Accueil Rechercher Contact Menu Ξ
x
Chercher dans Analyses Catalogue Dossiers Actualités Petites Renconstres
Poster (Québec) ~ 10 mai 2019
Poster Teaser (Québec) ~ 2019

Warner Bros Pictures
Détective Pikachu

Pokémon

Annoncé à la surprise générale par Legendary Pictures au cours de l'été 2016, Détective Pikachu est la toute première adaptation en prise de vues réelles de la franchise Pokémon. Il sort en salle le 8 mai 2019 en France et le 10 mai 2019 au Québec, chaque territoire disposant de son doublage propre.

L'intrigue

La disparition tragique de Harry Goodman, un détective privé, pousse son fils Tim, 21 ans, à tenter de découvrir ce qui s'est passé. Le pokémon détective Pikachu, ancien partenaire de Harry, participe alors à l'enquête. Constatant qu'ils sont particulièrement bien assortis, Tim et Pikachu unissent leurs forces dans une aventure palpitante pour résoudre cet insondable mystère...

Analyse de l'oeuvre

Détective Pikachu est sans commune mesure un évènement en soit, la consécration sur grand écran d'une franchise de jeux-vidéo désormais âgée de 23 ans qui n'en finit plus d'être un succès constant sur chaque génération qui passe. Qu'est-ce qui peut rendre un jeu de rôle, somme toute vraiment très basique dans son concept quand on y pense, aussi addictif et universel depuis plus de deux décennies ? Je ne saurais le dire. Quand Satoshi Tajiri imagine son concept de jeu, basé sur son enfance où il chassait les insectes, où l'on doit collectionner et échanger des monstres de poches très bizarres, il est sans nul doute très loin d'imaginer le succès fulgurant que vont rencontrer ses Pocket Monsters Rouge et Vert parus dans le commerce en 1996 au Japon. D'ailleurs, les ventes du titre sont particulièrement moribondes à l'origine, Nintendo envisageant même, dans un premier temps, à abandonner sa pourtant célèbre Game Boy en mal de nouveau jeu. Mais ce qui s'assimile à une simple blague de programmeur va complètement bouleverser le destin du jeu.

Shigeki Morimoto, programmeur de Game Freak, décide d'insérer, à l'insu de tous, un dernier pokémon aux 150 qui existaient au départ : Mew. Ce qui aurait du rester un secret provoque cependant des bugs dans les jeux commercialisés, le petit pokémon mystérieux montrant sa figure auprès de certains joueurs. Le bouche à oreille faisant le reste, les ventes de Pocket Monsters explosent au Japon. Nintendo n'hésite d'ailleurs pas à jouer sur la rareté de la bestiole, en organisant un concours à travers tout le pays pour offrir Mew. Le nombre de participants dépasse très largement le nombre de Mew offerts, la petite boule de poil rose relance immédiatement les ventes du jeu, mais également celles de la Game Boy qui retrouve alors un second souffle. Dès lors, Pocket Monsters se décline à toutes les sauces, du jeu de cartes à collectionner, en passant par les peluches, sans compter une série animée. Pocket Monsters passe instantanément de banal jeu-vidéo en une véritable franchise amenée à devenir un phénomène culturel mais aussi de société.

Le succès étant indéniable au Japon, Pocket Monsters est tout naturellement exporté en Occident. Pour cela, les Etats-Unis s'octroient les droits exclusifs de la franchise sur le reste du monde, expliquant pourquoi la série télévisée diffusée en France est adaptée depuis la version américaine (et ses horripilantes modifications) et non japonaise, et rebaptisent au passage Pocket Monsters en Pokémon pour des questions de droits. En France, il faut attendre le 10 mai 1999, trois années après la sortie initiale des jeux, pour voir débarquer la franchise. Cependant, Pokémon n'est alors pas encore un phénomène de société dans l'hexagone. Pour y parvenir, Nintendo France voit d'ailleurs les choses en grand, car elle souhaite créer une véritable synergie sur la marché français.

Elle lance dans un premier temps une infopublicitée en VHS durant l'été 1999 qui dévoile de nombreux produits dérivés dont l'incontournable série télévisée à travers son tout premier épisode. Dès septembre, les jeux de cartes à collectionner commencent à inonder les cours de récréation. Les parents, évidemment, s'en inquiètent mais l'influence de Pokémon n'est encore qu'un phénomène à la marge. Pour le réveillon de Noël 1999, tout change, TF1 consacre une soirée entière à Pokémon puis enchaîne la diffusion, en quotidienne, de la série durant les vacances. Pokémon prend une telle ampleur qu'elle attire à elle la presse, qu'elle défraie la chronique des associations parentales tout en s'attirant les foudres des anti-satanistes en tout genre dès février 2000. Le point d'orgue est atteint le 05 avril 2000 quand Mewtwo contre-attaque, le tout premier long métrage animé d'une longue lignée, sort en salle, celui-ci s'octroyant le statut de plus gros succès d'un film d'animation japonais du territoire français. Une couronne qu'il conserve d'ailleurs toujours aujourd'hui, plus de vingt ans après, même devant des classiques comme les oeuvres du studio Ghibli qui n'ont jamais réussi à lui ravir ce titre !

Si la gloire initiale de Pokémon perdure durant une année entière, le phénomène se tasse pourtant dès 2001, partout dans le monde. Pour autant, là où tout un tas de florilège de phénomènes de société disparaissent aussi vite qu'ils avaient vu le jour (Hula Hoop pour les plus vieux, Tamagotchi pour les un peu moins vieux, Andry Birds hier, Fortnine aujourd'hui...), la popularité de Pokémon reste cependant intacte auprès des amateurs. A la fois pour ceux qui ont réussi leur premiers faits d'arme avec les premiers jeux, un public fidèle qui vieilli sans renier sa passion initiale, mais qui grossi également à chaque sortie d'un nouveau titre car rejoint par de nouveaux adeptes. Si Pokémon disparaît des radars de la presse grand public, la franchise demeure dans le coeur de son public. Pour autant, même si chaque nouvel opus de la série principale se vend par camions entiers et que la série télévisée, tout comme les films qui en découlent, continuent leur bonhomme de chemin depuis plus de vingt ans, il n'est jamais vraiment envisagé d'adaptation sur grand écran en prise de vues réelles. Au mieux, Pokémon est ringardisé par ses mécaniques illogiques et rigides dans tout un tas de vidéos détournées souvent rigolotes, mais cela s'arrêtait là. Tout du moins jusqu'au 14 avril 2016 où des rumeurs vont se propager à ce sujet, puis jusqu'à la révélation par Legendary Pictures en juillet de la même année.

Le moins que l'on puisse dire suite à cette annonce, c'est que des sentiments de consternation et d'incertitude mêlés d'excitation se sont immédiatement bousculées dans la tête des fans. L'histoire des différents jeux Pokémon ne se prêtaient pas vraiment à un scénario des plus palpitants, le b.a.-ba de ses intrigues se bornant finalement à devenir maître pokémon, collectionner toutes les créatures et, accessoirement, barrer la route à une organisation criminelle plus crétine que vraiment dangereuse car facilement dérouillée par un gosse de dix ans. C'était sans compter un petit jeu d'enquête annexe, plutôt mineur dans son approche et son concept, Détective Pikachu spécialement créé pour la Nintendo 3DS en 2016. Le pitch simpliste, un garçon ayant perdu la trace de son père partait à sa recherche avec un étonnant Pikachu qu'il peut comprendre, offrait sans nul doute la meilleure matière première pour donner vie à un véritable film à prise de vues réelles. Quand bien même, l'annonce de ce long métrage laissait quand même très dubitatif.

Trois années plus tard, il faut admettre que les craintes initiales d'un Détective Pikachu complètement raté se sont totalement envolées. D'un bout à l'autre, le long métrage fait preuve d'un immense respect pour Pokémon, sans en faire trop, ni trop peu, afin d'apporter une oeuvre digne de figurer dans le canon principal, au travers quelques lignes de dialogues intelligentes. Le long métrage s'efforce ainsi bel et bien de rentrer dans le moule, sans jamais trahir les innombrables intrigues de la série télévisée et des films animés, comme si celui-ci n'était finalement qu'une oeuvre parfaitement digne de s'insérer au milieu des autres. Alors oui, certes, le long métrage est très loin de faire un sans faute, il ne brille pas vraiment non plus au point d'en faire une énième adaptation incontournable, ni insipide d'un jeu-vidéo, mais il reste flagrant que tout a été conçu de manière à respecter au mieux le matériel de départ. Que ce soit en terme d'ambiance, d'approche, de style narratif ou même d'intrigue, Détective Pikachu se tient alors qu'un rien aurait pu gripper les rouages et emmener l'ensemble du film vers un vrai casse gueule.

Initialement, le jeu-vidéo Détective Pikachu, paru en 2016 au Japon exclusivement sur le Nintendo eShop, ne comptait que trois chapitres. Le scénario s'arrêtait sur la révélation du coupable ayant provoqué l'accident de voiture de Harry Goodman. Cependant, l'intrigue du titre comportait déjà l'idée de base, celle qui est plus ou moins respectée dans le film : Tim Goodman se rend à Ryme City suite à la disparition de son père et y rencontre son acolyte Pikachu avec lequel il arrive à communiquer. Là où le jeu et le film varie cependant, c'est dans la nature de la disparition de son père. Dans le jeu, Harry est simplement présumé disparu après avoir mené une enquête autour d'un étrange composé chimique. Tim suit les mêmes traces que l'enquête mené par son père en espérant pouvoir le retrouver. Dans le film, version américaine oblige, l'histoire est évidemment dramatisée avec son incontournable histoire familiale tragique et forcément tire-larme. Harry est cette fois présumé mort, mais son fils ne se lance pas immédiatement sur ses traces car il est en froid avec son paternel depuis son enfance. Il ne se rend à Ryme City que pour vider son appartement avant de tomber sur Pikachu qui le force à résoudre l'énigme de sa disparition.

En 2018, succès aidant de l'annonce du long métrage, Détective Pikachu est finalement exporté dans le reste du monde. A cette occasion, le jeu se voit gratifier de pas moins de six nouveaux chapitres supplémentaires qui poursuivent l'aventure initiale. Le long métrage va d'ailleurs très largement puiser ses idées dans ces nouveaux chapitres, en les remaniant cependant de sorte à rendre l'intrigue plus propice à un film : le composé R, l'implication de Mewtwo, la journaliste (inédite pour le film mais qui fusionne deux personnages présents dans le jeu), le centre de recherche PCL, l'étonnante mini-voiture, la grande parade, le multimilliardaire ainsi que celui qui tire les ficelles dans l'ombre. Auxquels s'ajoutent évidemment de nombreux clin d'oeil aux premiers chapitres, à l'image de l'addiction de Pikachu à la caféine ainsi que les Capumains qui constituent la toute première enquête de Tim dans le jeu et sont aussi le tout premier mystère du film.

Pour le reste, premier film Live de la franchise oblige, Détective Pikachu doit également prendre le temps d'introduire son univers à ceux qui ne connaissent Pokémon que de nom. Étonnamment, le film le fait de manière très habile. Il y avait tout le potentiel de rendre ça indirectement comique voire très nanardesque. Au contraire, le long métrage prend vraiment le temps de rendre la capture du premier pokémon amusante et crédible, à travers le retour dans l'enfance vécue par Tim qui semble blasé par l'exercice, comme une sorte de mise en abyme ingénieuse. Détective Pikachu s'invente aussi un univers visuel crédible, notamment pour les choix de design de Ryme City qui tentent de rendre la ville à la fois familière et internationale, tout en lui ajoutant une touche londonienne en totale adéquation avec l'ambiance du jeu-vidéo dont il s'inspire (La majorité des histoires d'enquêtes japonaises ont toujours eu une forte inspiration britannique, holmésienne pour être plus précis, à l'image de la saga du Professeur Layton ou du manga Détective Conan). Ryme City réussit d'ailleurs parfaitement son apparition, même si la manière de filmer la ville rappellera aux fans de Disney une introduction assez similaire pour Zootopie avec l'arrivé du personnage en train. Mais l'impact visuel reste émotionnellement exactement le même.

Particulièrement attendu au tournant, le passage au tout numérique des pokémons avait largement de quoi laisser circonspect, même si les premières bandes annonces étaient plutôt rassurantes. Une chose est certaine, la Pokémon Company s'est pleinement investie dans la refonte graphique de ses célèbres monstres de poche, cela se ressent constamment. Le design de toutes les créatures aperçues dans le long métrage ne fait jamais la moindre faute de goût. Tout au contraire, les bestioles font preuve d'un étonnant réalisme malgré l'incongruité de certains d'entre eux (la séquence avec M. Mine reste vraiment cocasse). Toutes les créatures revêtent un plumage, une peau ou une fourrure qui leur sied à merveille, particulièrement Pikachu qui a bénéficié d'une attention toute particulière au titre qu'il est le second rôle principal du film.

Loin de faire preuve de facilité ou d'abondance, Détective Pikachu ne joue jamais la surenchère. Avec 809 pokémons au compteur en ce début d'année 2019, il aura été tentant de faire figurer à l'écran autant de créatures que possible, par pur fan service. Au contraire, les variétés de pokémons sont très limitées, ce qui honore d'ailleurs le choix de réalisation. Chacune des créatures visibles remplit son rôle, soit en n'apparaissent que furtivement afin de rendre le monde vivant, soit en ayant un lien direct avec les besoins du scénario. Dès lors, Détective Pikachu n'en paraît que plus touchant et sincère, ce qui en fait une remarquable adaptation d'un univers qui ne semblait pas propice à une telle transposition en prise de vues réelles. Tout au plus faudrait-il reprocher un aspect sombre et crasseux des diverses zones visitées dans Ryme City, alors que Pokémon a toujours été plutôt tourné vers des ambiances lumineuses. Il n'empêche que cela convient parfaitement au style polar propre au film.

Détective Pikachu fait un quasi sans faute à la seule exception de son scénario en fin de compte. Si l'idée de base reste très efficace, il semble évident que Pokémon Company a souhaité contrôler à peu près tous les aspects de l'intrigue. Il en résulte une construction narrative finalement tout juste digne des longs métrages animés, sans véritables enjeux vraiment plus adultes. Mewtwo contre-attaque paru en salle il y a plus de 20 ans était franchement bien plus mature que ne l'est ce Détective Pikachu. La plupart de twist sont extrêmement prévisibles, même pour un néophyte. C'est même encore plus flagrant si l'on est familier des ressorts habituels des intrigues pokémons. Paradoxalement, le long métrage réussi à étoffer des choses qui étaient passées sous silence dans le jeu de 2016, même si elles semblaient couler de source, puisque le mystère autour de Harry et Pikachu n'est pas résolu dans l'opus 3DS, contrairement au film qui s'efforce de clôturer ce qui s'apparente à un premier chapitre d'une hypothétique saga Live à venir.

En dehors de son intrigue quelque peu téléphonée, mais qui tient la route, Détective Pikachu souffre particulièrement de la présence de nombreux acteurs sans réels reliefs. A l'exception de Justice Smith qui se montre bien plus convaiquant qu'il ne le faisait dans Jurassic World - Fallen Kingdom, les autres comédiens semblent un peu trop vivoter dans le film. La présence de Ryan Reynolds derrière la jolie bougne de Pikachu n'est pas désagréable en soit, mais il est regrettable de constater que la personnalité du Détective Pikachu a malheureusement été fondue dans celle boute-en-train de Ryan Reynolds plutôt que l'acteur se soit investi totalement dans la personnalité de Pikachu. Dans le jeu-vidéo de 2016, Pikachu n'est pas un pince-sans-rire, bien au contraire, il passe son temps à faire des remarques pertinentes, nous envoie ses sarcasmes à la figure, prenant souvent de haut le joueur malhabile que nous sommes, tout en développant cependant une capacité affective indéniable. Le Pikachu du film est souvent réduit à un acolyte majoritairement comique à ses dépends. Malgré tout, le trio "Père absent / Pikachu / Tim" fonctionne à l'écran, l'interprétation des rôles est simplement différente. Le reste de la distribution, finalement peu fournie, ne brille cependant à aucun moment, tout au plus sont-ils fortement caricaturaux.

En fin de compte, Détective Pikachu ne prend tout simplement pas ses spectateurs pour des imbéciles. Sans être ni un blockbuster décérébré, ni un film ennuyeux, le long métrage échappe finalement à tous les pronostics alarmants en réussissant son pari de transposer un univers a priori réputé enfantin et le rendre acceptable, disons même crédible, auprès d'un plus large public. En écartant son intrigue, convenue mais efficace, ses acteurs secondaires un peu forcés et, plus gênant, la nom reprise des voix historiques des pokémons (même si c'est peu gênant, sauf pour l'absence cruelle de Jean-Marc Delhausse sur Mewtwo qui aurait été un formidable cadeau aux fans), Détective Pikachu est une transposition Live qui détonne autant qu'elle étonne, d'autant plus que le film ne laisse pas traîner derrière lui le moindre sentiment d'amertume. Il lui manque juste ce petit quelque chose qui aurait pu en faire un grand classique des adaptations de jeux-vidéo portées sur grand écran.

Olivier J.H. Kosinski - 22 mai 2019

Bande annonce

Social eXperience

La lecture des vidéos directement depuis le site nécessite l'installation des cookies "eXperience" et "Catalogue" ainsi que des cookies tiers "Youtube" et "Vimeo". Conformément à la décision de la CNIL datant du 27 juillet 2016, votre consentement est donc nécessaire pour activer cette fonctionnalité.

J'accepte l'installation
de ces cookies

La voir sur Youtube

Voxographie Francophone

Doublage Commun (France / Québec - 2019)

Pikachu : Ikue Ōtani (Voix "animale")

Doublage (Québec - 2019)

Pikachu : Gilbert Lachance (Dialogues)

Tim Goodman : Louis-Philippe Berthiaume

Roger Clifford : Maël Davan-Soulas

Lucy Stevens : Ludivine Reding

Howard Clifford : Jacques Lavallée

Ann Laurent : Geneviève Bédard

Lieutenant Hide Yoshida : Sylvain Hétu

Harry Goodman : Gilbert Lachance

Mewtwo, voix combinées de :

- Marika Lhoumeau

- Daniel Picard

Doublage (France - 2019)

Pikachu : Pierre Tessier (Dialogues)

Tim Goodman : Julien Crampon

Lucy Stevens : Rebecca Benhamour

Jack : Sonny Thongsamouth

Roger Clifford : Yoann Sover

Howard Clifford : Jean-Pol Brissart

Yoshida : François Dunoyer

Harry Goodman : Pierre Tessier

Sources :
Doublage au Québec
Carton Générique

4