Analyse de l'oeuvre
En 2014, le premier grand film d'animation devenu le plus rentable de tous les temps s'apprête à fêter son vingtième anniversaire. A cette occasion, même si la franchise Le Roi Lion est quelque peu tombée en désuétude depuis 2003, Bob Iger souhaite commémorer l'évènement. Il propose à Disney Television Animation le soin de réaliser une nouvelle série animée, qui la dévoile officiellement le 9 juin 2014. Son nom ? La garde du roi lion ! Prévue en exclusivité pour une diffusion télévisée dès le mois de janvier 2016 aux Etats-Unis, la nouvelle série est cependant précédée d'un épisode pilote d'introduction diffusé le 22 novembre 2015 sobrement intitulé Un nouveau cri. Il faut cependant attendre le 27 janvier 2016 pour qu'il soit diffusé en France, sur Disney Junior. Durant l'intervalle, de nombreuses spéculations nourrirent les conversations des fans, plus particulièrement autour de l'énigmatique nouveau fils de Simba, le jeune lionceau Kion (que l'on se doit de prononcer à l'anglaise « Ka-i-on » soit dit en passant, alors que l'on ne dit pas « Ka-ia-ra » pour sa soeur). Tandis que la série s'apprête à faire ses premiers pas sur France 3 en septembre 2016, que vaut donc La garde du roi lion - Un nouveau cri ?
Ne tournons pas autour du pot, pour un adulte, La garde du roi lion - Un nouveau cri est un beau nanar en puissance, entièrement conçu et imaginé pour plaire uniquement aux 4/6 ans. Au delà de cette limite d'âge, il n'y a aucun remords à avoir pour passer son chemin. Entre un scénario indigent, qui trahit totalement le propos du premier film, une flopée de nouveaux personnages aussi immondes que ceux réalisés par les anciens talents de DisneyToons Studio durant leur pire période, et une bande originale aussi hétérocycle que débilitante, ce long épisode d'introduction donne clairement le ton de la série à suivre dès les premières minutes. Je vous ai choqués ? Passons donc en revue chacun des problèmes de ce téléfilm. Commençons d'abord par le scénario. Celui-ci pêche en premier lieu par son absence totale de cohérence avec la trilogie précédente, mais plus grave encore, avec les propos tenus durant le premier film. La garde du roi lion - Un nouveau cri remet ainsi en cause le rôle de Scar et sa jalousie envers son frère Mufasa. Scar aurait ainsi été autrefois le gardien d'un puissant rugissement mystique, qu'il aurait détourné à son propre profit, afin d'anéantir une précédente garde royale. Cette idée choque forcément le spectateur le plus attentif qui, non seulement trouve la ficelle bien trop grosse, mais également considère ensuite la relation cordiale entre Scar et Mufasa incohérente durant le premier film. Parce que sérieusement, comment Mufasa aurait-il pu encore tenir en estime Scar après le massacre de quatre lions ? De plus, Mufasa est-il complètement stupide pour n'avoir jamais eu connaissance de ce dramatique évènement dans sa propre tribu ? Cette histoire de « rugissement-magique-sorti-de-nulle-part » est plus proche de la facilité, que de la brillante idée narrative. C'est d'autant plus désolant que le réel but de La garde du roi lion - Un nouveau cri est de nous faire croire que la savane compte désormais sa nouvelle équipe de "Babies Avengers". Absurde !
Concernant la qualité visuelle, La garde du roi lion - Un nouveau cri offre ce qui existe déjà chez la concurrence depuis de nombreux années en matière d'animation pour enfants. Un mélange entre des arrières plans 2D plutôt bien travaillés avec des personnages affreusement moches animés avec un outil numérique de type flash. Un procédé assez commun qui permet d'économiser un maximum de frais pour les studios d'animation. Certes, cela n'est pas du tout condamnable, encore faut-il l'utiliser à bon escient. Ce qui ne semble pas être la priorité de Disney Television Animation qui nous offre pour La garde du roi lion - Un nouveau cri un univers sans aucune cohérence. Hormis Kiara, Pumba et Kion, qui sont les personnages les plus potables visuellement parlant, les autres personnages ne sont pas logés à la même enseigne. Les anciens personnages ont subit une affreuse chirurgie esthétique qui les rend difficilement reconnaissables (surtout Simba et Timon), tandis que tous les nouveaux personnages ont des designs infantiles mal assortis avec les autres. C'est un véritable exploit en soit ! Au niveau de la bande originale, La garde du roi lion - Un nouveau cri ne dispose pas non plus du moindre soin. Le téléfilm s'ouvre sur une chanson pop affreusement hors de propos, qui n'apporte rien au récit et fait regretter la magnifique introduction du premier film. Plus loin, le téléfilm se sent obligé de jeter aux orties le célèbre Hakuna Matata, clairement passé de mode pour Disney, pour nous pondre un Zuka Zama abêtissant. Ne soyez pas surpris si, ensuite, vos enfants vous tapent le cerveau avec cette chanson toute la journée ! Loin d'être terminé, le téléfilm enchaîne sur une chanson consacrée aux hyènes... qui est en réalité une version alternative d'une mélodie entendue dans L'étrange Noël de Monsieur Jack. Merci l'originalité. Enfin, La garde du roi lion - Un nouveau cri tente une dernière balade ratée, mal chantée en plus, qui n'aurait pas été reniée par les auteurs des chansons de la douteuse saga du petit dinosaure ! Pitié, au secours !!
Au vu de tous ces éléments, et n'ayant pas une once de fibre nostalgique, La garde du roi lion - Un nouveau cri annonce une série pauvrette en idées, qui ne satisfera que le jeune public à qui elle est entièrement dédiée. Il est vrai que je ne base cette analyse que sur ce téléfilm d'introduction, contrairement à mes habitudes où je préfère analyser une série dans son ensemble, mais La garde du roi lion - Un nouveau cri m'a tellement ennuyé que je ne compte absolument pas regarder la suite à l'avenir. Laissons donc ce téléfilm, et la série dérivée, à ceux pour qui ils sont destinés. Pour les autres, à moins d'être de nature très conciliante, oubliez le tout sans même avoir la curiosité d'y jeter un oeil. La seule bonne chose que l'on pourra retenir, c'est le retour de tous les comédiens francophones des personnages. Mais c'est une bien maigre consolation...
Olivier J.H. Kosinski - 12 août 2016
