Contrairement au film précédent, Les Muppets attaquent Broadway sort bien au cinéma en France, mais assez tardivement, le 17 juin 1987, trois ans après la sortie américaine. Sa sortie en salles au Québec, en version francophone, est inconnue. Le long métrage change finalement de titre lors de sa sortie VHS en France pour Les Muppets à Manhattan, ce qui va entrainer la rumeur autour de l'existence d'un titre et d'une version québécoises. Rien ne le prouve à ce jour, c'est bien le même doublage proposé des deux côtés de l'Atlantique et, surtout, le registre d'immatriculation de la cinématographie et de l'audiovisuel français confirme que le titre proposé en salle était bel et bien le premier. À ce jour, Disney n'a pas les droits autour de ce long métrage, car ils sont détenus par Sony via ses filiales Colombia Pictures et Tristar. On ne le trouve donc pas sur Disney+ mais il est cependant accessible en DVD et sur certaines plateformes de vidéo à la demande concurrentes.
Les célèbres Muppets sont bien décidés à prendre d'assaut Broadway avec leur spectacle de fin d'étude "Manhattan Melodies". Après une arrivée mouvementée à New York, ils se lancent immédiatement en quête d'un producteur. Hélas, l'accueil est loin d'être aussi enthousiaste que prévu. Les portes se ferment les unes après les autres et tout le monde désespère. Il leur faut alors se résoudre à l'impensable, dissoudre définitivement leur joyeuse troupe. Tous vont devoir désormais voler de leurs propres ailes chacun de leur côté...
Alors que La grande aventure des Muppets a, assez inexplicablement, raté la marche au box office lors de sa sortie en salle à l'époque, la joyeuse bande de marionnettes allumées a tout de même droit à un troisième service dans un nouveau volet cinématographique en 1984 : Les Muppets attaquent Broadway. Nettement moins barré que son prédécesseur, le long métrage revient plutôt dans une formule proche de celle adoptée par le premier film où les Muppets sont à nouveau surtout des comédiens qui jouent un rôle, comme de vrais acteurs, et non plus des marionnettes de théâtre improvisant sur scène pour faire rire leur public, comme le proposait le Muppet Show et le second film. Plus étonnant, tout au long de la projection, il se dégage de Les Muppets attaquent Broadway l'énorme sentiment qu'il s'agit là d'un dernier grand baroud d'honneur des personnes. C'était comme si une grande époque était sur le point de se terminer pour de bon.
Une étrange anticipation sur ce qui s'est réellement produit ultérieurement car, malheureusement, leur célèbre papa Jim Henson ne reverra plus jamais de son vivant sa joyeuse bande de Muppets au complet dans un nouveau long métrage au cinéma. Il faudra en effet attendre huit longues années pour que Brian Henson reprennent le flambeau en leur offrant de nouvelles aventures sur grand écran. Les Muppets attaquent Broadway annonce aussi un bien involontaire passage de relais entre deux grands amis puisque Jim Henson réalisa d'abord tout seul La grande aventure des Muppets, il s'associa ensuite avec Frank Oz, le célèbre animateur de Yoda et Miss Peggy, pour tourner leur oeuvre phénomène Dark Crystal, et, enfin, Frank Oz qui reprit une dernière fois le flambeau en réalisant son premier long métrage, celui qui nous intéresse précisément ici, Les Muppets attaquent Broadway. Frank Oz étant l'un des derniers artisans encore en vie des célèbres marionnettes.
Aussi savoureux que La grande aventure des Muppets puisse être, la réalité de l'époque a montré que son contenu n'avait pas vraiment trouvé son public en 1981. Frank Oz abandonne tout ce qui faisait la grande particularité du film précédent, à savoir la ville de Londres, pour ramener à nouveau toute la joyeuse troupe aux Etats-Unis. Tandis que La grande aventure des Muppets était un prolongement naturel du Muppet Show, Les Muppets attaquent Broadway va lui se placer en suite spirituelle à Les Muppets, le film. Les deux oeuvres ne peuvent cependant pas vraiment être connectées entre elles car de nombreux éléments scénaristiques sont en totale contradiction d'un film à l'autre. Pour autant, les deux films partagent la même approche des personnages et, surtout, semblent former un tout. Les Muppets, le film servant simplement à introduire les personnages sur le grand écran, en racontant leurs origines improbables. Les Muppets attaquent Broadway s'inscrit au contraire en une sorte de conclusion, puisque la majorité de l'intrigue repose sur l'inévitable séparation d'un groupe d'amis très soudés qui échouent finalement à trouver une place dans la grande ville de New York qui n'a désormais plus vraiment besoin d'eux.
C'est principalement à ce niveau que se dégage ce fort sentiment nostalgique du film, accentué par la chanson d'adieu des personnages au premier tiers du film. Les Muppets attaquent Broadway prend ainsi un malin plaisir à déconstruire longuement les relations entre les personnages, pendant pratiquement la moitié du film de façon assez pessimiste, mais aussi, finalement, très réaliste. Cela fait alors naître une très forte empathie pour Kermit qui se retrouve abandonné de tous et doit faire face à cette immense solitude. Mais cet élément majeur est une astuce assez bien ficelée que nous réserve le film de Franck Oz, car il utilise un twist malicieux dans la dernière ligne droite du récit qui va, dès lors, justifier que tous les Muppets se réunissent à nouveau pour faire front face à un objectif commun.
Contrairement à La grande aventure des Muppets qui se voulait très intemporel dans son ambiance, revoir Les Muppets attaquent Broadway nous replonge entièrement dans les années 1980. Esthétiquement, le long métrage a beaucoup moins bien vieilli, sans que cela ne lui retire pour autant certaines de ces qualités. Véhicules, vêtements, coupes de cheveux, environnement urbain, sans oublier les traditionnels invités surprises, tout est définitivement coincé dans cette époque lointaine. Je fais donc un avertissement à tous ceux qui auraient une forme d'allergie certaine pour cette période que le long métrage retranscrit assez fidèlement en fin de compte. Quand bien même, cela n'est pas nécessaire de faire l'impasse sur Les Muppets attaquent Broadway qui offre suffisamment de matière pour en oublier ce qui s'avère être simplement un détail. Au niveau des effets spéciaux, le long métrage semble nettement moins sophistiqué que La grande aventure des Muppets, sans doute parce que le budget du film avait été revu à la baisse suite à l'insuccès du second film en salle.
Ce n'est pas gênant pour autant, l'intrigue ne justifie pas vraiment d'avoir recours à des effets spéciaux compliqués. Si ce n'est ça et là quelques idées farfelues, comme ce moment burlesque où Miss Peggy chausse des patins à roulette pour poursuivre un voleur, les Muppets se contentent avant tout de jouer leurs rôles. La seule innovation du film résidant principalement dans la première apparition des Muppets Babies, peut-être pas forcément la plus brillante idée de Jim Henson, qui s'accompagne cependant d'une chanson terriblement entêtante que tout le monde garde immanquablement en tête une fois le film terminé. Ce qui a poussé, devant leur succès, à la déclinaison d'une série animée pour enfants par la suite. C'est d'ailleurs à partir de ce moment que le film prend vraiment son envol jusqu'à proposer une conclusion digne de ce nom, où même les personnages de Sesame Street, naturellement invités pour l'occasion en tant que membre de la famille qui ont vu naître le marié, font une brève apparition.
Moins délirant que La grande aventure des Muppets, mais plus solide que Les Muppets, le film, Les Muppets attaquent Broadway nage un peu entre les deux. Plus intime dans son approche des personnages, qui passent cette fois par une plus large palette d'émotions, le long métrage réussit surtout l'exploit de rendre ces poupées plus humaines malgré leurs traits de visage et leurs regards figés. Paradoxalement, en se voulant plus sage, le long métrage perd au passage le côté fun qui faisait la marque de fabrique du Muppet Show. Mais, dans un sens, c'est finalement une bonne chose, cela permet à Les Muppets attaquent Broadway de se démarquer de ces deux prédécesseurs tout en lançant les personnages vers des terres inconnues propices à toutes sortes de nouvelles aventures. La "trilogie" classique des Muppets se termine donc, bel et bien, en baroud d'honneur.
Olivier J.H. Kosinski - 10 décembre 2021
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Doublage (France - 1987)
Kermit : Patrick Préjean
Gonzo : Serge Lhorca
Baby Gonzo : Claude Rollet
Statler : Serge Lhorca
Jill : Maïk Darah
Bill : Jacques Ciron
Rowlf : Claude Nicot
Eileen : Béatrice Delfe
Ronnie Crawford : Luq Hamet
M. Skeffington : Philippe Dumat
Martin Price : Pierre Hatet
Fozzie : Jacques Ebner
Secrétaire de Price : G Pigeon
Animal : Claude Joseph
Vieille dame : Renée Regnard
Rizzo : Pascal Renwick
Rat : R Teyssot
Manoeuvre : G Berthomieu
Patron du restaurant : M Bardinet
Jenny : Agathe Mélinand
Patron parfumerie : J Roche
Lanceur de poisson : Y Barscacq
Beth l'oursonne : A Thomas
Liza Minnelli : A Thomas
Roller skater : M Dekset
Waldorf : S Lhorca
Stadler : C Joseph
Brooke Shields : R Teyssot
Docteur : M Messager
Cochon : Pascal Renwick
Sources :
Forum Doublage France