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Tokyo Movie Shinsha
Détective Conan

Le sous-marin noir

Détective Conan - Le sous-marin noir est le vingt-sixième long métrage inspiré du manga créé par Gosho Aoyama. Il sort en salle au Japon le 14 avril 2023. Alors que les deux précédents films n'ont apporté aucun retour sur investissement, Eurozoom tente de sortir ce film en période estivale, le 02 août 2023. C'est malheureusement peine perdue car les cinémas, échaudés par les résultats catastrophiques des deux précédents films, décident dans leur grande majorité de ne pas le proposer en France, entraînant un 3e flop au box office alors qu'il est, à ce jour, le plus gros succès financier de la franchise au Japon. Pour autant TMS Entertainment renouvelle leur confiance en Eurozoom en leur confiant la sortie du 27e film en 2024.

Notons que dans ce film, Eric Legrand, qui doublait jusqu'à présent Rei Furuya dans les films et la série dérivée proposée sur Netflix, est remplacé par Mathieu Faliu. Considération purement personnelle, je trouve que cette voix convient beaucoup mieux au personnage.

N.B. : Si l'envie vous en prend d'alterner la lecture du manga avec les films, sans tenir compte de la série télévisée, j'ai établi une Chronologie Films / Mangas où je préconise de placer celui-ci entre les dossiers 10 et 11 du volume 104.

L'intrigue

Sur l'île de Hachijojima, au large de Tokyo, une équipe internationale d'ingénieurs est réunie pour une opération à grande échelle au sein de « La bouée du Pacifique », une installation en mer permettant de relier entre elles les caméras de sécurité des polices du monde entier. Pendant ce temps, Conan qui visite l'île avec les Détectives Juniors apprend qu'une employée d'Europol a été assassinée en Allemagne par l'organisation des hommes en noir. Inquiet, Conan se faufile dans la bouée du Pacifique et découvre qu'une femme ingénieur a été kidnappée par l'Organisation. Un grincement lugubre résonne à travers les fonds marins tandis qu'une ombre noire plane sur Ai Haibara...

Analyse de l'oeuvre

Si Conan a une extraordinaire longévité (il fête ses 30 ans en 2024 même s'il en a toujours que 7 dans l'histoire) avec de nombreuses apparitions sur grand écran, sa principale nemesis, à savoir l'organisation des hommes en noir, ne figure que très rarement au centre des scénarios des longs métrages. Jugez plutôt, Le sous-marin noir n'est que le quatrième film sur les vingt-six qui leur est entièrement dédié ! Même si leurs apparitions sur grand écran ont été très limitées en trois décennies, il est bon de se rappeler que chacune de leurs apparitions a toujours été la promesse d'une intrigue explosive, dans le sens premier du terme, puisque partout où l'organisation passe, rien ne reste longtemps intact derrière eux. A chaque fois, on se retrouve face à un intrigue très extravagante mais aussi particulièrement palpitante. Une chose est certaine, Le sous-marin noir rattrape totalement le semi-ratage de La fiancée de Shibuya car l'intrigue de ce 26e long métrage s'avère particulièrement haletante. Pour quelle raison ? Le sous-marin noir insuffle un détail qu'on avait un peu perdu de vue depuis plusieurs films : une grosse dose d'émotion. Cette fois, ce n'est pas du tout un élément extérieur qui déclenche les hostilités narratives, c'est un personnage aimé des spectateurs qui se retrouve au coeur de l'intrigue. Dès lors, on se sent particulièrement concerné par ce qui lui arrive, tout en comprenant les états d'âmes traversés par Conan. C'est d'ailleurs la toute première fois dans un film que Conan commet un impair, heureusement sans conséquence, car ses émotions lui font brièvement perdre tout discernement. C'est brillant de la part des scénaristes qui rendent Conan d'autant plus humain, malgré son cerveau à la logique souvent si froide et implacable.

Comme toujours avec les longs métrages de Détective Conan, Le sous-marin noir propose une intrigue autonome plus ou moins déconnectée du manga et de la série télévisée. En d'autres termes, le film peut s'apprécier même si l'on ne connaît pas forcément l'univers et ses personnages. Mais le long métrage prend une tout autre dimension lorsque l'on est fan de la franchise. Sans aller jusqu'à tomber dans l'excès du fan-service, Le sous-marin noir est une vraie madeleine de proust qui récompense ses plus fidèles adeptes. Le film regorge de sous-entendus et de clins d'oeil que seuls les fins limiers de Détective Conan peuvent repérer. Cela est d'ailleurs, à chaque fois, proposé de manière subtile et cohérente, sans jamais alourdir une seule seconde ce qui se passe à l'écran. A commencer par l'apparition d'un nombre très impressionnant de personnages, dont certains n'avaient plus été revus au cinéma depuis longtemps (le FBI par exemple), qui sont tous employés avec intelligence sans provoquer d'effet de masse. Parce que, en 30 ans, la mythologie de Détective Conan s'est en effet particulièrement étoffée. C'est donc très plaisant de retrouver toutes les grandes figures de la grande famille Détective Conan utilisées avec parcimonie avec un rôle, certes souvent fugace, mais toujours très pertinent dans l'intrigue. Il faut également reconnaître que Le sous-marin noir s'amuse beaucoup à tacler les grands sujets brûlants de l'actualité contemporaine, notamment en ce qui concerne les progrès de l'intelligence artificielle, de la reconnaissance faciale et ses abus, le monde impitoyable des hackeurs sans oublier l'art de la dissimulation et du travestissement.

Plus que la résolution du grand mystère de l'année (rappelons qu'il y a un film par an), Le sous-marin noir fait un point d'honneur de remettre au centre de l'intrigue ses personnages. Comme déjà indiqué plus haut, c'est la première fois au cinéma que Conan perd brièvement tous ses moyens. Il assiste, impuissant, au kidnapping de Haibara sans qu'il puisse y faire grand chose. L'organisation des hommes en noir est, toujours à ce jour, la seule dont Conan n'a jamais vraiment réussi à contrer leurs stratégies. Il est donc à chaque fois obligé de ruser pour arriver à ses fins, tout en faisant son maximum pour garder son identité secrète. Problème, il n'y parvient cette fois pas tout seul, car il se laisse cette fois envahir par ses émotions. Il obtient l'aide d'un personnage inattendu, que les fans de Détective Conan connaisse déjà bien, qui voit en lui la balle d'argent qui pourra détruire à jamais l'organisation des hommes en noir. Un fil rouge qui remonte à plusieurs années maintenant. Autre utilisation judicieuse et surprenante d'un personnage, celui de Ran. Très souvent effacée dans la plupart des longs métrages, Ran prend cette fois de nombreuses initiatives, car elle se sent particulièrement concernée par le sort de Haibara. L'intrigue du film lui offre deux grands moments d'action particulièrement inattendus, dans la mesure où, comme Conan, Ran se laisse elle aussi envahir par ses émotions au point de s'exposer volontairement au danger. On le sait depuis longtemps, lorsqu'elle tient à quelqu'un, il ne vaut mieux pas se mettre sur son chemin ! Autre apport intéressant du film, même s'il est cette fois encore relégué à un rôle surtout humoristique, Kogoro redevient le célèbre détective endormi, ce qui lui offre également un bref moment de gloire, lui qui avait quasiment disparu de presque toutes les intrigues récentes, y compris dans le manga.

Du côté des adversaires, tous les protagonistes de l'organisation répondent présent dans Le sous-marin noir. Cela va des plus anciens, Gin - toujours aussi impitoyable - et Vodka, tous deux présents depuis le premier chapitre du manga publié en janvier 1994, Vermouth, apparue au chapitre 239, aux plus récents, Kir, Chianti et Korn (chapitres 499 et 500), sans oublier bien évidemment Bourbon (chapitre 793), à savoir Amuro, devenu très populaire depuis sa première apparition et qui répond présent dans tous les films depuis. Fait notoire, Le sous-marin noir introduit également de façon visible sur grand écran, le numéro 2 de l'organisation : Rum. La grande révélation de l'identité secrète de Rum est particulièrement récente, puisqu'elle remonte à peine au volume 100 du manga même si elle a tenue en haleine nous autres lecteurs depuis sa toute première évocation dans le volume 86. On le retrouve ici dans un rôle particulièrement étoffé qui démontre à quel point celui-ci est encore plus calculateur et impitoyable que Gin. Il a également une grande mémoire photographique des personnes qu'il rencontre, ce qui le pousse, à travers ce film, à s'intéresser particulièrement à Conan Edogawa. D'ailleurs, alors qu'une grande majorité des lecteurs du manga considère les films comme hors continuité, il est intéressant de voir que Gosho Aoyama a particulièrement bien interconnecté l'intrigue de Le sous-marin noir avec les chapitres 1103 à 1112 (volume 104), qui servent de prologue au film, ainsi que les chapitres 1113 à 1115 (volumes 104 et 105) qui le suive directement et dont la toute fin du chapitre semble particulièrement effrayante pour l'avenir de Conan. De fait, il est indéniable que Le sous-marin noir s'inscrit pleinement en continuité du manga.

D'un point de vue technique, Le sous-marin noir s'inscrit dans la continuité des derniers films qui affichent une ambiation très photoréaliste. Détective Conan, comme de très nombreux mangas japonais, ont souvent de belles idées d'intrigues, mais qui s'inscrivent rarement dans un cadre fantaisiste. Là où la bande dessinée européenne, et même beaucoup de comics américains font preuve d'une fantaisie et d'une imagination débordantes lorsqu'il s'agit d'inventer des lieux de fiction, les mangakas japonais sont généralement incapables de retranscrire autre chose que la réalité brute. Ils se contentent le plus souvent de retranscrire de vrais quartiers de Tokyo ou de glisser leurs personnages dans tous les lieux touristiques du pays. Si l'on prend la peine de varier ses lectures, on se rend assez vite compte que les unités de lieu sont très souvent les mêmes d'un manga à l'autre, avec un prédominance pour Tokyo et ses alentours. Détective Conan, bien évidemment, reste dans le même schéma de reproduction graphique, car Gosho Aoyama a toujours souhaité inscrire son manga dans la réalité. Il s'inspire presque toujours d'évènements réels pour nourrir ses intrigues. Les films ont toujours fait de même, arrangeant simplement la réalité pour les besoins du scénario, comme la Tokyo Skytree qui devient la Bell Tree Tower, propriété de la famille de Sonoko, dans Le sniper dimensionnel. Quand à lui, Le sous-marin noir place son intrigue sur l'île volcanique Hachijo-jima, façon carte postale à un point que cela en devient destabilisant tant la rupture avec l'animation plus classique des personnages est discordante. Il en est de même de la base sous-marine secrète d'Interpol qui s'inspire du projet pharaonique Ocean Spiral qu'une entreprise japonaise veut construire en plein océan. Le diptyque Pokémon Écarlate et Violet s'inspire d'ailleurs lui aussi de ce projet fou comme nouvelle zone explorable dans la dernière extension parue en décembre dernier. Comme quoi, au Japon, les grands esprits se rencontrent.

Qu'on se le dise, de part son action palpitante, ses multiples rebondissements, son usage pertinent des personnages, sa dose de scènes explosives, une intrigue haletante sans aucun temps mort, un doublage français de meilleure facture que La fiancée de Shibuya (même si je trouve Donald Reignoux décidément envahissant dans le paysage du doublage français), une qualité graphique 2D soignée ainsi qu'une animation 3D plus discutable mais utilisée avec parcimonie, une bande originale de qualité et, surtout, la forte implication des spectateurs sensibles au destin de Haibara, Le sous-marin noir s'avère être un excellent divertissement. Je n'en attendais pas moins d'un long métrage mettant en scène la célèbre, tout autant qu'énigmatique, organisation des hommes en noir !

Olivier J.H. Kosinski - 12 janvier 2024

Bande annonce

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (Luxembourg - 2023)

Conan Edogawa : Ioanna Gkizas

Shinichi Kudo : Bruno Mullenaerts

Ai Haibara : Laetitia Liénart

Genta Kojima : Thierry Janssen

Ayumi Yoshida : Beatrice Wegnez

Mitsuhiko Tsuburaya : Marie-Line Landerwijn

Hiroshi Agasa : Thierry Janssen

Sonoko Suzuki : Jennifer Barré

Ran Mouri : Marie-Line Landerwijn

Kogoro Mouri : Franck Fischer

Naomi Argento : Adelin Chétail

Rei Furuya : Mathieu Faliu

Miwako Sato : Magaly Teixeira

Juzo Megure : Rémi Barbier

Pinga : Donald Reiggnoux

Kir : Claire Guyot

Gin : Jean-Marc Delhausse

Grace : Mélissa Windal

Vermouth : Guylaine Gibert

Yosuke Makino : Laurent Bonnet

Subaru Okiya : Reda Brissel

Jodie Starling : Célia Torrens

Sous-marinier : Damien Van-Liederkerke

Sources :
Carton Générique

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