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Mulan

Mulan a connu une situation extrêmement chaotique. Prévu initialement pour une sortie en salle le 25 mars 2020 en France et 27 mars 2020 au Québec, le long métrage est une première fois repoussé au 24 juillet 2020. Finalement, la pandémie COVID-19 compromet sa sortie et Disney décide, au cours de l'été, de proposer le long métrage sur sa plateforme Disney+. Le studio crée alors, spécialement pour ce film, une formule premium payante inédite : pour 35 dollars les utilisateurs ont un accès anticipé privilégié au long métrage à partir du 04 septembre 2020. Le long métrage rejoint finalement la plateforme sans coût supplémentaire le 04 décembre 2020 partout dans le monde, notamment en France où la formule premium n'a pas été adoptée. Le long métrage dispose de deux versions francophones.

L'intrigue

Lorsque l'empereur de Chine annonce qu'un homme par famille doit servir dans l'armée impériale pour défendre le pays des envahisseurs du Nord, la jeune Hua Mulan décide de prendre la place de son père malade. Pour passer inaperçue parmi les soldats, elle se déguise en homme et se fait appeler Jun. Déjà intrépide et forte physiquement, elle est amenée à exploiter son plein potentiel afin de prouver sa valeur à sa famille et à son pays. Cependant, une femme parmi le régiment est une offense grave, Mulan doit donc tâcher de garder son secret intact si elle veut préserver l'honneur des Hua...

Analyse de l'oeuvre

Mulan aura littéralement fait couler beaucoup d'encre, en bien comme en mal, à la suite de ses innombrables péripéties tout au long de l'année 2020 : une pandémie mondiale, des choix stratégiques de diffusion discutables, des propos polémiques, des scandales, tout cela sans oublier le public chinois ouvertement hostile au long métrage. Il était d'ailleurs impossible d'y couper, tant le long métrage s'est invité dans presque tous les médias grands publics durant l'année écoulée. Malgré tout, j'ai attendu un temps de pied ferme la sortie en salle du long métrage, sans aucun doute possible l'unique remake que je souhaitais réellement aller voir en salle tant la bande annonce m'avait vendu du rêve. Tous les indicateurs étaient au vert pour moi. Un casting majoritairement chinois, des scènes de combats épiques, une légère dose de fantastique typique du cinéma asiatique et, enfin, une grande histoire même si les grandes lignes étaient déjà connues. Bref, je m'attendais clairement à un spectacle à la hauteur de la pertinence d'un Tigre et Dragon, de la démesure d'un Along with the Gods, de l'exubérance d'un Détective Dee, de la sympathie d'un Jeon Woochi, voire carrément d'une mise en scène hystérique d'un L.O.R.D - Legend of Ravaging Dynasties. J'aurais mieux fait d'être plus attentif sur les réelles origines de l'équipe de production du film, persuadé comme je l'étais qu'un film d'une telle ambition n'incluait en réalité pratiquement aucune équipe de la communauté chinoise.

La désillusion a été clairement totale tant je n'ai absolument rien retrouvé du cinéma asiatique dans Mulan, si ce n'est des clichés ou des idées lancées par-ci par-là sans mise en contexte. Pour donner un ordre d'idée sur ce que j'ai ressenti lors de ma découverte du film, c'est un peu ce que l'on ressent lorsque l'on découvre la saison 2 de la célèbre série Le flic de Shanghaï mettant en scène le succulent Sammo Hung. Comparse de longue date du tout aussi célèbre Jackie Chan, Sammo Hung interprétait le rôle d'un enquêteur chinois qui débarquait à Los Angeles dans l'intention d'arrêter un mafieux chinois. Toute la première saison, produite par une équipe majoritairement chinoise, offrait un festival jouissif où tous les codes habituels des productions asiatiques se retrouvaient confrontés aux codes traditionnels des productions américaines. On y trouvait un sens de la mise en scène épique, des scènes de combats tout aussi impressionnantes que drolatiques (personne n'aura oublié sa toute première scène avec la brosse à craie !), des personnages savoureux et bien écrits et un fort esprit de camaraderie entre les comédiens qui transparaissait à travers l'écran. Lorsque la deuxième saison a été lancée, toute l'équipe de production fut entièrement renouvelée par un staff entièrement américain. Si la sympathie pour les personnages est restée, toute la seconde saison respirait l'odeur d'une contrefaçon. Ça ressemblait bien au flic de Shanghaï, mais ça n'en avait plus le même goût. Mulan, c'est incontestablement la même chose. Disney tente avec ce film de nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Mulan est une copie ratée, une imitation sans saveur du cinéma asiatique.

Si seulement c'était la seule chose qui n'allait pas avec Mulan. Mais non, malheureusement. Le long métrage se résume à un spectacle froid, terne et pauvre dans sa mise en scène. On n'y trouve aucune audace, aucun panache. Tout y est lisse et irrémédiablement prévisible. Plus grave, le long métrage est presque inhumain, particulièrement pour son premier rôle avec une Liu Yifei absolument inexpressive qui nous joue la fille esseulée, combative ou effrayée toujours avec l'unique même expression. Certes, son maniement des armes et des arts martiaux sont à classer parmi les bonnes performances de l'actrice (enfin, quand il ne s'agit pas d'une doublure durant les plus grosses cascades), mais cela n'arrive jamais une seule fois à compenser le manque flagrant d'empathie que l'on ressent pour elle. Les périgrinations de la femme travestie en homme ne sont ni passionnantes, ni drôles, et encore moins audacieuses. Plus gênant encore, alors que Mulan dure presque deux heures, le long métrage est deux fois moins efficace dans ce qu'il propose que le film d'animation de 1998. L'allongement inutile, disons plutôt l'étirement malheureux, de certaines scènes rend au contraire le film totalement mollasson.

Et encore, certains moments incontournables de la version animée sont abrégés ou expédiés sans aucun ménagement au profit de grandes scènes de batailles faussement épiques. Par exemple, en 1998, la courte scène introductive de la prise de la muraille de Chine était glaçante, fortement symbolique et se suffisait à elle-même. Ici, la séquence est totalement réinterprétée pendant près de trois minutes, accompagnée d'une multitude de ralentis, où la séquence devient vite totalement invraisemblable avec notamment les rourans qui courent verticalement sur des murs de dix mètres de haut. Séquence qui sera d'ailleurs reprise, presque à l'identique, dans les mêmes décors et avec les même comédiens, un peu plus loin dans le film alors que l'action n'est pas censée se dérouler au même endroit... On retrouve ce grand n'importe quoi narratif autour de Mulan elle-même, présentée dès la première scène du film comme la digne héritière du Tarzan animé de 1999, puisqu'elle est capable de surfer sur les toits sans égratignure à la poursuite d'une poule au comportement irréaliste trahissant l'utilisation massive du numérique, tout comme celle de Rey, puisqu'elle est elle-aussi soutenue par la Force... pardon le Shi, dont elle semble être l'élue... euh... son plus grand réceptacle. Entre 1998 et 2020, on a donc totalement perdu toute la caractérisation du personnage. Jeune fille comme tout le monde pourtant capable d'accomplir un véritable exploit à l'époque, aujourd'hui une "Jun Rambo" mystique galvanisée par la Force... zut... le Shi...

Si Liu Yifei est inexpressible, c'est encore plus perturbant de découvrir que tous ses compagnons d'armes sont aussi inconsistants qu'elle. A aucun moment du film la moindre alchimie n'est perceptible entre les comédiens. On ne ressent rien à leur rencontre, on ne sait plus vraiment qui est qui, ni à quoi ils servent puisqu'ils n'ont finalement aucun grand rôle à jouer dans Mulan. C'est un peu comme avoir rajouté une soeur à Mulan dont l'utilité est aussi pertinente que la présence de Petit Frère (qui n'était pas un garçon mais un chien, si vous aviez oublié) en 1998. Les dialogues et échanges entre les personnages sont également très pauvres, la faute à une mise en scène en champ / contre-champ très flemmarde. Disney nous avait d'ailleurs aussi martelé que Li Shang serait supprimé du remake afin d'abolir la relation amoureuse entre Mulan et lui, ceci afin d'être en accord avec la mouvance féministe de cette dernière décennie où une femme forte se doit d'être désormais célibataire endurcie. Peine perdue puisque le long métrage en crée une autre de toute pièce avec un tout nouveau personnage, Chen Honghui ! Mulan s'offre également un tout nouvel antagoniste, la sorcière Xianniang, capable de métamorphoses. Son unique objectif est de proposer à l'écran une sorte de miroir déformant, de contrepoint noir à la "lumineuse" Mulan. L'idée est louable de montrer ce qui pourrait advenir de Mulan si elle succombait à la haine et au désespoir, mais cet ajout était-il indispensable ? La légende de Mulan n'avait vraiment pas besoin de ses tours de prestidigitations ridicules rendant l'intrigue plus fantastique que réaliste, alors que le remake se voulait plus crédible que la version animée à la base.

J'ignore si j'avais pressenti inconsciemment une telle déchéance, puisqu'en presque une année d'attente pour découvrir Mulan, je suis passé de l'enthousiasme fébrile à l'indifférence totale en quelques mois. Au sortir de la séance exclusivement en ligne, puisque le long métrage n'a pas été distribué autrement en France, je me suis étonnamment réjouis de n'avoir pas déboursé un seul centime pour un accès premium anticipé en septembre et, en même temps, l'amertume m'a complètement envahie, regrettant même de m'être réabonné un mois à Disney+ spécialement pour lui. Mulan n'est rien de moins que la plus immense déception que j'ai ressentie pour un film Disney depuis longtemps. Ce long métrage n'est rien de moins qu'une oeuvre factice sans aucune âme.

Olivier J.H. Kosinski - 15 janvier 2021

Bande annonce

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Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 2020)

Mulan : Célia Gouin-Arsenault

Honghui : Nicolas Bacon

L'Empereur : Thiéry Dubé

Xian Lang : Sofia Blondin

Po : David Strasbourg

Böri Khan : Louis-Philippe Dandenault

Ling : Louis-Philippe Berthiaume

Commandant Tung : Frédéric Millaire-Zouvi

Doublage (France - 2020)

Hua Mulan : Claire Baradat

Chen Honghui : Stéphane Fourreau

Xian Lang : Yumi Fujimori

Commandant Tung : Antoine Schoumsky

Bori Khan : Xavier Fagnon

Ling : Anthony Carter

Po : Sébastien Desjours

Empereur de Chine : Pierre-François Pistorio

Hua Xiu : Lila Lacombe

Hua Zhou : Michel Dodane

Hua Li : Danièle Douet

Marieuse : Cathy Cerda

Cricket : Alexandre Nguyen

Sergent Qiang : David Kruger

Yao : Marc Arnaud

Magistrat : Pierre Tessier

Jeune soldat : Aurélien Raynal

Chancelier : Valentin Merlet

Voix additionnelles :

- Elisa Bardeau

- Juliette Davis

- Arnaud Laurent

- Augustin Bonhomme

- Jean-Philippe Desrousseaux

- Isabelle Auvray

- Pauline de Meurville

- Christian Jean

- Georges d'Audignon

- Franck Gourlat

- Jean-Alain Velardo

- Eric Daries

- Pascal Gilbert

Sources :
Carton Générique

2.5