Fourmiz est le tout premier long métrage d'animation, qui plus est 3D, de Dreamworks Animation sorti en salle le 2 octobre 1998 au Québec et le 11 novembre 1998 en France. Dreamworks reste un assez mauvais élève par rapport à d'autres studios, car il ne double quasiment jamais ses films au Québec. Il n'existe donc qu'un doublage français pour Fourmiz. Dreamworks a tardivement changé ses habitudes à partir de Drôle d'abeille en 2007.
Z, une fourmi ouvrière comme il en existe tant d'autres, sombre lentement dans une dépression carabinée. Le conformisme et le productivisme effréné qui règnent dans sa colonie l'empêchent de s'épanouir. Pour ne rien arranger, Z s'est épris de la fille de la reine en personne. Il décide d'échanger son poste contre celui d'un ami soldat, afin de prouver sa valeur aux yeux de la belle. Malheureusement, c'est le moment que choisit le général Mandibule pour échafauder un plan machiavélique, visant à détruire la colonie pour en créer une nouvelle...
J'ai longtemps été réticent à découvrir Fourmiz, la faute à la communauté Disney qui avait littéralement incendié le film, considéré comme un 1001 pattes au rabais. De plus, il faut se rappeler qu'en 1998, la sortie quasi-simultanée des deux films basés sur le même propos - seulement 21 jours les séparent - a déclenché une grande crise paranoïaque sur les soupçons de plagiat entre l'empire Disney et Dreamworks (confirmé depuis lors). Car déjà quelques mois plus tôt s'étaient affrontés sur le grand écran le bon gros nanar Armageddon et l'introspectif Deep impact, deux films reposant aussi sur une trame narrative identique. Fourmiz, c'est une histoire de fourmis faisant se rencontrer un excentrique avec une Princesse et qui doivent sauver leur colonie de la menace d'un chef de meute effroyable. Ah bon, vous trouvez que ça convient aussi très bien à 1001 pattes ? Effectivement, le doute du plagiat ne semble pas faire le moindre doute, mais peut-on considérer qu'une idée de base est la propriété d'un studio ? Pas si sûr. Heureusement, les histoires respectives des deux films n'ont en fin de compte absolument rien d'autre en commun, tant ils divergent très rapidement dans des directions opposées.
Fourmiz est à la fois le premier long métrage d'animation produit par Dreamworks, mais également leur premier long métrage en 3D, qui veut ouvertement contrer les Walt Disney Animation Studios en plein nouvel âge d'or et dont le succès fulgurant de Le Roi Lion a attiré à la fois la jalousie et les convoitises de tous les studios concurrents. Mais nombres de studios s'étaient méchamment cassés les dents à ce petit jeu par le passé. Comment Dreamworks allait-il bien pouvoir tirer son épingle du jeu ? D'autant qu'un bouillonnant nouveau studio attirait désormais tous les regards : les studios Pixar. Les studios d'animation Dreamworks ont heureusement un atout de choix dans leur manche : Jeffrey Katzenberg, un ancien membre des Walt Disney Animations Studios, associé avec David Geffen et Steven Spielberg qui ont fondés leur studio en 1994 (d'où le SKG, correspondant à la première lettre du nom de chacun d'eux). Et c'est dès 1996, au quasi-lendemain du triomphe de Le Roi Lion, que Dreamworks va s'intéresser au secteur de l'animation en lançant la production de deux films en parallèles : Le prince d'Égypte d'un côté et Fourmiz de l'autre.
Mais Dreamworks n'est pas Disney. Aussi pour promouvoir de la meilleure façon qui soit son premier film d'animation, Dreamworks fait le choix de convier le gratin d'Hollywood à y participer, s'offrant d'immenses stars dans les rôles vedettes de son film d'animation. Le buzz est donc assuré longtemps avant la diffusion du film en salle. Dans Fourmiz, on compte même plus d'une dizaine de célébrités : de Woody Allen à Sharon Stone en passant par Sylvester Stallone, Jennifer Lopez ou Gene Hackman entre autres ! Et c'est là l'un des plus gros paradoxes de Dreamworks, qui se coltinera longtemps cette marque de fabrique. Toute la campagne de promotion du film ne porte que sur la présence à l'écran de comédiens prestigieux, au détriment de l'histoire. Comme si, en fin de compte, cela n'était que secondaire.
C'est d'ailleurs peut-être là où réside le principal problème du scénario de Fourmiz : il ne semble être qu'un gros prétexte à pondre des séquences personnalisées à chaque comédien vedette du film, sans réellement chercher à les imbriquer ensemble convenablement. C'est Woody Allen qui parle avec Sylvester Stallone ou Sharon Stone, et non Z avec Weaver ou Bala. A moins d'avoir une certaine faculté à dissocier comédiens et personnages à l'écran, cela peut être extrêmement dérangeant pour le spectateur. A contrario, si vous faites fi de ce détail, Fourmiz réserve de bons morceaux de comédie, de tragédie et d'action. Parce que, reconnaissons-le, Fourmiz offre une palette de personnages inhabituels dans un film d'animation. Z y est ainsi l'archétype de l'anti-héros, qui ne pense qu'à lui-même et dont les actions égoïstes déclenchent des réactions en chaîne de plus en plus importantes. C'est en voulant fuir loin de sa misérable vie qu'il découvre indirectement le pot au rose tout en déclenchant un soulèvement chez les fourmis.
Graphiquement, Fourmiz offre un film propre pour la période de sa sortie. Sans égaler la perfection de 1001 pattes, le film est quand même un cran au dessus de Toy story. Technologiquement parlant, le film est même supérieur à L'âge de glace sorti plus de quatre ans plus tard, c'est dire. Beaucoup ont reproché au film son aspect anguleux, je trouve que ce choix artistique convient à Fourmiz. Il lui permet de s'affirmer comme un film totalement indépendant de ceux des Walt Disney Animations Studios ou de Pixar. Dreamworks s'est également efforcé d'apporter une touche beaucoup plus réaliste à l'univers de Fourmiz, que ne l'avait fait Pixar avec son 1001 pattes beaucoup plus cartoon. On se souvient encore des effrayantes scènes de combats contre des termites, des effets d'eau saisissant à cette époque ainsi que ces nombreuses séquences où les fourmis sont extrêmement nombreuses à l'écran. Fourmiz s'offre aussi une bande son de qualité, sans pour autant rester mémorable.
Au final, Fourmiz est une très belle introduction de Dreamworks dans le domaine des films d'animation 3D. Bien qu'il ai eu le privilège de sortir à peine quelques semaines avant 1001 pattes, s'octroyant au passage le statut de second film d'animation 3D de l'histoire du cinéma américain, il ne put cependant rivaliser avec la dernière production de Pixar qui l'acheva en un seul round. Avant tout un grand film pop-corn (entendez par là un film sans réelle valeur qualitative mais très divertissant), Fourmiz reste un film familial qui se laisse suivre sans broncher, tout en offrant de très bons morceaux d'humour et de bravoure.
Olivier J.H. Kosinski - 08 février 2013
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01 juin 2011
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Doublage (France - 1998)
Z : Bernard Murat
Hubert : Jean Barney
Princesse Bala : Virginie Ogouz
La Reine : Annie Bertin
Muffy : Danielle Hazan
Barbatus : Saïd Amadis
Général Mandibule : Philippe Catoire
Azteca : Nathalie Juvet
Le scout Saoul : Mark de Georgi
Le psychanalyste : Jean-Bernard Guillard
Foreman : Eric Etcheverry
Weaver : Alain Dorval
Mouttouya : Frédérique Tirmont
Colonel Cutter : Samuel Labarthe
Entraineur de pioche : Sylvain Lemarie
Le contremaître : Marc Saez
Coccinelle : Josiane Pinson
Moustique : Michel Mellao
Mouche : Bruno Carna
Sources :
Voxofilm
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