Le tyran des fourmis sort d'abord au Québec le 28 juillet 2006 puis en France, le 09 août 2006, sous le titre Lucas, fourmi malgré lui. Le long métrage dispose de deux doublages francophones.
Lorsque vous vous retrouvez à la taille d'une fourmi, le monde vous semble vraiment très grand et l'aventure encore plus palpitante. Lucas, un jeune garçon de 10 ans, va rapidement le constater après avoir effrayé et martyrisé les fourmis de son jardin. Les fourmis se rebellent et font absorber à l'insu de Lucas, un élixir magique. Il se voit alors rétrécit à leur taille et va devoir leur rendre des comptes...
Le harcèlement n'aura jamais été un thème aussi actuel et universel. Toutefois, Lucas, fourmi malgré lui traite ce thème de manière quelque peu inédite dans le monde de l'animation. Car le long métrage ne traite cette fois pas vraiment de l'oppresseur, mais plutôt de sa victime. Plus particulièrement, comment un comportement toxique rend machiavélique un jeune garçon sans histoire. Lucas, c'est un jeune garçon un peu à la marge, plutôt renfermé sur lui-même et qui ne parvient pas vraiment à exprimer ses ressentiments. Alors, plutôt que de les intérioriser ou de les refouler, il passe sa colère dans la destruction d'un nid d'une colonie de fourmis dans le jardin familial. L'audace du long métrage est de traiter la question en transformant Lucas, non pas en victime, mais en monstre. Parce que le propos du long métrage est principalement focalisé sur les fourmis qui considèrent Lucas comme le "destructeur" de leur monde. Dès lors, tour de passe-passe magique par la fourmi Zoc, Lucas est rétréci pour affronter la justice des fourmis. Mais tout ne tourne pas forcément de la manière que Zoc l'espérait, tandis que Lucas découvre le sens d'une vie en groupe.
Les fourmis sont décidément l'espèce animale qui est la plus régulièrement représentée dans la fiction. Pixar et Dreamworks en ont fait des films d'animation, tandis que Disney en a fait une alliée des enfants rétrécis par Wayne Szalinski. En 1905, H.G. Wells écrit une nouvelle où une colonie de fourmis très intelligente s'attaquent à des humains au fin fond de l'Amazonie. Le film L'Empire des fourmis géantes en 1977 s'inspirera de cette intrigue. Dans le genre horrifique, on se souviendra par exemple Des monstres attaquent la ville en 1954 sur fond de complot extraterrestre. Les fourmis auront même leur heure de gloire dans un jeu-vidéo en 1989, It came from desert, dont découlera une adaptation télévisée du même nom en 2017, un superbe navet où les fourmis géantes, qui ont un énorme penchant inattendu pour les fûts de bière, s'attaquent à une bande de jeunes écervelés. Épique ! Du coup, avec cette abondance de thématiques régulièrement abordées dans la fiction, Lucas, fourmi malgré lui part avec un gros handicap. Difficile en effet de ne pas voir dans ce film un amalgame de 1001 Pattes, pour la colonie opprimée, Fourmiz pour la menace de destruction et une touche de Chérie, j'ai rétréci les gosses.
Malgré tout, le long métrage parvient à se forger sa propre identité principalement par son humour. Il semble assez évident que John A. Davis, le réalisateur, a conscience que le long métrage n'est pas forcément techniquement très abouti, même s'il reste bien meilleur que Jimmy Neutron, un garçon génial qu'il avait proposé cinq ans plus tôt. Lui aussi compensait sa faiblesse technique avec des personnages hauts en couleurs et un humour qui fonctionnait, même auprès des adultes. Si Lucas, fourmi malgré lui a un côté un peu moins épique que Jimmy Neutron, un garçon génial, il contrebalance en offrant un côté émotionnel plus travaillé. Même si certains personnages sont loufoques dans leurs réactions, on se laisse attendrir par les efforts de Lucas pour s'intégrer à la colonie. Ses acolytes les fourmis sont tout aussi sympathiques, sans oublier la grand-mère de Lucas complètement frappadingue. Bien que très discrète, accordons aussi un bon point à la bande originale, composée par John Debney, artiste assez prolifique aussi bien dans le monde télévisuel qu'au cinéma.
Au final, Lucas, fourmi malgré lui c'est surtout l'histoire d'un souffre douleur qui est remis sur le droit chemin par une colonie de fourmis. Car, comme l'écrivait Victor Hugo dans son recueil de poèmes de 1840, Les rayons et les ombres, l'intrigue du long métrage cherche avant toute chose à faire en sorte que l'opprimé d'hier ne devienne pas l'oppresseur d'aujourd'hui. C'est une approche tout à fait pertinente, ce qui permet au long métrage de se démarquer de la plupart des autres oeuvres animées pour enfants. Du coup, cela compense un peu la partie technique du long métrage qui connaît quelques défaillances de-ci, de-là.
Olivier J.H. Kosinski - 25 janvier 2025
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Doublage (Québec - 2006)
Lucas Nickle : Aliocha Schneider
Zoc : Alain Zouvi
Fugax : Jean-François Beaupré
Stan Beals : Sylvain Hétu
Kreela : Anne Dorval
Tiffany Nickle : Kim Jalabert
Fred Nickle : Pierre Chagnon
Doreen Nickle : Valérie Gagné
Hova : Nathalie Coupal
Reine des fourmis : Anne Caron
Mommo : Johanne Garneau
Doublage (France - 2006)
Lucas : Gwenvin Sommier
La Reine : Nathalie Baye
Zoc : Bruno Salomone
Hova : Alexandra Lamy
Kreela : Florence Foresti
Fugax : Philippe Valmont
Stan : Jean-Francois Vlerick
Chef du conseil : Benoit Allemane
Tiffany : Emily Rault
Mommo : Marie-Thérèse Orain
Sources :
Voxofilm
Doublage au Québec