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Tic et Tac, les Rangers du risque

Annoncé de longue date, Tic et Tac, les Rangers du risque - Le film est proposé en exclusivité sur Disney+. Il sort simultanément en France et au Québec le 20 mai 2022. Le long métrage ne dispose que d'un unique doublage francophone, réalisé en France.

L'intrigue

Tic et Tac vivent parmi les personnages de dessins animés et les humains dans le Los Angeles d'aujourd'hui, mais leurs vies ont bien changé. Cela fait plusieurs décennies que leur série à succès a été brutalement arrêtée, et les deux compères ont pris des chemins bien différents. Lorsqu'un ancien acteur de la série disparait mystérieusement, Tic et Tac doivent reprendre leur rôle de rangers du risque pour sauver leur camarade...

Analyse de l'oeuvre

En vérité, j'aime bien les comédies animées d'espionnage. On devrait même inventer une catégorie spécifique pour ce genre tant tous les studios d'animation y sont allés de leurs propres versions. Cela va des plus gros studios, comme Les pingouins de Madagascar de Dreamworks Animation SKG, comme relever un peu le niveau d'une saga en mort cérébrale depuis plusieurs années, à l'image de Le cygne et la Princesse - En mission secrète ! de Street Light Animation. Cela déborde d'ailleurs largement au-delà du monde de l'animation, puisque beaucoup d'autres oeuvres se sont lancées dans cet exercice périlleux. Car la comédie d'espionnage repose sur un concept fragile, c'est un très subtil jeu d'équilibriste qui ne fonctionne parfaitement que si tous les éléments sont finement dosés entre eux. Un seul point d'achoppement, c'est tout le château de carte qui s'écroule. La plupart du temps, pour que la comédie d'espionnage fonctionne, il faut au moins parvenir à réunir quatre éléments de base : 1 - un scénario original, accessible, simple et efficace qui puisse être compris même par les néophytes ; 2 - avoir une maîtrise technique irréprochable pour construire un univers crédible et immersif, afin de se démarquer de la masse des productions du même genre ; 3 - Intégrer un maximum de références à la pop culture que seuls les plus érudits sauront remarquer afin de jouer de connivence avec ses spectateurs ; 4 - Savoir doser parfaitement le fan service à outrance pour que leurs apparitions soient aussi naturelles que possible, voire même logique dans le déroulé de l'intrigue. À ceux-là, on pourrait d'ailleurs ajouter un 5e élément : une bande originale qui décoiffe comme cerise sur la gâteau. Ce qu'il y a de formidable avec Tic et Tac, les Rangers du risque - Le film, c'est qu'il arrive à les foirer à peu près tous.

Tout le monde le sait, rien qu'avec le titre qui l'indique, mais juste au cas où, Tic et Tac, les Rangers du risque - Le film est inspiré d'une série d'animation télévisée très populaire entre 1989 et 1990 et qui a fait les grandes joies du jeune public, notamment ceux rivés devant le Disney Club en France. Gros succès d'audience en son temps, Tic et Tac, les Rangers du risque est constituée de 65 épisodes, répartis en trois saisons, qui mettaient à l'honneur deux petits personnages alors très mineurs dans le catalogue de Disney. Nés en tant que simples rongeurs parasites qui dérangeaient les personnages historiques de la marque, c'est surtout leur constante affrontation avec le pauvre Donald Duck, qu'ils adoraient faire tourner en bourrique, qui les a rendu populaire. Lorsqu'au début des années 1980, Michael Eisner décide de lancer Disney vers le chemin de productions dérivées spécialement conçues pour la télévision, il est rapidement décidé que le meilleur moyen pour qu'elles puissent se démarquer de la concurrence était de surfer sur la popularité de leurs personnages déjà existants. Picsou ouvre la voie, Winnie l'ourson suit, puis Tic et Tac viennent. Après eux, il a Baloo, Dingo et tant d'autres ensuite. Fidèle à ses grandes traditions de ne pas trop étirer ses séries, et cela malgré les forts succès d'audience, Tic et Tac, les Rangers du risque s'éteint au bout de trois saisons. Ils se font alors oublier pendant trois décennies.

Dès 2014, les bruits de couloirs de la reprise des personnages sont dans les tuyaux, qui ne se concrétisent cependant véritablement que quelques années plus tard. On annonce dès lors un film mêlant animation traditionnelle, animation 3D et prises de vue réelles, dans la droite lignée du célèbre Qui veut la peau de Roger Rabbit. La communication du film va d'ailleurs très fortement jouer de connivence avec ce monument du cinéma de l'année 1988, comme si  Tic et Tac, les Rangers du risque - Le film en était, enfin, sa digne héritière tant attendue. C'est là d'ailleurs que se joue la première trahison du long métrage. Les deux films ne jouent absolument pas dans la même catégorie. Les deux oeuvres n'ont absolument rien d'autre en commun que de faire apparaître Roger Rabbit brièvement dans le second. Qui veut la peau de Roger Rabbit était avant toute chose une oeuvre intelligente et mature qui voulait rendre hommage au cinéma d'animation des années 1930 à 1950. Car, ne l'oublions pas, à l'origine, les cartoons Warner ou les Silly Symphonies étaient conçues pour le cinéma. Toutes les fibres de l'oeuvre trahissaient l'amour et le grand respect de l'ensemble de leurs contributeurs. Chaque scène, chaque apparition de Toon, chaque dialogue est réfléchi de manière à rendre l'intrigue cohérente et, cela, malgré les importants anachronismes. Tout est dosé avec une rare minutie, l'apparition de chaque Toon est tout à la fois une vraie surprise et cohérente avec l'intrigue. Qui veut la peau de Roger Rabbit ne s'enfonce jamais dans la nostalgie, mais reste dans la forme d'hommage respectueuse. Tic et Tac, les Rangers du risque - Le film, au contraire, est à l'image de la génération TikTok, un spectacle décérébré qui en met plein la vue en oubliant totalement de raconter quelque chose. Et quand bien même c'est le cas, à de rares reprises, on est tellement noyé par la masse des références qu'on finit par en avoir un haut-le-coeur. Le long métrage regorge de personnages invités qui ne sont là que pour assurer le buzz et faire parler d'eux sur les réseaux sociaux. Enlever-les du récit que cela n'en fera aucune différence. Et ceux qu'on espère le plus voir sont traités comme de vrais boulets.

Il faut dire que Tic et Tac ne sont pas franchement aidés par le scénario co-écrit par Dan Gregor et Doug Mand. C'est un juste un gros fourre-tout. Non seulement le duo ne parvient pas un seul instant à rendre l'intrigue palpitante, mais ce qui s'avère le plus gênant est ce constant constat de regarder un horripilant plagiat de productions de secondes zones, dont il passe pourtant son temps à tirer constamment à vue, alors qu'il en est un lui-même ! Chaque scène, chaque rebondissement, chaque gag n'a absolument aucune originalité. C'est du pur réchauffé opportuniste et mercantile. Tic et Tac, les Rangers du risque - Le film enfile les redites les unes à la suite des autres, pompant sans vergogne tout ce que l'on peut trouver chez la concurrence. Plus grave, même le fil rouge de l'intrigue est un repiquage éhonté de Carnage chez les Puppets. Lui, au moins, malgré son côté provocant, assumait pleinement son délire. Tic et Tac, les Rangers du risque - Le film se prend tellement au sérieux que cela en devient vite un spectacle consternant de bêtise. Les péripéties des deux personnages sont tellement vide de contenu qu'une fois le film terminé, on est bien incable de retenir la moindre scène iconique. Peut-on en dire de même de Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Combien de scènes sont devenues aujourd'hui mythiques ? Donald et Daffy jouant du piano ? La révélation du méchant ? La première apparition de Jessica Rabbit ? Toon Ville ? Benny ? Que retient-on de Tic et Tac, les Rangers du risque - Le film au juste ? A part les innombrables caméos sans intérêt ? Absolument rien.

L'autre énorme trahison du film est relative à son choix de réalisation technique. Là encore, alors même que toute la communication s'évertue à insister sur ce point, la confrontation de l'univers 2D avec l'univers 3D est en réalité inexistante. Tic et Tac, les Rangers du risque - Le film s'amuse, en théorie du moins, à mettre en scène l'affrontement choc entre la vieillissante et nostalgique époque de l'animation 2D, face à la technologie jeune et contemporaine 3D. Une dichotomie que l'on retrouve directement sur les personnages eux-mêmes. Tic, c'est le personnage austère, vieillissant, pas en accord avec son époque, qui reste ancré dans le passé et donc en "2D". Tac, c'est le gars énergique, sans prise de tête, spontané et totalement intéressé par l'apparence, il s'est donc fait lifter en "3D". Tandis que l'un s'est finalement dégoté une carrière, même s'il ne l'apprécie guère, l'autre passe le plus clair de son temps à capitaliser sur son ancienne gloire, sans jamais y parvenir. Aucun des deux n'est évidemment heureux. Là où ça fait assez mal, c'est le traitement opéré sur Tic. Ne cherchez point à voir une seule fois sa jolie bougne en 2D poindre le nez dans le long métrage, Tic est devenu lui aussi un modèle 3D comme son comparse. La seule différence réside dans le choix de rendu opéré.

Si Tac bénéficie d'une apparence 3D détaillée comme on en trouve dans de nombreux films, Tic est lui animé selon l'animation 3D en cel shading. Un modèle numérique simpliqué rehaussé de contour noir, comme dans les séries Ronja, fille de brigant ou encore les récentes saisons de Les mystérieuses cités d'or. Problème, si Tac est à peu près potable, Tic s'incruste assez mal aux environnements réels. Même les intéractions animation/réel sont totalement ratées, c'est dire à quel point on est tombé bas. Et ce constat est récurrent sur presque l'intégralité des personnages "2D "du film. Soit c'est de la fausse 3D maquillée qui se veut faire passer pour de la 3D, soit c'est de l'animation en Flash plate et sans le moindre volume. Dans les deux cas, ça fait mal aux yeux. Lorsqu'à un moment du film, les personnages se moquent des technologies numériques, on se rend assez vite compte que les auteurs n'ont visiblement pas saisi l'ironie de la situation. Tic et Tac, les Rangers du risque - Le film ridiculise les technologies d'animation 3D alors que lui-même ne sait pas s'en servir correctement non plus ! Comble de paradoxe, l'un des personnages est présenté comment incapable de tourner son regard vers celui des autres, alors que tout le restant du film, il en sera soudain capable. Tic et Tac, les Rangers du risque - Le film passe son temps à recevoir des retours de flammes car, à chaque fois qu'il tente de plaisanter ou de dénoncer, il n'a pas assez de recul pour transformer ça en jolie parodie. Cela fait déjà quelques années que je constate que Disney, le studio qui était à la pointe de l'animation 2D au monde, est devenu aujourd'hui l'ombre de lui-même dans son propre domaine de prédilection.

Au final, Tic et Tac, les Rangers du risque - Le film ça se regarde, ce n'est pas totalement horripilant, mais c'est surtout un film kleenex. Même le doublage français laisse à désirer.  A porté de main quand nécessaire, il est vite utilisé puis jeté à la poubelle sans qu'on n'ait plus jamais à y toucher. Les deux Rangers rongeurs ne semblent ici être devenus l'ombre d'elles-mêmes, dans une intrigue qui veut dénoncer les dérives de la nostalgie et du mercantilisme alors qu'elle s'y enfonce sans retenue pour retenir captifs les malheureux spectateurs bien trop sensibles à leurs souvenirs passés. Certes, ça n'a pas totalement terni les deux personnages, bien trop populaires pour en pâtir vraiment, mais Tic et Tac, les Rangers du risque - Le film ne les aura certainement pas fait grandir.

Olivier J.H. Kosinski - 17 juin 2022

Bande annonce

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20 mai 2022
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Disponibilité selon restriction territoriale

Voxographie Francophone

Doublage (France - 2020)

Tic : Guillaume Lebon

Tic jeune : Sauvane Delanoë

Tac : Antoine Schoumsky

Tac jeune : Kaycie Chase

Jack le Costaud : Paul Borne

Ellie Steckler : Justine Berger

Cool Pete : Bruno Salomone

Ruzor : Thierry Desroses

Gadget : Virginie Ledieu

Bob : Sylvain Lemarié

Skeletor : Jean-Michel Vaubien

B.O.B. : Jean-Michel Vaubien

Tigra : Nathalie Karsenti

Bjornson : Serge Faliu

Baloo : Xavier Fagnon

Sonic le moche : Laurent Maurel

Roger Rabbit : Gérard Surugue

Lumière : Guillaume Beaujolais

Sources :
Carton Générique

2.5