit partout son chef sans se poser la moindre question, tandis que le Rat jouera les bouffons de service. Bref, globalement la même chose qu'un certain Pirates des Caraïbes sorti la même année.
Dreamworks fait un choix heureux concernant la bande son de son film : ils suppriment ainsi totalement les chansons qui s'avérait plus que pénibles, dispensables mêmes, dans La route d'El Dorado par exemple. Harry Gregson-Williams signe sans nul doute une excellente partition qui sied à merveille au récit de Sinbad, la légende des sept mers, sans être toutefois aussi mémorable que James Newton Howard pour Atlantide, l'empire perdu et Dinosaure, mais qu'importe. On y trouve des titres mystérieux qui côtoient des musiques symphoniques, ainsi que de sympathiques balades. Un festival auditif en somme. Bonne pioche aussi du côté de la version française, particulièrement pour Patrick Bruel qui s'en sort admirablement avec Sinbad, ce dont j'avais fortement émis des réserves avant de voir le film. Excellente surprise également pour Monica Bellucci sur Marina, décidément très à la mode en cette année 2003, grâce notamment à son rôle pourtant limité dans Matrix Reloaded et sa suite.
Au final que doit-on retenir de cet ultime long métrage 2D des studios Dreamworks ? Qu'il s'agit d'un agréable film d'aventure matinée de mythologie. Agréable d'un bout à l'autre, même s'il reste foncièrement prévisible, Sinbad, la légende des sept mers est somme toute une bonne surprise qui ne transcendera pas le cinéma d'animation, mais qui se laissera revoir avec plaisir de temps à autre.
Olivier J.H. Kosinski - 18 octobre 2013
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21 octobre 2004
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Doublage (France - 2003)
Sinbad : Patrick Bruel
Marina : Monica Bellucci
Éris : Emmanuelle Bondeville
Proteus : Damien Ferrette
Roi Dymas : Michel Ruhl
Kale : Marc Alfos
Le Rat : Eric Métayer
Voix additionnelles :
- Marc Perez
- Cindy Tempez
- Bernard Tixier
- Omar Yami
- Michel Barbey
- Fabien Briche
- Alain Courivaud
- Igor de Savitch
- Jean-Michel Farcy
- Jean-Bernard Guillaud
Sources :
Forum Doublage France