Delgo est un film d'animation américain réalisé par Fathom Studios. Malgré l'impressionnante foule de comédiens américains jouant dans le film, il fut un échec retentissant. De fait, il est sorti directement en vidéo le 23 février 2011 en France, édité par la 20th Century Fox qui en a racheté les droits.
Malgré le fait qu'il - ou bien alors parce qu'il - a été un gros échec, Fathom Studio a tenté un procès contre James Cameron, lui reprochant qu'Avatar s'inpirait ouvertement de Delgo. L'affaire a été classée sans suite.
Dans un fantastique monde lointain, deux peuples ennemis, les Lockni et les Nohrin, s'opposent. Alors que Delgo, un jeune Lockni, tombe sous le charme de la princesse Kyla, celle-ci est kidnappée. A l'aide de ses amis et du pouvoir des pierres magiques, Delgo parviendra-t-il à délivrer Kyla et rétablir la paix entre les deux peuples ?
Voici un long métrage ambitieux qui partage la malédiction peu reluisante de quelques uns de ses illustres prédécesseurs : Delgo. Réalisé par Fathom Studios dès 1999, le long métrage a engloutit 40 millions de dollars au cours de sa réalisation mais ne rapporta au final moins de 700 000 dollars de recette... à travers le monde lors de sa sortie en 2008 !! En Amérique, on parle joyeusement de « Box Office Bomb », en France on dira plus gentiment qu'il s'agit d'un flop, même s'il est énorme ! Dans tous les cas, c'est un naufrage artistique aussi épouvantable pour Fathom Studios que l'avait été Le lutin magique pour Don Bluth une décennie plus tôt. Mais contrairement à ce dernier, qui nous avait véritablement pondu un bon gros navet cinématographique, Delgo propose quelques bonnes idées de base. Elles sont douloureusement compromises par une mise en scène un peu pauvre, une technique d'animation déplorable, quelques séquences franchement puériles et, surtout, un personnage secondaire débile qui devait être, dans une autre vie, le jumeau perdu de Jar Jar Binks ! A contrario, Delgo propose aussi quelquefois des scènes dantesques, notamment lors de la bataille finale, où s'affiche à l'écran plus d'un millier de personnages. Un mélange de genre vraiment très bizarre, qui nous conduit au final à penser que Delgo est un bon gros nanar bien sympathique. Voyons pourquoi.
Le genre fantastique en animation, tout comme celui de la science-fiction, ne fait décidément jamais de belles recettes au box office, alors que c'est généralement le contraire lorsqu'il s'agit d'un film avec acteurs. Il existe beaucoup d'exemples qui le prouvent : Taram et le chaudron magique pour Disney, Les cinq légendes pour Dreamworks, Epic - La bataille du royaume secret pour Blue Sky, Titan A.E. pour la Fox, Rebelle pour Pixar... etc. Tous n'ont heureusement pas fait des naufrages, mais ils partagent un certain mépris du public et des critiques. Delgo fait bien pire que la plupart d'entre eux, c'est une évidence. Ce n'est donc certes pas le chef d'oeuvre de l'année 2008 à connaître. Il n'empêche qu'il ne méritait pas une telle déconvenue. Parce que s'il y a bien une chose à retenir de ce long métrage, c'est la qualité de son très riche univers. Delgo, c'est ainsi l'histoire du peuple fier, conquérant et ailé des Nohrins qui fuit sa terre natale désolée, sans doute à la suite d'une lutte de pouvoir. Les Nohrins partent à la recherche d'une nouvelle terre d'accueil et finissent par être accueillis à bras ouvert à Jhamora par les Loknis, un peuple humble et profondément attaché à la terre. Le Roi Zahn envoie alors sa soeur Sedessa comme ambassadrice pour conduire son peuple dans ce nouveau foyer. Mais celle-ci, nourrissant d'autres sombres ambitions, commence peu à peu à réduire les Loknis, le peuple inférieur à ses yeux, à l'esclavage. S'autoproclamant Impératrice, elle assoit son règne en massacrant tous ceux qui s'opposent à elle.
Sa fourberie finalement découverte, Sedessa est bannie des deux royaumes. Mais sa vilenie a ancré à jamais un désir de vengeance et une haine farouche entre les Nohrins et les Loknis. Quinze années plus tard, toute confiance entre les deux peuples a depuis longtemps été oubliée. Habilement, sournoisement, Sedessa décide alors de nourrir cette haine grâce à des Nohrins rattachés à sa cause. Ne manque plus qu'un élément pour déclencher la guerre. C'est la Princesse Kyla qui va la lui servir sur un plateau d'argent en se liant d'amitié avec Delgo rencontré par hasard. Sedessa imagine un complot sournois, où elle fait croire que Delgo a kidnappé Kyla. Le Roi Zahn, trompé, n'a dès lors plus le temps de tergiverser, la guerre est la seule issue possible pour en finir une fois pour toute. Bref, vous l'aurez compris par vous même, le long métrage nous raconte ensuite comment Delgo et Kyla vont devoir s'unir pour faire cesser le conflit. C'est probablement là où le bas blesse dans Delgo car, au lieu de jouer sur un registre subtil, le scénario du film enfonce des portes ouvertes et dessine une relation amoureuse balourde. A peine rencontré, les deux héros tombent immédiatement amoureux, encore plus rapidement qu'Anna et Hans qui avaient quand même eu le temps d'une chanson pour se connaître ! Par la suite, le scénario de Delgo déroule de grosses ficelles narratives pas du tout inspirées. Malgré tout, on finit par s'attacher à cet univers alors qu'il a ses défauts.
En terme d'environnement et de décors, Delgo propose une très riche panoplie d'éléments dans le pur esprit fantasy. Avec ses îles flottantes, on fait même rapidement un parallèle avec le très bon film d'animation français Chasseurs de dragons. La faune tout comme la flore de Jhamora sont vraiment inventives, amusantes et parfois foisonnantes. Certains scènes de Delgo font même dans la démesure à l'image de cette scène d'introduction où Delgo joue le funambule sur des créatures étranges déchainées, celle où Delgo fuie un immense crabe, celle où Sedessa envoie son armée privée sur d'immenses créatures ailées, et on n'oubliera pas non plus la bataille finale et ses milliers de personnages à l'écran. Fathom Studios ayant visiblement absolument tout misé sur la richesse de l'univers de son film, on est alors d'autant plus chagriné, choqué même, de voir les personnages aussi mal animés. Démarche raide, animation saccadée, physionomie incohérente, exagération des gestes, clichés... tout y passe. En gros, Delgo n'offre rien de moins que des ersatz de personnages issus de la franchise Barbie qui aurait été à peine remodelés et habillés différemment. Ce qui n'est pas peu dire tant on souffre de les voir se mouvoir aussi désagréablement à l'écran !
Contrairement à Le lutin magique, véritable honte cinématographique, Delgo arrive sur la durée à nous rendre bienveillant avec lui. Pour une raison totalement inexplicable, on finit peu à peu par lui accorder le bénéfice du doute. On passe ainsi par plusieurs étapes : d'abord, c'est le choc pour ses personnages ; ensuite le mépris pour son scénario ; puis l'émerveillement naît pour son univers ; s'ensuit l'enchantement pour sa bande originale ; et finalement la compassion pour le film dans son entier. Quand Delgo se termine, on se rend finalement compte qu'on n'a pas passé un aussi désagréablement moment qu'on ne le supposait au départ. Mais à moins d'avoir gardé une âme enfantine, Delgo ne pourra satisfaire que les moins de 8 ans. En fin de compte, Fathom Studios aura simplement proposé quelque chose de bien trop ambitieux à porter sur ses fragiles épaules.
Olivier J.H. Kosinski - 28 août 2015
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Doublage (Québec - 2008)
Delgo : Alexandre Fortin
Princesse Kyla : Camille Cyr-Desmarais
Sedessa : Diane Arcand
Elder Marley : Yves Massicotte
Roi Zahn : Pierre Chagnon
Filo : Martin Desgagné
Bogardus : Jean Harvey
Raius : Jean-Luc Montminy
Doublage (France - 2008)
Delgo : Donald Reignoux
Princesse Kyla : Marie-Eugénie Maréchal
Sedessa : Véronique Desmadryl
Filo : Damien Ferrette
Raius : Pierre-François Pistorio
Bogardus : Patrick Béthune
Elder Marley : Antoine Tomé
Roi Zahn : Pierre Hatet
Sources :
Doublage au Québec
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