Alice de l'autre côté du miroir sort le 27 mai 2016 au Québec, puis le 1er juin 2016 en France. Le film bénéficie d'une version française et d'une version québécoise, les deux reprenants les comédiens du premier film.
Alice Kingsleigh a sillonné mers et océans durant des années avant de revenir en Angleterre. De retour à Londres, suivant un papillon, elle passe à travers un miroir qui la ramène tout droit au Pays des Merveilles. Là-bas, elle retrouve ses amis le Lapin Blanc, Absolem, le Chat du Cheshire et le Chapelier Fou. Mais celui-ci n'est plus que l'ombre de lui-même : il a perdu sa fantaisie et sa folie. Face à cette situation, Mirana, la Reine Blanche confie à Alice une mission : emprunter la chronosphère afin de pourvoir remonter le temps...
En 2010, Alice au pays des merveilles a créé un précédent dans la filmographie Disney. A la fois suite spirituelle au classique de 1951 (Alice nous revient plus âgée, sans avoir renié pour autant sa précédente aventure) et complète réinvention du mythe d'Alice (qui ne cherche pas à rester très proche des romans écrits par Lewis Carroll), le long métrage réalisé par Tim Burton emmenait le spectateur dans des pérégrinations absconses, tout en ouvrant la voie à de multiples adaptations live. Il m'avait ainsi fallu de multiples visionnages pour ne réussir qu'à saisir la surface des choses et pouvoir en rédiger une analyse, que je me suis pourtant amusée à rendre alambiquée ! Six années plus tard, James Bobin nous convie à retourner dans cet univers particulier. Cependant il en fait une oeuvre qui prend la forme d'une véritable contrepied à celle de Tim Burton : Alice de l'autre côté du miroir. Là où la folie et l'illogisme était le maître mot du premier film, sa suite prend le parti d'être un long métrage beaucoup plus cohérent. Malheureusement, ce qu'il gagne en accessibilité, il le perd en terme d'onirisme. Alice de l'autre côté du miroir s'avère alors être un curieux paradoxe : en devenant un film bien plus abordable aux spectateurs, il leur fait perdre le principal intérêt du Pays des Merveilles !
Alice de l'autre côté du miroir est indéniablement un long métrage efficace, facile à suivre dans sa construction, organique dans sa réalisation et même très divertissant, car les enjeux ne sont ici pas les mêmes que dans le premier film. Pour autant, si l'on excepte Mia Wasikowska (Alice Kingsleigh), Sacha Baron Cohen (Le Temps), Leo Bill (Lord Hamish Ascot) et surtout Helena Bonham Carter (Iracebeth) qui s'éclate carrément comme une folle dans le rôle de la Reine Rouge, tous les autres comédiens semblent aborder leurs personnages avec une profonde fatigue. La délicieuse foldingue Mirana, la Reine Blanche (Anne Hathaway) du précédent film, est ici réduite à une caricature névrotique qui passe le plus clair de son temps à surjouer et répéter inlassablement les mêmes tics corporels. Comble de l'ironie le Chapelier Fou, pourtant au coeur de cette intrigue temporelle, est fade au possible. Visiblement Johnny Depp a fait le tour complet de son personnage en 2010, il s'ennuie ferme cette fois-ci, n'apportant ni gaieté, ni délire, ni émotivité au personnage.
Concernant les rôles secondaires, Matt Lucas (Tweedledee / Tweedledum), Stephen Fry (Le Chat de Cheshire), Alan Rickman (Dans son ultime rôle d'Absolem avant son décès), Michael Sheen (Le Lapin Blanc), Barbara Windsor (Le Loir), Timothy Spall (Le chien) et Paul Whitehouse (Le Lièvre de Mars), leur présence à l'écran est tellement réduite à peau de chagrin qu'elle n'apporte rien au récit, si ce n'est à faire le lien avec le premier film. Les seuls rôles secondaires qui tirent vraiment leur épingle du jeu sont Ed Speleers (James Harcourt), qui joue un jeune homme de bonne famille qui s'amourache du côté rebelle d'Alice et, surtout, Lindsay Duncan (Helen Kingsleigh) qui joue le rôle d'une mère de famille tout en finesse, coincée entre l'importance de l'étiquette, le besoin d'argent pour survivre dans un monde d'hommes et l'amour incertain pour une fille écervelée. Heureusement pour le spectateur, Mia Wasikowska est visiblement très heureuse de retrouver son Alice. Il est juste dommage que ce soit l'histoire qui porte Alice plutôt que l'inverse. Car Alice est prise dans une spirale temporelle dans laquelle elle ne peut rien changer, si ce n'est constater l'irrévocable. Sacha Baron Cohen est aussi très amusant dans le rôle du Temps, un personnage qui n'est pourtant pas simple à jouer, puisqu'il doit constamment garder sa dualité entre son aspect sérieux et son côté comique. Quant à Helena Bonham Carter, elle resplendit par la mauvaise foie de son personnage qu'elle incarne à nouveau avec un plaisir non dissimulé !
Alice au pays des merveilles était un film froid et sombre. Froid d'abord, parce que la profusion de l'outil numérique rendait le Pays des Merveilles irréel. Il donnait l'impression d'être en strass, c'est à dire du faux faisant croire que c'est du vrai mais dont personne n'est en réalité dupe. Alice de l'autre côté du miroir au contraire revient aux fondamentaux, en créant quelques vrais décors qui enrichissent quelque peu l'aspect du Pays des Merveilles. Pour autant, le long métrage tombe parfois dans les mêmes travers, comme en se sentant obligé de créer un fausse Alice numérique courant à travers des paysages démesurés (cela donne de très beaux travellings, il n'empêche qu'Alice y est tout sauf crédible) ! Sombre ensuite, car le premier film était une quête complexe mêlant une Alice tiraillée par son besoin d'y croire. Sa suite au contraire choisit d'évoquer un univers plus lumineux et plus chaleureux. Une bonne raison à cela, puisque l'intrigue se déroule bien des années avant le règne de terreur imposé par la Reine Rouge. D'une certaine manière, Alice de l'autre côté du miroir lui est également dédié, puisque l'histoire de la Reine Rouge est intrinsèquement lié à celle du Chapelier. Le long métrage écorne d'ailleurs beaucoup l'image de cette Reine Rouge expéditive détestant les têtes et les roses blanches, mais cela est fait avec un tel panache qu'on finit par adorer détester cette irascible Iracebeth.
Ce qui m'avait le plus marqué dans le premier film, tout en restant imprégné dans ma mémoire, c'était la bande originale. Bonne nouvelle : on a l'immense plaisir de retrouver Danny Elfman pour Alice de l'autre côté du miroir ! Il reprend tout naturellement l'excellent thème d'Alice, en l'emmenant cependant à un tout autre niveau. Ce second long métrage lui permet d'enrichir considérablement la portée de ce titre, gardant toujours à l'esprit que la thématique principale du film est le pardon. On entend donc des morceaux plein de bravoures qui côtoient des titres bien plus mystérieux, sans oublier quelques thèmes déchirants relativement proches de la mélancolie. Cependant, Danny Elfman n'oublie pas de conserver le fil rouge du fil, à savoir Alice, dont le thème peut régulièrement être entendu en toile de fonds de plusieurs des morceaux majeurs du récit. En soit, cette bande originale (que je prend plaisir à réécouter en rédigeant ces lignes) est un des incontournables de Alice de l'autre côté du miroir, car elle permet de réellement se plonger dans une histoire spatio-temporelle brodée autour de l'univers du Pays des Merveilles. Cela contrebalance aussi l'exténuation un peu trop évidente de certains des seconds rôles du film.
Alice de l'autre côté du miroir est au final un film plein de paradoxe. La plupart des comédiens n'ont pas du tout cru en son potentiel, du coup ils se contentent de faire le strict nécessaire. C'est particulièrement vrai pour Johnny Depp qui perd ici tout crédit en ses capacités à se renouveler. Heureusement, Mia Wasikowska, Sacha Baron Cohen et Helena Bonham Carter, qui sont ceux qui ont le plus de scènes dans le film, se démènent sans le moindre couac, ce qui apporte un peu de crédit à cette aventure survitaminée d'Alice. Ajoutons à cela l'excellente bande originale, Alice de l'autre côté du miroir assure donc le spectacle sans trop de déplaisir, puisqu'il propose une histoire linéaire largement plus abordable que son aîné. Le long métrage de James Bobin ne mérite donc pas vraiment le désamour que le public lui a infligé, ceci même si plusieurs de ses comédiens n'ont pas été convaincus du potentiel du film au point d'en négliger leur boulot.
Olivier J.H. Kosinski - 04 novembre 2016
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19 octobre 2016
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Doublage (Québec - 2016)
Alice Kingsleigh : Romy Kraushaar-Hébert
Tarrant Hightopp : Gilbert Lachance
Mirana : Geneviève Désilets
Iracebeth : Pascale Montreuil
Le Temps : Daniel Picard
Absolem : René Gagnon
Hamish : Guillaume Champoux
Helen Kingsleigh : Claudine Chatel
Lady Ascot : Élise Bertrand
Tweedlee/Tweedlum : Martin Watier
Zanik Hightopp : Thiéry Dubé
Doublage (France - 2016)
Alice Kingsleigh : Karine Foviau
Tarrant Hightopp : Bruno Choël
Mirana : Caroline Victoria
Iracebeth : Laurence Bréheret
Le Temps : Emmanuel Curtil
Zanik Hightopp : Christian Gonon
Tweedledee et Tweedledum : Philippe Bozo
Le Chat de Cheshire : Bernard Alane
Bayard : Vincent Grass
McTwisp : William Coryn
Le Lièvre de Mars : Pierre Tessier
Mallymkun : Blanche Ravalec
Absolem : Philippe Catoire
Wilkins : Denis Boileau
Hamish : Stéphane Ronchewski
James Hancourt : Benjamin Gasquet
Le Roi Oléron : Raphael Cohen
Dr. Addison Bennett : Jérémie Bardeau
Voix additionnelles :
- Philippe Catoire
- Bruno Magne
- Benjamin Gasquet
- Sylvie Genty
- Léovanie Raud
- Jérome Wiggins
- Juliette Gesteau
- Véronique Desmadryl
- Pénélope Siclay-Couvreur
- Timothé Vom Dorp
- Virginie Caliari
- Richard Leroussel
- Sébastien Finck
- Christine Braconnier
- Anne Broussard
- Grégory Quidel
- Bertrand Dingé
- François Delaive