Astérix et Cléopâtre est le second long métrage animé tiré de la bande dessinée écrite par René Goscinny et dessinée par Albert Uderzo parue dès 1963. Il sort en salle en France un an après le premier film, le 19 décembre 1968. Le public québécois le découvre une année plus tard, le 14 décembre 1969.
En 2013, le long métrage fait l'objet d'une première restauration vidéo en HD en 720p mais le film y est malheureusement proposé tronqué (certaines scènes ayant été supprimées sans raison) et recadrée en 16/9 (d'où sont tirées les captures d'écran de cette fiche). Le film ressort cependant en Blu-ray en 2017, dans une nouvelle version en 1080p où il retrouve son format 4/3 d'origine et son entière intégrité. On distingue cette nouvelle édition de la précédente par la mention "Nouveau Master Haute Définition" en haut de la jaquette dont le reste du visuel est identique à l'édition précédente.
En 50 avant Jésus-Christ, à Alexandrie en Égypte, Jules César soutient à Cléopâtre que la grandeur de son peuple a cédé la place à la décadence... La Reine des reines, piquée au vif, s'engage à lui construire un somptueux palais en seulement trois mois. Pour l'architecte Numérobis, le défi semble impossible... Sauf si le druide Panoramix et deux autres gaulois, Astérix et Obelix, lui prêtent mains forte...
Une année auparavant, René Goscinny et Albert Uderzo avaient été mis devant le fait accompli, Astérix le gaulois avait été réalisé intégralement dans leur dos. Découvrant le pot aux roses lors d'une invitation à une projection spéciale à laquelle Raymond Leblanc les avaient invités, de mauvaise grâce, les deux auteurs durent se résoudre à accepter la diffusion du long métrage en salle car la conception du film était alors très avancée. Mais ils regrettèrent amèrement de n'avoir pas été conviés durant le processus créatif, jugeant le film sympathique mais mollasson, tout en accusant le coup d'une animation laborieuse. Cependant, pour que la projection puisse avoir lieu, René Goscinny et Albert Uderzo émirent une condition sur laquelle ils allaient être intransigeants : eux seuls seront désormais chargés de toutes les prochaines adaptations cinématographiques du personnage ! Dommages collatéraux de cette décision radicale, l'adaptation de La serpe d'or ainsi que celle de Le combat des chefs, en cours de finalisation par Belvision, passent immédiatement à trappe. Ils ordonnent même la destruction pure et simple des négatifs originaux de ces deux oeuvres, pourtant quasiment achevées ! Aujourd'hui, seuls subsistent encore quelques cellulos qui peuvent encore témoigner de l'existence éphémère de ces deux longs métrages avortés (ils furent présentés lors d'une exposition Astérix à Bruxelles en 2005). Ceci étant fait, la seconde grande aventure animée peut désormais voir le jour, Astérix et Cléopâtre, toujours en collaboration avec Belvision et adapté de l'album du même nom paru en 1965.
Astérix et Cléopâtre est, sans nul doute possible, l'aventure la plus exotique que nous a offert le célèbre gaulois à moustache, la plus cinématographique également au vu de la démesure des décors pharaoniques et ses innombrables retournements de situation. D'un bout à l'autre, on ressent que René Goscinny et Albert Uderzo s'impliquent pleinement dans la réalisation du film. Grâce à leur collaboration, et leur apport, ils parviennent à élever un pur nanar assumé en un véritable film culte ! C'est dit. Astérix et Cléopâtre est incontestablement un long métrage bon enfant, sans prétention aucune, mais qui regorge d'innombrables scènes totalement inoubliables. De la voix nasillarde mais fort jolie de Micheline Dax, à l'improbabilité de confier la construction d'un palais à Numérobis, sans oublier la chanson culte "Le pudding à l'arsenic", le long métrage regorge de nombreuses scènes qui se gravent instantanément en mémoire dès le premier visionnage pour ne plus jamais en ressortir.
Qu'on se le dise, Astérix et Cléopâtre constitue est un joli progrès pour une réalisation de Belvision, même si le long métrage souffre une fois de plus d'une qualité artistique quelque peu discutable. Ce n'est vraiment pas la qualité de son animation que l'on retient dans les conversations, on lui préfère généralement la croustillance de ses dialogues, l'intelligence de l'intrigue ou, bien évidemment, la plupart de ses chansons mémorables. Pour autant, il y a incontestablement du mieux dans Astérix et Cléopâtre, à commencer par le cinquième doigt retrouvé sur les personnages (Par facilité, ils n'en avaient que quatre dans le film précédent). Les traits des personnages se sont considérablement affinés et se rapprochent cette fois beaucoup plus de ceux aperçus dans les albums contemporains d'Astérix et Obélix. Mais, dans l'ensemble, l'impression d'être devant une oeuvre un peu brouillonne ne peut être négligée, René Goscinny et Albert Uderzo eux-mêmes ayant été chagrinés devant le résultat visuel final proposé par Astérix et Cléopâtre. C'est d'ailleurs l'une des principales raisons qui les ont poussés à envisager la création du studio d'animation Idéfix quelques années plus tard.
Même si René Goscinny et Albert Uderzo sont impliqués dans la réalisation de Astérix et Cléopâtre, la production délocalisée à Bruxelles posent cependant problème aux deux auteurs français. Ne pouvant pas assurer un suivi permanent des équipes de Belvision, l'adaptation du récit écrit par René Goscinny est assuré par Jos Marissen et Eddie Lateste sous la supervision de leur ami Pierre Tchernia. Dans l'ensemble, l'histoire respecte globalement la trame de l'album, même si quelques aménagement ont lieux. Par exemple, le film propose une longue scène d'introduction qui nous plonge dans le coeur de l'Égypte. On remarque aussi l'étrange absence de Barbe Rouge et ses pirates, qui sont remplacés par de nouveaux personnages inédits. Amonbofis a également une place bien plus grande dans le film qu'il ne l'a dans l'album. On ne manquera pas non plus de remarquer la grande scène humoristique où Astérix, Obélix et Panoramix sont perdus dans la grande pyramide. Enfin, Jules César fait appel à un espion particulièrement habile ayant la faculté de se dissimuler à tous les regards, là où celui de l'album n'est qu'un égyptien lambda. Astérix et Cléopâtre compte également tout un tas de nouvelles scènes absolument inutiles au sein du récit, mais qui constituent pourtant la plus grande valeur ajoutée : ses mémorables chansons !
Alors que l'on ne s'y attend pas venant du gaulois moustachu, Astérix et Cléopâtre est un vrai récit musical dans la mesure où la bande originale du film accompagne parfaitement toute la trame, la rehaussant même lors de ses trois numéros musicaux. Derrière cette bande originale, on retrouve à nouveau Gérard Calvi qui, cette fois, se surpasse réellement là où ses compositions étaient moins percutantes pour Astérix le gaulois. Il a par exemple l'excellente idée d'intégrer des airs joués à la harpe qui, d'une part était déjà utilisée du temps de l'Égypte antique et, d'autre part, accompagne à merveille certaines scènes. Gérard Calvi amène également avec brio la transition entre une phase purement musicale et les chansons, notamment lors de la fameuse scène du bain de Cléopâtre où une douce mélodie résonne avant que se lance le duo qui déboite avec son lion (qui ressemble plus à un Léopard sans tâche soit dit en passant). "Quand l'appétit va tout va" est tout aussi mémorable par ses sonorités bigarrées, mais c'est bien évidemment "Le pudding à l'arsenic" qui remporte inévitablement tous les suffrages. Aucune chanson n'est utile dans le film mais, sincèrement, qui voudrait les enlever ? Pa-pe-di-dou-da-dou-de-ouah... Yeah !
Alors que Astérix le gaulois devait, à la base, être proposé en épisodes découpés spécialement pour la télévision, comme Tintin, mais fut finalement proposé directement sur grand écran malgré ses défauts, Astérix et Cléopâtre a été entièrement pensé pour le cinéma. De fait la différence de qualité entre les deux, narrative principalement, saute immédiatement aux yeux. Pour autant, malgré la vivacité de ses répliques, l'intelligence de l'intrigue et l'aspect culte de ses chansons, le long métrage souffre encore de sa filiation avec Belvision dont on retrouve les mêmes errements d'un film à l'autre. Malgré tout, cela ne retire en rien l'admiration que l'on porte à ce second long métrage animé d'Astérix, assurément le plus désopilant de sa longue carrière.
Olivier J.H. Kosinski - 28 août 2019
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Doublage (France - 1968)
Astérix : Roger Carel
Obélix : Jacques Morel
Cléopâtre : Micheline Dax
Jules César : Jean Parédès
Panoramix : Lucien Raimbourg
Numérobis : Pierre Tornade
Amonbofis : Bernard Lavalette
Le chef du transport de pierres : Pierre Trabaud
Tournevis : Jacques Balutin
Le chamelier chanteur : Jacques Bodoin
Le lion de Cléopâtre : Jacques Bodoin
L'espion de César : Roger Carel
Abraracourcix : Pierre Tornade
Divers "travailleurs libres" : Jacques Bodoin
Narrateur : Bernard Lavalette
Voix additionnelles :
- Maurice Chevit
- Gérard Darrieu
- Pierre Garin
- Olivier Hussenot
- Rodolphe Marcilly
- Joe Noël
- Alfred Personne
- Eddy Rasimi
Sources :
Planète Jeunesse