Once Upon A Time a cette étonnante capacité de jouer à la fois sur la corde sensible des amoureux des personnages Disney et sur une construction narrative peu conventionnelle, qui rend l'expérience, n'ayons pas peur de le dire, tout aussi addictive que foncièrement barbante ! Les auteurs s'ingénient continuellement à distiller très peu d'éléments de scénario au début de chacune des périodes de la série, mais juste assez pour donner envie de connaître la suite, pour plus tard tourner un peu en rond au milieu avant de proposer une étonnante accélération de la trame de l'histoire quand elle se rapproche de sa fin. Dès lors, il n'est possible de considérer la série que comme un ensemble d'épisodes mis en relation les uns avec les autres afin de proposer plusieurs grandes histoires. Et c'est grâce à un étonnant concours de circonstances que Once Upon A Time va réussir à proposer une première grande histoire, globalement convaincante, durant ces deux premières années et demi ! Car un évènement imprévisible va venir perturber le processus créatif de la série : la véritablement relation amoureuse de Ginnifer Goodwin et Joshua Dallas ! Tandis que les deux personnages qu'ils interprètent forment déjà un couple à l'écran, ceci dès le premier épisode, les deux comédiens finissent eux aussi par se rapprocher et finalement former un couple dans la vrai vie. Les deux tourtereaux décident alors de fonder une famille. IIs en informent aussitôt Edward Kitsis et Adam Horowitz, ce qui les oblige à complètement redéfinir le déroulé de la saison 3 en la découpant en deux parties bien distinctes.
Plutôt que d'intégrer immédiatement la grossesse de Ginnifer Goodwin, qui ne se prête absolument pas à l'intrigue à ce stade, ils imaginent alors une pirouette narrative pour la seconde partie de la saison 3. Mais pour pouvoir arriver à ce nouveau stade narratif, qui inclura la maternité de Blanche-Neige, il n'y a pas trente-six solutions : il faut d'abord conclure, au moins en partie, tout ce que Once Upon A Time avait proposé jusque là. Dès ce moment, le destin de la première époque de la série est scellé. De la saison 1 à la saison 3A, car il y a là un début, un milieu et une fin, Once Upon A Time va tout simplement proposer aux spectateurs ce que l'on peut raisonnablement considérer aujourd'hui comme son âge d'or ! Cependant, ne sachant pas si la série serait un succès d'audience ou non, Edward Kitsis et Adam Horowitz vont dans un premier temps se contenter de tâter le terrain. Ils décomposent la première grande époque de la série en deux parties. La première servant à introduire le mythe (toute la première saison), tandis que la seconde prolonge le récit d'un an et demi et l'amène à sa première grande conclusion (de la saison 2 à l'épisode 11 de la saison 3). Ce dont je vous propose de parler dans cette partie du dossier consacré à la série.
Dès 2011, Once Upon A Time va surtout se borner à introduire son univers et ses personnages, arrêtant principalement son intrigue autour de deux personnages féminins : la (fausse) blonde Emma Swan face à la (vrai) brune Regina Mills. La lutte intestine entre les deux femmes a pour principal objectif de s'accaparer Henry Mills, fils biologique de la première et fils adopté de la seconde, car toutes les deux ont résolument un gros vide affectif à combler dans leur coeur. En toile de fond, la série propose toutefois une réécriture des personnages des contes de fées, tout du moins après le traditionnel "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants...", afin d'en proposer une suite façon tragédie grecque. Pour cela, filiation Disney oblige, Once Upon A Time bâtit quasi-intégralement son récit autour de la lutte de deux autres femmes, Blanche-Neige et sa maléfique marâtre, qui ont été les vedettes du premier grand long métrage animé du studio. L'histoire de la série débute ainsi précisément (enfin presque) là où la version de Disney s'achevait, quand le Prince Charmant ramenait Blanche-Neige à la vie. Mais la Méchante Reine, ne supportant pas son échec face à sa douce belle-fille, manigance alors un piège diabolique. Elle lance le terrible Sort Noir qui propulse tous les personnages de la Forêt Enchantée, désormais amnésiques, dans la ville fictive de Storybrooke, dans l'Etat du Maine aux Etats-Unis. Cependant, la magie ayant toujours des effets de bord indésirables, le jeune Henry Mills n'est pas affecté par cette malédiction. En adoptant Henry, Regina va indirectement causer sa propre perte en permettant à ce dernier de ramener Emma Swan à Storybrooke. Dès lors, l'intrigue se met en place.
Patiemment, épisode après épisode, Once Upon A Time va construire les fondements de son mythe. La série va ainsi s'efforcer d'introduire, de façon relativement habile, chaque personnage bien connu de l'univers Disney dans une vision relativement proche de ce que l'on connaissait d'eux jusque là. Dès le premier épisode, hormis Blanche-Neige, Charmant et la Méchante Reine, la série introduit des personnages familiers : les sept nains et le chasseur. Progressivement, apparaissent les autres, Gepetto, Maléfique, Jiminy Criquet, Cendrillon, son prince et sa marraine la fée, la Fée Bleu, sans oublier le Chapelier, Belle, Aurore, Mulan ou même Gaston pour n'évoquer que les plus emblématiques. Malheureusement, cela ne suffit pas. Même si Disney a bâti son empire à "s'accaparant" (via l'habile jeu de l'adaptation) les récits produits par d'autres, l'univers de la firme aux grandes oreilles n'est pas suffisant pour servir les ambitions d'Edward Kitsis et Adam Horowitz. Ces derniers piochent alors leurs inspirations ailleurs, principalement dans les sources allemandes dont celles des frères Grimm, pour enrichir leur univers. C'est là qu'entre en scène l'énigmatique Rumplestiltskin, celui qu'on appelle normalement Tracassin en France. Personnage de l'ombre au cours de la première saison, Rumplestiltskin nous est présenté, dans la première période de la série, comme le véritable créateur du Sort Noir. Un point de vue qui a été complètement remis en cause durant la saison 4, dans une histoire prenant la forme d'une continuité rétroactive assez douteuse, mais que j'ignore volontairement pour cette partie du dossier.
Pour servir l'intrigue, Once Upon A Time choisit assez habilement d'entremêler différentes sources afin de les rendre cohérentes entre elles. Ainsi, par exemple, l'histoire de Rumplestiltskin est relié à celle de la légende de Saint Georges, où un royaume exige des habitants un tribut quotidien de jeunes gens pour affronter une menace, en l'occurrence les ogres, en lieu et place des dragons. De cette même légende découle l'odieux Roi Georges dont le récit est là encore entremêlé à la célèbre histoire du Prince et du Pauvre écrite par Mark Twain en 1882. A son tour, le fameux pauvre croise la route d'un certain chaperon rouge qui elle-même relie la mythologie des lycanthropes à celle de Blanche-Neige. Bref, Once Upon A Time arrive régulièrement à se révéler suffisamment astucieuse pour réussir à jouer de connivence avec son public, qu'ils soient fins connaisseurs ou non des contes, tout en offrant évidemment un léger avantage aux plus passionnés d'entre eux. Du coup, malgré une qualité parfois discutable des épisodes, on se laisse irrémédiablement happer par les premiers tâtonnement de Once Upon A Time.
Paradoxalement, la saison 1 de Once Upon A Time a aussi son revers : son côté foncièrement agaçant. Parmi ses principaux reproches, Edward Kitsis et Adam Horowitz "disney-ifie" à la limite du ridicule leurs protagonistes, au point de véhiculer une morale messianique aux frontières de la crédibilité. La série se contente de faire de l'affrontement entre Emma et Regina une bête lutte à mort entre le bien et le mal, oubliant par la même que le monde réel n'existe que par une nuance de gris. Tout le monde est soit trop gentil, soit trop méchant, mais il n'existe quasiment jamais personne qui se situe entre les deux durant la première saison. Pire encore, en répétant inlassablement que le bien "triomphera toujours", il dissémine les prémices d'un des plus gros gags de répétition (avec celui du couple Charmant qui se retrouve toujours lui-aussi) qui collera aux basques de la série durant l'intégralité de ses sept saisons. Or, la perfection n'est pas de ce monde, ça se saurait depuis le temps si ce n'était pas le cas.
Heureusement pour nous, c'est là où va résider tout le génie de Once Upon A Time durant l'année et demi qui va suivre, le récit va complètement changer de perspective dès la saison 2. La série va en effet faire quelque chose de furieusement audacieux en éjectant, tout simplement, Emma Swan des personnages principaux du récit pour la réduire à un simple instrument destiné à atteindre un objectif spécifique. Sans nul doute cette affirmation doit vous choquer, et pourtant ! Là où toute la première saison s'est efforcée de la rendre héroïque, quitte à en faire le personnage majeur de Once Upon A Time, Emma est effectivement déboulonnée de son piédestal, apportant par la même occasion cette nuance de gris qui manquait tant à la série et qui débarque enfin pour servir le récit. Toute la vie d'Emma est entièrement remise en cause, de sa naissance manigancée et prévue de longue date, à son statut d'orpheline et jusqu'à son destin de briseuse de malédiction. Dès qu'Emma s'éveille à la vérité, elle se prend carrément tout en pleine face, comprenant que sa destinée n'a été manigancée que pour servir une, et une seule, intrigue. En l'occurrence celle de Rumplestiltskin, le seul et véritable protagoniste de la première époque de la série qui, par effet domino, va entraîner derrière lui celles de tous les autres protagonistes, notamment la tourmentée Regina Mills ! Mais c'est réellement au début de la saison 3 qu'Emma va réellement prendre conscience de tout cela, tout comme le spectateur, car la saison 2 de Once Upon A Time va surtout s'efforcer de brouiller les pistes.
Pour cela, les divers protagonistes sont volontairement séparés dans deux endroits différents, une partie restant coincée à Storybrooke, l'autre envoyée dans la Forêt Enchantée. Cette division du groupe à peine reformé à la fin de la saison 1, permet à Once Upon A Time de dynamiser son intrigue tout en permettant d'approfondir sa mythologie. C'est inévitablement durant cette saison 2 que l'on comprend l'intention initiale d'Edward Kitsis et Adam Horowitz qui veulent raconter quelque chose que l'on ne soupçonnait pas au départ : le désir inavoué de Rumplestiltskin. La perspective de la série se délocalise donc complètement pour se recentrer sur lui, mais également autour de Regina qu'il a conduit sur le chemin obscur pour l'avènement de la Méchante Reine qui servira à son plan diabolique. D'antagonistes au départ, les deux personnages se muent alors en tragédiens pour lesquels nous finissons par ressentir un fort lien d'empathie. Petit à petit, on comprend que quasiment aucun personnage n'a jamais été maître de son propre destin dans l'univers de la série. Plus qu'une histoire de rédemption, qui attendra réellement la saison 3 pour être véritablement abordée, la saison 2 propose surtout aux divers personnages de reprendre leur vie en main. Particulièrement Regina qui, définitivement, vole totalement la vedette à Emma durant cette saison. Là où Emma est un rôle lisse qui a perdu toute consistance et légitimité dès que la malédiction est brisée, Regina s'étoffe, se conflexifie et se bonifie épisode après épisode. Elle est torturée, tiraillée même, entre son profond désir de revanche et son besoin de retrouver une stabilité émotionnelle. Elle doit même faire une croix définitive sur son passé, et pour cela, elle doit particulièrement renoncer à son premier amour Daniel. Un choix cornélien par excellence !
Tandis que Emma et Marie-Margaret sont abandonnées dans la Forêt Enchantée, Once Upon A Time s'offre les service de trois nouveaux personnages secondaires bien connus des fans de Disney : le couple Philippe (Julian Morris) et Aurore (Sarah Bolger), ainsi que la jeune guerrière Mulan (Jamie Chung). Si Philippe restera à jamais l'un des deux Princes les plus anecdotiques de la série (Avec Eric), en n'ayant absolument rien de particulier à son actif si ce n'est d'avoir réveillé Aurore, les deux autres personnages sortent un peu du lot durant la saison 2. Mais cela n'ira pas au-delà, particulièrement pour la première qui n'aura plus aucune légitimité par la suite. Au cours de cette saison 2, Aurore sert un temps soit peu comme " antenne relais " entre les habitants de Storybrooke et la Forêt Enchantée. Malheureusement, si ses traits se confondent finalement bien avec la Princesse Disney, Sarah Bolger a beaucoup de mal à s'avérer sympathique, contrairement à Ashley Boyd (Cendrillon) apparue précédemment. Plus pertinent, Jamie Chung est réellement à l'aise dans le costume de la jeune chinoise en perte de repère. Son rôle reste même plutôt plaisant tout au long de ses diverses apparitions. Mais au-delà de la saison 2, Aurore, tout comme Philippe, n'auront plus aucun rôle majeur dans Once Upon A Time, ce qui a quand même pour mérite de ne pas trop les souiller, contrairement à la pauvre Mulan dont les réapparitions ponctuelles décrédibiliseront petit à petit le personnage au fil des années.
La saison 2 est également l'occasion de mieux développer la relation entre Rumplestiltskin et Belle dont le personnage servait à démontrer qu'il y avait une âme dissimulé en dessous de la bête. Apparue dès la saison 1, dans un rôle assez déluré, Belle rejoint petit à petit la distribution originale en devenant l'un des personnages secondaires les plus récurrents de Once Upon A Time. Emilie de Ravin se révèle toutefois convaincante dans ce personnage qui tente désespérément de faire basculer Rumplestiltskin du bon côté. Cependant, elle est très loin d'égaler le personnage Disney dont les scénaristes n'ont finalement retenu que son caractère entêté et son amour pour les livres. Dans Once Upon A Time, Belle est toujours prompte à avoir un trop plein de confiance et semble extrêmement facile à manipuler. Ce n'est véritablement qu'à partir de la saison 3B qu'elle parviendra enfin à s'émanciper un peu. Dans l'intervalle, elle reste surtout charmante mais un peu trop influençable. Restera ici sa surprenante confrontation avec le Capitaine Crochet, dont la vengeance prime sur la santé de Belle.
Enfin, c'est véritablement la relation conflictuelle entre le nouveau venu Neal Cassidy et Rumplestiltskin qui crée la plus belle dynamique de la saison 2. Leur histoire et leur passé commun est en effet au coeur de tous les évènements qui découlent dans les deux premières saisons et demi de Once Upon A Time. Et plus Rumplestiltskin tente de rattraper ses erreurs, plus cela déclenche des problèmes en cascade. Malheureusement, comme toujours avec lui, il entraîne dans son sillage de nombreux personnages qui ne l'avait ni souhaité, ni demandé. Mais Rumplestiltskin est comme ça, égoïste, seul son désir prime sur tous ceux des autres. En fin de compte, pour lui, seule la fin justifie les moyens.
Il est particulièrement évident, à la vue du début de la saison 3 qui rentre beaucoup plus vite dans le vif du sujet que les saisons précédentes, qu'Edward Kitsis et Adam Horowitz n'avaient pas prévu de devoir changer aussi vite leurs plans initiaux pour la série. La maternité de Ginnifer Goodwin a en effet nécessité de revoir complètement le scénario de la série afin de la recentrer sur seulement onze épisodes, au lieu des vingt-deux habituels. Mais c'est incontestablement un mal pour un bien, car cela permet de faire s'envoler Once Upon A Time au firmament de sa première époque. La saison 3A va s'efforcer d'aborder le thème de la rédemption de front pour tous les protagonistes du récit. Chacun, à tour de rôle, va devoir affronter ses démons intérieurs, les surpasser et donner le meilleur de lui-même afin de libérer définitivement Henry de l'emprise de Peter Pan. Cette saison 3A réussit le tour de force de rééquilibrer chacun des protagonistes, que ce soit Emma, Rumplestiltskin, Regina, David, Marie-Margaret, Neal ou encore Crochet. Le récit permet également d'introduire deux nouveaux protagonistes de charme, Clochette bien évidemment qui ne pouvait absolument pas être oubliée dans une intrigue se déroulant au Pays Imaginaire, et plus particulièrement la charmante Ariel qui fait ici ses tous premiers pas dans la série.
Parmi les atouts de la saison 3A, le changement total des éléments du décors est une agréable surprise. Aussi charmante que soit Storybrooke, la ville fictive du Maine finissait par lasser un tant soit peu le regard car on tournait inexorablement en rond en terme de décors. La maison de Marie-Margaret, la boutique de Gold, le bureau du Maire, le restaurant de Granny, sans oublier la forêt canadienne verte et humide, autant de lieux archi-connus qu'on finissait par les remiser dans un coin obscur de notre esprit. Pourquoi ? Parce qu'ils n'avaient plus rien à nous offrir en fin de compte, si ce n'est à inscrire les personnages dans la banalité du quotidien. La saison 3A remet complètement les pendules à l'heure en proposant quelque chose de nouveau, à la fois sincère et effrayant. Le Pays Imaginaire est radicalement différent de ce qu'on attendait de lui, car il est à l'opposé même de la ville de Storybrooke. Un sentiment que l'on doit principalement à l'aménagement d'un vrai plateau de tournage bordé de nombreuses plantes tropicales. Cela permet de souffler et s'éloigner des trop fréquents recours aux incrustations numériques, dont Once Upon A Time plongera de plain-pied par la suite, conduisant à des ignominies visuelles à peine quelques mois plus tard.
La saison 3A est ainsi l'occasion d'introduire deux nouveaux personnages féminins bien sympathiques, mais peu exploités dans Once Upon A Time. Il y a d'abord la ravissante Joanna García Swisher qui incarne à l'écran la célèbre petite sirène Ariel. La comédienne est excellente pour proposer une sorte d'adulte-enfant qui s'émerveille d'un rien et s'entiche d'un prince rencontré par pur hasard. Ariel est, avec August, l'un des très rares personnages de Once Upon A Time a n'avoir pas été complètement dénaturé par les tâtonnements des scénaristes durant les sept années de diffusion. Toutefois, Joanna García Swisher apparaît bien moins souvent à l'écran que Eion Bailey, elle n'a pas vraiment l'occasion de démontrer l'étendu de son talent. C'est donc uniquement dans cette saison 3 que la comédienne fait ses plus nombreuses apparitions (seulement quatre). On retiendra donc surtout la sympathie et le côté jovial de son Ariel. L'autre personnage introduit dans la saison 3A et qui ne pouvait évidemment pas faire défaut dans une intrigue évoquant le Pays Imaginaire est bien entendu la Fée Clochette. Si sa relation avec Peter reste nébuleuse, car elle n'est jamais expliquée à l'écran, Rose McIver est un choix pertinent car elle parvient à proposer une héroïne brisée dont la déchéance fut autrefois causée par Regina. Bien qu'absente ensuite de la série, car la comédienne est retenue par son rôle principal dans la série iZombie, l'ombre de Clochette planera longtemps sur Once Upon A Time, notamment via sa prédiction et la fameuse page 24 alternative du livre de conte qui sera au centre de plusieurs épisodes.
Bien entendu, l'atout principal de la saison 3A est l'excellent Robbie Kay qui prête ses traits au premier véritable personnage manichéen de l'univers de la série : l'éternel enfant Peter Pan. Et là où réside la plus grande réussite du personnage, c'est d'avoir totalement effacé sa vision disneyenne pour se rapprocher de la description faite par son auteur J. M. Barrie. Contrairement à la version Disney, qui la complètement aseptisé, Peter Pan est un personnage trouble. Il est à l'image même de ce qu'il redoute chez les adultes : égocentrique, dépourvu d'émotions ou de compassion humaine. Bref, c'est un personnage sans coeur qui est exploité avec habileté par Once Upon A Time pour cette saison 3A, tout en reliant évidemment cette intrigue à celle de Rumplestiltskin et conduire ce dernier vers sa destination finale. Pour l'occasion, Regina va devoir en faire autant, et prendre le chemin inverse de celui de Peter Pan. Là où ce dernier va se borner à refuser éternellement d'avancer, Regina va commencer à s'ouvrir à nouveau aux émotions afin de libérer Henry, mais aussi Emma, du tourment dans lequel elle les avaient tous deux enfermés.
Dès lors, les scénaristes rivalisent d'ingéniosité pour amener doucement Once Upon A Time vers un véritable achèvement, certes doux-amer, mais une conclusion quand même. Il est d'ailleurs tout à fait possible d'oublier complètement l'épilogue présent dans l'épisode 11 de la saison 3A pour se rendre compte à quel point les deux premières années et demi de Once Upon A Time forment un tout absolument solide, cohérent, ingénieux et sensible dans son ensemble malgré quelques ratés inévitables disséminés ici et là dans certains épisodes dont l'utilité restera, à jamais, plus que discutable. Ainsi s'achève alors la première époque de la série, proposant un total renouveau à ses personnages désormais débarrassés de leurs démons. Mais c'est un pirate qui va finalement tout remettre en cause et obliger les personnages de Once Upon A Time à vivre un brutal retour aux sources.
À suivre dans le chapitre 3...
Olivier J.H. Kosinski - 24 août 2018