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Walt Disney Pictures
Aladdin

Aladdin sort en salle le 22 mai 2019 en France et deux jours plus tard, le 24 mai 2019, au Québec. Le long métrage est proposé dans deux versions francophones. Les comédiens de la version française de Jasmine et Aladdin sont cependant imposés pour les parties chantées de la version québécoise.

L'intrigue

Elevé dans la rue, un jeune garçon, Aladdin, vit de chapardages aidé de son singe Abu. Sa vie est transformée quand il rencontre la princesse Jasmine, dont il tombe amoureux. Guidé par le terrible visir Jafar, Aladdin va se retrouver en possession d'une lampe magique qui va bouleverser sa vie. Jafar va tout tenter pour s'emparer de la lampe et prendre le pouvoir sur Agrabah...

Analyse de l'oeuvre

Qu'on le veuille ou non, presque toutes les grandes oeuvres animées Disney, celles qui sont généralement considérées comme des chefs d'oeuvre, ont désormais obtenu leur remake. Certains y voit un manque d'imagination flagrant, alors que ces remakes sont systématiquement plébiscités, d'autres y voit une rentrée d'argent facile, ce qui est effectivement le cas puisque la majorité caracolent en tête des box office mondiaux. J'entrevois une troisième possibilité, la démarche légale. Sous couvert de réactualiser ses plus grands classiques, il est très probable que Disney tente aussi de sécuriser la plupart des scénarios de ses films dont une grande partie va, d'ici quelques années maintenant, tomber dans le domaine public. L'empire Disney est déjà plus que centenaire et, malgré toutes ses tentatives de repousser le plus loin possible l'échéance fatidique, une partie de son catalogue va bientôt lui échapper. De fait, en se livrant à cette sorte d'auto-plagiat via des remakes, Disney s'offre la possibilité de jouir d'un nouveau dépôt de droit d'auteurs plus propices pour ses scénarios et, par la même, couper l'herbe sous le pied de ses concurrents de pouvoir créer leurs propres remakes dans les années à venir. Evidemment, n'étant pas, de près comme de loin, dans les coulisses de l'empire Disney, je ne fais que faire une énorme supposition. Il n'empêche que celle-ci fait sens, le simple fait que le grand public plébiscite ces remakes n'est pas un argument suffisant pour expliquer que tous les plus grands films animés de Disney soient passés par la moulinette du remake en si peu d'années. Encore plus quand un film comme ce nouveau Aladdin nous propose une quasi-copie calque de son aîné, ce qui laisse planer le doute.

Aladdin n'était pourtant pas parti sur de bonnes bases, la campagne promotionnelle du long métrage ayant été une véritable catastrophe obligeant Disney à revoir ses priorités en avançant la première bande annonce de La reine des neiges II de quelques semaines afin de faire oublier l'antipathie du public autour du matériel publicitaire proposé. Il faut effectivement admettre que Disney l'a très mal vendu car le résultat final est vraiment moins mauvais que tout ce que les signaux d'alerte pouvaient nous envoyer. Certes, le film est extrêmement prévisible puisqu'il reproduit, presque à l'identique, la plupart des scènes du film animée de 1992. Mais comme c'était déjà le cas il y a deux décennies, Aladdin reste, et restera toujours, un film résolument festif. Quand bien même cette version réactualisée n'apporte pas vraiment grand chose à l'histoire, il règne une telle alchimie et une telle bonne humeur ambiante sur le plateau de tournage que cela transparaît au delà de l'écran. Sans jamais aller dans la caricature, car tous les comédiens campent leurs rôles avec conviction, on ressent à travers l'écran que chacun d'eux s'amuse à jouer dans Aladdin. Un état d'esprit général qui se veut proche des comédies musicales façon Bollywood, une idée pas si mauvaise dans la mesure où il s'agit d'une intrigue d'inspiration orientale. De fait, ce long métrage se révèle suffisamment léger pour faire quand même mouche, via une forme d'autodérision très bien dosée à l'écran.

En dehors des comédiens et de sa bande originale festive, Aladdin respire aussi la fantaisie grâce à la richesse de ses décors, sa photographie, ses costumes et son univers extrêmement coloré. Cela faisait longtemps que Disney n'avait pas proposé un film aussi bariolé. La direction artistique fait même le choix d'offrir une dominance de couleur particulière à chacun des lieux traversés, respectant, plus ou moins, ce que proposait déjà le long métrage animé de 1992. Tout ce qui concerne la caverne au merveille garde sa dominante bleutée, jusqu'à pousser le bouchon de ne donner cette couleur qu'au tapis et au Génie (Will Smith), car issus de ses tréfonds, durant tout le film, tandis qu'Agrabah conserve ses dominantes ocre et dorée, preuve de richesse. Plus intéressant, le rouge est systématiquement associé à la royauté et, surtout, au pouvoir. Du coup, conformément à la nouvelle vision qui a été adopté pour le nouveau Jafar (Marwan Kenzari), cette couleur a été considérablement atténué sur lui, relevant son rang de second, jusqu'à ce que celui-ci s'empare enfin du pouvoir où le rouge le consume littéralement. Plus subtil, le vert (pour chipoter, turquoise serait plus exact) est associé à Jasmine (Naomi Scott). Un choix des plus intéressants puisqu'il résulte normalement de la combinaison du bleu et du jaune ! Jasmine est en effet le seul personnage du film qui embrasse deux philosophies, une douce rêveuse qui espère le changement (bleu) confrontée à la fausse réalité de son monde (jaune). Plus avant et plus loin dans le film, Jasmine va porter une couleur pourpre, là encore résultant d'une combinaison du rouge (sa lignée royale), du jaune (face au côté factice des lois d'Agrabah) et d'une pointe de bleu (elle se bat pour faire évoluer sa condition). Et lorsque Jasmine est prise au piège de sa condition de Princesse, elle porte forcément une robe jaune.

Avec malice, on retrouve cette même subtilité de couleurs autour d'Aladdin (Mena Massoud) lui-même. Contrairement au film d'animation (comme avec Jasmine d'ailleurs dont les codes couleurs ont aussi été changés), Aladdin porte un veston rouge dès le tout début du film, histoire de bien montrer que le vaurien cache déjà en lui bien plus de chose qu'il ne le pense. Mais il n'est cependant pas imbu de sa personne, malicieux certes, mais pas un mauvais bougre. Les costumiers vont au bout de leur idée sous une forme comique, notamment lorsque Aladdin devient le Prince Ali, le Génie tentant de lui trouver un costume digne de sa condition. Inévitablement, il lui propose un costume d'apparat aux couleurs très vives qui, à l'image du Prince Anders, le rend immédiatement ridicule. De fait, pour mieux servir le gros mensonge auquel tout le monde doit croire, le Génie finit par choisir la couleur dorée pour le costume d'Ali. Tiens donc, encore ce jaune, cette couleur associée à une forme de conformisme inébranlable du Sultan (Navid Negahban) et au factice (Ali) dans le film. Une couleur définitivement austère, étouffante, mais qui est heureusement amenée à se briser, s'atténuer, se diluer quand Aladdin se termine (Cherchez bien, elle n'est effectivement plus dominante). La chanson "Prince Ali" est d'ailleurs le moment fort du film puisque la chanson propose une sorte de festival coloré, passant en revue dans l'allégresse toutes les dominances de couleurs adoptées pour le film !

Si Aladdin suit quasiment le scénario de 1992, le long métrage s'offre quand même quelques petites libertés. D'abord, l'introduction du film est en partie modifiée. Aladdin et Jasmine se croisent en effet directement au marché, autour de la chanson "Je vole". Je trouve d'ailleurs regrettable que la personnalité de la jeune femme a été rectifiée dans le mauvais sens pour sa première apparition à l'écran. En 1992, on prenait le temps de découvrir Jasmine, jeune femme en avance sur son époque qui tente de se rebeller contre sa condition et s'enfuyant du palais. Ensuite, hormis le moment où Aladdin vole à son secours, Jasmine se révélait une jeune femme téméraire qui n'avait besoin de personne pour lui dicter sa conduite. A contrario, et cela m'a vraiment fait tiquer dans ce film, Jasmine a nécessairement besoin des encouragements d'un homme, en l'occurrence Aladdin, pour réussir à s'enfuir à travers le dédale des toits d'Agrabah. A ce moment précis, Jasmine devient inévitablement le cliché de la princesse à sauver par son chevalier servant, rôle qu'elle ne tenait pas en 1992. Heureusement, le reste de l'intrigue permet d'atténuer ce malheureux moment et l'on finit par se dire que ce choix malhabile résulte d'un problème de rythme vis à vis de la chanson "Je vole".

Comme Aladdin dure deux heures, il est également nécessaire de rajouter du contenu inédit empruntant d'ailleurs parfois quelques unes de ses idées au jeu-vidéo paru sur MegaDrive à l'époque, notamment l'escalier de pierre qui mène au repaire secret d'Aladdin, emprunt évident à une séquence du jeu-vidéo où l'on devait s'échapper des geôles du Palais par le biais d'un escalier identique. Plus surprenant, Jasmine se voit attribuer une servante prénommée Dalia. Pas vraiment essentielle au film, Dalia vaut surtout le détour pour le côté délurée que lui donne Nasim Pedrad. Assez cocasse dans son interprétation, elle semble vraiment très bien s'entendre avec Naomi Scott, pourtant de 12 ans sa cadette, dont l'alchimie et la complicité font mouche. Mentions spéciales au quiproquo où Dalia doit prétendre être une noble princesse, mais se rend totalement excentrique, et son coup de foudre un peu bizarre pour l'un des personnages les plus improbables du film. Jafar est également complètement redéfini dans un rôle finalement très proche de ce que la série télévisée Once Upon A Time avait proposé, mais en oubliant un peu son côté purement cruel. Tout du moins Marwan Kenzari semble infiniment moins menaçant que le Jafar de 1992. Reste également le rôle plus développé du Génie par un Will Smith que je trouve infiniment pesant. Sa version numérique toute bleue est lourdingue au possible, Will Smith n'arrivant pas une seule fois à toucher du doigt le génie légendaire de Robin Williams dont il tente de reproduire toutes les ficelles comiques sans jamais y parvenir une seule fois.

Les dernières retouches au film d'animation de 1992 portent principalement sur la bande originale. En dehors de toutes les chansons emblématiques du film, dont la version française s'est efforcée d'être fidèle à l'adaptation d'époque (contrairement à la version québécoise qui mélange de façon hasardeuse quelques segments des paroles d'époque, de large emprunt à la version française et nouvelle traduction...), Aladdin en rajoute une entièrement nouvelle : "Parler" (Speechless en VO). Même si le titre bénéficie d'une approche plus moderne qui détonne un peu par rapport aux réarrangements des morceaux d'époque, "Parler" reste finalement agréable à entendre car elle est entièrement associée à Jasmine. On l'entend plusieurs fois dans le film, mais ce n'est à la fin qu'elle est révélée en intégralité. D'une certaine manière, pour cette version 2019 du film, "Parler" est le contrepoint de "Je vole" que fredonne à plusieurs reprises Aladdin. A ceci près que, comme sur un balancier, la portée musicale des personnages passe de l'un à l'autre dans le film. Aladdin est d'abord très heureux dans "Je vole", avant de se remettre en question ensuite. Jasmine est au contraire engluée dans ses doutes, avant de s'affirmer enfin dans "Parler". Bien que cela se remarque moins, de nombreuses mélodies entendues dans le film sont également nouvelles avec une très forte inspiration pour le style Bollywood, la thématique du film s'y prêtant de toute façon parfaitement.

Dans les faits, Aladdin n'est pas vraiment utile puisqu'il n'apporte pas grand chose de nouveau par rapport au film d'animation de 1992. Pour autant, le film assume totalement son côté décontracté offrant quand même un plaisir coupable à ses spectateurs qui ne pourront sans doute pas l'apprécier au delà de ce constat. La direction artistique reste cependant très agréable puisque le film détricote ce qui constituait les couleurs du film de 1992 pour livrer une nouvelle interprétation plus subtile et pleine de bon sens dans ce long métrage. Le film va également plus loin dans les détails en offrant à l'écran de somptueux costumes très bigarrés, que n'aurait probablement pas renié le Carnaval de Rio, ainsi que des décors exotiques assez bluffant, hormis peut-être ceux en numériques qui s'avèrent un peu moins agréables à l'oeil. Bref, Aladdin est principalement un long métrage festif sans prétention aucune qui veut donner du baume au coeur du spectateur un peu dépressif et lui redonner un peu de joie. Mais pour l'originalité, forcément, on repassera.

Olivier J.H. Kosinski - 15 décembre 2019

Bande annonce

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Voxographie Francophone

Doublage Commun (France / Québec - 2019)

Aladdin : Julien Alluguette (Chant)

Jasmine : Hiba Tawaji (Chant)

Génie : Anthony Kavanagh

Doublage (Québec - 2019)

Aladdin : Louis-Philippe Berthiaume (Dialogues)

Jasmine : Geneviève Bédard (Dialogues)

Dalia : Annie Girard

Jafar : Adrien Bletton

Jamal : Éloi Archambaudoin

Lian : Estelle Fournier

Omar : Mathis Kavanagh

Prince Anders : Nicholas Savard L'Herbier

Sultan : Denis Mercier

Doublage (France - 2019)

Aladdin : Julien Alluguette (Dialogues)

Jasmine : Hiba Tawaji (Dialogues)

Jafar : Nessym Guetat

Sultan : Omar Yami

Dalia : Élisabeth Ventura

Prince Anders : Valéry Schatz

Omar : Isaac Lobé Lebel

Lian : Jaynélia Coadou

Jamal : Boris Rehlinger

Hakim : Thierry Buisson

Caverne aux merveilles : Michel Elias

Imam : Bernard Alane

Sbire de Jafar : Jean-Marc Charrier

Iago : Luc Boulad

Voix additionnelles :

- Catherine Artigala

- Isabelle Desplantes

- Lila Tamazit

- Béatrice Michel

- Kahina Tagherset

- Raphaëlle Cambray

- Olivier Bénard

- Omar El Alssaoui

- Thierry D'Armor

- Igor Chométowski

- Christian Peythieu

- Pierre-André Ballande

- Allister Bunga-Vila

- Loïc Guingand

- Sam Salhi

- Edward Wolf

- Jérémie Bédrune

- Sami Zidoune

- Lionel Cecilio

- Jonathan Darona

- Jean-Baptiste Anoumon

Sources :
Doublage au Québec
Forum Doublage France

4.5