Bionicle, le film - le masque de lumière est distribué directement en vidéo le 16 septembre 2003 au Québec, puis le 05 novembre 2003 en France. C'est le premier des trois films produits par Lego et distribué par Disney via sa filiale Miramax. Le long métrage ne dispose que d'un unique doublage français.
Depuis des millénaires Mata Nui, l'esprit qui protège les îles de Metru Nui, est plongé dans un profond sommeil. Alors que l'intrépide Takua s'aventure sur les abords d'un volcan millénaire, il découvre par hasard un Masque de Lumière. Selon la légende, ce masque légendaire appartiendrait à un puissant Toa que personne n'a encore jamais rencontré et seul capable de sauver le monde des forces maléfiques. Dès lors, la quête pour retrouver ce guerrier légendaire commence...
Dans les tréfonds du catalogue de distribution du studio Disney, on trouve parfois des longs métrages qui semblent furieusement faire tâche. Je ne sais pas ce qu'il en est de vous, mais les bandes annonces proposées sur les VHS et les DVD Disney autour de la trilogie Bionicle, m'ont toujours particulièrement perturbé. Je n'ai jamais réussi à comprendre ce que ces choses pouvaient bien faire là. D'autant plus quand elles se retrouvaient en introduction de film Disney bien plus prestigieux, comme si ça légitimait d'autant plus leur existence. En même temps, plus jeune, je n'avais pas idée de ce qu'était un contrat de distribution, ni qu'il y avait différentes filiales chez Disney, Bionicle étant par exemple associé à l'ancienne filiale Miramax, revendu depuis quelques années maintenant. Deux décennies plus tard, je reconnais ne toujours pas avoir saisie la relation. Cette trilogie animée ne rentrent définitivement pas dans le moule des autres productions vantées par la marque Disney. Pour autant, la logique commerciale se tient. Quoi de mieux que d'utiliser de grands films Disney comme appel d'offres pour la saga Bionicle ? Car, en réalité, au-delà du film animé pour enfant, Bionicle est avant toute chose une gamme de jouets lancée par la très connue marque Lego au tout début du XXIe siècle. Ces films sont là pour renforcer la mythologie des personnages et, par rebond, vendre des produits dérivés par palettes entières. Cela a même fonctionné au-delà des espérances puisque la saga Bionicle a été, durant un temps, un vrai phénomène de société avant que, mode passée, le flux se tarisse de lui-même ensuite. Au point où Lego renonce définitivement à cette gamme en 2010.
Lego n'a absolument rien inventé. Utiliser l'animation pour promouvoir une gamme de jouets est probablement aussi vieux que l'animation elle-même. Même Walt Disney a bâti son empire principalement grâce aux produits dérivés, avec une habile synergie entre les médias. Les uns promouvant ainsi les autres dans un cercle vertueux de profit. Pour les séries d'animation par contre, le phénomène est un peu plus récent. Il émerge principalement durant les années 1970 avant de prendre son envol durant les années 1980, pour se tasser ensuite dans les années 1990, car l'animation 2D était devenu un peu trop coûteuse. Parmi leurs plus célèbres représentants, on peut citer les séries Les maîtres de l'univers ainsi que Jayce et les conquérants de la lumière (avec ses "Monstroplantes" invraisemblables et franchement invendables) produites par Mattel. On pense aussi aux Bisounours ou bien encore aux Schtroumpfs, même si ces derniers sont tirés de bandes dessinées, dont leur série vantait quand même les jouets à leurs effigies. On ne manquera pas de se rappeler non plus la série Jem et les Hologrammes commandée par Hasbro pour concurrencer la célèbre Barbie. Leur plus célèbre représentant n'étant autre que la franchise Pokémon qui a emmené le principe à niveau stratosphérique, faisant d'elle la marque commerciale la plus puissante au monde actuellement. Si le phénomène s'est un peu tassé durant les années 1990 c'est, ironiquement, un certain Toy Story qui l'a relancé. Non pas parce que le film lui-même était déjà une vitrine géante des jouets de l'enfance, mais via sa nouvelle technologie 3D. Au début des années 2000, tous les studios d'animation américains font la transition de la 2D vers la 3D. Cela devient soudain plus facile, plus rentable et plus rapide de produire de la fiction animée pour enfant en 3D contrairement à la période 2D. Le phénomène des films animés tirés de gamme de jouets explose alors et ne s'est plus tari depuis. Les deux sont désormais pratiquement indissociables. La saga Bionicle faisant simplement partie des précurseurs de ce nouveau genre de produit de consommation vidéo à destination des enfants.
Qu'est-ce que donc que ces Bionicle ? La question a son importance tant Bionicle, le film - Le masque de lumière semble un film particulièrement abscons. Son intrigue, comme sa fin résolument ouverte qui ne semble déboucher en apparence sur rien, n'aident pas vraiment non plus à en comprendre ses buts et aboutissements. Une fois le film achevé, je dois admettre que je n'ai absolument rien compris aux personnages, leurs relations, j'en ai même oublié leurs noms. Le long métrage survole trop vite sa mythologie et l'intrigue n'explique pas vraiment le contexte non plus. Quand on est pas familier, on n'en retient donc que l'essentiel : une bête et banale quête intérieure où les personnages vont devoir affronter une série d'épreuves pour trouver leur force intérieure face aux forces du mal. Bien trop peu pour réussir à écrire une analyse constructive. Je me suis donc tourné vers les sites de fans pour, au moins, dessiner les contours de la saga Bionicle, que je vais me hasarder à essayer de retranscrire au mieux, avant de poursuivre afin de nourrir le contexte. D'après Lego, l'origine des Bionicle est liée à une espèce mystique surpuissante et indéterminée, surnommée les "grands êtres", qui étaient de grands constructeurs de mondes (c'est logique, c'est Lego). Même s'ils vivaient en harmonie avec les différents peuples qui croisaient leur route, trop absorbés par leur besoin compulsif de construire des choses, ils en négligèrent les conséquences de leurs actions. La sur-exploitation continuelle du Protodermis, une sorte d'énergie colossale, pour leurs incessantes réalisations avait des conséquences irréversibles sur leur propre monde, créant un véritable cataclysme. Anticipant leur inévitable destruction, les grands êtres décidèrent alors de construire un robot-monde gigantesque, capable de fonctionner en toute autonomie et d'éviter que cette grande tragédie se reproduise à nouveau ailleurs. Dès lors, les grands êtres disparurent en même temps que leur monde fracturé en trois morceaux.
Pour faire fonctionner ce robot-monde gigantesque, dont les missions consistaient à rétablir l'ordre dans les différents mondes, poursuivre leur oeuvre de perpétuelle création et, à terme, tenter de restaurer celui qui fut détruit, les grands êtres créèrent les Bionicle. À la fois êtres de chair, bardés de sorte d'implants cybernétiques, équipés d'une sorte d'armure métallique et ayant une longévité assez exceptionnelle (on parle de centaines de milliers d'années), les Bionicle étaient surtout des êtres biomécaniques servant au bon fonctionnement du robot-monde. En quelque sorte, pour simplifier, des ingénieurs nanotechnologiques à l'échelle du robot-monde. Ils étaient répartis en différents secteurs, en relation avec les divers éléments naturels comme l'eau, le feu, la terre, etc. À leur tête, les grands êtres placèrent une entité mystique gigantesque : Mata Nui. Mais ce qu'ils n'avaient pas anticipé, c'est que ces Bionicle allaient peu à peu développer une conscience, voire même une âme. Et, à ce titre, des jalousies et des rancoeurs vont naître entre eux. Les siècles passant, l'un des clans, celui des Makuta qui contrôlait la puissance des ombres, provoqua un schisme entre les Bionicle. Au paroxysme du conflit, le clan Makuta finit par renverser Mata Nui, le plongeant dans un coma profond et, a priori, irréversible. Pour parachever leur oeuvre, ils tentèrent alors d'effacer la mémoire de tous les autres clans afin de se donner le beau rôle. Malheureusement, les Makuta oublièrent que chaque clan possédait des gardiens élémentaires, les Toa utilisant des masques de puissance magiques, qui s'opposèrent à eux. Dans un combat désespéré contre Teridax, un Makuta plus puissant que les autres et qui décima son propre clan, les Toa parvinrent à l'emprisonner mais en devant sacrifier leur mémoire au passage. Et c'est là-dessus que s'ouvrait la saga Bionicle dans le commerce en 2001. J'espère ne pas trop vous avoir assommé sur la question. Toujours est-il que cela me permet d'enchainer, puisque l'intrigue de Bionicle, le film - Le masque de lumière s'ouvre sur la découverte d'un étrange masque lumineux, trouvé par un petit être un peu tête en l'air nommé Takua. Cet évènement va rappeler aux plus anciens et plus sages des Bionicle une antique prophétie : ce masque de lumière pourrait bien être celui conduisant vers Metru Nui, l'île légendaire où serait endormi Mata Nui. Mais Teridax a vent de cette découverte et décide de tout faire pour s'opposer au réveil de l'être mystique.
Remis dans ce contexte, il est vrai que Bionicle, le film - Le masque de lumière s'en sort un peu mieux qu'à mon premier visionnage. Cela reste malgré tout une bête et banale quête intérieure où les personnages vont devoir affronter une série d'épreuves pour trouver leur force intérieure face aux forces du mal, plus particulièrement Takua puisqu'il faut bien avoir un protagoniste principal auquel les enfants puissent s'attacher. Le personnage et son acolyte d'infortune vont ainsi devoir affronter mille dangers, fuir devant des hordes d'ennemis, faire face à des tragédies, se remettre en question, pour pouvoir évidemment triompher de l'adversité. En vrai, ça marcherait vraiment plutôt bien dans l'ensemble, si ce n'est que Bionicle, le film - Le masque de lumière souffre d'un épouvantable problème : c'est affreusement moche. Avant même de parler graphismes, les Bionicle sont déjà des monstruosité visuelles à mon goût. Certes, c'est compréhensible de la part de Lego, les jouets se devaient d'être malléables. Il fallait que les personnages soient facilement manipulables puisqu'ils ont recours à différentes pièces que l'on doit pouvoir facilement assembler. Mais leur rendu final est, de base, tout simplement ignoble. Je ne comprends pas du tout comment des jouets aussi moches ont pu devenir une franchise de jouets aussi lucrative durant leur période de gloire. Leur représentation visuelle dans Bionicle, le film - Le masque de lumière, assez conforme en fin de compte, en souffre terriblement. À cela s'ajoute la technologie 3D balbutiante des années 2000. Non seulement les personnages sont moches, mais les environnements sont affreusement ternes, vides et redondants. Même replacé dans le contexte de son époque de sortie, Bionicle, le film - Le masque de lumière n'était déjà pas très bon. Mais deux décennies plus tard, cela fait vraiment saigner des yeux. Même certains jeux-vidéo sur Sony Playstation et Sega Saturn proposaient de meilleures cinématiques que ce film, c'est dire à quel point c'est catastrophique. Quant à la bande originale, disons qu'elle suit le film mais reste trop effacée et jamais mémorable. Les doublages restent cependant bons, en anglais comme en français.
Finalement, je suis très partagé avec Bionicle, le film - Le masque de lumière. L'esthétique est affreusement mauvaise mais la mythologie plutôt sympathique. Le scénario est très prévisible et capillotracté mais il s'avère efficace et il tient la route sur la durée. Les personnages sont super moches mais le doublage et la bonne humeur des comédiens révèlent un peu le niveau de chacun d'eux. Bref, on est assez loin du nanar imbuvable, un secteur que seuls les atroces rejetons de la saga Alpha et Omega ou Le cygne et la Princesse restent champions toutes catégories, mais plus proche du navet sympathique. De fait, je me dois de couper la poire en deux, en considérant juste Bionicle, le film - Le masque de lumière pour ce qu'il est : un long métrage réservé aux plus jeunes fans des Bionicle qui, même s'il n'est pas très bien fignolé, ne trahit pas la franchise dans laquelle il s'intègre de manière cohérente. Mais, qu'on se le dise, il n'intéressera absolument personne d'autre.
Olivier J.H. Kosinski - 19 mai 2022
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Doublage (France - 2003)
Takua : Maël Davan Soulas
Toa Takanuva : Maël Davan Soulas
Jaller : Tony Marot
Toa Tahu : Michel Vigné
Toa Onua : Michel Vigné
Grallock : Michel Vigné
Makuta : Pascal Renwick
Pewku : Pascal Renwick
Turaga Vakama : Michel Ruhl
Toa Gali : Odile Schmitt
Toa Lewa : Luc Ritz
Turaga Onewa : Luc Ritz
Toa Kopaka : Christophe Rivaud
Hewkii : Christophe Rivaud
Toa Pohatu : Serge Faliu
Turaga Nokama : Danielle Hazan
Hahlii : Dorothée Pousséo
Kolhii Announcer : Pascal Germain
Lewa Nuva : Mathieu Buscatto
Onua : Michel Barbey
Kopoka Nuva : Pierre Dourlens
Sources :
Voxofilm