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Sélection Gulli
Zarafa

Zarafa est un long métrage d'animation français inspiré par une histoire vraie. Projeté dans divers festivals en janvier 2012, il sort officiellement en France le 08 février 2012, puis le 10 août 2012 au Québec. Le long métrage réunit des comédiens francophones d'origines diverses : française, algérienne, israélienne et belge. De fait, il n'existe qu'un unique doublage français. Le film intégre la collection numérotée Gulli le 28 août 2013 où il porte le numéro 19.

L'intrigue

Quand Zarafa, une girafe orpheline, est offerte en cadeau au Roi de France, son meilleur ami Maki n'hésite pas à la suivre jusqu'au bout du monde. Avec l'aide de l'aéronaute Malaterre et de Hassan, le prince du désert, ils s'embarquent dans une incroyable aventure qui les mènera du Soudan à Paris, à travers le désert d'Egypte et au-dessus de la Méditerranée et des Alpes enneigées. Sur leur route, ils croiseront de nombreux personnages hauts en couleur : les vaches jumelles de Mahmoud, Bouboulina, la pirate au grand coeur et Moreno, l'impitoyable esclavagiste. Mais le voyage est semé d'embûches et la promesse de Maki de ramener Zarafa en Afrique difficile à tenir...

Analyse de l'oeuvre

Zarafa m'a particulièrement surpris dans la mesure où il m'a constamment rappelé Anastasia. Les deux oeuvres sont loin d'être identiques, mais elles développent toutes les deux des idées qui sont étonnamment similaires. Par exemple, l'histoire nous est racontée par un personnage âgé. Celui-ci commence par évoquer une tragédie familiale. Par la suite le personnage principal s'entiche d'un animal, puis se retrouve embrigadé dans une aventure extraordinaire dont il n'avait pas idée de ce qu'il allait lui arriver. Il rencontre des personnages hauts en couleurs, parfois un peu loufoques, mais qui laissent un souvenir mémorable aux spectateurs. Autre parallèle que l'on peut faire, les deux oeuvres puisent leurs intrigues de faits historiques mais, pour autant, n'en gardent finalement qu'une grande idée générale au profit d'événements qui ne se sont jamais produits dans la vie réelle, tout comme le récit intègre des idées anachroniques. L'aventure s'avère très dépaysante, soutenue par une qualité graphique et une animation de hautes volées. Enfin, les deux destinations des deux longs métrages sont les mêmes : Paris ! C'est à peu près tout, et beaucoup à la fois, qui rapprochent et éloignent d'autant Zarafa d'Anastasia. Si l'on creuse un peu plus la piste, on se rend finalement compte que les artisans des deux oeuvres ont surtout eu un pied chez Disney durant une période plus ou moins longue, ce qui semble avoir beaucoup marqué et inspiré leurs réalisateurs respectifs. Parce que oui, aussi, Zarafa prend quelquefois des airs de films Disney, les chansons en moins. Toujours est-il que Zarafa est, avant toute chose, une oeuvre qui s'inscrit dans un fait réel : le débarquement de la première girafe en France dans la journée le 14 novembre 1826 au port de Marseille. Son histoire est depuis entrée dans la légende, dont je retrace ici les grandes lignes.

En 1804, Méhémet Ali devient Pacha (gouverneur) du territoire égyptien qu'il va profondément réformer au point d'être considéré comme le principal fondateur de l'Egypte moderne. Toutefois, il reste soumis aux décisions de Mahmoud II, le sultan de Constantinople. L'égypte était à cette époque sous le joug de la Turquie. Désireux de s'en libérer, Méhémet Ali réforme profondément l'Egypte et cherche en même temps à gagner les faveurs de pays Européens. Il prend alors conseil auprès du consul général du Roi de France, Bernardino Droverti qui lui suggère de faire un cadeau à Charles X. Ils se trouvent alors que le Caire détient justement deux girafons, dont l'un sera finalement offert à la France, tandis que l'autre, sous les exigences anglaises qui avaient eu vent du "cadeau français" et en voulait donc un aussi, traversera la manche mais n'y survivra pas. Le girafon fait alors la traversée en 1926, en compagnie de trois vaches, deux antilopes, Atir un ancien esclave et Hassan, tous deux travaillant pour Bernardino Droverti. L'arrivée du girafon fait vite sensation à Marseille, alors qu'elle reste en quarantaine au port et n'en sort que le 14 novembre 1826 pour y passer tout l'hiver. Ce n'est que le 20 mai 1827 que toute la troupe va remonter, à pied, jusqu'à Paris. Son long périple d'un mois et demi à travers la campagne française déclenche alors une vraie girafomania sur tout le territoire jusqu'à son arrivée triomphale à Paris le 30 juin 1827. Par la suite, comme tout phénomène de mode, la girafe va peu à peu se faire oublier des parisiens. Elle finira par mourir douze ans plus tard, seul Atir est resté à ses côtés durant toutes ces années. A son décès, elle est naturalisée au Muséum d’histoire naturelle de Paris, avant de rejoindre sa destination finale dans Muséum d’histoire naturelle de La Rochelle en 1931. Ce n'est qu'à la toute fin des années 1998 qu'elle finit par être surnommée "Zarafa", elle n'avait jamais eu de nom jusque-là.

Pour le long métrage, l'intrigue est complètement réaménagée. Ainsi, le personnage d'Atir disparaît, pour être remplacé par le jeune Maki. Tous deux partagent un destin d'esclave, mais leurs histoires ne s'accordent pas du tout. Maki est un jeune enfant ayant été kidnappé par un esclavagiste sans scrupule qui compte bien revendre l'enfant à bon prix. Mais Maki prend la fuite, se prend d'amitié pour un girafon, ce qui déclenche la fureur de l'homme qui fera tout son possible pour le récupérer. Le Hassan de la version animée amalgame et remplace à l'écran deux personnages historiques, Hassan bien sûr, mais surtout le général Pierre Boyer qui avait escorté la girafe tout au long de son périple. Zarafa ajoute également à l'écran une compagnie de pirates, personnages quelque peu peu anachroniques à cette époque où la piraterie en méditerranée avait été fortement réprimée, ainsi que Malaterre et sa drôle de montgolfière qui rappelle les aventures de Jules Vernes. Enfin, le long métrage semble se faire une joie de dresser un portrait très peu flatteur (et très drôle au final) de la royauté à cette époque. Charles X s'en prend, littéralement, plein la figure ! Pour le reste, Zarafa développe une épopée fantaisiste, je serais même presque tenté de dire fantastique, tant elle semble souvent peu vraisemblable dans ce qu'on nous propose. Malgré tout, le voyage se savoure par la justesse de son propos, les très beaux paysages traversés, l'attachement que l'on ressent envers les personnages et la bande originale qui accompagne très bien l'aventure.

D'un point de vue technique, Zarafa est franchement en haut du panier de l'animation 2D française. Si le long métrage était sorti sous le label de Dreamworks, je crois bien qu'il n'aurait absolument surpris personne tant il fait jeu égal avec la trop brève période 2D du studio américain. L'un des deux réalisateurs y avait d'ailleurs travaillé, ce qui pourrait expliquer la relation mais, tout de même, Zarafa est franchement très beau à regarder. Par contre, il y a une sensiblerie très franco-française dans les décors du long métrage qui s'efforce de les travailler avec un souci du détail impressionnant. C'est simple, on a souvent l'impression de voyager de peinture en peinture, de tableau en tableau. A d'autres moments, on a l'impression de parcourir un beau livre illustré. On s'amusera aussi de constater que le long métrage a des couleurs chaleureuses quand on voyage à travers le désert, avant que le ciel ne devienne grisâtre et s'assombrisse une fois arrivé à Paris. Petit bémol, Zarafa manque parfois un peu de vie en arrière-plan mais, franchement, c'est anecdotique et pas si voyant que ça, tant la mise en scène parvient à capter l'attention. En même temps, le budget ne devait pas être le même qu'un film d'animation américain, les artistes ont astucieusement trouvé des parades à chaque fois. Mentionnons enfin la belle bande originale de Laurent Perez del Mar, même si elle a beaucoup de mal à s'émanciper des grands films d'aventures américains où l'on sent parfois des inspirations proches des compositions de Jerry Goldsmith pour La Momie notamment.

Très agréable, Zarafa est incontestablement une belle surprise de la collection numérotée Gulli. Je ne le connaissais que de réputation depuis plusieurs années, mais n'avait pas eu l'occasion de franchir le pas de sa découverte. C'est regrettable, car j'ai sans nul doute raté une belle expérience cinématographique, d'autant plus que le studio Prima Linea Production a malheureusement été dissous en 2020 et que je n'aurais probablement plus aucune occasion de voir un de leur film au cinéma. Restera un long métrage des plus appréciables, servi par un scénario agréable qui renferme son lot de belles rencontres, une technique animée de grande qualité et une bande originale, certes peu innovante, mais accompagnant parfaitement l'intrigue. Bref, à savourer sans aucune modération !

Olivier J.H. Kosinski - 14 octobre 2023

Bande annonce

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (France - 2012)

Maki : Max Renaudin

Hassan : Simon Abkarian

Malaterre : François-Xavier Demaison

Vieux sage : Vernon Dobtcheff

Joseph Moreno : Thierry Frémont

Bouboulina : Ronit Elkabetz

Pacha Méhémet Ali : Mostefa Stiti

Zarafa : Déborah François

Mahmoud : Mohamed Fellag

Roi Charles X : Roger Dumas

Saint-Hilaire : Philippe Morier-Genoud

Soula : Clara Quilichini

Sources :
Forum Doublage France

4.5