Le second long métrage des Muppets ne connait pas les joies d'une diffusion en salles dans le monde francophone. Sa sortie vidéo semble d'ailleurs tout aussi chaotique puisque La grande aventure des Muppets est doublé par Disney pour la première fois dès 1994 dans le cadre de la collection VHS Salut les Muppets, comme le confirme la bande annonce de lancement d'époque. Il n'est pourtant finalement pas du tout commercialisé en VHS sans qu'on en connaisse la raison. Le long métrage a possiblement été proposé à la télévision à la place, sans que je puisse l'affirmer. C'est finalement Elephant Film qui récupère les droits du film en le commercialisant pour la première fois en DVD de 2005 jusqu'en 2012. Ce long métrage a réintégré le catalogue Disney depuis. Le film subit le même sort au Québec, où le film ne sort, a priori, pour la première fois en DVD qu'en 2005 également sous le titre de La grande comédie des Muppets. Dans les deux cas, c'est le même doublage français qui est proposé.
Les diamants de Lady Holiday, créatrice de mode, sont dérobés au nez et la barbe de tous en plein milieu de la rue ! Pourtant sur place, mais n'ayant pas réussit à prendre une photo du voleur, les reporters Kermit et Fozzie décident de faire toute la lumière sur cette affaire et s'envolent sur ces traces directement pour Londres ! Mais très vite, Miss Piggy sême la zizanie en se faisant passer pour Lady Holiday. Quand on découvre le somptueux collier de diamants dans ses poches, il ne fait plus le moindre doute que c'est bien elle la voleuse...
Fort de l'immense succès du premier long métrage en salle et alors que le célèbre Muppet Show tire définitivement sa révérence sur la petite lucarne quelques semaines plus tôt, Jim Henson remet le couvert dès 1981 en réalisant lui-même un nouveau film avec ses célèbres marionnettes : La grande aventure des Muppets. Tandis que Les Muppets, le film tentait une nouvelle approche dans la construction narrative par rapport au Muppet Show, ce second opus va tout au contraire en épouser toute sa logique. A la manière d'un café-théâtre improvisé, tous les comédiens et les Muppets ont ainsi parfaitement conscience qu'ils jouent un rôle spécialement pour divertir leur auditoire, au point parfois d'en oublier complètement qu'un public les regarde. Il en résulte tout un tas de scènes cocasses où les personnages brisent le quatrième mur, font des constatations drôlissimes sur la mise en scène improbable, se plaignent au réalisateur ou se livrent à des joutes verbales mémorables en constatant que leur partenaire de jeu en fait parfois un peu trop. La grande aventure des Muppets propose ainsi, dès sa scène d'ouverture, une sorte de contrat tacite où le public est invité à prendre part, involontairement, aux évènements d'une grande intrigue avant toute chose amusante. On finit très vite par se retrouver happé par le délire général, typique de l'esprit des Muppet, comme si nous faisions nous aussi partie de cette grande famille. Bref, La grande aventure des Muppets fait encore mieux que le premier film, ce qui rend inexplicable sa grosse gamelle au box office à sa sortie !
Alors que Les Muppets, le film était un grand road movie à travers les États-Unis, Jim Henson fait le choix de délocaliser toute l'action de La grande aventure des Muppets en Grande-Bretagne, plus précisément à Londres, à l'endroit même où est né le succès du Muppet Show. Pour développer l'intrigue, Jim Henson choisit de rendre hommage aux polars du début du siècle dernier, à mi-chemin entre le film de gangster des années 1930 et le film noir des années 1940. Dans un sens, le long métrage anticipe l'approche adoptée par le futur Qui veut la peau de Roger Rabbit, dont le roman est cependant paru la même année. Mais les Muppets le proposent évidemment à leur sauce. Alors que la protagoniste principale du récit est normalement Lady Holiday qui subit d'odieux vols de bijoux (magistrale Diana Rigg cabotinant à tout va), La grande aventure des Muppets s'amuse surtout à jouer aux quiproquos propres aux comédies britanniques. Alors que Kermit et Fozzie tentent de regagner leurs galons de journalistes en couvrant cette retentissante affaire, Miss Peggy saisit l'opportunité d'être considérée comme une Grande Dame et se fait passer pour Lady Holiday. Et le piège se referme peu à peu autour d'elle. La victime pas tout à fait innocente finit par devenir la principale suspecte de ce rocambolesque vol de bijoux !
Tandis que le fil rouge de l'intrigue surfe sur le genre policier du début du siècle dernier, La grande aventure des Muppets ajoute une troisième dimension propre à leur domaine de prédilection : la comédie musicale des années 1920 à 1950 ! Celles-ci sont caractérisées par leurs légèretés, au détriment d'une vraie logique narrative, histoire de mettre en lumière la plastique et le talent de leurs interprètes. Sauf qu'ici, hormis quelques séquences mémorables qui font intervenir de vrais personnes, ce sont principalement les Muppets eux-mêmes qui se livrent à un festival de scénettes musicales qui en mettent plein la vue et les oreilles des spectateurs. Rien que la première scène d'introduction vaut à elle-seule le coup d'oeil, car elle parvient à rester crédible tout en relevant intégralement de la pure parodie. La plupart des figurants, dont certains ne sont clairement pas de vrais danseurs, font un peu n'importe quoi, ce qui offre un bien joyeux chaos bordélique à l'écran. La grande aventure des Muppets emprunte ici l'esprit typique des cartoons musicaux parodiques de l'ancienne époque. Ensuite, les personnages débarquent à l'Hôtel du Bonheur, un endroit atrocement décrépi où règne pourtant une ambiance festive. Plus loin, un moment de drôlerie simpliste : Kermit se livre à un solo délirant où les personnes chargées des effets spéciaux du film se mettent soudain à improviser. Kermit remarque l'embrouille, mais fait comme si de rien n'était arrivé et continue son solo le plus naturellement du monde. On n'oubliera pas non plus les séquences mettant en scène Piggy et ses nombreux rêves éveillés. C'est ça l'esprit des Muppets.
Techniquement, La grande aventure des Muppets assume un parti-pris visuel rétro et décrépi. Une manière de placer l'intrigue en dehors du temps, un peu comme le faisait déjà le Muppet Show, et ainsi permettre de placer de savoureux anachronismes. Si le long métrage garde un esprit fortement années 1980, plusieurs scènes du film semblent provenir de plusieurs époques différentes. Si l'ambiance du récit frôle le polar des années 1930 et 1940, la plupart des costumes s'inspirent surtout des années 1960. Quand Piggy s'introduit dans la maison d'un étrange couple anglais, on se croit soudain propulsé à l'époque Victorienne de Londres. Au niveau de la mise en scène et des trucages employés, La grande aventure des Muppets fait, forcément, beaucoup mieux que Les Muppets, le film en son temps. La très courte séquence de Kermit faisant du vélo était impressionnante en 1979 ? Qu'à cela ne tienne, il y en désormais neuf dans une bien plus longue scène musicale cette fois-ci ! L'expérience acquise par les cinq années du Muppet Show est totalement perceptible. Certaines scènes semblent un peu moins bien fonctionner que d'autres ? Peu importe, spectateurs et personnages sont de connivence car ils ont tous conscience des limites de l'exercice. Jim Henson s'échine alors à attirer l'attention vers une main pendant que l'autre tremblote un peu. On est proche de la prestidigitation, et ça fonctionne.
Une chose est certaine, La grande aventure des Muppets fait absolument tout en mieux. Meilleure intrigue, meilleur délire, meilleurs effets, meilleurs pétages de plomb, tout ou presque respire la joie et la bonne humeur. Et si, comme d'habitude, c'est Miss Piggy qui vole totalement la vedette à tous les autres grâce à ses innombrables friponneries, on passe tout de même un excellent moment devant un film qui, en fin de compte, tient parfaitement la route. La grande aventure des Muppets est assurément un petit plaisir coupable !
Olivier J.H. Kosinski - 03 décembre 2021
La lecture des vidéos directement depuis le site nécessite l'installation des cookies "eXperience" et "Catalogue" ainsi que des cookies tiers "Youtube" et "Vimeo". Conformément à la décision de la CNIL datant du 27 juillet 2016, votre consentement est donc nécessaire pour activer cette fonctionnalité.
03 avril 2012
DVD Plus de détails Acheter (Neuf ou Occasion)
10 décembre 2013
Blu-ray - Collection de 2 films Plus de détails Acheter (Neuf ou Occasion)
Doublage (France - 1994)
Sortie VHS 1994 toutefois annulée
Exploité ensuite à partir de 2005 (DVD)
Kermit la Grenouille : Luq Hamet
Fozzie : Francis Lax (Dialogues)
Fozzie : Gerard Rinaldi (Chant)
Miss Piggy : Claire Nadeau (Dialogues)
Gonzo : Jean-Francois Kopf
Nicky Holiday : Michel Dodane
Sweetums : Michel Dodane
Mike Tarkenian : Albert Augier
Le gentleman britannique : Michel Prud'Homme ?
Le conducteur de bus : Jacques Dynam
Pops : Gerard Rinaldi
Scooter : Michel Dodane (Voix 1)
Scooter : Gerard Surugue (Voix 2)
Rizzo le Rat : Michel Dodane
Rowlf le Chien : Michel Dodane
Floyd Pepper : Michel Dodane
Dr. Teeth : Gerard Rinaldi
Janice : Brigitte Virtudes
Animal / Jean Sébastien : Michel Dodane
Zoot : Michel Dodane (Voix 1)
Zoot : Gerard Surugue (Voix 2)
Sam l'Aigle : Francis Lax
Lady Holiday : Annie Bertin
Dorcas : Lily Baron
Neville : Michel Prud'Homme
Stanley le maître d'hôtel : Albert Augier
Vieux client : Francis Lax
Peter Falk : Serge Sauvion
Homme britannique : Philippe Dumat
Statler : Gerard Surugue
Marla : Brigitte Virtudes
Waldorf : Michel Dodane
Dr Bec Bunsen : Michel Dodane
Lew Zealand / John : Gerard Surugue
Beauregard "Bo" : Gerard Rinaldi
Le conducteur du camion que vole Piggy : Philippe Dumat
Oscar le Grincheux : Gerard Surugue
Dirty Bird / Gros Nul : Luq Hamet
Henderson le garde : Gerard Surugue
Beauregard "Bo" : Francis Lax
Louis Kazagger : Francis Lax
Waldorf : Gerard Rinaldi (Voix 1)
Waldorf : Gerard Surugue (Voix 2)
L'employé de l'avion : Luq Hamet
Statler : Michel Dodane (Chant 1)
Statler : Gerard Rinaldi (Chant 2)
Sources :
Forum Doublage France