Annoncé dès 2010, le remake de Cendrillon a connu un départ tumultueux avant d'être confié à Kenneth Branagh en 2013. Le film est finalement sorti en salle le 13 mars 2015 au Québec puis le 25 mars 2015 en France. Le film a ensuite été commercialisé en avant première numérique à partir du 29 août 2015, avant de finalement être commercialisé en Blu-ray et DVD un mois plus tard.
Le père d'Ella, un marchand, s'est remarié après la mort tragique de la mère de la jeune fille. Pour l'amour de son père, Ella accueille à bras ouverts sa nouvelle belle-mère et les filles de celle-ci, Anastasie et Javotte. Mais lorsque le père d'Ella meurt à son tour, la jeune fille se retrouve à la merci de sa nouvelle famille, jalouse et cruelle. Les trois méchantes femmes font d'elle leur servante, et la surnomment avec mépris Cendrillon parce qu'elle est toujours couverte de cendres. Pourtant, malgré la cruauté dont elle est victime, Ella est déterminée à respecter la promesse faite à sa mère avant de mourir : elle ne se laissera aller ni au désespoir, ni au mépris envers ceux qui la maltraitent.
En 2010, Disney s'associe à Tim Burton qui propose une adaptation modernisée du conte d'Alice au pays des merveilles, le succès est alors au rendez-vous. Une nouvelle idée géniale germe petit à petit dans la tête des dirigeants du groupe : pourquoi ne pas proposer une nouvelle version de chacun de leurs films d'animation avec des comédiens de chair et de sang ? C'est vite oublier que le groupe s'y était déjà essayé deux décennies plus tôt, notamment avec Le livre de la jungle et Les 101 dalmatiens. Quelques années plus tard, Maléfique dépoussière le mythe de La belle au bois dormant. Qu'il ait été apprécié ou non par les critiques importe peu, le film, porté presque exclusivement par Angelina Jolie, est un succès. Disney décline sa nouvelle stratégie à tout va, officialisant une importante panoplie de futurs longs métrages à peine étalés sur les prochaines années. C'est donc sans aucune surprise que 2015 voit paraître à l'écran une nouvelle adaptation d'un des plus grands classiques de Walt Disney : Cendrillon.
Les 101 dalmatiens s'était borné à adapter le film d'animation de 1961 de manière la plus fidèle possible avec, pour seul notable changement, une actualisation vers une période plus contemporaine de l'histoire. Au contraire, Maléfique avait choisit de narrer une histoire radicalement différente, renversant les éléments clés de l'intrigue afin d'en dessiner une tragédie inspirée. Cendrillon, réalisé par Kenneth Branagh, choisit une troisième voie : celle de l'entre deux. Sa version de Cendrillon est à la fois une version remaniée du long métrage de 1950, mais également une version étendue de la même histoire. A mon goût, c'est là où le bas blesse, car en voulant naturellement étoffer le récit, chaque nouvel élément inédit désacralise et écorne le mythique Cendrillon de 1950. L'introduction du film, très allongée où l'on découvre la relation fusionnelle entre un père et sa fille suite à la disparition de la douce mère adorée, n'apporte en fin de compte rien de concret au récit. On sait d'avance que le père va mourir et qu'il aimait sa fille. Nous sommes en terrain connu, ce n'est qu'une énième adaptation d'un conte mondialement connu.
Cette larmoyante introduction inédite contribue dès lors à une conséquence fâcheuse, elle désamorce l'aura négative (et mythique) de Lady Tremaine. Dans les faits, Kenneth Branagh choisit d'expliquer les raisons de la médisante de la marâtre face à sa belle-fille, mais il la réduit en une forme de jalousie primaire : elle n'a pas été aimée par son nouveau mari autant que lui-même envers sa fille. En conséquence, ses décisions hautaines ne font jamais peur, Cendrillon passant même son temps à trouver des parades joyeuses pour se moquer d'elle. Incapable d'être vue comme une femme abjecte, sournoise et dangereuse, Lady Tremaine est réduite à une femme bafouée sans aucune consistance ni véritable autorité. Par effet domino, en voulant suivre un courant de pensée volontairement rétrograde, la confrontation passive entre Cendrillon et Lady Tremaine fait affreusement tâche. Rien ne peut dans cette version du récit justifier que Cendrillon soit aussi servile envers elle, car Lady Tremaine n'a pas les épaules solides pour lui résister, si ce n'est une promesse futile faite à sa mère sur son lit de mort puis renouvelée à son père.
Et encore, quoi de mieux que de préserver la maison de ses parents que d'envoyer son poing à la figure de Lady Tremaine ? Qu'aurait pu faire cette dernière contre Cendrillon à part crier au complot ? Se réfugier sous les jupes de ces filles idiotes ? Lady Tremaine, version 1950, était indéniablement plus abjecte, on savait que son âme était noire. Dans son diabolique regard, on lisait qu'un rien aurait pu déclencher une folie meurtrière. C'était suffisant, nous n'avions besoin de ne rien savoir d'autre. On comprenait qu'elle réduisait réellement Cendrillon à l'esclavage et à la misère sans aucun état d'âme, ne cherchant pas des faux semblant douteux, ni des moyens détournés, comme cette version 2015. Elle haïssait Cendrillon, ne la tolérai même pas. Du coup, plus ce vrai-faux remake avance, plus le fragile échafaudage se détériore à chaque minute qui passe. Cendrillon finit par en être réduite à une simple potiche... Le reste de la distribution, tout comme le chamboulement de leurs rôles connus, n'arrangeant pas cette situation hautement inconfortable.
Si Cendrillon échoue complètement à rester crédible dans son scénario, il se rattrape pourtant là où l'on ne s'y attend pas du tout : la qualité de ses décors, de ses accessoires et de ses costumes d'un côté, et sa formidable bande originale de l'autre. C'est par ces deux biais que la magie du film opère, je vous en fait la promesse si vous ne l'avez pas encore découvert ! On découvre tout un univers réellement féérique, richement décoré et pullulant de références au film de 1950 mais également, bien que très étonnant comme approche, à Le sortilège de Cendrillon. Beaucoup de scènes du film comportent de très nombreux comédiens et figurants, tous sans exception habillés de pied en cap par des parures uniques toutes plus ingénieuses les unes que les autres. Mention spéciale à la succulente scène du bal, où chaque convive porte des habits d'apparat magnifiques et sans aucune fausse note ! Sandy Powell, costumière en chef sur le film, ayant même l'habile idée de glisser des références aux autres couples princiers Disney (Oh ne serait-ce pas Belle ? Et là Ariel ? Et ici, Tiana, Aurore...).
Concernant les décors et les accessoires, avouons que les bonnes idées ne manquent pas, notamment le somptueux carrosse-citrouille. Que ce soit le manoir, son jardin, le village avoisinant ainsi que le château, tout a été fignolé jusqu'au moindre détail. Ce qui renforce d'autant l'authenticité des divers environnements du film. Cependant, on regrettera que les effets spéciaux numériques soient la plupart du temps ni malins, ni fortement inspirés. A croire que tout le budget du film a été avalé par les somptueux décors et costumes, empêchant que les effets numériques puissent se hisser à la même hauteur à l'écran. En particulier la métamorphose de la robe de Cendrillon, l'un des effets que j'attendais le plus avec impatience tant la version de 1950 est devenue iconique, mais qui ne fonctionne pas du tout dans cette version 2015. Concernant la bande originale, Patrick Doyle livre des musiques très inspirées, complètement éloignées du film d'animation de 1950, mais qui siéent à merveille au film. Plusieurs thèmes, dès la première écoute, captivent les oreilles qui les retiennent et les adoptent immédiatement comme si elles les avait toujours connus. On découvre aussi avec plaisir une version francophone du générique de fin, quelque chose qui avait été plus ou moins interdit assez régulièrement par Disney USA dans ses films récents, le succès de La Reine des neiges ayant contribué à ce retour en grâce. Bref, Cendrillon est une superbe réussite musicale.
A l'image de sa conception, un entre-deux entre une adaptation fidèle et une réactualisation, Cendrillon traîne dans son sillage cette dualité tout au long des 1h45 que dure le film. Il alterne entre les séquences narratives inutilement allongée et une mise en scène souvent plate, tandis qu'il offre visuellement un univers richement détaillé et une bande originale exceptionnelle. A la fois proche et éloigné de la version produite par Walt Disney, ce film n'arrive pourtant pas à dépoussiérer élégamment le conte de Charles Perrault. Dans le même genre, préférez-lui sans réserve la comédie romantique A tout jamais, avec Drew Barrymore et la magistrale Anjelica Huston. Au final, Cendrillon version 2015, ne conviendra qu'aux spectateurs tolérants, particulièrement ceux qui accepteront de retrouver une Cendrillon passive qui ne doit son salut que par la grâce de nombreux deus ex machina.
Olivier J.H. Kosinski - 27 septembre 2015
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02 mars 2021
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Doublage (Québec - 2015)
Ella / Cendrillon : Kim Jalabert
Lady Trémaine : Marie-Andrée Corneille
Anastasie : Catherine Brunet
Javote : Rachel Graton
Le Prince Kit : Xavier Dolan
Le Capitaine : Marc-André Bélanger
Le Grand Duc : Jacques Lavallée
Le Roi : Guy Nadon
Marraine la Fée : Pascale Montreuil
Le père d'Ella : Alain Zouvi
La mère d'Ella : Éveline Gélinas
Jeune Cendrillon : Marguerite D'Amour
Crieur public : Adrien Bletton
Doublage (France - 2015)
Ella / Cendrillon : Alexia Papineschi
Lady Trémaine : Juliette Degenne
Anastasie : Audrey Sablé
Javote : Ingrid Donnadieu
Le Prince Kit : Stéphane Fourreau
Le Capitaine : Namakan Koné
Le Grand Duc : Hervé Bellon
Le Roi : Bernard Tiphaine
Marraine la Fée : Laurence Breheret
Le Père d'Ella : Pierre Tessier
La Mère d'Ella : France Renard