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Metro Goldwyn Mayer
La famille Addams

Si l'on excepte le crossover télévisuel avec Scooby-Doo, Mercredi a disparu, qui était considéré en 1972 comme un film animé de 50 minutes, La famille Addams est le tout premier vrai long métrage animé adapté des personnages inventés par Charles Addams en 1938. Il sort en salle le 11 octobre 2019 au Québec et le 4 décembre 2019 en France. Chaque territoire dispose de son propre doublage.

L'intrigue

Continuellement chassés des divers endroits où ils s'installent, Gomez et Morticia Addams trouvent enfin la maison de leurs cauchemars perchée tout en haut d'un mont sinistre et brumeux. Durant 13 années, la vie reste délicieusement pénible. Jusqu'au jour où le marais nauséabon est drainé pour laisser place à un lotissement moderne conçu d'une poigne de fer par Margaux Needler. Quand celle-ci réalise le furoncle qu'est cette maison dans son architecture harmonieuse, elle décide de rayer de la carte les Addams...

Analyse de l'oeuvre

La célèbre famille de personnages déglingués est née de la main de Charles Addams en 1938 dans les colonnes du quotidien américain The New Yorker. Quand Morticia, Gomez et tous les autres membres de cette famille apparaissent pour la première fois dans des comics strips, Charles Addams a déjà derrière lui une carrière d'une dizaine d'années en tant que dessinateur indépendant proposant son humour noir incisif. A ce moment là, il est sans nul doute loin de se douter qu'il venait d'inventer une famille si géniale qu'il se consacra à elle pour le reste de sa vie ! Bien sûr, La famille Addams ne sera pas sa seule création originale, mais elle reste encore aujourd'hui la plus emblématique de toutes. Mais ce succès, on le doit surtout à la première série télévisée inspirée des personnages qui fut diffusée entre 1964 et 1966 aux Etats-Unis. Pour autant, rien n'indiquait à l'époque que La famille Addams allait connaître une telle postérité. D'autant plus que la décision de produire la série fut en réalité précipitée par ABC dans le seul et unique but de concurrencer la série Les Monstres proposée par la chaîne concurrente CBS. Malgré tout, La famille Addams deviendra vite une série iconique. Il faut dire que, non comptant de personnifier pour la première fois les personnages, c'est surtout cette série de 1964 qui a définitivement définis les noms et les rôles de chacun d'eux. Parce qu'en 26 années de comics strips, jamais une seule fois ils n'avaient encore été nommés !

C'est à David Levy que l'on doit l'adaptation en chair et en os de La famille Addams. Né en 1913 à Philadelphie, d'abord homme de la radio, puis rejoignant la télévision au sortir de la guerre, la légende (qu'il aimait rapporter) raconte qu'il est tombé en admiration devant un recueil des aventures des Addams dont la couverture proposait une photo de famille, s'écriant alors qu'il tenait là un excellent projet de série. Avec l'aide de Charles Addams, il va dans un premier temps définir les caractéristiques de chacun des membres de la famille. Contrairement aux idées reçues, principalement véhiculées par les récentes adaptations dont les deux films de Paramount Pictures, qui veulent aujourd'hui que Gomez Addams soit le pilier de la famille qui porte son nom, c'est principalement Morticia Addams (née Frump) qui est placée au centre dans la série télévisée de 1964. Tout tourne en effet autour d'elle, faisant de son personnage, et de la comédienne, l'une des rares premières têtes d'affiche féminine dans une série américaine. Il faut d'ailleurs avouer que Carolyn Jones crève littéralement l'écran dans le rôle de cette étonnante femme qui s'avère finalement très douce, contrairement à ce que laisse à penser son apparence, et qui s'étonne d'un rien de la bizarrerie des "étrangers" qui croisent sa route. L'un des énormes avantages de la série de 1964 était en effet de toujours faire en sorte que les Addams ne soient jamais rien de plus qu'une famille tout à fait ordinaire, vivant simplement dans un monde extraordinaire. Ce n'était jamais eux les montres, mais bien tous ceux qui ne faisaient pas partie de la mythique famille Addams qui l'étaient sans exception !

Les longs métrages cinémas de 1991 et 1993 ont complètement redéfinis cet état de fait, les classant désormais dans la catégorie des personnages morbides mais attachants, passée à la postérité depuis, alors qu'aucun des membres de la famille Addams ne l'étaient auparavant. Cette réinterprétation des personnages plus moderne n'est pourtant pas à prendre à défaut, bien au contraire, j'en apprécie tout autant cette délicieuse relecture "burtonienne" de l'univers des Addams d'autant plus que le couple Anjelica Huston et Raúl Juliá est tout aussi mémorable que celui formé par Carolyn Jones et John Astin. Mais les deux approches, bien que partageant des origines communes, sont finalement très différentes quand on s'y attarde vraiment. Lorsque fut évoquée une toute première adaptation en long métrage animé de la célèbre famille, il y a déjà plusieurs années de cela (à l'origine, c'était Illumination Studios qui s'étaient penchés sur leur cas), j'ai eu d'énormes doutes à revoir briller à nouveau les Addams. Car, en près d'un siècle, La famille Addams a connu de multiples adaptations dont bien peu sortent vraiment la tête du lot. Exception faite de l'emblématique série de 1964, des deux mémorables films, ou de leur improbable rencontre avec Scooby-Doo en 1972, qui se souvient du reste ? La série animée de 1973 ? Celle de 1992 ? Le téléfilm d'Halloween de 1977 ? La réunion familliale de 1998 ? S'il vous plaît, ne me dites surtout pas La nouvelle famille Addams, cet ersatz du pauvre, proche du reboot déguisée adaptant les intrigues de la première série façon tragi-comique, merci mais non merci !! Même si la série marquait le retour de l'emblématique John Astin, ça n'en valait vraiment pas le coup de se l'envoyer pour autant. J'en sais quelque chose.

C'est donc dans un certain état de perplexité que je me suis intéressé à ce premier long métrage animé de La famille Addams. Un sentiment renforcé par la communication au compte goutte autour du film dont ne filtrait que quelques croquis et images promotionnelles que l'on pouvait compter sur les doigts de la Chose. Plus gênant encore, probablement parce que la famille Addams est peut-être désormais considérée comme ringarde, la distribution française s'est quasiment faite dans la plus grande discrétion, qui plus est servie par un doublage français effectué par dessus la jambe. Le film finissant même par être déprogrammé prématurément de nombreuses salles de cinéma, conforté par une multitude de critiques soient tièdes, soient très virulentes à son encontre. Rien ne me laissait supposer avoir affaire à un grand classique du cinéma d'animation. Et pourtant ! Sans évidemment être le film de l'année, cette nouvelle adaptation de La famille Addams s'est finalement révélée une étonnante surprise extrêmement respectueuse des origines des Addams. Avec un certaine malice, les scénaristes (Matt Lieberman, Erica Rivinoja et Conrad Vernon) prouvent qu'ils maîtrisent leurs sujets, mais surtout qu'ils veulent absolument respecter les origines de la famille Addams. Leur choix radical, et systématiquement contesté des critiques, est d'avoir complètement sabordé l'ambiance burtonienne des longs métrages des années 1990 pour un univers bien plus bon enfant. Pour ceux qui ne connaissent pas la série de 1964, il y a effectivement de quoi être étonné, pourtant le film de 2019 affiche une volonté de revenir délibérément aux bases de cette famille déjantée.

D'un bout à l'autre du long métrage, le moindre petit détail affiché à l'écran renvoie systématiquement à la série télévisée de 1964. Evidemment, avec le temps, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, le film de 2019 se range du côté de ce que le grand public connaît désormais en intégrant des éléments narratifs ayant fait l'objets de réarrangements plus récents. C'est notamment le cas de Fétide (Fester en VO) qui redevient le frère de Gomez, alors qu'il était un oncle de Morticia à l'origine. Même si c'était surtout suggéré à l'époque, tout laissait à penser que Grand-Mère était également la mère de Morticia, non celle de Gomez, car le nom de Addams ne lui avait jamais été associé. Pour le reste, La famille Addams réussit avec un certain bonheur à rester très fidèle à la série de 1964, piochant ça et là dans tout ce qui s'avère de plus emblématique, de la plante carnivore Cléopâtre à la manie de Fester d'avoir une ampoule dans la bouche, en passant par le poulpe Aristote (confié aux bons soins de Mercredi cependant, au lieu de Pugsley), sans oublier bien sûr le succulent cousin Machin, avec son dialecte inimitable, un personnage qui fut d'ailleurs inventé par David Levy et Charles Addams spécialement pour la série de 1964. Pour autant, La famille Addams ne fait pas non plus l'impasse sur de nombreux clins d'oeils aux productions plus récentes. Par exemple, au détour d'une scène inattendue où Morticia communique avec ses parents décédés, une allusion évidente au camp de vacances est empruntée à Les valeurs de la famille Addams. Plus amusant encore, La famille Addams renoue avec sa tradition de détournement de rituels juifs. Jusqu'à preuve du contraire, la famille Addams n'a jamais été juive, il est même douteux que ses membres aient la moindre religion d'ailleurs. Cependant, dès leurs débuts, il a toujours été de tradition de caricaturer de manière amusante, sans que cela soit à charge, la religion juive ainsi que le yiddish. La plus marquante de ces représentations, que personne n'a oublié, est évidemment la célèbre danse des frères Mamushka.

Pour son enrobage graphique, La famille Addams fait un choix audacieux, mais malheureusement très, voire trop, risqué pour le néophyte et, surtout, pour les amoureux du charme gothique des films de 1991 et 1993. Pour ce qui concerne les Addams, on revient simplement à leurs designs initiaux dans les comics strips publiés à partir de 1938 par Charles Addams, mais en volume. Le rendu est net, précis, globalement réussi en ce qui concerne chacun des membres de cette illustre, et très nombreuse, famille. Pour ce qui est des autres humains du film, effectivement, ça se discute et tout le monde aura son mot à dire, en bons comme en mauvais termes. Une chose est certaine, l'influence du style d'Illumination Studios, initialement le premier studio d'animation qui s'est penché sur l'adaptation, est vraiment perceptible. On y retrouve ce design humanoïde à mi-chemin entre Moi, moche et méchant et Le Lorax. Je ne saurais dire si j'adore ou si je déteste, peut-être quelque part entre les deux car, foncièrement, ce style enfantin est relativement conforme à l'esprit bon enfant des premières aventures des Addams. Paradoxalement, là où la série de 1964 était quelque part un peu puérile mais agréable à regarder même pour un adulte (principalement parce que chaque acteur est tout bonnement génial), La famille Addams version 2019 semble inévitablement plus enfermée dans le genre jeune public. Faut-il y voir un grave défaut ? Je ne saurais dire. Car, au delà de la forme, en tant qu'amateur des aventures des Addams, je m'y suis complètement retrouvé dans le fond. Oui, même avec Margaux et son improbable tignasse qui, par son caractère et son envie de se débarrasser à tout prix des Addams, rappelle furieusement le malheureux agent d'assurance Arthur J. Henson dans la série de 1964.

En terme d'ambiance et de choix narratifs, La famille Addams suit la mouvance du moment qui prône le féminisme à tout va. Les personnages clés de l'intrigue sont donc toutes des femmes. Même si, dans certains cas, cela parait vraiment tiré par les cheveux (certainement dans le cas de Margaux) et souvent très forcé, ce long métrage de 2019 a juste le mérite de remettre les pendules à l'heure puisque les femmes ont toujours eu un rôle majeur dans les diverses adaptations de La famille Addams. De la sublime Morticia de 1964 à la dérangeante Mercredi de 1991, les scénaristes tentent visiblement d'innover (disons plutôt suivre le mouvement) mais se contentent finalement juste de réinventer la roue. Un constat que l'on fait également du côté des chansons, hormis l'inévitable et cultissime thème composé par Vic Mizzy, qui se contente surtout d'aligner les titres pops du moment, quitte à ce que ça paraisse ringard d'ici quelques années seulement. Le reste de la bande originale, composée par les frères Mychael et Jeff Danna, est cependant plus convaincante, quoi qu'un peu trop noyée par tout le reste. Le côté décalé et humoristique de la plupart de leurs compositions sont appréciables car, là encore, le long métrage affiche une volonté appuyée de revenir à un esprit très naïf qu'avaient les Addams autrefois, ce dont la bande originale tient aussi compte.

Alors que le plus grand monde pense tout le mal de La famille Addams, j'admet une fois encore nager complètement à contre-courant. Puéril, enfantin, fantaisiste sont autant de qualificatifs utilisés pour dénigrer le long métrage alors qu'ils sont justement employés avec les meilleures intentions afin de coller au plus près de l'esprit d'origine des Addams. Alors, oui, effectivement, même à moi, l'ambiance gothique burtonienne des films de 1991 et 1993 me manquent un peu aussi par moment. Et encore, les hommages appuyés à tout ce qui a été proposé sur un écran autour d'eux sont tellement frappant qu'on apprécie vraiment de ne pas les voir oubliés eux non plus. Malgré tout, cette complète révision de l'univers convient vraiment à merveille aux dessins originaux de Charles Addams et, surtout, à l'univers délicieusement décalé de la série télévisée de 1964 auquel l'auteur avait aussi apporté sa marque. Cela permet à La famille Addams de s'affranchir de son glorieux passé, sans forcément le renier, afin de repartir sur des bases nouvelles. Evidemment ce choix, que beaucoup trouveront dramatique, ne sera pas apprécié de la même manière par tous les spectateurs. En fin de compte, si vous aimez les intrigues décalées et que la candeur ne vous rebute pas, peut-être vous laisserez-vous tenter par l'expérience. Par contre, fuyez la version française comme la peste car elle prouve à elle seule qu'aucun de ses contributeurs n'a compris ce qu'était la famille Addams. Les autres peuvent passer leur chemin sans remords.

Olivier J.H. Kosinski - 28 février 2020

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (Québec - 2019)

Gomez Addams : Nicolas Charbonneaux-Collombet

Margaux Needler : Saskia Thuot

Fétide Addams : François Sasseville

Grand-Mère : Johanne Garneau

Mercredi Addams : Ludivine Reding

Morticia Addams : Camille Cyr-Desmarais

Pugsley Addams : Hubert Lenoir

Glenn : Louis-Philippe Berthiaume

Parker : Marguerite D'Amour

Doublage (France - 2019)

Gomez Addams : Kev Adams

Morticia Addams : Mélanie Bernier

Mercredi Addams : Léopoldine Serre

Pugsley Addams : Enzo Ratsito

Fétide Addams : Antoine Schoumsky

Grand-mère Addams : Micky Sebastian

Margaux Needler : Alessandra Sublet

Grand-père Froissard : Jean-Pierre Gernez

Grand-mère Froissard : Colette Venhard

Glenn : Jean-Michel Vaubien

Tante Sloom : Maïk Darah

Parker Needler : Youna Noiret

Max : Philippe Millet

Bethany : Sarah Barzyk

Layla & Kayla : Pom Klementieff

Sources :
Doublage au Québec
Forum Doublage France

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