Garfield, le film est le premier long métrage inspiré par le comics du même nom créé par Jim Davis en 1978. Il sort le 11 juin 2004 au Québec, puis le 11 août 2004 en France. Le long métrage bénéficie de deux doublages francophones, la version québécoise ayant pour particularité d'être doublée en joual plutôt qu'en français international. Notons que le film a fait l'objet d'un redoublage partiel en France en 2021. France 3 ayant demandé à Gérard Surugue de reprendre le rôle de Garfield qu'il interprète déjà dans la série animée diffusée par la chaîne. Le film intégre la collection numérotée Gulli le 28 août 2013 où il porte le numéro 38.
Garfield est le chat le plus heureux, gourmand, paresseux et insolent de la Terre. Sa vie, réglée comme du papier à musique, se résume à manger des lasagnes et autres sucreries. Lors d'une visite chez le vétérinaire, Jon, son maître, hérite d'un chiot, Odie. Jon s'attache vite à son nouveau compagnon tandis que Garfield, excédé par sa vitalité et ses jappements n'a plus qu'une idée en tête : le virer. Mais quand Odie a besoin de son aide, Garfield se lance à la rescousse du chiot...
Transposer l'univers d'une bandes dessinée existe depuis aussi longtemps que les débuts du cinéma. Chaque décennie y est allée de sa propre méthode, que ce soit à travers des films, des séries animées ou des séries télévisées. La plus simple à mettre en place était de faire jouer de vrais comédiens, par exemple pour Superman, Spider-Man ou, du côté francophone, pour Tintin. Cela s'est avéré plus délicat de reproduire certains personnages de BD ou animés avec une certaine forme d'authenticité. Il faut vraiment attendre le début des années 1980 pour les voir véritablement naître, la majorité du temps sous les traits de comédiens costumés. Le tristement célèbre Howard le Canard de 1986 constitue probablement le premier exercice du genre, même si l'on retient surtout le caractère ridicule du film, hier comme aujourd'hui. A peine plus récent, les plus célèbres Tortues Ninja font aussi appel à des acteurs costumés, avec plus de succès cette fois. Ce n'est cependant que du côté animé que le principe fonctionne le mieux, même si la technique est jugée compliquée et coûteuse. Même s'il n'est pas issu d'une bande dessinée, ni d'une série animée, le dragon Elliott est probablement l'ancêtre commun de tous les films du même genre (l'intégration d'un personnage chimérique dans un monde réel) qui sont sortis depuis lors. Mais le grand tournant date du début des années 1990, avec l'avènement de l'informatique pour Jurassic Park bien évidemment, de The Mask en 1994 et, surtout, de la révolution Casper en 1995. Jamais être irréel n'avait été rendu si tangible (même si c'est un fantôme) et crédible. Tous les studios réalisaient soudain que, désormais, tout était possible, y compris adapter n'importe quel personnage bizarroïde de fiction à l'écran : les Schtroumpfs, le Marsupilami, Scoody-Doo et, finalement, Garfield.
Contrairement aux autres fictions citées, Garfield appartient à la longue tradition des comics strip américains. Il s'agit de toutes petites bandes dessinées humoristiques d'environ trois à quatre cases qui égayent les journaux quotidien américain. Chaque grand journal américain a généralement son propre comic strip, qui évolue au fur et à mesure des années, conduisant à des longévités records pour certains d'entre eux. Garfield est l'un d'entre eux, même s'il n'est pas aussi ancien que d'autres, car né "à peine" en 1978, mais reste une icône majeure depuis plus de 40 ans maintenant à travers le monde. Garfield est une création de Jim Davis qui a un peu tatonné durant les années 1970 avant de lui faire adopter son comportement actuel emblématique. A savoir un chat paresseux, nombriliste, un peu rond, très porté sur la nourriture (dont les lasagnes), buveur de café invétéré, adorant faire la sieste à tout moment de la journée et, surtout, toujours prompt à sortir des réparties sarcastiques. La plupart du temps, Garfield croque le monde contemporain en le commentant sous son prisme de chat domestique. Même si Garfield est un gros chat bedonnant qui ne fait guère de sport dans sa vie et enchaîne, sans succès, les régimes les plus draconiens, le matou a quand même beaucoup maigri par rapport à ses tous débuts. Pour autant, le personnage connaît un succès sans pareille, avec une évolution constante rythmée au fil des années par l'affinement de sa silhouette. Ce qui pousse, tout naturellement, à le voir évoluer pour la première fois sur grand écran.
Les films animaliers sont finalement assez peu courants dans le paysage cinématographique. Le principal problème repose sur la difficulté de dresser les animaux afin de les faire réagir de façon à rendre leurs actions plus humaines. A cela s'ajoute la difficulté d'avoir les mêmes animaux sur une période de temps de tournage souvent longue. Les plus anciens se rappelleront de Saturnin le canard, les plus jeunes de Babe le cochon, dans les deux cas, on retiendra surtout qu'il avait fallu de nombreux canards et de nombreux cochons pour boucler le tournage. Bref, cela n'a jamais été un exercice très facile de tourner avec des animaux. Le studio Disney s'y est aussi essayé à plusieurs reprises, notamment avec L'incroyable randonnée en 1963 (qui conduira à un remake en 1993, L'incroyable voyage), tout comme Warner avec, par exemple, le très jubilatoire Comme chiens et chats en 2001. Pour Garfield, le choix s'est immédiatement porté sur le remplacement total d'un vrai chat pour une personnage intégralement animé en 3D. Il en résulte un long métrage hybride assez discutable où seul Garfield est animé en 3D alors que l'intégralité des autres rôles sont "interprétés" par de vrais animaux. Le choix de l'outil informatique est évidemment tout à fait logique, car il aurait été impossible de retranscrire les émotions du chat anthropomorphe par un véritable félin. Il n'empêche, en ayant fait le choix de conserver un vrai chien pour jouer Odie, leur duo à l'écran semble assez malheureux, techniquement parlant. Mais on finit par s'y faire sur la durée.
Pour le scénario, avouons que Garfield enfonce une grande porte ouverte puisqu'il pastiche, sans une once d'originalité, celui de Toy Story. Là où Woody voyait sa vie bousculée par l'arrivée de Buzz, au point de fomenter un moyen de se débarrasser du ranger de l'espace qui lui fait perdre la confiance de tout son entourage, Garfield voit débouler le chien Odie et va commettre les mêmes exactions. Seule petite variation, un producteur d'émission télévisée sur le retour pense trouver dans Odie sa nouvelle poule aux oeufs d'or et compte bien s'emparer de lui. En d'autres termes, une bête variation du collectionneur de Toy Story 2. Enfin, pour enrober un peu le tout, une idylle naissante est ajoutée entre Jo et Liz... comme le faisait déjà 102 dalmatiens. Il faut reconnaître que la plupart des adaptations de bandes dessinées ou de comics américains ont toujours eu la malheureuse tendance à les transformer en comédies familiales enfantines, s'adressant surtout à un jeune public, alors que les personnages portés à l'écran sont souvent des icônes intergénérationnelles tout autant appréciés par les adultes. C'est assez regrettable, mais tellement inscrit dans l'ADN américain des adaptations qu'il en devient difficile d'y trouver à redire, puisque le pays de l'Oncle Sam ne semble pas savoir les traiter autrement. Il en résulte presque toujours une aventure assez calibrée, certes efficace, mais très prévisible, dont Garfield ne parvient pas à s'émanciper non plus. Cela ne dénature pas trop le personnage, mais cela ne le fait pas grandir non plus.
Garfield est donc à l'image de toutes les transpositions de personnages de comics américain portées sur grand écran, un film sympathique qui fait passer le temps, mais qui ne détournera probablement pas les lecteurs d'un autre média que celui des comics. Pas vraiment transcendant par rapport au format papier, qui est souvent bien plus percutant, ni franchement intéressant pour les néophytes, Garfield est juste un film qui fait le boulot sans trop heurter les sensibilités, mais reste plus proche du téléfilm du dimanche pour passer le temps que d'une grande aventure cinématographique. A réserver aux curieux, dispensable pour tous les autres.
Olivier J.H. Kosinski - 21 août 2023
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Doublage (Québec - 2004)
Garfield : Patrick Huard
Liz : Aline Pinsonneault
Jon : Louis-Philippe Dandenault
Député Hopkins : Louis-Georges Girard
Happy Chapman : Pierre Chagnon
Nermal : Hugolin Chevrette-Landesque
Arlène : Linda Roy
Luca : Hubert Gagnon
Miss Baker : Johanne Garneau
Doublage (France - 2004)
Garfield : Sébastien Cauet
Jon Arbuckle : Alexis Victor
Dr Liz Wilson : Virginie Efira
Happy Chapman : Bernard Alane
Mrs Baker : Perette Pradier
Nermal : Marc Saez
Persnikitty : Eric Legrand
Luca : Michel Vigne
Spanky : Roger Lumont
Arlene : Juliette Degenne
Abby Shields : Yumi Fujimori
Majordome : Evan Arnold
Voix additionnelles :
- Mark Christopher Lawrence
- Nick Cannon
Retouche Doublage (France - 2021)
Exploitation exclusive TV France 3
Garfield : Gérard Surugue