Sur la terre des dinosaures, le film est un long métrage d'animation inspiré par la série de documentaires britannique du même nom proposée par la BBC en 1999. Il sort en salle le 18 décembre 2013 en France et le 20 décembre 2013 au Québec. Il dispose de deux doublages francophones. Notons également que le long métrage existe dans une version dépourvue de tous dialogues exclusivement dans les éditions Blu-ray. Le film intégre la collection numérotée Gulli le 02 novembre 2014 où il porte le numéro 57.
Au temps où les dinosaures régnaient en maîtres sur terre, notre histoire suit les aventures de Patchi, le dernier né de sa famille. Sur le long chemin qui le mènera vers l'âge adulte, il devra survivre dans un monde sauvage et imprévisible, et faire face aux plus dangereux prédateurs. Quand son père est tué, le jeune Patchi, son grand frère Scrowler, et son amie Juniper sont séparés du reste de la horde pendant la grande migration...
Les dinosaures ont toujours fasciné le monde entier, d'abord parce que l'on a trouvé de nombreuses preuves de leur existence fossilisée dans les roches, ensuite parce qu'ils ont pratiquement tous disparu il y a 65 millions d'années. Leur taille impressionnante, puisque ses animaux ont été parmi les plus massifs ayant foulé la Terre, tout comme l'effroi que peut provoquer la simple immense mâchoire d'un T-Rex, ont déchaîné des milliers de théories et engendré une fascination sans commune mesure sur toute la planète. Au fil de la découverte des nombreuses espèces différentes, scientifiques, artistes et grand public n'ont eu de cesse de vouloir les faire revivre, d'une façon ou d'une autre. Le monde du cinéma n'a pas été épargné par ce phénomène, on trouve trace de dinosaures dès les origines. Le tout premier représentant d'entre eux se nomme d'ailleurs Gertie The Dinosaur qui fait son apparition dans un court métrage d'une quinzaine de minutes créé par Winsor McCay en 1914. Gertie y est l'attraction majeure, apparaissant pendant près de 7 minutes dans un petit film d'animation muet à l'intérieur même de ce court métrage. Une décennie plus tard, en 1925, on retrouve des dinosaures sous un nouveau jour dans le film muet The Lost World, inspiré du roman d'Arthur Conan Doyle. Ils y sont cette fois animés en stop motion. Mais c'est surtout King Kong en 1933 qui va marquer le public durablement. Par la suite, on retrouve de nombreuses autres apparitions de dinosaures, même chez Disney qui leur consacre une segment entier de Fantasia. Chaque nouvelle décennie et nouvelle technologie du cinéma voit systématiquement réapparaître les dinosaures, amenant aussi parfois des variantes, comme le célèbre Godzilla japonais, bien que n'étant pas un dinosaure, mais qui reste dans l'esprit d'une espèce éteinte qui revient à la vie sous une forme mutante. Les années 1980 et 1990 marquent évidemment un tournant majeur dans leur représentation. D'abord à travers le touchant Le petit dinosaure et la vallée des merveilles, le raté Les quatre dinosaures et le cirque magique et, bien évidemment, Jurassic Park qui chamboule tout le paysage cinématographique.
Tout comme les dinosaures ont fasciné le public à travers leurs nombreuses représentations artistiques, ils ont aussi beaucoup été théorisés par les scientifiques pendant près de deux siècles. Les connaissances à leur sujet vont petit à petit évoluer au fil des décennies. Leur perception a donc beaucoup évolué à travers les époques. De plus en plus souvent, même dans le cadre de la trilogie originale Jurassic Park, on a cherché à avoir de plus en plus une vision réaliste et en accord avec les découvertes de chaque époque. De ce constat, de ce regain d'intérêt pour les dinosaures et de la montée en puissance de l'animation 3D, a découlé une idée logique : la vulgarisation sous forme de documentaires. Ainsi naît en 1999 le concept de Sur la terre des dinosaures sur la chaîne britannique BBC. Au menu, Tim Haines et Jasper James imaginent le concept d'un documentaire animalier, monté et narré de la même façon que n'importe quel autre documentaire du même genre, mais avec des dinosaures comme seuls protagonistes. Ce qui en fait la différence majeure par rapport à la formule des anciens documentaires dont les dinosaures étaient surtout des concepts. Ici, il s'agissait surtout de recréer les conditions d'un "vrai" tournage animalier mais au milieu des animaux préhistoriques. Une idée ingénieuse et innovante à ce moment là. Même si les six volets de Sur la terre des dinosaures font parfois des choix incohérents, fantaisistes ou sensationnalistes, qui font toujours débat de nos jours, ils impressionnent le public en 1999 par la qualité d'intégration des animaux numériques dans des décors réels. Si l'on oublie évidemment Dinosaure de Disney, qui lui tiendra la dragée haute à peine quelques mois plus tard.
Plusieurs fois saluée, de nombreuses fois rediffusée dans de nombreux pays, l'émission Sur la terre des dinosaures est par la suite déclinée par la BBC en différents concepts gardant la même ligne directrice avec toutes sortes d'animaux de différentes époques. Chacune ayant plus ou moins de succès, jusqu'à l'avènement d'une vrai-fausse docu-fiction qui propulsait des paléontologues dans une faille spatio-temporelle. C'était en 2006, sous le titre de Prehistoric Park, qui referme le cycle des documentaires de la BBC, dans un esprit de crossover entre les différentes époques. Quelques années s'écoulent, quand, finalement, il est décidé de transformer l'essai en portant le documentaire au cinéma. L'idée initiale était d'ailleurs de suivre le même principe que l'émission de 1999, en proposant rien de moins qu'un grand documentaire animalier sur grand écran, un peu dans l'esprit des productions Disneynature. Mais les choses ne se déroulent finalement pas vraiment comme prévu au départ. Le co-producteur américain, en l'occurrence 20th Century Fox, n'est pas satisfait de la proposition de la BBC, trouvant le documentaire trop pesant. En compromis, même si les grandes lignes sont respectés, deux nouvelles séquences sont ajoutées, une au début du film et une autre à la fin. Dans les deux, on y retrouve des humains qui servent à ouvrir et refermer le récit, ce qui détonne particulièrement avec tout le reste du film. L'autre choix, plus discutable, est de rajouter des voix aux personnages afin de les humaniser. Ce choix, très compréhensible de par la nature du film qui aurait été pesant pendant plus d'une heure auprès d'un public d'enfant, est sans nul doute ce qui plombe le plus Sur la terre des dinosaures, le film. Plus encore qu'à l'époque des six épisodes de 1999, ce long métrage avait pour ambition d'offrir un spectacle animalier le plus réaliste qui soit, sans forcer ni fioriture particulière. Loin, donc, d'en faire un divertissement à la Jurassic Park ou Dinosaure, mais ce n'est pas ce que l'on a eu au final.
Alors que l'intention était louable, l'humanisation des personnages alourdit considérablement Sur la terre des dinosaures, le film qui peine à accrocher le spectateur. Celui-ci se trouve perdu par le système de narration du film, souvent infantile au possible voire carrément niais, et ne sait plus vraiment ce qu'il est en train de regarder. Un sentiment qui est renforcé par les instantanés, très fréquents dans le film, qui présentent à l'écran une à une chaque nouvelle espèce façon carte d'identité. Cela renforce alors ce sentiment d'être devant un documentaire animalier pour enfants, tirant inexorablement vers le bas toute la proposition du long métrage. A cela s'ajoute l'éprouvant triangle amoureux entre Patchi, son frère Scrowler et Juniper, qui semble tout droit sorti d'un mauvais épisode de série scolaire pour adolescents typiquement américaine. Tout cela a alors conduit à un rejet quasiment unanime de la presse et du public pour Sur la terre des dinosaures, le film. Contre toutes attentes, la BBC va alors effectuer un volte-face inattendu en proposant une version complètement révisée du film en Blu-ray : la "Cretaceous Cut". Sauf que, là encore, la BBC rate à nouveau le coche en faisant un choix tout aussi décrié que la version initiale du film. Sur la terre des dinosaures, le film se voit retirer les deux scènes avec les comédiens et toutes les voix-off du film, mais ne revient pas un seul instant sur son montage, conservé tristement à l'identique. Plusieurs scènes, déjà douteuses dans la version initiale - notamment les gags - deviennent encore plus gênantes lorsqu'elles sont débarrassées des voix. En somme, comme le choix d'apporter des voix, afin de destiner le film à des enfants, a chamboulé la production du film en conséquence, le résultat final de la "Cretaceous Cut" en devient irrémédiablement boiteux et - ironiquement - extrêmement pensant. De fait, cette version révisée fait fuir d'autant plus vite tout spectateur adulte qui n'arrive pas à accrocher devant plusieurs séquences rendues totalement artificielles. Un cas comme dans l'autre, Sur la terre des dinosaures, le film se plante donc complètement et n'arrive jamais une seule fois à faire autant rêver que les six documentaires de 1999.
Reste-t-il quelque chose à sauver de Sur la terre des dinosaures, le film ? Je dirais quand même que oui, même si c'est très peu. Par exemple, il ne faut pas hésiter à admirer le film dans sa version stéréoscopique 3-D qui sublime la plupart des paysages naturels qui ont été utilisés durant le film. Certes, surtout 13 ans après Dinosaure, la technique d'incrustation n'est pas aussi pointue que Disney l'avait fait en 2000, mais il faut reconnaître que l'ensemble est filmé avec panache. Cela reste très appréciable, d'autant plus que le long métrage se permet quelques effets de jaillissements de temps à autre, ce qui est assez rare pour être souligné. Sur la terre des dinosaures, le film offre aussi de beaux moments de contemplation comme quelques-uns où la tension est palpable, dans la droite lignée de l'héritage du documentaire animalier de 1999. C'est malheureusement à peu près tout ce qu'il y a de plus intéressant dans le long métrage qui, malheureusement, ne restera pas dans les annales des meilleurs films de dinosaures.
Olivier J.H. Kosinski - 23 juillet 2023
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Doublage (Québec - 2013)
Alex : Olivier Visentin
Patchi : Gabriel Lessard
Ricky : Lou-Pascal Tremblay
Juniper : Eloisa Cervantes
Scowler : Jean-François Beaupré
Oncle Zack : Patrick Chouinard
Jade : Marguerite D'Amour
Doublage (France - 2013)
Pachi : Emmanuel Curtil
Alex : Xavier Fagnon
Roch : Boris Rehlinger
Juniper : Élisabeth Ventura
Voix-Off : Jules Timmerman
Sources :
Doublage au Québec
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