Accueil Rechercher Contact Menu Ξ
x
Chercher dans Analyses Catalogue Dossiers Actualités Petites Renconstres

Belvision
Le secret de La Licorne / Le trésor de Rackham le Rouge

Les aventures de Tintin, d'après Hergé

Le secret de La Licorne et Le trésor de Rackham le Rouge sont les quatrième et cinquième volets du feuilleton télévisé Les aventures de Tintin, d'après Hergé diffusé en France dans les années 1960. Contrairement à Objectif Lune, qui réunissait les deux albums de Hergé en une seule aventure, ces deux parties ont fait l'objet de deux feuilletons indépendants. A l'origine, Le secret de La Licorne comptait 11 épisodes, tandis que Le trésor de Rackham le Rouge en comptabilisait 17. Les deux feuilletons ont été réunis, séparément, dans deux compilations VHS, respectivement de 40mn pour l'une et et 1 heure pour l'autre, durant les années 1980. Depuis, ces deux aventures animées, comme l'ensemble de la série, n'ont plus été commercialisées.

L'intrigue

En fouillant le grenier, le capitaine Haddock retrouve la trace de son ancêtre, le chevalier de Haddoque. Ce légendaire loup des mers s'est rendu célèbre par ses déboires avec le cruel pirate Rackham le Rouge. Un roman maritime de plus ? Certainement pas ! Car le chevalier devient le dépositaire d'un fabuleux trésor. Pour Tintin, Haddock et une série de malfrats, il s'agit de le retrouver. Mais les pistes et les énigmes se multiplient...

Analyse de l'oeuvre

On a souvent beaucoup de mal à s'en souvenir, mais bien avant l'avènement de Le secret de La Licorne et Le trésor de Rackham le Rouge que tout un chacun considère aujourd'hui comme le premier grand diptyque de Tintin en album, il y avait déjà eu une première "quadrilogie" constituée par Tintin au Congo, Tintin en Amérique, Les cigares du pharaon et Le Lotus Bleu. Les quatre aventures originelles de Tintin, hors période des Soviets, se suivent en effet chronologiquement. Dès la fin de Tintin en Amérique, Tintin envisage de se rendre directement en Chine, mais un évènement inattendu le retient finalement principalement du côté de l'Inde autour d'une intrigue incluant un étrange poison qui rend fou. Une histoire de poison qui trouve d'ailleurs sa conclusion logique précisément dans Le Lotus Bleu avant que Tintin ne vogue vers de nouveaux horizons. Pour autant, tout le monde a raison de considérer Le secret de La Licorne et Le trésor de Rackham le Rouge comme un dyptique racontant une seule et même grande histoire. Oeuvres pivots dans l'oeuvre de Hergé, dans le sens à elles forment les 11e et 12e aventures sur les 24 aventures de Tintin, ce célèbre diptyque est surtout reconnu pour avoir fixé le cadre pratiquement définitif des futures oeuvres de l'auteur. C'est là qu'apparaissent notamment le célèbre château de Moulinsart ainsi que celui qui est un juste peu dur de la feuille, le Professeur Tournesol ! De fait, il était inenvisageable d'analyser les deux adaptations animées séparément, d'autant plus que, réunies, les deux parties durent précisément 1h40, comme s'il était nécessaire de justifier qu'il fallait bien un long métrage pour tout raconter !

Quand Hergé commence Le secret de La Licorne , la Belgique est déjà depuis longtemps sous occupation allemande. Comme il l'avait fait dans ses deux oeuvres précédentes, il choisit de développer une intrigue débarrassée de toute considération politique, d'abord pour ne pas s'attirer les foudres et encore moins la censure des allemands, mais aussi pour offrir une récréation dépaysante à la fois pour ses lecteurs ainsi que pour lui-même. Probablement bridé dans ses idées, Hergé puise dans son imagination pour constituer, pour la première fois, une véritable mythologie pour ses personnages. Pour cela, il développe un impressionnant passif pour le trublion capitaine Haddock, personnage hautement secondaire à l'origine mais qui va prendre une place de plus en plus considérable au fil du temps. L'ensemble est enrobé d'une intrigue à énigmes avec de multiples rebondissements, dans la droite lignée des aventures de capes et d'épées, avec de vilains pirates, des corsaires et un fabuleux trésor à découvrir en prime. Alors que, dans les grandes lignes, l'aventure de Hergé ne nécessite pas vraiment de grosses modifications pour être portée à l'écran, conformément à ses habitudes sur les adaptations précédentes, Charlie Shows va complètement essorer le récit, n'en conserver que ses principaux éléments clés et transformer l'ensemble en une étonnante histoire d'espionnage.

Pour être plus clair, Charlie Shows transforme plus ou moins une aventure normalement digne de l'aventurier Indiana Jones en une version plus en accord avec l'espion britannique James Bond. Il faut dire que les oeuvres de Ian Fleming, qui rencontrent un grand succès aux Etats-Unis, et cette série animée Tintin sont contemporaines. A cela s'ajoute le contexte de l'époque, en pleine Guerre Froide, qui influence énormément d'innombrables oeuvres américaines de la période. Sans réelle surprise, on retrouve donc à peu près tous les codes narratifs d'espionnage sur cette étonnante adaptation de Le secret de La Licorne . Si le récit y perd, énormément, son côté fantaisiste et son exotisme, il y gagne en énergie et en folles courses poursuites. D'ailleurs, Tintin ne vit vraisemblablement même plus en Belgique, mais dans une grande ville américaine, proche de New York vu le look adopté par la ville où il vit ! Cette adaptation animée tente aussi à influer plusieurs gros moments de tension, avec toutes les limites des moyens de son époque j'entends. Il est vrai que la façon dont Le secret de La Licorne les présente fait beaucoup sourire avec nos yeux modernes, mais l'intention, aussi maladroite qu'elle soit désormais, est encore totalement perceptible. On retrouve aussi quelques notes d'humour pour éclaissir le récit, même si l'ensemble tombe un peu à plat désormais.

Malgré ses défauts, dans les grandes lignes, l'adaptation animée de Le secret de La Licorne est finalement globalement fidèle à l'album dont elle s'inspire. On ne peut donc qu'être particulièrement étonné de voir ce que propose Charlie Shows dans Le trésor de Rackham le Rouge , la deuxième partie du récit, qui n'offre cette fois quasiment plus rien de l'esprit Hergé. Tour à tour, les personnages sont confrontés à un cataclysme volcanique, un enlèvement par une bande de sauvages cannibales, une folle confrontation avec un requin amoureux et ivrogne, une bombe dissimulée dans le navire, sans compter plusieurs confrontations totalement inédites avec Maxime Loiseau, qui compense l'absence totale de Sakharine étrangement omis. Heureusement, l'excellent twist final est quand même conservé, l'honneur est sauf ! Pour autant, malgré cette folle envie de rendre Le trésor de Rackham le Rouge plus énergique qu'il ne l'est à la base, le récit, qui dure à peine une heure, semble durer une éternité. La faute à un mélange constant de trop et de trop peu. De nombreuses scènes sont particulièrement longues, voire laborieuses à suivre, comme c'est par exemple le cas de l'épisode avec le requin. Si au début ce requin amoureux qui cause des problèmes est amusant, quand celui-ci finit par être rendu ivre par Haddock, la scène s'éternise trop longtemps sur le squale faisant des choses étranges et, ceci, à plusieurs reprises, ce qui finit par lasser. Le trésor de Rackham le Rouge compte malheureusement plusieurs scènes du même genre.

Visuellement, que ce soit pour Le secret de La Licorne ou pour Le trésor de Rackham le Rouge , les nouveaux épisodes de Les nouvelles aventures de Tintin, d'après Hergé n'ont pas évolués d'un iota. On pourrait penser qu'épisode après épisode les équipes d'animateurs chargés de réaliser la série évolueraient progressivement, en affinant les traits ou en améliorant le rendu, mais en réalité non. On se retrouve au contraire toujours avec exactement le même style graphique et, plus gênant, les mêmes erreurs flagrantes d'un épisode à l'autre. Le personnage de Tintin est particulièrement représentatif de ce phénomène puisque son physique, tout comme son visage, change radicalement d'un plan à l'autre. Parfois petit et trapu, parfois grand et élancé, même son visage passe par toute une série de forme de fruits : olive, pomme ou pastèque pour être gentil avec lui. La partie audio des deux feuilletons ne subit pas non plus d'évolution flagrante. La musique est quasiment absente et les bruitages sont de nouveaux très limités, même s'il ne s'agit pas d'un défaut puisque relatif aux contraintes de l'époque où les multipistes n'étaient pas aussi abouties que de nos jours. L'audio repose presque intégralement sur les seuls dialogues qui restent globalement très bons, chacun des comédiens s'étant bien appropriés les personnages.

Alors que Le secret de La Licorne et Le trésor de Rackham le Rouge dessinés par Hergé forment deux parties d'une grande intrigue unifiée, les choix d'adaptations opérés par Charlie Shows sont finalement très troublants. Autant la première partie, malgré son style vieux film d'espionnage pouvant perturber, reste très convaincante pour l'énergie qui s'en dégage. Steven Spielberg avait d'ailleurs fait à peu près la même chose en 2011 pour son film d'animation afin de rendre les aventures de Tintin plus palpitantes qu'elles ne le sont de la main de Hergé. Autant la seconde partie, au style radicalement différent de la première, ressemble à un joli foutoir d'idées passablement reliées entre elles. Pour autant, j'ai quand même le sentiment que, écourté d'une dizaine de minutes, Le trésor de Rackham le Rouge aurait largement gagné en mérite. Car, si cette seconde partie souffre inexorablement d'une longueur et d'une lourdeur excessive dans certaines parties, quelques idées audiacieuses méritent quand même qu'on s'y attarde.

Olivier J.H. Kosinski - 27 septembre 2019

Bande annonce

Social eXperience

La lecture des vidéos directement depuis le site nécessite l'installation des cookies "eXperience" et "Catalogue" ainsi que des cookies tiers "Youtube" et "Vimeo". Conformément à la décision de la CNIL datant du 27 juillet 2016, votre consentement est donc nécessaire pour activer cette fonctionnalité.

J'accepte l'installation
de ces cookies

La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (Belgique - 1962)

Tintin : Georges Poujouly

Capitaine Haddock : Jean Clarieux

Professeur Tournesol : Robert Vattier

Dupondt : Hubert Deschamps

Aristide Filoselle : Robert Vattier

Maxime Loiseau : Jacques Dynam

Pilote : Michel Roux

Perroquet : Lita Recio

Narrateur : Jean Berger

Sources :
Planète Jeunesse
LesGrandsClassiques.fr

2.5