Bien qu'un temps envisagé pour une sortie en salle, Le roi lion II - La fierté de Simba sort en vidéo au Québec le 26 octobre 1998 accompagné d'un doublage spécifique qui, cependant, est totalement retiré du commerce sans explication depuis 2004 au profit de la version française. Proposé sous le titre Le roi lion II - L'honneur de la tribu, il sort également directement en vidéo en France le 16 février 1999. Il est à la fois l'un des tous derniers films à paraître sur le support en fin de vie LaserDisc et l'un des tous premiers à sortir sur le nouveau support DVD. Notons que depuis 2004 également, Disney France a décidé de changer le chiffre romain pour Le roi lion 2 - L'honneur de la tribu.
Simba et Nala ont donné naissance à Kiara. Têtue, insouciante et aventurière, elle aime se promener dans la savane. Échappant à la surveillance de Timon et Pumba, elle s'aventure sur le territoire du clan des bannis. Elle fait alors la connaissance de Kovu, le fils adoptif de Scar et Zira. Une amitié naît entre les deux lionceaux, ce qui ne plaît guère à leur parents respectifs...
L'année 1994 a, incontestablement, marqué l'histoire. Cette année-là, Le roi lion pulvérise tous les records du box office et change à jamais le cinéma d'animation américain. Tous les grands studios de cinéma, qui ne considéraient souvent l'animation que comme une production de seconde catégorie surtout destinées aux enfants, se rendent compte que ce secteur peut être rentable même auprès des adultes. Il est très difficile aujourd'hui de trouver un semblant de point de comparaison équivalent tant le secteur est aujourd'hui saturé de grosses productions animées. Le roi lion a été un vrai phénomène de société, très largement au dessus de ce qu'a pu être La reine des neiges en 2013. Les aventures de Simba ont atteint un tel équilibre narratif, musical et conceptuel qu'elles ont touchées et influencées tous les secteurs culturels, particulièrement dans le milieu musical. Si aujourd'hui, il est courant que les fans chantent, adaptent ou reprennent en choeur en ligne, avec plus ou moins de talent, les chansons des longs métrages dès lors sorties, Le roi lion, lui, avait influencé tous les secteurs et milieux sociaux. Des plus grandes stars internationales aux plus petites stations de radio locales, personne n'a réussi à échapper à ces innombrables interprétations des mois durant. Plus étonnant encore, même Disney a autorisé la création de nouveaux morceaux, inspirés par le film, sortant dans des albums officiels comme Rhythm of the Pride Lands en 1995. On n'a plus jamais revu ça depuis lors.
Coïncidence suprême, Disney s'aventure la même année dans un secteur où il avait toujours rechigné d'aller : le marché des suites en vidéo. A peine un mois plus tôt, Le retour de Jafar sort dans l'hystérie générale et s'écoule par palettes entières. Tout le monde l'accueille à bras ouvert (oui, même moi, je suis vraiment désolé) au détriment de toute logique devant les graphismes consternants de ce long métrage. Et ainsi s'éteignirent les oeuvres qualitatives de Disney, sous un tonnerre d'applaudissements ! Dans une telle situation, Le roi lion devenant le plus grand film d'animation de tous les temps, non seulement une suite devient dès lors inévitable mais, surtout, elle est extrêmement désirée. Dès lors, conscient de la pression exercée par le public, Disney accorde un budget un peu plus confortable que les autres suites produites avant lui, mais très largement en deçà du film d'origine, il ne faut pas exagérer non plus. Le roi lion II - L'honneur de la tribu va alors prendre la forme d'un improbable monstre de Frankenstein. En d'autres termes, le film va résulter d'un amalgame de pièces éparses réunies autour d'un scénario qui assume pleinement son absence totale de prise de risque. Avec une minutie rarement atteinte pour une suite conçue pour le marché vidéo, Le roi lion II - L'honneur de la tribu va réussir à mettre en avant ses rares forces, tout en dissimulant du mieux qu'il peut ses nombreuses faiblesses rendant, de fait, l'ensemble étonnamment très acceptable. Beaucoup jure encore aujourd'hui qu'il s'agit de la meilleure suite Disney conçue pour le marché vidéo. On va voir que cette affirmation n'est pas tout à fait exacte.
Avant de commencer par les bonnes choses, évoquons d'ailleurs tout ce qui ne va pas dans cette suite. Le roi lion II - L'honneur de la tribu est la toute première suite de Disney Television Animation qui fait preuve d'une forme de flemmardise quand il s'agit d'écrire un semblant de scénario. C'est simple, il n'y en a pas vraiment un ici, c'est exactement le même qui avait été proposé dans le premier film. On assiste donc, quasiment dans le même ordre, au même déroulé de l'intrigue, aux mêmes situations et aux mêmes scènes. Le film s'ouvre comme le premier film, en trahissant cependant un acquis qui était plus ou moins officiel à l'époque à travers une bande dessinée, à savoir que l'enfant était autrefois un garçon nommé Kopa et non une fille. Certains y ont d'ailleurs vu là la seule explication vraisemblable de la séparation en deux clans de lions et pourquoi il ne faut jamais leur tourner le dos. Zira l'aurait probablement éliminé, ce qui aurait poussé Simba à la bannir, car il ne souhaitait pas devenir un assassin comme elle et Scar. Le roi lion II - L'honneur de la tribu enchaîne ensuite avec la même relation tendue entre Simba et Kiara, ce qui la pousse à aller affronter l'interdit. Là où Simba affrontait des hyènes, Kiara affronte des crocodiles. Une fois en sécurité, Simba lui fait la leçon, comme Mufasa l'avait fait avec lui auparavant. Plus loin, Zira commence à fomenter un plan pour reconquérir la Terre des Lions, en chanson, comme Scar avant elle. Lorsque Kovu et Kiara deviennent grands, c'est de nouveau Timon et Pumbaa qui leur apprennent les joies d'une vie simple. On ne s'étonnera pas vraiment non plus que la première rencontre d'un lion étranger (Nala, Kovu) fasse mourir de peur Timon avant qu'un ami (Simba, Kiara) lui explique que c'est un allié.
L'une des séquences clés du film, celle qui avait fait le tour des médias à l'époque tant elle repoussait les limites du possible en termes d'animation, à savoir la célèbre débandade des gnous, y est également reproduite en y mettant des rhinocéros à la place. Il y avait une scène nocturne dans le premier film où les personnages admiraient les étoiles et se remettaient en question ? Elle y est aussi dans le second. Il y avait une chanson entêtante autour d'un mot insolite ? Hakuna Matata laisse ici sa place à Upendi dont la chanson est, plus ou moins, un mixage entre L'amour brille sous les étoiles pour la relation amoureuse entre Kovu et Kiara et Je voudrais être un roi pour ce qui est du délire graphique de la scène. Lorsque Kovu tente de se faire pardonner, Simba le pousse vers l'exil pour une faute qu'il n'a pas commise, comme Scar l'avait fait avec lui, mais intentionnellement pour sa part. Même si ce n'est pas placé au même endroit, à cause du contexte de l'intrigue, c'est à nouveau Rafiki qui va mettre Kovu sur les bons rails, le succulent coup de bâton sur la tête en moins. N'oublions pas non plus ce grand final, sous la pluie, l'orage et les flatulences de Pumbaa, la Terre des Lions en proie des flammes ayant simplement été déplacée un peu plus tôt dans le film, ce qui permettait d'ailleurs d'y coller la même scène d'un lion s'accrochant désespérément à un rocher. On l'aura eu quatre fois celle-la : Mufasa et Simba dans le premier film, Kiara et Zira dans le second, sauf que l'effet miroir faisait sens dans le premier, mais pas dans le second. Si tout le monde s'accorde à dire que l'animation est de qualité dans Le roi lion II - L'honneur de la tribu, ce qui est vrai, c'est surtout parce que Disney Television Animation est doué pour ce qui est de bluffer, comme au poker. De très nombreux arrières-plans sont en réalité simplement piochés dans ceux du premier film.
C'est sans nul doute cela qui explique pourquoi l'animation des personnages a été aussi soignée. Le budget liées aux décors ayant été fortement réduit, de fait de leur existence préalable, a permis de mieux se concentrer sur les personnages. La preuve en est que la qualité des décors décroît inexorablement lorsqu'il s'agit d'endroits qui n'existaient pas en 1994. L'endroit où vivent les lions bannis n'est ni austère, ni glauque, juste moche. On ne ressent pas la même forte impression d'effroi que lorsque Simba s'aventurait dans le cimetière d'éléphants. Ici, on dirait du cache-misère parce que les animateurs n'ont aucun talent pour inventer des lieux inédits à la hauteur du premier film. C'est pareil avec la séquence musicale Upendi, à des années lumières de ce qu'était Je voudrais être roi, sans compter qu'elle fait très enfantine par rapport à son aînée. Plus gênant, Disney Television Animation cherche constamment à reproduire, presque par mimétisme, la plupart des plans iconiques du premier film. Zira perché tout en haut d'un rocher pointu pour son chant d'espoir n'a rien à envier à Scar qui demandait aux hyènes de se tenir prêtes. Idem en ce qui concerne le moyen de reconnaissance entre les lionceaux une fois devenus adultes (Le plaquage de Nala dans le premier film, Kiara faisant toujours face à Kovu dans le second). Dernier point avant de passer aux qualités, si la plupart des personnages principaux s'avèrent graphiquement assez soignés, il n'en est malheureusement pas de même pour tous les autres qui laissent franchement à désirer et semblent tout droit sortie de productions animées enfantines. Notons au passage que lors de son passage du format 4/3 en VHS en 1998 au format 16/9 en 2004, une grande partie des plans du film ont été élargis sur les côtés, mais rognés en hauteur. Bien que cela soit moins spectaculaire que sur le premier film, quelques scènes ont également été retouchées sur ce film. Disney n'a jamais expliqué les raisons de ces menus changements. Vous pouvez voir ces petites moditications dans ma vidéo sur Youtube.
Maintenant que j'ai énuméré, de façon presque exhaustive, tout ce qui ne va pas dans Le roi lion II - L'honneur de la tribu, abordons tout ce qui y fonctionne. C'est assez étonnant, mais c'est justement ses quelques qualités qui arrivent à laisser une très bonne impression générale au long métrage, une fois que celui-ci se termine. Même si le scénario a énormément de mal à se démarquer de celui du premier film, dont il reprend presque tous les points clés, l'écriture de certains personnages est étonnamment très soignée. C'est le cas de Kiara, de Kovu, de Simba et, dans une moindre mesure, aussi de Zira. Si Mélodie fut la première héroïne humaine descendante de deux personnages Disney, Kiara l'a précédé en étant le tout premier rejeton d'un grand classique Disney propulsé au rang de vedette principale. La jeune lionne arrive sans difficulté à s'écarter de Simba enfant, mais aussi de Nala, en s'imposant naturellement avec sa propre personnalité. Nettement moins naïve que Simba autrefois, elle ne se laisse que très rarement prendre aux jeux de ses émotions. Elle ose prendre des initiatives et se rebelle sans difficulté contre l'injustice, y compris une fois adulte. Elle parvient même à remettre plusieurs fois en question les certitudes de Simba. Kovu est aussi très bien écrit dans le film. Il est une grande page blanche dans laquelle Zira écrit tout ce qu'elle souhaite faire de lui. Jamais une seule fois aimé par elle, il n'est rien qu'un objet de vengeance qui finit toutefois par s'émanciper et prendre conscience de lui-même au contact de Kiara.
Alors qu'il n'est plus qu'un rôle secondaire, Simba est lui aussi bien écrit dans Le roi lion II - L'honneur de la tribu. Sa personnalité suit un cheminement émotionnel qui paraît crédible et logique par rapport au final du premier film. Bien qu'ayant triomphé de Scar, de nombreux démons le hantent encore. Dans cette suite, il suit une voie de rédemption et d'acceptation de lui, réalisant peu à peu que certaines de ses actions le conduisent en réalité sur le même chemin que Scar. Simba offre d'ailleurs un très intéressant contrepoint à Zira. Là où Zira n'aime absolument jamais Kovu, faisant tout pour le transformer en pure arme vivante, Simba déborde d'amour pour Kiara à un point où il finit par l'étouffer littéralement. Une surprotection maladive, logique en sachant ce qu'il a traversé, qui s'avère finalement tout aussi nocive au bien être de Kiara. C'est d'ailleurs en partie pour cette raison, et parce qu'elle découvre que Kovu n'est pas vraiment ce qu'on voudrait qu'il soit, qu'elle décide de s'opposer à son père, aveuglé par son passé douloureux. Zira suit à peu près le même cheminement, mais s'obstine dans sa vengeance, ce qui cause inexorablement sa perte. Contrairement à Simba, elle n'a pas tout un tas de petites voix à ses côtés pour lui faire entendre raison.
Le roi lion II - L'honneur de la tribu s'en sort aussi très honorablement pour ce qui est de la bande originale, se hissant presque à la hauteur de son aîné. Mais ce n'est pas totalement grâce au talent de Disney Television Animation, ni même du compositeur attaché à ce film, Nick Glennie-Smith. Si Disney n'en fait pas vraiment la promotion, même s'il ne s'agit pas d'une vérité cachée non plus, une grande partie des compositions de ce film résulte, comme c'était le cas des décors, de compositions d'Elton John et Hans Zimmer pré-existantes. Soit il s'agissait de morceaux conçus pour le film, mais abandonnés entre temps ou intégrés dans la comédie musicale de Broadway, soit de titres exploités dans des albums spécifiques, notamment Rhythm of the Pride Lands publié en février 1995. C'est notamment le cas de He Lives In You de Lebo M., utilisé dans la comédie musicale qui prend la place qu'occupait auparavant The Circle Of Life et que Tina Turner reprend aussi dans le générique de fin. Plus subtil, le titre Lea Halalela de l'album influence très fortement la chanson One of Us, tandis que Warthog Rhapsody, interprété par Nathan Lane et Ernie Sabella (les voix originales de Timon et Pumbaa) apporte son tempo pour la chanson Upendi. Moins flagrant, Love Will Find a Way puise ses sonorités du titre Endless Night de la comédie musicale de 1994. Bref, toute la bande originale de Le roi lion II - L'honneur de la tribu ressemble à un joli bricolage auditif. Mais comme toutes les chansons (à part Upendi peut-être) sont excellentes à l'écoute, et résultent pour la plupart de créations d'artistes talentueux, on pardonne absolument tout au long métrage. Car chaque numéro musical s'intègre à merveille à chacune des scènes où elles interviennent.
En fin de compte, Le roi lion II - L'honneur de la tribu est un bien joli paradoxe. Si le film fonctionne aussi bien, c'est justement parce qu'il exploite tout le matériel conçu pour son prédécesseur et ne fait, donc, preuve d'absolument aucune originalité. Le long métrage reclycle et adapte à sa sauce tout ce qui se faisait de mieux pour offrir à ses spectateurs quelque chose d'à la fois cohérent et agréable à suivre. Si le film compte un très grand nombre de belles casseroles graphiques et narratives, on arrive pourtant sans difficulté à regarder au-delà de ces problématiques pour en apprécier son contenu tel qu'on nous le propose. Mieux, en réussissant à inscrire quelques nouveaux personnages convenables, et en ne trahissant pas la personnalité des anciens, on comprend d'autant mieux pourquoi tant de monde considère Le roi lion II - L'honneur de la tribu comme l'une des meilleures, si ce n'est la meilleure, suite conçue pour le marché vidéo par Disney alors qu'en fin de compte, il est bien plus proche d'un plagiat de luxe que d'une vrai suite. Mais au final peu importe, il y a eu bien pire avant et après lui. Il n'est pas inconsidéré de placer Le roi lion II - L'honneur de la tribu dans le haut du panier car il laisse derrière lui un sentiment de satisfaction générale. C'est bien tout ce qui compte, non ?
Olivier J.H. Kosinski - 22 juillet 2022
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29 août 2017
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Doublage (Québec - 1998)
Retiré du commerce depuis 2004
Simba : François Godin (Dialogues)
Simba : Luc Campeau (Chant)
Kiara Enfant : Claudia-Laurie Corbeil (Dialogues)
Kiara Enfant : Amélie Landry (Chant)
Kiara Adulte : Aline Pinsonneault (Dialogues)
Kiara Adulte : Marie-Josée Gagnon (Chant)
Kovu : Martin Watier (Dialogues)
Kovu : Patrick Olafson-Hénault (Chant)
Pumbaa : Vincent Davy
Timon : Sébastien Ventura
Nala : Hélène Mondoux
Rafiki : Jacques Lavallée
Mufasa : Victor Désy
Zira : Carole Chatel
Zazu : Carl Béchard
Nuka : François Sasseville
Vitani : Catherine Léveillé
Solistes :
- Sylvain Cossette
- Martine St-Clair
- Charles Biddle Jr
Doublage (France - 1999)
Emmanuel Curtil : Simba
Aurélia Bruno : Kiara adulte (Dialogues)
Brenda Hervé : Kiara adulte (Chant)
Cédric Dumont : Kovu adulte (Dialogues)
Emmanuel Dahl : Kovu adulte (Chant)
Kelly Marot : Kiara enfant
Alexis Pivot : Kovu enfant
Élisabeth Wiener : Zira
Jean-Phillipe Puymartin : Timon
Michel Elias : Pumbaa
Damien Boisseau : Nuka
Ninou Fratellini : Vitani adulte
Dorothée Pousséo : Vitani enfant
Med Hondo : Rafiki (Dialogues)
Marcel Boungou : Rafiki (Chant)
Sybille Tureau : Nala
Michel Prudhomme : Zazu
Guy Chapelier : Scar
Laurent Gamelon : Mufasa
Choeurs :
- Sylvie N'Doumbé
- Jessica Parker
- Assitan Dembele
- Christelle Adams
- Marielle Hervé
- Mimi Felixine
- Jean Stout
- François Mpondo
- Michel Costa
- Georges Costa
- Jean-Marie Marié