Tom et Jerry, le film est actuellement le premier et l'unique long métrage d'animation paru sur grand écran du célèbre duo créé par Hanna Barbera. Il sort en salle le 02 décembre 1992 en France, distribué par Turner Entertainment alors propriétaire des personnages rachetés à la MGM quelques années plus tôt. Sa disponibilité au Québec est actuellement inconnue.
C'est le tout premier film d'animation distribué aux Etats-Unis par Disney tout juste un mois après avoir racheté Miramax et son catalogue en juin 1993 (le film étant sorti en salles en juillet 1993), devenu une filiale du géant du divertissement. Mais il s'agit du second long métrage animé distribué par Miramax, Freddie la grenouille l'ayant précédé un an plus tôt. Cependant, depuis 1996, le film, comme toutes les productions Hanna-Barbera, ont été absorbées par Warner Bros qui en détient les droits exclusifs depuis.
Tom et Jerry sont expulsés de leur coquette maison et se retrouvent à la rue, livrés à eux-mêmes. "Soyez amis et unissez-vous pour la vie" leur conseillent leurs nouveaux amis : le chien Socrate et sa compagne, la puce Frankie. Ils vont vivre, ensemble, des aventures palpitantes en aidant une gentille petite fille, Robyne, à échapper à sa tante Figue et à retrouver son père...
Il était une fois deux animaux anthropomorphes, un chat bleu-gris prénommé Tom et une souris marron prénommée Jerry, qui firent leurs débuts sur grand écran à travers de nombreux courts métrages produits par la MGM dès 1940. Leur histoire ? Elle se résume à un chat dont la vie de pacha, dans une maison de classe moyenne, est constamment chamboulée par une souris malicieuse qui lui en fait voir de toutes les couleurs. La principale particularité du duo ? Ils ne prononcent quasiment jamais la moindre syllabe, hormis le célèbre hurlement de douleur de Tom, dans chacun des courts métrages qui sont pour la plupart muets, à l'exception des personnages invités secondaires. Les deux compères sont nés de l'imagination fertile des deux géniaux William Hanna et Joseph Barbera qui créèrent de très nombreux personnages indémodables et intemporels, comme Les Pierrafeu, Yogi l'ours sans oublier l'incomparable Scooby-Doo. Tom et Jerry est cependant leur première réalisation d'envergure qui va connaître une popularité instantanée. Je fais d'ailleurs parti des fidèles du duo, que j'ai particulièrement toujours appréciés, même s'il faut quand même garder en tête que Tom et Jerry ont toujours traînés derrière eux un sombre nuage au dessus de leurs têtes durant leurs premières années, via une réputation sulfureuse, quelquefois une violence exacerbée (d'où trouve ses origines la parodie grotesque Itchy et Scratchy), voire parfois même relativement raciste, notamment à travers leur maîtresse qui prend les traits d'une esclave noire dont on ne voit que les deux chaussettes. Au fil des décennies, Tom et Jerry se sont cependant considérablement assagis sans pour autant perdre de leur mordant, mais il a fallu attendre 1992 pour les voir enfin débarquer dans un long métrage à leur gloire où ils vont, pour l'occasion, s'exprimer pour la toute première fois.
Je n'avais jamais vu Tom et Jerry, le film jusqu'à récemment. Primo, parce que j'étais trop jeune à l'époque de sa sortie en salle et n'était donc pas forcément au courant qu'il existait un long métrage à leur image. Secondo, parce que ce film a toujours eu une assez sale réputation aussi bien dans mon entourage que dans la presse de l'époque qui n'y était pas allée avec le dos de la cuillère à son encontre. Objectivement, il faut admettre que la transposition des deux compères au format long métrage accumule de nombreux ratés. Subjectivement, et avec trente années de recul, Tom et Jerry, le film n'est pas vraiment un navet non plus. Aujourd'hui, il semble surtout proche d'un bon gros téléfilm spécialement conçu pour la vidéo ou pour la télévision, à l'image de tout ce que produit Warner Bros Animation par exemple, mais il n'a vraiment pas les épaules assez solides pour réussir à porter l'immense carrure, ni le charisme, de Tom et Jerry. En clair, Tom et Jerry, le film n'a pas l'envergure d'un long métrage d'animation spécialement réalisé pour le grand écran. C'est là où réside la toute première des erreurs que compte le film.
La seconde grosse erreur intervient aux alentours de la dixième minute du film, Tom et Jerry se mettant désormais à parler, avec des voix qui ne leur conviennent pas du tout quelle que soit la langue, détruisant en un quart de dixième de seconde toute l'aura du mutisme légendaire des deux compères que l'on a bien du mal à reconnaître ensuite. Pour autant, Tom et Jerry, le film commence relativement bien car avant d'arriver à cette minute fatidique, l'essence des courts métrages est globalement respectée. On assiste ainsi à la mise à la rue du chat et de la souris, qui ratent tout bêtement le camion de déménagement, et se retrouvent livrés à eux-mêmes dans une grande ville dont ils ne connaissent pas les lois de la rue. Visuellement, Tom et Jerry, le film est même agréable à regarder, c'est d'ailleurs probablement le seul point sur lequel le long métrage ne peut pas réellement faire l'objet du moindre reproche. Il est vrai que, ça et là, le design des personnages a tendance à changer entre les différentes scènes, mais s'il fallait trouver à redire sur ce point, il faudrait alors en dire tout autant de chefs d'oeuvre tels que La petite sirène ou La belle et la bête qui comptent tout autant de casserole graphique du même genre que ce film. Bref, on retrouve à peu près le même style graphique et le même humour que les courts métrages qui avaient rendus les deux compères célèbres, peut être avec un peu moins de subtilité, mais c'est tout. Même les quelques éléments en 3D sont suffisament discrets pour ne pas heurter le regard.
Au delà de cette longue introduction, malheureusement, Tom et Jerry, le film a du mal à rendre authentique ses deux personnages, d'autant plus que leurs premières paroles constituent en réalité une chanson. C'est à travers nos oreilles cette fois que la troisième erreur du long métrage se fait immédiatement entendre. Réalisées sans aucune finesse, la majorité des chansons du film, disons même toutes, sonnent comme de mauvaises parodies. Souvent imité, jamais égalé, jusqu'à la sortie de Anastasia en 1997 tout du moins, le modèle Disney a systématiquement constitué une faute de goût dans quasiment tous les films de la concurrence. En pleine période d'âge d'or de Disney, tous les films animés du début des années 1990 se sont presque toutes cassées les dents du mimétisme car les studios ont tous oubliés de placer de la profondeur dans leurs chansons. Quand un personnages Disney chante, quel que soit la décennie que l'on choisi, il exprime généralement soit ses émotions de manière à fluidifier le récit, car cela serait moins percutant à travers des dialogues, soit il enrichit le background de l'intrigue, en étoffant le contexte ou un éclaircissant un évènement passé. Hormis quelques inévitables ratés, le studio Disney fait aussi en sorte de rendre une chanson mémorable, quitte à ce qu'elle reste en mémoire même au delà du film où elle est née. Dans Tom et Jerry, le film, les personnages chantent parce qu'il faut chanter, point à la ligne. Même les grands chanteurs français que sont Olivier Constantin, Claire Guyot ou Gérard Rinaldi n'arrivent pas à sauver les meubles, la version originale ne faisant pas mieux.
La quatrième erreur de Tom et Jerry, le film intervient dix minutes après la seconde, au moment où la jeune Robyne fait sa première apparition à l'écran. En soit, la jeune fillette n'est pas un mauvais personnage, le soucis provient surtout de son trait de caractère qui retarde d'au moins quinze bonnes années sur la concurrence, de Disney principalement. Mélange approximatif entre la pleurnicharde Penny prisonnière d'une tante un peu cinglée dans Les aventures de Bernard et Bianca et de la richissime, mais un peu crétine, Jenny de Oliver & Compagnie, Robyne n'est manifestement présente que pour justifier le format long métrage de Tom et Jerry, le film. Dès l'instant où elle apparaît, jusqu'au dénouement du récit, Robyne est tout bonnement propulsée principale héroïne du film, reléguant Tom et Jerry en de banals acolytes alors que le long métrage porte pourtant leurs noms sur le titre. Hormis dans son premier tiers, absolument tout le scénario tourne exclusivement autour de la jeune fille, de sa quête de retrouver son père tout en fuyant une femme diabolique. Le problème, c'est que son aventure à travers tout le pays est aussi ubuesque que tirée par les cheveux. Les pauvres Tom et Jerry traînant la patte dans son sillage, affrontant quelques épopées en solitaires tout aussi peu crédibles que le reste. De têtes d'affiche, Tom et Jerry sont honteusement relégués au second plan, constituant sans nul doute la plus grosse trahison du long métrage.
Malgré tout, comme déjà indiqué plus haut, Tom et Jerry, le film n'est ni un navet, ni un nanar. On y rentre juste comme on en sort, avec ce léger sentiment d'amertume et en se convainquant qu'il s'agit avant toute chose d'une oeuvre de seconde zone, à destination des jeunes enfants principalement, mais pas d'un projet ambitieux à la gloire de Tom et Jerry. Paradoxalement, si le long métrage déçoit, il n'est pas foncièrement désagréable à suivre non plus. Du moment que l'on accepte ses choix, aussi hasardeux qu'ils semblent être, le long métrage ne souffre d'aucun problème de rythme et la plupart de ses scènes s'enchaînent de manière plutôt cohérentes dans le cadre du récit. Il en va de même des chansons qui, même en n'étant aucunement mémorables, n'écorchent pas vraiment non plus les oreilles. Tom et Jerry, le film est donc principalement un concept atypique qui ne réussit jamais à transcender deux héros mythiques.
Olivier J.H. Kosinski - 14 juin 2019
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Doublage (France - 1992)
Tom : Gérard Loussine
Jerry : Jackie Berger
Robyne Starling : Claire Guyot
Mlle Pauline Figue : Micheline Dax
Capitaine Kiddie : Jacques Balutin
M. Leshebotte : Raymond Gérôme
Socrate : Luc Florian
Frankie la puce : Michel Mella
Dr Joues de Pomme : Gérard Rinaldi
Ferdinand : Henri Courseaux
Couac : Jean-Claude Corbel
Le policier : Bernard Farge
Papa Starling : Patrick Floersheim
Abner : Jean Lescot
Droopy : Jean Lescot
Lummox : Olivier Proust
Le déménageur : Olivier Proust
Le pilote de l'hélicoptère : Pascal Germain
La maitresse de Tom : Anne Deleuze
Les chats :
- Jean Stout
- Michel Chevalier
- Olivier Constantin
- Vincent Grass
- Claude Lombard
Sources :
Planète Jeunesse