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Universal Studios
Woody Woodpecker, le film

Woody Woodpecker, le film devait originalement être réalisé en collaboration avec Illumination Entertainment, à l'image du film Hop produit quelques années plus tôt. Faute de scénario valide, le studio le réalise finalement en solitaire sous le label Universal 1440 Entertainment. Le long métrage sort directement en vidéo et format dématérialisé le 6 février 2018 aux Etats-Unis et Québec, puis le 8 mars 2018 en France. A priori, le film ne bénéficie que d'un doublage français.

L'intrigue

L'habitation forestière de Woody Woodpecker est en danger ! Lance Walters et sa famille souhaitent construire sur le même terrain la maison de leurs rêves. Le plus célèbre des piverts va alors user de tous les stratagèmes pour faire déguerpir cet envahissant entrepreneur...

Analyse de l'oeuvre

Woody Woodpecker est un toon très célèbre, probablement même le seul personnage de l'écurie Universal encore emblématique de nos jours. Car il faut dire que Woody Woodpecker avait une concurrence féroce à l'époque de sa naissance. Durant la période couvrant la seconde guerre mondiale et la décennie suivante, que l'on appelle généralement l'âge d'or du cartoon américain, il avait de très nombreux concurrents tout aussi célèbres, si ce n'est plus que lui : Bugs Bunny pour Warner, Mickey pour Disney, Tom et Jerry pour Hanna Barbera, sans oublier Droopy pour la MGM. Il était naturellement difficile d'admettre que le personnage allait réussir à traverser les décennies sans disparaître de la mémoire collective. Et pourtant, Woody Woodpecker, qui naît en 1940 dans le court métrage Knock Knock produit par Walter Lantz, va connaître un destin fulgurant, principalement à cause de son incontournable rire qui le caractérise depuis toujours ! Mais revenons au commencement. Contrairement à aujourd'hui, où l'avant programme des séances de cinéma se limitent généralement à une ou deux bandes annonces noyées sous une trentaine de minutes de publicités envahissantes (que personne ne regarde), le cinéma de l'après-guerre était souvent utilisé comme un moyen de communication afin de tenir informés ses spectateurs.


Woody Woodpecker (Knock Knock - 1940)

Entre le film et les actualités (nationales et internationales), on trouvait généralement aussi des courts métrages. Chacun des grands médias américains avaient les siens, chacun ayant une ribambelle de personnages charismatiques propres. Durant les années 1940, le studio Universal va chercher à trouver un tout nouveau personnage qui pourrait concurrencer ses deux plus grandes compagnies rivales qu'étaient Disney et Warner. Walter Lantz va alors imaginer un personnage qui synthétise les travers des toons de cette époque. Le nouveau personnage va emprunter le caractère emporté de Donald Duck, récupérer le franc parler de Daffy Duck et, plus curieux encore, récupérer son dialecte incisif d'un prototype inutilisé de Bugs Bunny. Le tout est mélangé et agrégé à une sorte de pivert anthropomorphe dont la particularité physique lui permet de détruire à une vitesse éclair tout ce qui l'entoure. Mel Blanc, enfin, lui apporte son improbable et inoubliable rire dont le succès fulgurant va complètement dépasser le comédien. Mel Blanc n'enregistra en effet que deux uniques cartoons avec ce célèbre rire improvisé, mais celui-ci fut tellement acclamé qu'il devint un effet sonore caractéristique du personnage réutilisé tout au long de sa carrière. Woody Woodpecker était né !


Woody Woodpecker (The Dizzy Acrobat - 1943)

Entre 1940 et 1943, Woody Woodpecker apparaît dans neufs courts métrages, avec plus ou moins de succès à chaque fois. Mais ce n'est que dans The Dizzy Acrobat, diffusé en mai 1943, qu'il est enfin reconnu par ses pairs. Le court métrage est en effet le tout premier de sa carrière à être nominé aux Oscars du meilleur court métrage d'animation. Malheureusement, il échoue face à The Yankee Doodle Mouse, un court métrage de la MGM mettant en scène le célèbre duo Tom et Jerry. Mais qu'importe, Woody Woodpecker est désormais connu comme une véritable star. Bien que son caractère particulier est déjà plus ou moins affirmé, il manque pourtant encore une dernière pièce pour construire définitivement le mythe. Woody Woodpecker poursuit sa carrière jusqu'à ce qu'en 1947, un élément décisif va définitivement entériner le personnage : The Woody Woodpecker Song ! Composé par George Tibbles et Ramey Idriss, le morceau mélange habilement une musique entrainante à un échantillonnage du rire inventé par Mel Blanc. La carrière de Woody Woodpecker était définitivement lancée pour ne quasiment jamais s'arrêter, jusqu'à avoir des séries télévisées à son nom durant les années 1950, puis 1970 et enfin 2000.

Pendant de nombreuses années, à l'exception notable de Qui veut la peau de Roger Rabbit qui va réunir tous les personnages de l'âge d'or à l'écran, aucun des toons de cette période ne se verra offrir un long métrage digne de ce nom sur grand écran. Plusieurs raisons à cela, la plus notable étant que la technologie de l'époque ne permettait pas, à un coût raisonnable, de les faire apparaître dans des longs métrages. Walt Disney était peut-être bien le seul homme assez fou pour investir une somme d'argent importante dans un film d'animation, ce qu'aucun autre grand studio américain n'a risqué jusqu'au milieu des années 1990. Mais en 1995, tout change. Le célèbre Casper prouve au monde que la technologie numérique est maintenant totalement au point pour faire vivre les héros d'hier avec les comédiens d'aujourd'hui. Bien que proposé sous la forme d'une comédie débridée, le long métrage réalisé par Brad Silberling va tout de même apporter un soupçon de magie, une profonde mélancolie et une histoire si touchante, que Casper va se transformer immédiatement en classique du cinéma d'américain.

Alors que Casper était une oeuvre relativement universelle, toutes les autres adaptations qui passent sous le mixeur des grandes majors du cinéma américain, de Scooby-Doo à Yogi l'ours en passant par Les schtroumpfs, vont tenter de vainement reproduire les mêmes poncifs à chacune de leurs innombrables itérations cinématographiques au grand dam des fans de ces personnages. On retrouve ainsi systématiquement le même schéma narratif : l'aspect comédie enfantine (alors que les toons s'adressaient à des adultes autrefois), l'inévitable famille déchirée (qui se réconcilient obligatoirement à la fin), une multitude de méchants idiots (merci Maman, j'ai raté l'avion), des situations narratives invraisemblables (pour tenter de reproduire les succulents gags animés) et une musique pop-adolescente américaine caractéristique (là par contre, je sais pas vraiment pourquoi.). Quand j'ai aperçu totalement par hasard un Woody Woodpecker, le film à peine mentionné dans une liste du studio Universal l'an passé, puis découvert une campagne publicitaire quasiment inexistante (excepté au Brésil où le personnage est semble-t-il très populaire !) et, enfin, qu'il allait passer directement par la case vidéo, je me suis immédiatement méfié !

Quelqu'un a dit qu'il faut toujours se fier à ses intuitions car, grand bien vous fasse, évitez de vous aventurer sur le terrain glissant de ce Woody Woodpecker, le film qui concentre à lui seul tous les pires travers qu'une adaptation live puisse apporter ! Le long métrage a d'ailleurs la plus méprisable idée d'oublier de revoir quelque peu la personnalité de Woody Woodpecker. Si les exubérances et le caractère emporté du personnage animé réussissent à faire illusion dans un court métrage, où on peut les confondre à de l'espièglerie, sa version cinéma est tout simplement malsaine. Woody Woodpecker est ici présenté comme un être vulgaire et passablement sadique, prenant un véritable plaisir à maltraiter violemment son entourage humain. Laissant même totalement de côté l'aspect écologique de l'intrigue (où il est question de construire une maison en détruisant une partie d'une forêt à la base), Woody Woodpecker, le film se livre continuellement à des blagues purement gratuites, parfois malhonnêtes, voire carrément extrême (il faut sauter une caravane avec une femme dedans !), sans que l'on en saisisse une seule fois les véritables raisons. Ce Woody Woodpecker apprécie simplement de violenter autant que possible les humains, jusqu'à ce que ces derniers se plient, de mauvaise grâce, à ses purs caprices. Non content d'offrir la pire image possible au célèbre pivert, Woody Woodpecker, le film dispose d'une panoplie de comédiens totalement creux et jamais crédibles une seule seconde.

Bien qu'il s'agisse d'un acteur américain prolifique, surtout en terme de seconds rôles, Timothy Omundson (Lance Walters) n'arrive pas une seule fois à faire croire à ce père de famille avaricieux et narcissique qui tente de se racheter une conduite. Sans l'ombre d'une fibre comique, il n'arrive pas non plus à rendre drôle ses incessants affrontements avec Woody Woodpecker. Au mieux, on le trouve antipathique, au pire, on le trouve complètement idiot. Thaila Ayala (Vanessa) tente vaille que vaille de proposer une énième variante de la fiancée potiche à qui tous les malheurs du monde tombe sur la tête, dont les fientes du pivert. Mais la comédienne n'y croit pas non plus, au point de surjouer encore plus son rôle déjà inepte à la base. Graham Verchere (Tommy Walters) du haut de ses 14 ans au moment du tournage de Woody Woodpecker, le film, et dont c'est le premier grand rôle sur grand écran, n'a pas encore les épaules assez solides pour crédibiliser son rôle d'adolescent revêche. Jordana Largy (Samantha Bartlett) fait de la pure figuration juste histoire de raccrocher ce film à la mythologie de Woody Woodpecker. Il est en effet sous entendu qu'elle est la petite fille du garde forestier qui affrontait régulièrement le pivert dans les cartoons (même si ce n'est pas vraiment explicite). Je passerai ensuite sur les autres comédiens, dont on se demande ce qu'ils ont pu faire pour échouer dans telle galère.

Tel un condamné découvrant incrédule sa sentence finale, le studio a également la malencontreuse idée d'insérer à la fin de Woody Woodpecker, le film, tout juste après le générique, le court métrage Niagara Fools qui détruit la dernière mince réputation que le long métrage pouvait prétendre dans son entier en six minutes seulement ! Paru le 22 octobre 1956, il s'agit du 71e court métrage mettant en scène Woody Woodpecker. Dans celui-ci, le pivert se trouve aux chutes du Niagara et se met en tête de les descendre dans un tonneau. Le garde forestier va évidemment s'interposer et se retrouver lui-même enfermé dans le fameux tonneau. Tout le reste du cartoon se fonde ensuite sur un comique de répétition savoureux, où le garde forestier descend inexorablement toujours les chutes dans un tonneau, ce qui fait rire aux éclats sans que cela ne relève du sadisme, le tout aux dépens de ce pauvre gradé qui ne cherche qu'à faire son devoir. A la toute fin, Woody Woodpecker renversera finalement les rôles, en jouant celui de l'arroseur arrosé et flanquant une amende pour descente illégale au pauvre diable. Tout le contraire de ce que nous propore Woody Woodpecker, le film en somme qui, lui, enfonce des portes ouvertes !


Woody Woodpecker (Niagara Fools - 1956)

Heureusement pour nous, Universal n'y croit pas une seule seconde et préfère saborder la sortie américaine en salles pour le proposer directement en vidéo et au format dématérialisé. L'accueil réservé par les spectateurs américains est pourtant glacial, Woody Woodpecker, le film ne rentre même pas dans ses frais. A peine rembourse-t-il son coût de production, sans pour autant couvrir les frais publicitaires engendrés là-bas. Du coup, le flop mérité du long métrage précipite la décision de Universal de le sortir en catimini à l'international sous le même format, afin de faire le moins de bruit possible autour de ce ratage intégral . Encore ne fallait-il pas que j'ai eu vent de ce Woody Woodpecker, le film, dont je ne pouvais que vous prévenir à l'avance du carnage et du mauvais goût de ce long métrage pour lequel je vous invite à l'éviter comme la peste !

Olivier J.H. Kosinski - 02 mars 2018

Bande annonce

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La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage (France 1999)

Woody Woodpecker : Alessandro Bevilacqua

Lance Walters : Nicolas Dubois

Vanessa : Micheline Tziamalis

Tommy Walters : Maxime Van Santfoort

Samantha Bartlett : Florence Pallaro

Nate Grimes : Patrick Descamps

Ottis Grimes : Steve Driesen

Jill Ferguson : Alayin Dubois

Linda Walters : Sophie Landresse

Lyle : Circé Lethem

George : Pascal Gruselle

Guide Touristique : Jean-Pierre Denuit

Voix additionnelles :

- Barbara Borguet

- Sarah Brahy

- Frédéric Clou

- Nathalie Hons

- Alexandre Marciano

- Esteban Oertli

- Olivier Segura

- Laurent Van Wetter

Sources :
Carton Générique

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