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Tokyo Movie Shinsha
Détective Conan

La fiancée de Shibuya

Détective Conan - La fiancée de Shibuya est le vingt-cinquième long métrage inspiré du manga créé par Gosho Aoyama. Il diffusé au Japon le 15 avril 2022 où il commémore les 100 ans de la maison d'édition Shogakukan. Très déçu du résultat désatreux au Box Office du précédent long métrage, le distributeur français Eurozoom organise une grande avant-première dans 160 salles en version originale sous-titrée le même jour qu'au Japon, tentant au passage de mobiliser les fans via les réseaux sociaux. Mais la sauce ne prend pas du tout, si bien que très peu de salles vont proposer la version française à partir du 18 mai 2022 qui ne reste pas plus d'une semaine à l'écran dans la plupart des rares cinémas, constituant un second flop retensissant pour la franchise en France.

N.B. : Si l'envie vous en prend d'alterner la lecture du manga avec les films, sans tenir compte de la série télévisée, j'ai établi une Chronologie Films / Mangas où je préconise de placer celui-ci entre les dossiers 10 et 11 du volume 102. Fait particulier, connaître également le spin-off Wild Police Story est vivement recommandé.

L'intrigue

À Tokyo, le quartier de Shibuya bat son plein pour Halloween. Alors que Conan assiste au mariage des inspecteurs Sato et Tagaki, un agresseur fait irruption dans la salle en blessant ce dernier. Il survit à son agression mais cette attaque ravive chez Sato le souvenir du détective Matsuda, tué au cours d'attentats à la bombe il y a trois ans. Or, justement, au même moment, l'auteur de cet attentat, surnommé «Plamya», s'évade de prison et s'en prend à Toru Amuro en lui posant une bombe autour du cou. Il jure de se venger de tous ceux qui ont vu son visage, dans le passé comme dans le présent...

Analyse de l'oeuvre

Je dois admettre que c'est la toute première fois depuis que j'ai découvert l'univers de Détective Conan qu'un de ses longs métrages me déçoit autant. Je ne sais pas si la période de production en pleine période COVID en est la cause, mais le scénario de La fiancée de Shibuya est sans nul doute le plus faible jamais écrit de la franchise. C'est à n'y rien comprendre, car Takahiro Okura, bien que n'ayant rejoint la famille que seulement depuis 2016, avait proposé un excellent scénario pour le 23e opus Le poing de saphir bleu (assurément le film qui aurait dû être le premier à être diffusé en salle en France tant il est accessible et rondement mené). Mais le constat est là, La fiancée de Shibuya accumule les pires clichés des fictions du début des années 1990, ce qui fait paraître le long métrage comme un très mauvais bricolage scénaristique. L'intrigue emprunte, sans retenue et sans chercher une seule seconde à s'en cacher, de nombreux éléments à de grandes fictions du début des années 1990 sur grand comme sur le petit écran. Plus grave, le mystère entourant le dangereux terroriste est si prévisible que l'on devine qui il est dès sa première apparition à l'écran. Un comble pour une fiction Détective Conan qui a toujours cherché à multiplier les fausses pistes pour égarer ses spectateurs ! Ici, le scénario enfonce les portes ouvertes, en appuyant fortement sur les comportements anormaux du principal - et unique - suspect. A celà s'ajoute le côté abracadabrant de certaines situations (qui vire au n'importe nawak, surtout le final), l'éviction capillotractée du détective Kogoro Mouri (prouvant que les auteurs ne savent plus quoi faire de lui depuis plusieurs années) et, difficilement explicable, par le côté amorphe des comédiens français qui ne semblent ce coup-ci pas du tout convaincu par le film. Sans aller jusqu'à friser la catastrophe animée, cela reste globalement correct, La fiancée de Shibuya se rapproche dangereusement d'un bon gros nanar. La franchise Détective Conan avait pourtant toujours réussi à éviter cet écueil jusque-là, malgré son côté de plus en plus grandiloquent au fil des années.

Le principal problème de La fiancée de Shibuya, c'est qu'il est le premier long métrage où l'intrigue est très déconnectée de l'univers de Détective Conan. Le poing de saphir bleu avait déjà créé un précédent, puisque ce fut le tout premier long métrage ne se déroulant pas au Japon, mais le scénario incluait de façon malicieuse et logique tous les personnages historiques. Ce n'est pas du tout le cas de La fiancée de Shibuya où, excepté Conan qui reste la tête d'affiche habituelle, tous les personnages sont des accessoires dans une grande intrigue qui ne les concerne pas vraiment. En soit, et c'est une grande première, La fiancée de Shibuya s'inscrit comme le point culminant d'une intrigue parallèle à Détective Conan, écrite mais non dessinée par Gosho Aoyama, à savoir celle de Wild Police Story. Pour mieux saisir ce qu'est ce manga dérivé, il faut d'abord revenir sur un personnage : Rei Furuya, alias Tooru Amuro, alias Bourbon, alias Zéro (oui, il a beaucoup d'identités). Omniprésent aujourd'hui dans la franchise, il était pourtant un personnage arrivé très tardivement dans le manga à partir de 2012 et du volume 75. Amuro était un personnage particulièrement détonnant car il était présenté comme un homme aux origines métissées. Dans un Japon très conservateur, la couleur blonde de ses cheveux couplée à son teint basané avait clairement de quoi surprendre. Pour autant, Gosho Aoyama lui a offert un background particulièrement solide qui en a rapidement fait un personnage incontournable, d'autant qu'on est longtemps resté dans le flou s'il était un allié de Conan ou non. Mais depuis quelques années, il est devenu évident que le personnage est devenu une icône très plébiscitée du public japonais.

Il n'en faut guère plus pour que Shonen Sunday lui octroie un spin-off, Zéro à l'heure du thé, qui lui est entièrement dédié. La particularité de ce manga dérivé est de proposer des tranches de vie autour du personnage, dont les évènement se déroulent hors champ dans Détective Conan. Sans être totalement indispensables, les deux oeuvres peuvent donc se suivre en parallèle puisque quelques chapitres de Détective Conan s'achèvent là où commencent ceux de Zéro à l'heure du thé par exemple. Conscient de l'importance du personnage auprès de ses fans, Gosho Aoyama imbrique évidemment beaucoup ce "nouveau" personnage dans la grande mythologie de Détective Conan, lui donnant des liens avec plusieurs personnages historiques. Dès lors, l'imbrication d'Amuro devient si complexe que les séquences de flashback prennent souvent de plus en plus d'importance dans Détective Conan. Problème, cela empiète quelque peu sur les enquêtes de Conan lui-même, qui n'est pas vraiment concerné, et beaucoup de choses restent alors sous silence. Shonen Sunday propose alors de remettre tout cela dans le bon ordre, revenant sur le parcours d'Amuro et ses relations avec les autres personnages aperçus dans Détective Conan. Ainsi naît un second manga dérivé constitué de 13 chapitres, Wild Police Story que Gosho Aoyama scénarise mais ne dessine pas, où l'on découvre le tout jeune Amuro débutant à l'académie de police.

Plus que n'importe quel autre film de la saga, La fiancée de Shibuya s'inscrit donc comme un film Wild Police Story plus qu'un film Détective Conan. Le long métrage en est son prolongement naturel et logique, d'où cette sensation désagréable d'être, pour la première fois, face à un spin-off plutôt qu'un nouveau volet des aventures de Conan. Une filiation qui est d'ailleurs fortement accentuée par Gosho Aoyama lui-même qui se sert des chapitres 2 à 10 du volume 102 de Détective Conan comme tremplin au long métrage, puisqu'il intègre volontairement Wataru Date, Taka'aki Morofushi, Jinpei Matsuda et Kenji Hagiwara, tous présents dans ce long métrage. De là à se demander si Gosho Aoyama ne s'est pas un peu lassé de Conan (depuis bientôt 30 ans on peut le comprendre) en sautant sur l'occasion d'écrire pour un personnage à la philosophie très différente, il n'y a vraiment qu'un pas. L'idée n'est pas dérangeante en soi, elle est même légitime. Amuro est incontestablement un personnage très populaire, il est donc normal d'en faire le protagoniste central de La fiancée de Shibuya. Mais nous sommes devant une oeuvre estampillée Détective Conan, ce qui oblige le scénariste à faire des ajustements pas toujours très heureux pour justifier la présence des personnages de la franchise. De fait, les différents flashbacks du passé s'avèrent très envahissants tout en laissant vraiment très peu de place pour créer une vraie tension dramatique durant le présent. Pourtant, La fiancée de Shibuya se veut généreux par rapport aux anciens films, avec de très nombreuses scènes d'action notamment. Il y en a même beaucoup trop, dont certaines sont franchement tirées par les cheveux. Mais rien à faire, Conan et ses comparses semblent désespérément hors contexte dans ce film qui aurait dû mieux assumer d'être un vrai spin-off.

Pour ce qui est de l'ambiance, La fiancée de Shibuya reste heureusement très propre. Comme toujours, l'animation globale reste de qualité et fait honneur à la grande tradition des long métrage Détective Conan. On reste sur la même tendance au réalisme des décors que ce que proposait The Scarlet Bullet ce qui, paradoxalement, rend mathématiquement plus absurdes certaines grandes scènes d'action du film. Mais c'est un parti pris intéressant car l'ensemble du long métrage s'avère agréable à regarder. Tout aussi intéressant, Yugo Kanno remplace le compositeur historique Katsuo Ohno sur la bande originale. Contrairement à beaucoup de longs métrages Détective Conan, les compositions de Yugo Kanno font plus que simplement accompagner l'action. Plusieurs morceaux restent en tête une fois entendus, certains s'avérant même très marquants. Pour ce qui est des dialogues, la version japonaise s'en sort avec les honneurs, comme d'habitude, avec des comédiens très investis. Je n'en dirais vraiment pas de même des comédiens français qui semblent, cette fois, très peu convaincus par le long métrage. Ils ne s'investissent pas dans les rôles qu'on leur a confiés, surjouant souvent à outrance ou sans conviction aucune. C'est assez étonnant dans la mesure où cela n'était pas aussi flagrant dans le film précédent, ce qui me pousse à recommander de voir La fiancée de Shibuya exclusivement en VOST.

En faisant de La fiancée de Shibuya un prolongement non assumé de Wild Police Story, plutôt qu'un long métrage pleinement Détective Conan, il est indéniable que TMS a complètement raté son coup. L'équilibre narratif en souffre énormément, tandis que l'intégration de Conan semble constamment forcée. A cela s'ajoutent les emprunts beaucoup trop flagrants à différentes fictions, principalement américaines, qui rendent le film vraiment peu original, ce qui anéanti le peu de mystère que le scénario tente d'insuffler. C'est franchement regrettable.

Olivier J.H. Kosinski - 05 janvier 2024

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (Belgique - 2022)

Conan Edogawa : Ioanna Gkizas

Shinichi Kudo : Bruno Mullenaerts

Ran Mouri : Marie-Line Landerwijn

Mitsuhiko Tsuburaya : Marie-Line Landerwijn

Wataru Takagi : Mathieu Moreau

Miwako Sato : Magaly Teixeira

Rei Furuya : Eric Legrand

Kogoro Mouri : Franck Fischer

Jinpei Matsuda : Rémi Bichet

Hiromitsu Morofushi : Stéphane Roblès

Yuya Kazami : Laurent Bonnet

Ai Haibara : Laetitia Liénart

Ayumi Yoshida : Beatrice Wegnez

Genta Kojima : Thierry Janssen

Hiroshi Agasa : Thierry Janssen

Juzo Megure : Rémi Barbier

Sonoko Suzuki : Jennifer Barré

Elenika Lavrentieva : Taïssa Ulitskaïa

Christine Richard : Caty Baccega

Tsutomu Muranaka : Antoine Chapuis

Sources :
Carton Générique

3.5