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Walt Disney Pictures
Cruella

Après un report de quelques mois, Cruella sort en salle en pleine période de pandémie sous différentes formes. Aux Etats-Unis, au Québec et dans une grande majorité des pays du monde, il est proposé simultanément en salle le 28 mai 2021 ainsi que sur Disney+ en accès Premium. La France ne pouvant mettre en place cette formule payante, en raison de la chronologie des médias, le propose uniquement en salle le 23 juin 2021.

L'intrigue

Escroc pleine de talent, Estella est résolue à se faire un nom dans le milieu de la mode. Elle se lie d’amitié avec deux jeunes vauriens qui apprécient ses compétences d’arnaqueuse et mène avec eux une existence criminelle dans les rues de Londres. Un jour, ses créations se font remarquer par la baronne von Hellman, une grande figure de la mode, terriblement chic et horriblement snob. Mais leur relation va déclencher une série de révélations qui amèneront Estella à se laisser envahir par sa part sombre, au point de donner naissance à l’impitoyable Cruella, une brillante jeune femme assoiffée de mode et de vengeance...

Analyse de l'oeuvre

En exceptant Le livre de la jungle en 1994, toute première tentative du genre, puis le jubilatoire Les 101 dalmatiens avec une Glenn Close déchaînée en 1996, cela fait maintenant douze ans que Disney s'est lancé dans le tout remake de la grande majorité de ses classiques d'animation, phénomène amorcé par Alice au pays des merveilles de Tim Burton en 2010. Depuis, le studio de Mickey adopte différentes approches pour porter ses aventures une nouvelle fois à l'écran : soit il colle au plus près du scénario du film d'animation, soit il le réinterprète à un point où on a du mal à les reconnaître, soit il tente d'expliquer ce qui s'est passé auparavant. Cruella s'inscrit dans les deux dernières approches, à savoir l'histoire avant l'histoire, mais également dans une continuité narrative très différente, où la folie caractéristique du célèbre personnage - qui fit ses premiers pas dans le roman de Dodie Smith en 1956, puis dans le film d'animation de 1961 - est complètement revue et corrigée. A ce jour, Disney n'a donc encore jamais tenté de réaliser une suite directe. De mon point de vue, Cruella constitue sans nul doute un bien bel acte manqué à ce niveau. Il aurait été nettement plus intéressant de faire de Cruella l'antagoniste du scénario, en lieu et place de la baronne von Hellman interprétée par Emma Thompson. D'une part cela aurait permis de ne pas changer la caractérisation du personnage de 1961 en conservant son légendaire égocentrisme, son narcissisme mais surtout sa cruauté, d'autre part cela aurait constitué une suite tout à fait logique aux évènements du 1961. Mais Disney n'a pas osé, préférant suivre la mode actuelle du méchant "qui ne l'est pas totalement mais un peu quand même", comme le studio l'avait déjà fait pour Maléfique. Au lieu de cela, Disney a préféré scinder le personnage en deux, poussant le spectateur à voir venir de loin le seul gros twist du long métrage.

Cruella compense cependant sa grosse faiblesse par deux qualités : la qualité de ses interprètes et l'esthétique du film, à l'exception des affreux chiens numériques dont les comportements sont aussi anormaux et mal incrustés que dans La belle et le clochard. Heureusement, leurs présences restent assez peu fréquentes, ce qui permet de laisser toute la place à Emma Stone et Emma Thompson de briller à l'écran. Emma Stone récupère le rôle de Cruella, nous offrant un rôle dont on apprécie finalement de suivre la progression tout au long du récit, même s'il ne s'inscrit plus du tout dans l'esprit de celui du film d'animation. Tour à tour joviale, blessée, colérique ou astucieuse, Emma Stone parvient sans aucun mal à nous rendre empathique avec le destin du personnage. Quant à elle, Emma Thompson livre une interprétation très à contre-courant de ce qu'elle proposait jusqu'alors. On lui connaît d'ordinaire de grands rôles plutôt chaleureux (Nanny McPhee), voire excentriques (Sibylle Trelawney), sans oublier bien sûr un côté fragile (Pamela L. Travers). Ici, elle reprend, plus ou moins dans les grandes lignes, la personnalité de la Cruella du film d'animation poussé à l'extrême, mais avec un soupçon d'intelligence perfide. Le jeu de dupe et la confrontation permanente entre les deux femmes constitue, sans équivoque, le point le plus fort du film.

D'un point de vue visuel, Cruella ne fait preuve d'aucun mauvais goût. Bien que le récit s'inscrit dans la période entre la fin des années 1960 et le début des années 1970 à Londres, Disney propose une esthétique très intemporelle, un peu de la même manière qu'avait procédée Deborah Joy LeVine pour la série télévisée Loïs et Clark - Les nouvelles aventures de Superman. Bien que la série s'inscrit totalement dans les codes narratifs des années 1990, le rendu global des différents lieux rappelait surtout l'esthétique des années 1930 et 1940 sans que cela ne paraisse jamais anachronique. Cruella s'inscrit exactement dans la même logique, à savoir que la narration est typique de la décennie de sa sortie, mais son esthétique est volontairement rétro sans que cela ne soit jamais incohérent avec le propos. De fait, on en oublie assez vite ce détail, puisque l'esthétique sert totalement l'intrigue. Disney détourne d'ailleurs une idée à peine esquissée dans le film d'animation, à savoir le goût prononcé par Cruella pour la mode. On savait que Cruella aimait les vêtements de créateurs dans le film d'animation sans que cela n'aille vraiment plus loin, ce long métrage pousse cette logique en faisant affronter deux créatrices de mode, l'une sur le déclin, l'autre en pleine ascension. Je suis par contre beaucoup plus mitigé pour la bande originale. Certes, elle fait appel à de gros tubes musicaux anglophones de l'époque, mais je la trouve envahissante et bruyante, une vraie cacophonie à de trop nombreuses reprises. Pour autant, chaque morceau choisi correspond à une idée de mise en scène qui leur convient, ce qui permet de plus facilement faire passer la pilule. Malgré tout, Cruella manque cruellement de moments silencieux.

Cruella ne manque franchement pas de qualités. Il est juste dommage qu'une fois encore Disney sacrifie le côté diabolique d'un de ses personnages pour le faire rentrer dans le rang des héros en fin de compte positifs. On perd alors tout le sel de ce qui faisait le charme de la machiavélique Cruella du film d'animation pour obtenir quelque chose de finalement assez convenu. De nombreuses séries télévisées, notamment policières, ont déjà joué la carte de l'affrontement des générations, soit sur un seul épisode, soit sur un long arc narratif de plusieurs épisodes. De fait, à moins d'être peu familier avec ce genre d'intrigues, on voit venir l'entourloupe narrative aussi facilement qu'un nez au milieu d'une figure. Cruella compense cependant ce problème avec une mise en scène dynamique très agréable, deux rôles principaux de qualité, plusieurs trouvailles ingénieuses et quelques moments assez délirants. Mais si l'on vient à se mettre en tête que l'on peut retirer Cruella et toute la mythologie des 101 dalmatiens du film, on se rend finalement compte que la plupart des personnages sont finalement parfaitement interchangeables. Il en résulte un film tout aussi oubliable qu'efficace. Une dualité finalement caractéristique du personnage.

Olivier J.H. Kosinski - 17 novembre 2022

Bande annonce

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Catherine Brunet : Estella / Cruella (Adulte)

Emma Bao Linh Tourné : Estella (Enfant)

Adrien Bletton : Jasper (Adulte)

Jacob Beaudry : Jasper (Enfant)

Martin Rouette : Horace (Adulte)

Raphaël Bleau : Horace (Enfant)

Élise Bertrand : La Baronne

Marie-Laurence Boulet : Catherine

Alexis Lefebvre : Gerald

Florence Blain Mbaye : Anita Darling

Louis-Philippe Berthiaume : Jeffrey

Nicolas Bacon : Artie

Éric Bruneau : Roger

Patrick Chouinard : Jean le valet

Doublage (France - 2021)

Estella / Cruella : Élisabeth Ventura (Adulte)

Estella : Frédérique Tirmont (Enfant)

Baronne Von Hellman : Eilias Changuel

Jasper Badun : Isaac Lobé-Lebel (Adulte)

Jasper Badun : Jérémie Bédrune (Enfant)

Horace Badun : Aloïs Agaësse-Mahieu (Adulte)

Horace Badun : Hervé Rey (Enfant)

Artie : Julia Boutteville

Catherine : Pierre-François Pistorio

John le valet : Xavier Fagnon

Roger : Fily Keita

Anita Darling : Jaynélia Coadou (Adulte)

Anita Darling : Thierry D'Armor (Enfant)

Gerald : Alexandre Bierry

Jeffrey : Lévanah Solomon

Directeur d'école : Vincent De Boüard

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Vigile vidéosurveillance : Diouc Koma

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Sources :
Doublage au Québec
Forum Doublage France

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