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La disparition de Conan

Les deux pires jours de l'histoire

Détective Conan - La disparition de Conan, également connu sous le titre de La disparition de Conan - Les deux pires jours de l'histoire comme spécifié dans le sous-titrage, est un téléfilm spécial commémorant le 20e anniversaire du manga débuté en 1994. Il est diffusé pour la première fois au Japon le 26 décembre 2014. Il est commercialisé en France par l'éditeur Black Box, en même temps que huit autres titres de la collection, le 10 juin 2020 en version originale sous-titrée exclusivement. A l'heure actuelle, le film reste inédit au Québec.

N.B. : Si l'envie vous en prend d'alterner la lecture du manga avec les films, sans tenir compte de la série télévisée, j'ai établi une Chronologie Films / Mangas où je préconise de placer celui-ci entre les dossiers 1 et 2 du volume 86.

L'intrigue

Parti se détendre aux bains publics avec Ran et Ai, Conan se change dans les vestiaires auprès d'un homme ayant un comportement louche. Alors qu'il tente de s'en éloigner, Conan chute lourdement sur la tête, lui effaçant la mémoire. Le malfaiteur, pensant que Conan en a trop vu, décide de l'enlever en prétextant l'emmener à l'hôpital...

Analyse de l'oeuvre

Ce que l'on retient généralement de La disparition de Conan, c'est qu'il s'agit d'un téléfilm spécialement réalisé pour commémorer le 20e anniversaire de la création du manga et dont le scénario repose, en partie, sur la disparition rocambolesque d'Agatha Christie le 7 décembre 1926. La célèbre romancière a, en effet, disparue durant près de 12 jours avant d'être retrouvée dans l'hôtel Swan Hydropathic de la ville d'Harrogate au Royaume-Uni, sous le pseudonyme de Mrs Teresa Neele. La principale intéressée n'a jamais expliqué sa disparition, préférant se réfugier derrière une opportune amnésie, même si de nombreuses voix de l'époque pensèrent qu'il s'agissait d'une disparition totalement préméditée. L'intrigue de base de ce téléfilm s'appuie sur ce fait historique en l'appliquant à Conan qui, à la suite d'une chute au bain public, perd conscience, puis disparaît emmené par d'étranges hommes. Ceux qui sont un peu plus avisés savent que La disparition de Conan est également un crossover avec les personnages issus de la comédie japonaise Key of Life réalisée par Kenji Uchida et proposée en salle en 2012. Le long métrage, mettaient ainsi en scène les acteurs Masato Sakai (Sakurai), Teruyuki Kagawa (Kondo) et Ryoko Hirosue (Kanae), dont on retrouve leurs personnages durant ce téléfilm. Enfin, il existe une troisième catégorie de connaisseurs, encore plus rares. Ceux là sont ceux qui connaissent ce long métrage et peuvent alors témoigner que La disparition de Conan n'est rien de moins que la suite directe de Key of Life!

Pour pouvoir continuer à parler de La disparition de Conan, il est donc obligatoire de faire le point sur Key of Life car les intrigues des deux oeuvres sont totalement liées l'une à l'autre. En 2012, Kenji Uchida imagine une histoire singulière puisqu'elle débute par la tentative de suicide ratée de Takeshi Sakurai. Totalement au fond du gouffre, criblée de dettes, rejeté par son ancien amour qui va épouser quelqu'un d'autre et sa mise à mort par pendaison ayant échoué, Sakurai décide de se changer les idées en se rendant aux bains publics. Là, alors qu'il tente de voler, sans y parvenir, la clé du vestiaire d'une personne assise à côté de lui, il va, malgré lui, entraîner une réaction en chaîne dans les bains publics conduisant à la lourde chute d'un homme, Junitsu Kondo. Après le violent coup sur la tête qu'il reçoit, ce dernier oublie alors complètement son identité. Le hasard faisant si bien les choses, Sakurai en profite pour intervertir la clé de son vestiaire et, de fait, son identité avec la sienne. Sakurai découvre très vite que la chance semble enfin lui sourire, Kondo a une voiture de luxe, un appartement magnifique et des liasses de billets à ne plus savoir qu'en faire. Sakurai se rêve déjà milliardaire, dilapidant sans retenue cette fortune et remboursant tous ses créanciers.

Mais, tandis que Kondo tente de se reconstruire à partir de ces faux souvenirs de vie misérable, auprès d'une jeune femme un peu bizarre, rencontrée par hasard à la sortie de l'hopital, Kanae Mizushima, Sakurai réalise un peu trop tard que Kondo est en réalité un tueur à gage dont la réputation dans le milieu de l'ombre en fait une légende vivante. Evidemment, il finit par être engagé pour éliminer la femme d'un homme fortuné. L'incompétent Sakurai tente, au contraire et par tous les moyens, de sauver la vie de la jeune femme en essayant d'échaffauder un plan capable de leurrer ses commanditaires. S'ensuit alors tout une série de quiproquos comme seuls les japonais savent faire, jusqu'au moment où Kondo finit par retrouver tous ses esprits. Dès ce moment, la réalité du faux monde illusoire s'écroule pour Sakurai qui réalise vite que Kondo est bien plus douée que lui en la matière. Le problème ? C'est que Kanae s'est désormais installée dans la vie de Kondo et ce dernier doit désormais concilier entre sa vie de tueur à gage et son nouvel amour naissant pour elle. Je n'en dirais rien de plus, en ayant éludé la grande majorité des faits importants du film, si jamais vous souhaitez le découvrir, tout en vous donnant le maximum d'éléments pour la suite de mon analyse.

En 2014, Gosho Aoyama s'associe donc à Kenji Uchida pour élaborer le scénario de La disparition de Conan. J'ignore totalement comment les deux hommes en sont venus à collaborer ensemble pour ce spécial 20e anniversaire. Toujours est-il que Kenji Uchida va imaginer un script très élaboré qui va non seulement croiser ses personnages avec ceux de Détective Conan mais, surtout, proposer une intrigue qui se situe chronologiquement exactement dans la continuité de son succès en salle Key of Life. Si Masato Sakai est cependant totalement absent du téléfilm, contrairement à son personnage Sakurai (qui est repris par Testuya Iwanaga), Teruyuki Kagawa et Ryoko Hirosue campent ainsi à nouveau Kondo et Kanae dans le téléfilm. C'est d'ailleurs indirectement leur relation compliquée, et plus exactement le secret de la double vie dissimulée par Kondo, qui vont précipiter Conan dans la tourmente. Tout ce qui se déroule ensuite dans La disparition de Conan est un prolongement naturel de Key of Life. Mieux encore, Kenji Uchida s'amuse avec une dextérité exemplaire, à multiplier les clins d'oeils et les références à son long métrage, dont j'ai d'ailleurs choisi d'illustrer cette analyse. Le téléfilm s'avère alors d'autant plus délicieux à découvrir lorsque l'on enchaîne le film et ce téléfilm l'un à la suite de l'autre. La maîtrise de l'intrigue, totalement complémentaire au film, tout comme l'habileté de ces références, qui échappent pourtant aux yeux des profanes sans pour autant alourdir le récit, sont en effet vraiment remarquables.

Tout ceci précisé, un constat semble alors naturellement s'imposer. Le téléfilm La disparition de Conan n'est-il finalement rien de plus qu'un Key of Life 2 qui ne dit pas son nom dans lequel ont été invités les personnages de Détective Conan ? En vérité non, pas totalement, bien que le sentiment général le laisse entendre. Même si ses personnages tiennent une place très importante dans le récit, Kenji Uchida ne tire pas du tout la couverture à lui et donne toute la place qu'ils méritent aux personnages de Gosho Aoyama. Conan étant, plus ou moins, écarté de la majorité du récit, l'histoire accorde une grande place à tous les autres personnages de Détective Conan. En oubliant totalement le crossover avec Key of Life, le scénario élaboré par Kenji Uchida s'avère même très proche de ce que proposent les longs métrages de Détective Conan. Contrairement à Key of Life, La disparition de Conan élimine toute la partie humoristique qui le constituait et propose un scénario à l'allure très sérieuse comme tout ce que Gosho Aoyama aime proposer dans son manga. Il y a une disparition inquiétante, une sombre affaire de meurtres, un complot sournois dans l'ombre, des personnages qui enquêtent et même une ou deux scènes d'actions palpitantes. Bref, on est en terrain connu même sans rien connaître de Key of Life.

D'un point de vue technique, La disparition de Conan se démarque énormément de toutes les productions audiovisuelles proposées dans la saga jusque là. Plus proche dans sa conception des longs métrages que de la série télévisée, le téléfilm s'en démarque pourtant en adoptant un assez fort photoréalisme. Le choix est volontairement assumé dans la mesure où nombre de scènes visibles dans le téléfilm sont directement tirés des décors de Key of Life. Quand on connait le film de 2012, on reconnaît immédiatement chaque lieu, chaque endroit traversés par les personnages. Par effet d'uniformisation générale, tous les lieux propres à l'univers de Détective Conan sont ainsi considérablement enrichis en détails. Plus détaillés, plus fins, mais pourtant terriblement familiers, les lieux connus comme le bureau de Korogo ou la maison d'Agasa semblent criants de réalisme. C'est très agréable en vérité, le mariage des deux univers en ressortant tout aussi réussi que Lupin III contre Détective Conan, le film, alors que leurs designs respectifs sont radicalement différents. Seul détail regrettable, l'utilisation récurrente d'éléments animés en 3D, bien peu en accord avec le reste. Mais c'est déjà un grief pour tous les longs métrages, La disparition de Conan ne pouvant pas être pris en défaut sur ce point.

Etonnant, La disparition de Conan l'est véritablement. La commémoration du 20e anniversaire du personnage a provoqué une collaboration inattendue entre Gosho Aoyama et Kenji Uchida pour un résultat à l'écran plus que satisfaisant. Toutefois, le téléfilm gagne véritablement à être vu en ayant connaissance au préalable de Key of Life. Alors que celle-ci semble complètement accessoire dans le récit, connaître les deux oeuvres fait étonnamment gagner en profondeur La disparition de Conan. Le déroulement de l'intrigue sous forme non linéaire prouve aussi que Kenji Uchida maîtrise très bien son script et sait où mener tous les personnages. Il est en effet courant que le téléfilm, découpé en trois actes, revienne en arrière pour présenter certaines scènes sous un tout nouvel angle, obligeant, de fait, le spectateur à se triturer également les méninges pour mieux reconstituer le puzzle. Mieux, en connaissant déjà au préalable Key of Life, on sait par avance que ce que l'on va découvrir n'est rien de moins qu'une grande escroquerie, que rien n'est vraiment ce qu'il semble être, donnant dès lors une consistance énorme à la perte de mémoire de Conan. De fait, même si l'on sait que les antagonistes finiront forcément par être arrêté par Conan, on ne sait absolument jamais comment nous sommes amenés jusqu'au dénouement. Bref, La disparition de Conan gagne en intérêt dès lors qu'on intègre le fait que son histoire fait partie d'une dilogie parfaitement maîtrisée.

Olivier J.H. Kosinski - 05 septembre 2020

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