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Aardman Studios
Wallace et Gromit

La palme de la vengeance

Bien qu'il bénéficie de quelques sorties limitées dans des festivals, Wallace et Gromit - La palme de la vengeance est proposé mondialement par Netflix le 03 janvier 2025. Il ne dispose que d'un seul doublage francophone.

L'intrigue

Wallace a de plus en plus de mal à se défaire de ses inventions à tel point qu'il conçoit spécialement un gnome jardinier pour faciliter la vie de Gromit. Mais tout ne se passe pas comme prévu car Norbot a une faille dans son système d'exploitation. Ce qui permet à un ancien adversaire de fomenter dans l'ombre la plus douce des vengeances...

Analyse de l'oeuvre

Ce qui est formidable avec le studio britannique Aardman, c'est leur extraordinaire capacité à singer les technologies et autres préoccupations bien contemporaines, mais en les transcrivant dans des univers qui semblent tout droit venir du passé. Bien que Wallace soit un génial inventeur, quoique très extravagant,  la plupart de ses inventions s'inscrivent souvent dans les années 1980 et le début des années 1990, même si le style graphique rétro de son habitation semble remonter encore plus loin dans le temps. Cela crée généralement une forme d'humour basée sur l'anachronisme. Alors que l'intrigue semble se jouer très loin dans le passé, le propos s'inscrit au contraire totalement dans l'époque où les aventures de Wallace et Gromit sont tournées. L'autre ingéniosité du studio Aardman est de parvenir à réussir à entremêler de nombreux personnages dans une sorte d'univers commun. Le mouton Shaun est par exemple apparu pour la première fois dans un moyen métrage de Wallace et Gromit avant de devenir une vedette à lui tout seul. Mais cette fois, le studio Aardman va encore plus loin que ce qu'il avait fait jusque là car Wallace et Gromit - La palme de la vengeance n'est pas seulement un nouveau grand film d'animation jouissif, qu'on se le dise, car beaucoup sans doute l'ignorait jusque là,  c'est surtout la suite directe du moyen métrage Un mauvais pantalon ! Alors que les deux oeuvres sont séparées d'un peu plus de 30 ans l'une de l'autre, Wallace et Gromit - La palme de la vengeance s'inscrit dans la parfaite et logique continuité de Un mauvais pantalon. Mieux, les deux aventures sont les miroirs l'une de l'autre où, une fois encore, Wallace veut faire plaisir à Gromit et tout va virer en cauchemar.

En 1993, Wallace et Gromit n'en sont pourtant qu'à leur seconde apparition à l'écran. Pour autant, leur première aventure en 1989, Une grande excursion, les avait déjà consacrés comme d'excellents personnages. En dehors de la performance de tourner des films en stop motion, réputé longue et difficile à aborder, Nick Park fut également récompensé pour l'ingéniosité du récit, tout aussi pertinent que défoulant pour les spectateurs. On retrouve ce même savoir-faire dans Un mauvais pantalon où va apparaître, pour la première et unique fois jusqu'à aujourd'hui, un curieux manchot qui répond à l'annonce de Wallace de louer une chambre. Entre-temps, Wallace offre à Gromit un pantalon mécanique gigantesque, dont les facultés extraordinaires vont taper dans l'oeil de ce manchot, décidément très louche. Car, comme d'habitude, c'est bien Gromit qui sent venir l'embrouille avec ce dernier, même s'il reste, de prime abord, conciliant avec celui-ci. Il faut dire que l'encombrant manchot a de la suite dans les idées, tout comme une extraordinaire capacité à embobiner Wallace. Pour autant, il s'agit bien d'un malfrat qui, sans le moindre doute, est venu s'installer chez l'inventeur en connaissant les talents de Wallace pour les inventions. Le fameux pantalon mécanique est une aubaine pour lui, même si tout ne se passe finalement pas comme prévu et qu'il atterrit directement en prison pour le vol raté d'un célèbre diamant géant bleu. On aurait alors pu oublier ce croustillant personnage secondaire si  Nick Park n'avait pas eu la formidable idée de le faire revenir à l'écran 30 ans plus tard. Une chose est sûre, après tout ce temps, il a toujours une dent contre Wallace et Gromit.

L'idée la plus formidable de Wallace et Gromit - La palme de la vengeance est d'avoir réussi à produire une suite parfaitement cohérente, alors même que le diamant de 1993 n'était pourtant pas bleu. Les années ont passé tandis que le manchot trouve soudain une formidable opportunité de prendre sa revanche sur Wallace et Gromit. Une fois encore, sous couvert de faire plaisir à Gromit, Wallace crée un nain de jardin mécanique, le robot Norbot, qui va devenir envahissant et ouvrir une brèche. Une brèche décidément très opportune pour le manchot qui va fomenter un plan génial, qui combine une connexion Internet trop peu sécurisée, ainsi qu'une IA quelque peu déglinguée et mal configurée. Bref, des thématiques parfaitement contemporaines ! En tant que personnage entièrement commandé par la magie des commandes numériques, Norbot est un succulent personnage dont les frasques sont de délicieuses caricatures de nos appareils numériques. Un transformateur d'alimentation défaillant qui grésille, un voyant de rechargement qui brille dans le noir, une tendance à toujours vous dire ce que vous devez faire, des notifications exaspérentes impossible à supprimer… Norbot ne nous épargne rien, tout en nous semblant exaspérément familier. Un coup de génie ! Et lorsque Norbot finit par dérailler, c'est la peur bien naturelle que les machines prennent le contrôle du monde qui refait surface. Sauf que tout est méticuleusement calculé et prémédité par le manchot depuis sa prison qui tient là une revanche à la hauteur de son génie machiavélique.

L'autre tour de force de Wallace et Gromit - La palme de la vengeance est d'avoir réussit à rendre expressif des personnages dont les traits sont inexpressifs. Exprimé autrement, que ce soit Norbot ou le manchot, chacun est pratiquement dépourvu de toute forme d'expression faciale. En 1993, dès son apparition à l'écran, le manchot était dérangeant. On ne savait pourtant pas à l'époque qu'il allait devenir menaçant, mais son attitude et sa façon de bouder faisait surgir le doute dans notre esprit à son sujet. Une fois qu'il s'affuble de son gant ménager rouge, comme pour devenir le coq dominant de basse cour, on saisit alors immédiatement que le manchot est fou à lier, mais également extrêmement dangereux. 30 ans plus tard, on retrouve exactement la même chose avec Norbot dont seule la bouche transmet des expressions, alors que le reste de son visage reste totalement impassible. Et là encore, Norbot devient assez vite effrayant, comme une poupée hantée de célèbres films d'horreur. Or, Norbot a la faculté incroyable de pouvoir se reproduire quasiment à l'infini, ce qui démultiplie la sensation que tout va aller, très vite, de mal en pis. Pourtant, la naïveté légendaire de Wallace l'empêche de voir que sa géniale invention s'est retournée contre lui. S'engage alors une succulente course contre la montre entre Wallace et Gromit d'un côté, le manchot et les Norbot de l'autre.

Une fois encore, le studio Aardman nous offre une petite pépite animée qui, non seulement parvient à se suffire à elle-même, mais se permet surtout de tacler tous les problèmes de notre société numérique moderne à travers les yeux décalés de Wallace et Gromit, tout en y glissant d'innombrables références drolatiques à la pop culture. Succulent dans son approche, défoulant dans ce qu'il propose, Wallace et Gromit - La palme de la vengeance est une nouvelle superbe comédie animée, drôle et intelligente à la fois, destinée à ravir vos zygomatiques.

Olivier J.H. Kosinski - 02 février 2025

Bande annonce

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (France - 2025)

Wallace : Jean-Loup Horwitz

Norbot : Vincent de Boüard (Dialogues)

Norbot : Richard Rossignol (Chant)

Inspecteur Albert Mackintosh : Patrick Messe

Mukherjee : Marine Duhamel

Aline Terview : Juliette Poissonnier

Manifestant : Patrick Préjean

Sources :
Carton Générique

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