Le crabe aux pinces d'or le troisième feuilleton télévisé diffusé en France dans le cadre de Les aventures de Tintin, d'après Hergé durant les années 1960. A l'origine, Le crabe aux pinces d'or comptait 17 épisodes qui ont été réunis dans une compilation VHS d'une heure durant les années 1980. Depuis, cette aventure animée, comme l'ensemble de la série, n'ont plus été commercialisées.
Un étrange appel à l'aide inscrit sur l'emballage d'une boite de crabes conduit Tintin à bord du Karaboudjan, à bord duquel il est finit par être séquestré. En s'évadant de la cale, il retrouve le capitaine Haddock qui ne le reconnait pas car il a été drogué par son second Allan. Tous deux doivent à tout prix s'évader afin d'avertir les autorités de l'affaire de trafic de diamants auquel s'adonne l'équipage...
Le crabe aux pinces d'or est décidément l'oeuvre d'Hergé la plus adaptée sur de multiples supports : sur film fixe, à la radio (en 1962), au cinéma (deux fois), au format documentaire (collaboration avec Arte), à la télévision (deux fois également), sans compter bien sûr l'album lui même qui connaît lui aussi deux variations, l'une en noir et blanc, l'autre en couleurs. En même temps, cette neuvième aventure BD est capitale dans la mythologie de Tintin, c'est là qu'apparaît pour la toute première fois son plus génial nouvel acolyte, le célèbre capitaine Haddock, qui ne le quittera plus jamais. Il aurait donc été particulièrement incongru de ne pas assister à la première rencontre des deux personnages dans la série animée Les nouvelles aventures de Tintin, d'après Hergé. Problème, depuis le début de la production de cette série télévisée, le producteur flamand Ray Goossens s'est volontairement totalement écarté du travail d'Hergé. Parmi les choix que certains tintinophiles regrettent particulièrement, il a notamment décidé de ne jamais présenter aucun des personnages, considérant leurs réputations désormais acquises à travers les bandes dessinées. Dans les six aventures que comptent Les nouvelles aventures de Tintin, d'après Hergé (L'affaire Tournesol étant un cas à part), tous les personnages vont et viennent en l'écran car ils se connaissent déjà tous. D'ailleurs, dans cinq des six volets de cette aventure animée, cela ne gêne pas particulièrement. Voir apparaître Tournesol et Haddock dans L'île noire par exemple, ne pose vraiment pas problème dans le cadre de cette série. C'était évidemment sans compter sur Le crabe aux pinces d'or qui s'avère être l'exception qui confirme la règle.
Les aménagements narratifs effectué par Ray Goossens pour Le crabe aux pinces d'or s'avère en effet contestables à plus d'un titre. Non pas que cette révision de l'intrigue soit mauvaise, c'est tout le contraire. En voulant à la fois concilier un respect profond aux passages clés des albums tout en faisant croire que tous les personnages se connaissent déjà au préalable rend l'intrigue caduque, tout du moins très incohérente. Il est probable que la série télévisée a été imaginée de façon à ce que chaque épisode qui la compose puisse être visionné dans n'importe quel ordre. En effaçant complètement la première vrai rencontre entre Tintin et Haddock, Le crabe aux pinces d'or pose de nombreuses questions aux spectateurs. D'abord, comment un capitaine aussi téméraire dans les autre épisodes peut-il soudain se retrouver cloîtré dans sa cabine du Karaboudjan ? Dans l'album, Haddock était présenté comme un poivrot notoire, entièrement manipulé par son second qui utilisait justement, très habilement, ce gros problème de boisson du capitaine à son propre avantage. Ensuite, dans cette version entièrement révisée de l'intrigue, les retrouvailles entre Tintin et le capitaine semblent particulièrement bizarres, l'explication du "médicament" n'étant d'ailleurs pas vraiment crédible non plus. L'histoire prend d'ailleurs de telles libertés qu'on ne comprend plus très bien ce que l'épisode raconte. Que le trafic d'opium soit remplacé par des diamants passe encore, mais qu'un mystérieux bédouin traque inlassablement Tintin et Haddock à travers tout le désert, sans réelle raison logique, est vraiment tiré par les cheveux.
En vérité,plusieurs choses clochent dans cette adaptation de Le crabe aux pinces d'or. D'abord, c'est son principe narratif qui pose question. En lieu et place d'un film d'aventure, on nous sert surtout un film d'action. Coups de feux en veux-tu en voilà, courses poursuites infernales, rebondissement en pagaille, l'histoire ne laisse place à aucun temps mort et ressemble à un film d'espionnage des années 1940. Ensuite, l'animation est extrêmement hésitante, ne sachant pas vraiment sur quel pied danser. Dans la majorité de ses scènes, Le crabe aux pinces d'or ressemble à un cartoon étalé sur une heure mais dont les gags tombent tous à plat. La formule s'avère vite épuisante. L'animation des personnages est également gênante, disproportionnée, hésitante, souvent même très dérangeante, osons même dire très mauvaise. A cela s'ajoute l'étonnante élasticité de leur corps et de leurs visages, à tel point que l'on ne reconnaît parfois même plus les personnages imaginés par Hergé. On oubliera aussi la faute impardonnable de voir des dromadaires se mouvoir sans avoir recours à l'amble pourtant caractéristique de leur espèce.
De tous les épisodes de la série télévisée Les nouvelles aventures de Tintin, d'après Hergé, Le crabe aux pinces d'or est certainement le moins intéressant et le moins bon du lot. Entre son animation douteuse et ses prises de libertés qui n'apportent rien au récit, cette adaptation animée s'avère tout sauf convaincante.
Olivier J.H. Kosinski - 28 mars 2020
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Doublage (Belgique - 1962)
Tintin : Georges Poujouly
Capitaine Haddock : Jean Clarieux
Dupondt : Hubert Deschamps
Lieutenant Delcourt : Jean Berger
Allan : René Arrieu
Jumbo : Claude Bertrand
Ahmed le terrible : Michel Gatineau
Commisaire : Albert Augier
Narrateur : Roland Ménard
Sources :
Planète Jeunesse