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Dreamworks Animation SKG
Les Bad Guys / Les méchants

Si les films sortent d'ordinaire prioritairement en Amérique du Nord, Les Bad Guys a d'abord la primeur d'être proposé en salle en Belgique le 23 mars 2022, puis le 06 avril en France. Le long métrage est ensuite proposé au Québec le 22 avril 2022 sous le titre Les méchants. Il dispose de deux doublages francophones. D'ailleurs, bien que très bon public pour ce qui concerne les doublages francophones, je vous recommande cette fois très fortement de privilégier la version québécoise pour mieux apprécier ce film dans notre langue.

L'intrigue

Menés par un loup élégant et suave, un serpent, un piranha, une tarentule et un requin exécutent des cambriolages de haut vol, tournant en bourrique la chef de police de leur ville. Mais après avoir posé un acte de bonté allant contre sa nature d'animal dangereux, le loup fait échouer le dernier coup de la bande. Pour éviter la prison, les cinq voleurs acceptent de participer à un programme de réforme, sous la supervision du professeur Marmelade, un cochon d'Inde philanthrope...

Analyse de l'oeuvre

Il est loin le temps où le petit studio était devenu si grand qu'il avait réussi à éclipser, durant plusieurs années, la marque Disney. Dreamworks Animation n'est plus aujourd'hui du tout le "killer-studio" qui parvenait à ramener les foules dans les salles rien que par l'aura de sa marque, une couronne ravie par Illumination Entertainment qui en a repris ses anciens codes narratifs. Il n'est plus non plus ce gros studio d'animation américain extrêmement prolifique, rappelons-nous que Dreamworks Animation ambitionnait un temps de placer pas moins de trois longs métrages animés par an ! Mauvais résultats au box office, crise interne, revente à Comcast, puis pandémie passant par là, les choses ont finalement beaucoup changé. Et l'originalité s'est quelque peu envolée avec. Ces deux dernières années, Dreamworks Animation n'a proposé soit que des suites, soit que des adaptations de séries animées, Les Bad Guys fait naturellement figure d'exception, comme une bien agréable bouffée d'air frais. Tout du moins, si l'on fait l'impasse sur le scénario qui ne reprend que l'idée générale de la bande dessinée dont le film s'inspire, même si l'esthétique et quelques idées de mises en scènes rattrapent en grande partie l'ensemble. Mais revenons d'abord aux origines.

Les Bad Guys, c'est avant toute chose une bande dessinée australienne née en 2015 sous la plume de l'auteur Aaron Blabey et adapté en français dès 2017 sous le titre de Les Supers Méchants (les rééditions récentes restaurant toutefois le titre anglophone pour surfer sur le succès du film). Avec un trait volontairement très simplifié, caractéristique des illustrations pour les tous petits mais en noir et blanc, la bande dessinée raconte l'histoire de quatre animaux antropomorphes qui sont fatigués que leurs mauvaises réputations respectives les précèdent à chaque fois : il y a Grand Méchant Loup, Bill le Reptile (un serpent), Señor Piranha et Bob l'Enclume (un requin). Grand Méchant Loup décide alors de prendre à bras le corps le problème, dès le tout premier chapitre, pour transformer sa bande d'amis en Supers Gentils. L'incongruité de son idée, en contradiction avec le titre même de l'oeuvre, se justifie pourtant dans les actions que Grand Méchant Loup entreprend. Pour réussir à faire d'eux des gentils, il se met en tête d'aller aider son prochain, sauf qu'il s'y prend à chaque fois n'importe comment. Tandis que Grand Méchant Loup s'imagine gagner le coeur de tous ceux qu'ils sauvent à eux quatre (chat coincé dans un arbre, libération d'animaux d'un centre de détention... tous deux repris dans le film), prenant d'ailleurs grand plaisir à le faire, ils ne font au contraire que renforcer d'autant plus la frayeur que chacun d'eux leur inspire. Il en résulte une bande dessinée à la fois simpliste et assez drolatique, où chaque bonne action de la bande des Super Gentils ne fait que renforcer leur réputation de Supers Méchants, d'où le titre de l'oeuvre sans nul doute. Bref, dans la bande dessinée, Les Bad Guys ont le désir de bien faire dès la première page même s'ils n'y arrivent pas vraiment en provoquant involontairement le sentiment inverse autour d'eux.

Tout au contraire, Les Bad Guys version animée change complètement cette approche en faisant d'eux dès l'introduction de vrais malfrats, très satisfaits de leurs conditions et sans aucun désir de s'amender, jusqu'à ce qu'un évènement anodin vienne changer la donne. Avant ça, ils sont manipulateurs, sournois, tricheurs, menteurs, rien ne leur résiste, rien ne leur fait peur, même pas la police qu'ils parviennent très aisément à semer à chaque fois. Plus ou moins, au début du film en tout cas, Dreamworks Animation s'inspire, dans les grandes lignes, de la saga vidéoludique Grand Theft Auto pour caractériser ses vilains, de manière très humoristique cependant, avant d'opérer un virage narratif à quatre vingt dix degrés qui va vite se révéler très convenu et en mal d'imagination. Car Les Bad Guys souffre du syndrôme propre aux fictions américaines de ces dernières années : les méchants ne sont, dans le fond, pas de vrais méchants. Mouais, on commence sérieusement à saturer avec ce schéma narratif devenu systématique. Beaucoup plus gênant, le scénario de Les Bad Guys ne ressemble qu'à un bien faible mixage de nombreuses fictions parue avant lui. Une petite touche d'Ocean's Eleven par-ci pour le côté tarabiscoté, un grosse touche de Zootopie par-là pour l'antagoniste, un soupçon de Fast and Furious pour le delirium général, une nuance de Funky Cops pour le côté rétro-décomplexé de l'aventure, beaucoup d'emprunts à la saga vidéoludique Sly Raccoon pour ses personnages (outre le rôle de chaque personnage dans la bande, surtout le duo formé par Loup/Sly et Diane/Carmélita) et son esthétique générale (présentation des membres de la bande et leurs rôles, courses poursuites, affrontements avec les autorités...), tandis que le long métrage propore une intrigue cousue de fil blanc directement puisée de la série animée française Moi Renart. Les plus jeunes lecteurs ne doivent certainement pas connaître cette dernière tombée dans l'oubli depuis longtemps, pourtant, la ressemblance est extrêmement marquée entre ces deux oeuvres. Certes, les deux puisent leurs mêmes origines dans les récits médiévaux constituant Le roman de Renart, mais le Loup de Les Bad Guys est incontestablement une réplique à l'identique du héros de Moi Renart, dont les pérégrinations sont par ailleurs très similaires auquel il ne manque que Marmouset (quoi qu'un petit personnage s'appelle Marmelade, s'en est troublant). On repassera sur l'originalité de Dreamworks Animation sur ce point.

Les Bad Guys fait beaucoup mieux sur le plan esthétique et sur la mise en scène même si, là encore, on a souvent l'impression que le studio pioche beaucoup dans la saga Sly Cooper. Si la succulente quadrilogie vidéoludique faisait de la technique du cel shading sa principale force, Les Bad Guys font heureusement un choix très différent qui lui donne un certain cachet. Dreamworks Animation fait ainsi le choix de donner un côté crayonné à son oeuvre, par exemple en ajoutant un effet de grain sur les couleurs des personnages. Quand je parle de grain, ne retenez pas celui qu'on entend quand on parle d'un film sur pellicule. Ici, c'est réellement un choix conceptuel, assez subtil, qui ne se remarque vraiment que si on colle son oeil près de l'écran (ne vous explosez pas la rétine en essayant quand même !). De loin, cela se remarque un peu moins, même si l'on sent que l'image bénéficie d'un traitement spécifique. Pour donner un ordre d'idée, je fais appel à vos souvenirs d'écoliers, voire à celui de votre portefeuille pour les fournitures réclamées par les professeurs de vos enfants en cours de dessin : le papier Canson à grain. Est-ce que cela vous parle mieux ? C'est pratique pour l'usage des crayons aquarelles, le fusain ou le pastel, avec un rendu légèrement granuleux. C'est précisément cela que Dreamworks Animation utilise pour son film, de façon ingénieuse et subtile, d'autant plus que le studio l'applique sur des personnages et des environnements intégralement animés en 3D. C'est un très joli compromis que fait le studio pour retranscrire l'esprit d'un livre pour enfants pour son film d'animation. Plus intéressant, Dreamworks Animation fait aussi appel à des techniques des "onomatopées" propres aux comics de superhéros américains, en accentuant certaines actions à l'écran par des effets spécifiques (Vitesse, fumée, impacts...) qui, eux au contraire, ont recours au cel shading. La combinaison est heureuse, cela marche vraiment très bien.

De fait, malgré un scénario convenu et prévisible dont on voit venir tous les rebondissements, Les Bad Guys arrive quand même à se rendre attachant. Son esprit bon enfant, accentué par sa mise en scène très cartoonesque et rehaussé d'une bande originale efficace, s'avère en fin de compte très proche dans l'esprit du récit graphique très simpliste de Aaron Blabey, ceci même si les deux oeuvres ne partagent en fin de compte que très peu de points en commun. En dehors des quatre personnages principaux, auxquels sont ajoutés Tarentule et Diane pour ajouter une touche féminine, Les Bad Guys suit une voie narrative très différente qui pourrait à la fois servir de récit des origines avant la bande dessinée (les méchants voulant devenir gentils en ayant appris suite aux évènements du film mais le chemin est encore long pour y parvenir), tout comme un récit conclusif (lassés d'avoir toujours été considérés comme méchants malgré tous leurs efforts, ils ont plongé dans la criminalité par lassitude et facilité, pour finalement faire amende honorable dans le film). Pour autant, Les Bad Guys fonctionne très bien de façon autonome, il peut s'apprécier sans avoir la moindre connaissance de la série d'ouvrages réalisés par Aaron Blabey. Sans être le chef d'oeuvre de l'année, tant s'en faut, Les Bad Guys se présente juste comme un film sans prise de tête principalement destiné à stimuler nos zygomatiques.

Olivier J.H. Kosinski - 01 décembre 2022

Bande annonce

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 2022)

Loup : Gilbert Lachance

Serpent : Sébastien Dhavernas

Tarentule : Pascale Montreuil

Piranha : Nicolas Bacon

Requin : Fayolle Jean Jr.

Diane Renarde : Catherine Brunet

Cheffe Misty Luggins : Christine Bellier

Professeur Marmelade : Hugolin Chevrette

Stéphanie Pelage : Geneviève Bédard

Doublage (France - 2022)

Loup : Pierre Niney

Serpent : Igor Gotesman

Requin : Jean-Pascal Zadi

Tarentule : Doully

Diane Foxington : Alice Belaïdi

Tiffany Fluffit : Natasha Andrews 

Piranha : Benoît Cauden 

Professeur Marmelade : Antoine Schoumsky

Cheffe Misty Luggins : Laëtitia Lefevre 

Sources :
Cartons Génériques

3.5