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Level-5
Professeur Layton et la Diva éternelle

Professeur Layton et la Diva éternelle sort en salle le 19 décembre 2009 au Japon, quelque semaines après la sortie du quatrième jeu-vidéo, Professeur Layton et l'appel du spectre, dont l'intrigue lui fait suite. En France, la saga du Professeur Layton accuse deux années de retard en raison de la complexité de la localisation des énigmes du jeu. Le long métrage sort donc le 13 octobre 2010, neuf jours à peine avant la sortie du troisième jeu, Professeur Layton et le destin perdu. Il aura fallu attendre plus d'un an pour avoir droit au quatrième titre de la saga en français pour ainsi mieux connaître les personnages introduits dans ce jeu et présents dans ce long métrage. Au Québec, le long métrage n'est pas disponible à la vente, ni en version française, ni en version originale sous-titrée. Il n'est disponible que des éditions anglophones exclusivement, ou bien en important l'édition française à la condition de détenir un lecteur vidéo dézoné.

L'intrigue

Une nouvelle énigme attend le professeur et Luke lorsque la jeune cantatrice Janice Quatlane leur confie avoir aperçu le fantôme de sa meilleure amie défunte. Impossible pour le gentleman qu'est Layton de laisser cette demoiselle en détresse. Pour percer ce mystère, Luke et le professeur se rendent au « Crown Petone », le plus célèbre opéra du monde où le compositeur de génie, Oswald Whistler, dévoile sa dernière oeuvre. Mais sur place, la représentation se transforme en un jeu effrayant dont le gagnant se verra octroyer l'immortalité...

Analyse de l'oeuvre

Sur une période de temps humaine, le studio Level-5 est relativement jeune, cela fera 18 ans le mois prochain qu'est sorti leur premier jeu sous ce nom. Depuis, il compte à son actif un grand nombre de succès vidéoludiques, en particulier dans le domaine des jeux de rôles, à l'instar de Dark Cloud, Dragon Quest ou encore Rogue Galaxy. Mais c'est véritablement Professeur Layton et l'étrange village paru en 2007 sur Nintendo DS au Japon que Level-5 dépasse enfin le seuil de popularité à l'international, en rentrant réellement dans la cour des grands éditeurs mondiaux de jeux-vidéo. Level-5 livre en effet cette année là un jeu inédit sur la forme, plutôt que sur le fond, dont l'enrobage graphique enchante immédiatement les joueurs. Basé sur le concept d'énigmes retorses, amusantes et très solides, Professeur Layton et l'étrange village propose également une histoire captivante empli de mystères portée par des personnages foncièrement attachants. Tous les ingrédients sont forcément réunis pour en faire un grand succès mondial, même s'il faut près de deux ans pour que le jeu soit localisé dans la langue de Molière ! Mais revenons un peu en arrière avant de poursuivre.

Tout commence le 19 mai 2005 quand Nintendo publie son nouveau jeu Programme d'Entraînement Cérébral du Dr Kawashima: Quel âge a votre cerveau ?, sur sa toute nouvelle console de jeu à deux écrans sortie quelques mois plus tôt, la Nintendo DS. Le concept détonne quelque peu, puisque le jeu semble en premier lieu s'adresser à un public plus senior que d'ordinaire pour la marque. Le titre tente de concilier un aspect ludique avec des prétendus exercices destinés à développer les neurones des joueurs à partir des exercices écrits par le professeur et neurologiste Ryuta Kawashima en 2003. Plusieurs spécialistes vont immédiatement se dépêcher de réfuter les allégations bénéfiques de ce « vrai-faux » jeu-vidéo. Ce sera peine perdu, puisque le jeu va devenir le plus gros succès de l'année, rien qu'au Japon, puis plus tard dans le reste du monde. Level-5 sent là une véritable opportunité d'en faire quelque chose d'un peu mieux construit et, surtout, qui s'avère accessible à tout le monde. Pour cela, la société va faire appel à un éminent psychologue japonais, Akira Tago. Celui-ci, en plus d'être enseignant à l'université japonaise de Chiba, est également l'auteur de nombreux livres de gymnastique pour l'esprit qui rencontrent un gros succès au Japon. Level-5 lui confie donc la réalisation des énigmes de Professeur Layton et l'étrange village.

Tatsuya Nagano (Réalisateur) et Takuzo Nagano (Design des personnages) se chargent eux de définir le concept visuel du jeu. Ils décident d'en faire un contre-pied avec le style manga traditionnel, particulièrement pour les personnages qui ne connaissent à cette époque quasiment aucun équivalent dans les jeux-vidéo japonais. A la manière de Sherlock Holmes, le duo composé du Professeur Layton et de son jeune apprenti Luke est naturellement délocalisé à Londres, quelque part durant les années 1920. Le concept global du jeu nécessite également des emprunts à la littérature française, particulièrement celle des machineries typiques et le côté aventureux des romans de Jules Verne, mais également à l'italien visionnaire Léonard de Vinci. Pour parachever le tout, Level-5 convie Tomohito Nishiura à réaliser la musique du jeu. Il signe une bande originale entraînante, matinée de mystère, pour la partie aventure du jeu et, plus étonnant, réussit à écrire une sorte de ritournelle musicale accompagnant chacune des énigmes du jeu dont le rythme et même le tempo change complètement l'approche globale du jeu. Avec tous ces éléments réunis, Professeur Layton et l'étrange village ne pouvait alors que forcément devenir que le plus grand succès de Level-5 en 2007 !

Moins d'un an plus tard, en décembre 2007, déjà au fort de sa popularité Level-5 sort un second opus, Professeur Layton et la boîte de Pandore. Le contenu reste globalement identique, mais tous les bons côtés du précédent titre y sont véritablement bonifiés. L'intrigue s'avère plus complexe, le temps consacré aux séquences d'animation est plus long et les énigmes toujours plus retorses. On comprend d'ailleurs assez vite à quel point le Professeur Layton a considérablement gagné en popularité, dans la mesure où pour la toute première fois de la série, le jeu sera intégralement adapté en français en 2009, cinématiques incluses contrairement au jeu précédent. Un an plus tard, en novembre 2008, Level-5 parachève sa trilogie dans un mémorable Professeur Layton et le destin perdu qui sortira quelques jours seulement après Professeur Layton et la Diva éternelle en France dont l'intrigue est pourtant relié au quatrième opus.

C'est cette même année 2008 que Level-5 détermine la nouvelle stratégie pour la suite à donner à sa saga fétiche. Contre toute attente, le studio choisit la voie de la préquelle et remonte le temps de nombreuses années avant les évènements racontés dans Professeur Layton et l'étrange village. Plus précisément, Professeur Layton et l'appel du spectre va plus ou moins raconter l'origine de la rencontre entre Hershel Layton et Luke Triton. Pendant le développement de Professeur Layton et l'appel du spectre, Level-5 approche le producteur Masakazu Kubo, largement connu au Japon et déjà familier des adaptations de jeux-vidéo à l'écran pour être caché derrière le label Pokémon. Il confie à Masakazu Hashimoto le soin de réaliser ce premier long métrage, Professeur Layton et la Diva éternelle donc, dont l'histoire doit se dérouler tout juste après leur quatrième opus. Plus largement, le long métrage doit même au départ parfaitement réussir à s'intégrer dans une pentalogie (trois jeux vidéos et deux longs métrages de transition entre chacun d'eux) tout en se révélant parfaitement compréhensible pour l'ensemble du public, connaisseur ou non. Le pari est forcément des plus osés !

Le tour de force de Professeur Layton et la Diva éternelle est de parvenir à remplir parfaitement tous les termes de son contrat initial. En premier lieu, le long métrage se place en suite directe de Professeur Layton et le destin perdu. L'intrigue débute et se conclue en effet quelque temps après la fin de la première trilogie sur Nintendo DS. En second lieu, l'intelligence du scénario de remonter rapidement le temps, de façon presque transparente, amène le spectateur non connaisseur de l'univers de croire que le début et le reste de l'intrigue se déroule sur une même période temporelle. Ce qui n'est en réalité pas le cas, en témoigne le petit rôle figuratif de Flora. En troisième lieu, l'ensemble des personnages ont le mérite d'être rapidement présentés aux non connaisseurs, sans jamais alourdir le récit. Pour les amateurs au contraire, on apprécie de retrouver intacte leurs personnalités respectives. En quatrième lieu enfin, Professeur Layton et la Diva éternelle réussit à apporter des éléments nouveaux dans la complexe intrigue de cette préquelle débutée dans Professeur Layton et l'appel du spectre, tout en s'imbriquant parfaitement en excellente introduction à Professeur Layton et le masque des miracles, le cinquième opus de la saga, qui lui fait directement suite ! C'était pourtant une véritable gageure que la scénariste Aya Matsui dénoue pourtant avec un extrême talent, alors qu'elle n'a pourtant pas contribué à l'intrigue des trois opus vidéoludiques (C'est Akihiro Hino qui scénarisait les jeux).

La seconde trilogie du Professeur Layton et ce premier long métrage sont étroitement liés entre eux. A tel point d'ailleurs que je reste toujours persuadé que le personnage de Jean Descole a été précisément créé dans l'objectif d'être un véritable antagoniste à Hershel Layton dans Professeur Layton et la Diva éternelle. La première trilogie connaissait certes un personnage récurrent qui s'opposait à Layton, Don Paolo, mais il n'avait clairement pas les épaules pour se dresser face à notre Professeur érudit favori. Il servait surtout de faire-valoir ainsi que de comique de service tout au long des trois jeux de la trilogie initiale, car en réalité Hershell devait réellement faire face à trois antagonistes différents durant les trois premiers jeux. L'histoire de Descole a, au contraire, réellement été construite pour être racontée en plusieurs parties distinctes, dont la conclusion intervient uniquement dans Professeur Layton et l'héritage des Aslantes, sixième et dernier jeu de la saga. Dans Professeur Layton et la Diva éternelle on sait peu de chose à son sujet. Jean Descole se place donc immédiatement comme un homme qui a l'étoffe de déjouer Layton. Seul son caractère emporté joue en sa défaveur. En cela, la relation Layton/Descole rappelle inévitablement celle de Holmes/Moriarty. Un amalgame forcément volontaire dans une intrigue construite plus ou moins de façon policière et qui se veut un hommage assumé à la grande littérature du genre.

Même si on n'a pas la moindre connaissance de l'univers, Professeur Layton et la Diva éternelle se suffit pourtant à lui-même. Le scénario du long métrage s'inspire des contes et légendes, donnant ainsi une thématique fantasmagorique qui sied parfaitement aux quelques énigmes que doivent résoudre les protagonistes pour découvrir le continent perdu d'Ambrosia et pour tenter de percer le mystère de l'élixir de longue vie. Cela fonctionne à cent pour cent, puisqu'on s'immerge immédiatement dans l'histoire. Le côté aventure de l'intrigue est une réussite totale qui peine peut-être un peu d'avoir été conçu comme un jeu de piste à énigmes. La version française accentuant d'ailleurs cela en énumérant les numéros, tout en prononçant les zéros (vous connaissez beaucoup de monde vous qui prononcera « zéro-zéro-un » en lisant « 001 », à part peut-être les anglophones qui diront probablement « Double-O-One » ?). Il n'empêche que ces quelques petites énigmes pimentent un peu le début du récit, laissant le spectateur à ses réflexions, dont il trouvera au final rarement la bonne réponse.

Comme indiqué plus haut, Professeur Layton et la Diva éternelle est produit par Masakazu Kubo. Pour l'amateur de l'univers Pokémon que je suis, la familiarité entre celui-ci et ce film est presque totale. On y retrouve en effet la même dynamique et à peu près les mêmes techniques d'animation. La qualité de l'animation en 2D est donc ici aussi d'excellente qualité. Le character design assez atypique de l'univers du Professeur Layton est retranscrit avec fidélité dans ce long métrage. Chaque décors, chaque personnage, chaque éléments regorgent de trouvailles et d'idées parfois délirantes sans que cela ne gêne une seule fois le déroulement du récit. L'animation en 3D est malheureusement moins à la fête ici, puisqu'on retrouve la même qualité limitée, quelquefois douteuse, que celle rencontrée dans les films Pokémon. Mais on ne peut nier qu'elle apporte quelque chose d'indispensable au récit, l'incontournable engin musical, baptisé Detragan, qui est au coeur même de toute l'intrigue. Cela permet la même symbiose entre l'image et la musique, comme c'était le cas dans l'impressionnant final de L'ascension de Darkrai en 2008.

Pour réaliser la bande originale du film, Level-5 fait appel au compositeur attitré de la saga vidéoludique Tomohito Nishiura. Celui-ci a reprit papier et crayon pour offrir aux spectateurs une véritable symphonie ! Il réalise une musique totalement digne de l'esprit de la saga sur les consoles portables de Nintendo, tout en donnant une véritable dimension d'opéra au récit. Il reprend plusieurs des thèmes phares des jeux-vidéo, leur apportant une portée narrative bien plus grande qu'auparavant. On retrouve donc à nouveau deux instruments récurrents dans ces thèmes. Le premier est celui que l'on associe d'ordinaire aux parisiens, l'accordéon. Le second est le violon. Cependant, Tomohito Nishiura n'oublie pas d'apporter du sang neuf à son travail, en créant une véritable histoire musicale en plusieurs actes, tels un opéra ou une pièce de théatre, dont la protagoniste principale est Janice Quatlane. Au fur et à mesure que l'intrigue avance, son thème musical gagne peu à peu en puissance, jusqu'à atteindre son paroxysme lors de la révélation finale de Professeur Layton et la Diva éternelle. Tomohito Nishiura fait même en sorte que l'histoire du film connaisse un épilogue, en enchaînant directement avec la chanson de Nana Mizuki qui débute exactement là où le film se termine. Ceci de manière aussi fluide que parfaite !

Concernant la version française, on retrouve avec un bonheur certain l'ensemble des voix françaises des personnages, telles qu'on les entend dans les jeux depuis Professeur Layton et la boîte de Pandore en 2009. On aurait pu craindre le pire, dans la mesure où généralement un long métrage animé est systématiquement saccagé par les sociétés de production qui préfèrent généralement placer des stars médiatiques dans les rôles principaux. Professeur Layton et la Diva éternelle a eu la « chance » de ne pas être diffusé en salle en France, il a donc pu échapper à un doublage sacrilège. C'est à l'éditeur Kazé que l'on doit la localisation du long métrage dans notre langue. Celui-ci étant beaucoup plus respectueux de son public, il n'a donc pas hésité à rappeler les mêmes comédiens que la saga sur la Nintendo DS, alors que cette adaptation n'a même pas été réalisée par la même société de doublage ! Kazé fait aussi le choix de compléter la distribution par des comédiens déjà chevronnés, dont le style vocal se marie relativement bien avec ceux que nous connaissions jusque là. A l'exception peut-être de Christine Paris, qui a un peu de mal à crédibiliser la jeune Nina. Ceci mis à part, Kazé ne commettra sur ce doublage qu'un unique impair, Luke y est surnommé « disciple du professeur » en lieu et place du récurrent « apprenti du professeur» entendu dans tous les jeux.

Pour conclure, Professeur Layton et la Diva éternelle est un véritable cadeau offert aux fans de la saga. Masakazu Hashimoto signe un long métrage respectueux de l'univers préétabli par Level-5 et l'emmène à un tout autre niveau narratif. Il offre un film dynamique à souhait, qui rend appréciable le côté énigmatique et aventureux du récit. L'intrigue signée Aya Matsui est suffisamment intelligente pour accrocher les spectateurs non connaisseurs, car elle multiplie les faux semblants et les jeux de pistes. Enfin, Tomohito Nishiura apporte la cohésion musicale à l'ensemble, rendant le tout cohérent pour les initiés et agréable pour les autres. Il donne aussi une véritable dimension cinématographique au film, grâce au concours d'un véritable orchestre symphonique qu'un écran de cinéma ne peut en aucun cas limiter, contrairement à la faible puissance audio de la Nintendo DS. Professeur Layton et la Diva éternelle est donc un formidable long métrage, ingénieux et raffraichissant, qui parvient à vivre en totale autonomie au-delà de la saga qui l'a vu naître. Mais il n'atteint sa véritable perfection qu'en ayant une solide connaissance de la seconde trilogie vidéoludique. Malgré son succès au Japon, on regrettera juste que Professeur Layton et la Diva éternelle n'ai pas donné lieu à un second long métrage pourtant attendu, mais depuis abandonné pour d'obscures raisons. Mais tout espoir n'est pas perdu, Level-5 ayant décidé de faire renaître sa saga fétiche sous les traits de Lady Layton, la fille du célèbre professeur, dans un nouveau jeu prévu en 2017. Rien n'empêche qu'un nouveau film ne lui soit pas prochainement dédié !

Olivier J.H. Kosinski - 22 septembre 2016

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Professeur Hershel Layton : Martial Le Minoux

Luke Triton : Marie Zidi

Emmy Altava : Isabelle Desplantes

Janice Quatlane : Nathalie Bienaimé

Jean Descole : Benoît Du Pac

Nina : Christine Paris

Oswald Whistler : Vincent Violette

Clamp Grosky : Jacques Albaret

Marco Brock : Yann Pichon

Frederick Bargland : Philippe Roullier

Pierre Starbuck : Emmanuel Fouquet

Celia Raidley : Ingrid Donnadieu

Annie Dretche : Ingrid Lefrançois

Flora Reinhold : Nathalie Bienaimé

Inspecteur Chelmey : Yann Pichon

Sources :
Planète Jeunesse

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