La Famille Willoughby sort mondialement sur Netflix le 22 avril 2020. Une seule version francophone est proposée.
Convaincus qu'ils feraient mieux de s'occuper eux-mêmes de leur propre éducation, les enfants Willoughby élaborent un plan sournois pour envoyer leurs égoïstes parents, qui ne les aiment pas, en vacances avec l'espoir qu'ils n'en reviennent jamais vivants. Mais une fois leur plan si minitieusement élaboré mis en pratique, le bureau des orphelins débarque pour les séparer...
Auriez-vous eu la même idée que les enfants Willoughby, à savoir envoyer vos parents vers une mort certaine parce qu'ils sont tous deux absolument odieux ? La famille Willoughby, adapté d'un roman jeunesse écrit par l'écrivaine américaine Loïs Lowry en 2008, propose de répondre à cette épineuse question d'éthique. Alors qu'ils étaient autrefois une très honorable famille ayant crapahutée à travers le monde entier, le couple de Willoughby ne pensent qu'à leur propre et exclusif bien être. C'est presque à se demander pour quelle raison - sans nul doute inavouable - ils ont décidé d'avoir quatre enfants dont ils n'ont en vérité absolument rien à faire. Toute la vie du couple se résume à se câliner devant la cheminée et tricoter tout un tas de vêtements inutiles à partir... de cheveux humains. Bon, leurs cheveux, à toute la famille, sont en laine rose mais tout de même, c'est un peu glauque. Leurs charmants chérubins ne récoltent que des miettes de restes de repas et n'ont absolument jamais connu la moindre affection de leur part. Le contexte de départ, et la critique acerbe de la maltraitance infantile, sautent évidemment aux yeux dans La famille Willoughby. Toutefois, on relativise un peu la chose lorsque l'on se rend finalement compte que les enfants ne sont pas non plus tous roses dans cette affaire. Dès lors qu'ils imaginent un moyen efficace de faire passer la vie de leur parent au trépas, on se demande brièvement si ces enfants ne sont finalement pas aussi diaboliques que le sont leurs parents. Mais là où un film comme Coraline préfère la candeur noire et s'en amuse constamment, La famille Willoughby épouse plutôt les codes de la comédie dramatique, faisant ainsi accomplir une quête intérieure aux enfants finalement assez classique sur le fond.
Mais c'est sur la forme que La famille Willoughby revêt son principal intérêt. Comme il s'agit d'un film d'animation exclusivement distribué par Netflix, on pourrait craindre que La famille Willoughby soit un produit de seconde zone. Tout au contraire, le long métrage s'avère tout aussi qualitatif que Klaus par exemple. Sous ces faux airs de film en stop-motion, qu'il n'est pas du tout, le long métrage offre des environnements graphiques très inspirés. Paradoxalement, alors qu'il est très coloré, toute l'ingéniosité des choix esthétiques repose sur un étonnant caractère dérangeant : rien n'y est droit, tout est légèrement penché de côté. Il en résulte un certain malaise visuel dans les premières minutes de La famille Willoughby qui s'estompe un peu par la force de l'habitude, mais toujours suffisamment présent pour marquer le regard. Comme si notre cerveau voulait à tout prix remettre les choses en ordre, en harmonie avec ce que vivent les enfants qui, pris de soudain remords de se voir séparés s'ils deviennent vraiment orphelins, partent sur les traces de leurs parents. Pourtant, malgré son propos, La famille Willoughby reste remarquable de part son univers sucré et duveteux, comme de la barbe à papa, qui sied à merveille au contexte de l'intrigue. Un choix que l'on doit probablement au réalisateur Kris Pearn à qui l'on doit sa contribution pour le moyen Les Rebelles de la forêt 4, mais surtout pour le délirant L'Île des Miam-nimaux : Tempête de boulettes géantes 2 qui comportait déjà une esthétique assez particulière.
La partie audio est tout aussi détonante que l'aspect visuel du film. Elle entremêle tout un tas de styles musicaux qui vont de la comédie potache aux airs mystérieux joués au clavecin. Plus ambitieux, La famille Willoughby contient aussi quelques airs énergiques que l'on trouve plus naturellement dans des jeux vidéo de rythme d'ordinaire. Kris Pearn compose d'ailleurs quelques scènes du film dans cet esprit, ce que retranscrit parfaitement Mark Mothersbaugh. On sortirait son vieux tapis de danse connecté que ça ne serait presque pas bizarre ! C'est assez logique dans un sens, car le prolifique compositeur américain se démarque de ses contemporains en étant parfois rattaché à la composition de bandes originales de jeux-vidéo. C'est à lui qu'on doit une grande collaboration avec Naugthy Dogs pour les franchises Crash Bandicoot et Jak & Daxter notamment. On retrouve d'ailleurs dans La famille Willoughby quelques thèmes familiers à percussion qui faisaient la gloire du célèbre marsupial. Bref, tout un tas de musiques de la bande originale restent longtemps en tête. On trouve la même énergie pour les parties vocales, aussi bien anglaises que françaises. D'autant que, derrière la version française, se trouve le studio Dubbing Brothers qui livre ici un travail à la hauteur de sa réputation et de n'importe quel film d'animation Disney.
En partant d'un pitch quelque peu douteux - L'idée de base étant d'éliminer mortellement ses parents rappelons-le -, La famille Willoughby tisse finalement une intrigue sympathique qui offre une brochette de personnages qui finissent par devenir attachants. Il est cependant vrai que plusieurs d'entre eux manquent quelque peu de caractérisation, car ils semblent avoir été placés là en tant que grosse ficelle scénaristique, mais on laisse finalement couler devant l'aventure énergique que nous réserve la fratrie. Si le dénouement reste assez attendu, à part son twist comique final peut-être, La famille Willoughby offre un très bon spectacle animé à la plateforme Netflix.
Olivier J.H. Kosinski - 16 septembre 2021
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Doublage (France - 2020)
Père : Guillaume Lebon
Mère : Barbara Beretta
Barnabé : Jérémy Prévost
Tim : Damien Ferrette
Jane : Kelly Marot
Narrateur : Christophe Lemoine
Gouvernante : Léovanie Raud
Commandant Mélanoff : Thierry Desroses
Irène Lapierre : Valérie Siclay
Grand-Oncle Edmond : Simon Volodine
Agent Alics Vernakov : Myrtille Bakouche
Père Parfait : Benjamin Boyer
Voix additionnelles :
- Maeghan Dendrael
- Virginie Caliari
- Gaëlle Trimardeau
- Cécile Gatto
- Flora Brunier
Sources :
Carton Générique